Chapitre 7 - Recherches et nature humaine

Je m'éveillai le lendemain matin avec une délicieuse odeur de café. Lori, un thermos à la main était occupée à servir tout le monde. Je m'étirai avant de passer une main dans mes cheveux. Je ne m'étais pas encore faite à leur longueur et observai un instant une mèche entre mes doigts avant de me lever.

- Bien dormi ? me demanda la grande brune en me tendant un gobelet.

- Plutôt oui, souris-je, où est-ce-que vous avez trouvé le café ?

- Dans une des voitures, et on a aussi trouvé une bouilloire.

- La journée ne pouvait pas mieux démarrer, m'enthousiasmai-je avant de me rembrunir. Toujours aucune trace de Sophia ?

- Malheureusement non, soupira Lori en m'indiquant de la suivre. Daryl et Rick sont en train d'établir le plan pour les recherches.

Penchés au dessus d'une carte étalée sur le capot d'une voiture, les deux hommes discutaient des zones où chercher en priorité. La forêt semblait assez étendue mais nous étions tous d'accord pour penser que Sophia n'avait pas pu aller très loin. J'aperçus Carol qui se tenait un peu plus loin, bras croisés, scrutant les bois dans l'espoir de voir réapparaître sa fille. La nuit avait dû être terriblement longue, songeai-je, la gorge serrée. Je ne pouvais qu'imaginer sa détresse et son inquiétude, mais je gardais espoir malgré tout. Sophia n'était qu'une enfant...dans les films d'horreur, les enfants ne mourraient pas...si ? Glenn se joignit à nous et me tendit une machette rouillée.

- Il paraît que c'est ton arme de prédilection, dit-il avec un grand sourire.

- J'ai tué mon tout premier rôdeur avec un truc comme ça, pouffai-je, mais de là, à dire que c'est mon arme de prédilection, je n'en suis pas vraiment sûre.

- Tant que tu ne me coupes pas une jambe ou un bras avec, ça m'ira, plaisanta l'asiatique.

- Je te promets de faire attention.

- Je peux venir avec vous ? demanda Carl en regardant sa mère avec des yeux suppliants.

- Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée, chéri.

- Sophia est mon amie, je veux aider à la retrouver !

Lori hésita un instant, cherchant d'un œil l'approbation de Rick.

- Tu restes avec nous et tu ne lâches pas maman, on est d'accord ? déclara le shérif.

Le petit garçon acquiesça d'un signe de tête avant d'enfiler avec fierté le Stetson de son père.

Je les laissai discuter quelques instants et me rapprochai de Daryl. Les muscles des bras tendus, ce dernier armait son arbalète. Je l'aidai à préparer ses munitions tout en terminant mon café, qui acheva de me réveiller. Il me regarda un instant d'un air indéchiffrable, mordillant sa lèvre inférieure, semblant inspecter ma tenue comme s'il me voyait pour la première fois.

- C'est...très élégant pour partir en expédition, finit-il par dire visiblement mal à l'aise en désignant mon t-shirt décolleté.

- C'est Lori qui me l'a donné, le mien a rendu l'âme hier en faisant la connaissance d'un rôdeur, répondis-je en baissant les yeux.

- Oh...euh...ça t'va bien, grommela-t-il maladroitement.

- Merci, m'empourprai-je. Je ne pense pas qu'il restera blanc très longtemps mais bon...ça dépanne.

Putain de merde ! C'était la première fois qu'il me regardait comme...une femme, réalisai-je en déglutissant. Mais il croyait quoi ? Que j'étais un être asexué ? Je secouai la tête, abasourdie par mes propres conneries. Aussi mystérieuse était-elle, le moment n'était pas franchement idéal pour penser à la vie sentimentale de Daryl. Surtout si elle m'incluait...ce qui devenait de plus en plus absurde...non vraiment, il allait falloir que je fasse le vide dans ma tête.

- Qu'est-ce-qui t'arrive ? sourcilla-t-il tandis que je me battais avec mes propres réflexions.

- Rien, répliquai-je.

- On dirait que t'as une discussion super tordue avec toi-même.

- Je ne vois pas du tout de quoi tu parles, balbutiai-je. Bon, on part quand ?

- Tiens, dit-il en me tendant son couteau de chasse.

- J'ai déjà une machette, lui fis-je remarquer.

- Prends le, on sait jamais, insista-t-il en m'attirant à lui pour insérer l'arme dans la ceinture de mon jean.

J'acquiesçai d'un signe de tête tandis qu'il retirait prestement sa main toujours posée sur ma taille.

Des éclats de voix nous parvinrent finalement du camping-car, mettant un terme à cette situation pour le moins gênante. Apparemment, les choses ne s'étaient pas arrangées depuis la veille, entre Dale et Andrea.

- Tu ne m'as pas sauvé la vie ! s'exclama la jeune femme blonde. C'est moi qui ai sauvé la tienne en acceptant de te suivre ! Tout ce que tu as fait, c'est me priver de mon choix.

- Mais...

- Mon choix, Dale ! C'était à moi de décider si je voulais vivre ou non, et tu m'en as privé. Je regrette mais pour le moment, je ne suis pas sûre d'avoir envie de te pardonner. Alors maintenant, tu me rends mon arme.

A contrecœur, le doyen s'exécuta. Je me tournai vers Daryl qui haussa les épaules, me signifiant clairement que ce n'était pas son problème.

***

Nous marchions depuis environ une heure lorsque Rick nous fit signe de nous arrêter. A quelques mètres de nous, posée sur les feuilles mortes, se trouvait une tente qui avait connu des jours meilleurs. Daryl s'en approcha en silence, avant de se tourner vers Rick avec un hochement de tête.

- Ok, Carol, murmura le shérif, appelles-là. Si elle est là dedans, ça la rassurera d'entendre ta voix.

- Sophia, c'est maman, dit-elle d'une voix douce. Tout va bien, tu peux sortir.

Glenn, Lori et moi étions en apnée. L'attente était interminable. Finalement, après quelques secondes, le chasseur fit glisser la fermeture éclair avec précaution avant d'entrer. L'odeur qui se dégagea nous saisit brusquement à la gorge. Je me plaquai une main devant la bouche pour ne pas vomir. J'avais l'habitude de l'odeur de pourriture des rôdeurs, mais là, c'était pire.

- Y a un mec qui s'est fait sauter le caisson là dedans, déclara Daryl en ressortant. A part des vers, y a que dalle.

Carol commençait à désespérer. Elle ne cessait de lancer des regards furieux à Rick, le tenant pour responsable de la disparition de sa fille, ce qui n'échappa pas à Lori.

- On bouge, lança Shane en se remettant en route.

Après quelques minutes, un clocher se mit à résonner bruyamment, nous figeant sur place.

- C'est quoi ça ? demanda Glenn.

- On dirait une église, répliqua Lori.

- Une église ? Vous pensez qu'elle aurait pu se planquer là bas ? m'enquis-je.

- Faut qu'on aille voir, approuva le shérif, avant de se tourner vers Shane. T'en penses quoi ?

- J'en pense qu'il faut pas traîner. Ce bordel va rameuter tous les rôdeurs du coin.

- Ok, on y va. Restez groupés, recommanda Rick.

Lori attrapa la main de Carl tandis que nous nous élancions en direction du vacarme. Nous débouchâmes rapidement devant la fameuse chapelle.

- Il n'y a pas de clocher ! m'écriai-je en détaillant le bâtiment d'un blanc immaculé qui se dressait devant nous.

- Faut arrêter ce boucan ! hurla Andrea en se précipitant vers les portes en bois.

Je la suivis à l'intérieur pour tomber sur trois morts vivants en pleine méditation. Ainsi, ces monstruosités priaient...première nouvelle. Je resserrai ma main autour de ma machette tandis qu'un premier rôdeur s'approchait de moi. Vêtue d'une longue robe fleurie qui avait dû un jour être...non, même neuve, elle devait être horrible, songeai-je avant de secouer la tête pour me remettre les idées en place. J'avais vraiment un souci de concentration...ou bien était-ce un effet secondaire de l'adrénaline qui pulsait dans mes veines ? Un voile grisâtre masquait son visage décharné, ce qui n'était pas plus mal. Autant je m'étais habituée à leur odeur nauséabonde, autant je commençais à saturer des mâchoires défoncées, des orbites éclatées et autres joyeusetés de cette superbe apocalypse. La femme s'avança en grognant péniblement, puis, sans réfléchir, j'abattis mon arme sur son crâne dans un craquement sinistre. Andrea s'occupa du deuxième et Daryl du troisième.

- Y a personne ici, constata mon ami.

Nous ressortîmes lorsque la sonnerie s'arrêta enfin.

- Un boîtier électronique programmé, expliqua Glenn, en indiquant le mur derrière lui.

- Ok, on fait un break, annonça Rick à bout de souffle, avant de retourner à l'intérieur de l'église en compagnie de Carol, Glenn et Carl.

Un peu plus loin, j'aperçus Shane et Lori. Ces derniers semblaient avoir une discussion plutôt houleuse. L'ancien flic semblait à bout de nerfs et ne cessait de se passer la main dans les cheveux.

- Il leur arrive quoi à ton avis ? demandai-je à Andrea qui observait la même scène que moi.

- Je crois que Shane n'accepte pas trop la situation. Tu sais, avec le retour de Rick, je pense qu'il se sent mis à l'écart.

- Rick est le mari de Lori, lui fis-je remarquer.

- Tu veux mon avis ?

- Dis toujours.

- Lori n'est qu'une égoïste qui ne pense qu'à elle. Elle s'est servie de lui et maintenant, elle le jette.

Je ne sus trop quoi répondre. Andrea ne semblait pas porter l'épouse du shérif dans son cœur.

- Je vais voir s'il a besoin de quelque chose, dit-elle en s'éloignant.

Je me laissai tomber sur l'une des marches du parvis avec un soupir. Les rapports humains étaient d'un compliqué ! Le monde partait en couille, les morts revenaient à la vie et les vivants passaient leur temps à se chercher des poux. La nature humaine avait vraiment un grain. Un mégot atterrit à mes pieds tandis que je me triturais les méninges.

- A quoi tu penses Casse-Noisette ?

- A la nature humaine, répondis-je, maussade. Tu sais, je crois que je ne suis pas faite pour vivre en communauté. J'avais déjà un doute, mais ça se confirme.

- Si tu l'dis, j'vais pas te contrarier, grogna mon ami en s'installant à côté de moi. Ces deux là ont l'air de s'entendre, finit-il par dire en désignant d'un signe de tête Andrea et Shane.

- Je pense qu'elle peut trouver mieux que lui, marmonnai-je.

- T'es pas fan du flic ?

- Pas vraiment, non.

Devant son air interrogateur, je repris à voix basse :

- Tu as vu les marques qu'il a dans le cou ? Les traces de griffure ? Je...je crois qu'il a agressé Lori. T'as pas l'air étonné, ajoutai-je après une seconde.

- Gardes tes distances avec lui, j'le sens pas ce type.

- Ouais...moi non plus...enfin je deviens peut-être parano...j'en sais rien.

***

Les recherches se poursuivirent une grosse partie de la journée mais nous n'avions toujours aucune trace de Sophia. Désespérée, Carol avançait en silence.

- On devrait retourner au camping-car, finit par lâcher Shane à voix basse, à l'attention du shérif.

- Je refuse d'abandonner, chuchota ce dernier. On a au moins 1 heure devant nous avant que la nuit ne tombe.

- Y a encore beaucoup de route pour rentrer, on ne peut pas prendre le risque de se perdre.

Rick réfléchit quelques secondes semblant peser le pour le contre, lorsque son regard se posa sur Carol.

- Rentrez, je vais poursuivre encore un peu.

- Je viens avec toi, annonça Carl d'un ton ferme. Sophia est mon amie, je ne veux pas l'abandonner non plus.

- Bébé...commença Lori avant d'être interrompue par Shane.

- Je viens aussi. Je les surveille, tu peux rentrer tranquille, dit-il en voyant l'inquiétude se peindre sur ses traits.

- Mon chéri, tu restes avec ton père, tu ne t'éloignes surtout pas, recommanda la grande brune avant de serrer son fils dans ses bras. Je suis tellement fière de toi

- Daryl, tu peux raccompagner les autres ? demanda le shérif.

- Ouais, répondit mon ami en redressant son arbalète sur son épaule.

Lori embrassa Carl et son mari et nous reprîmes notre route à travers la végétation luxuriante.

***

- Gardons tout de même l'œil ouvert, signala Andrea. On ne sait jamais.

L'archer  acquiesça tandis que nous avancions péniblement, les sens en alerte, guettant le moindre indice. Le chasseur s'arrêtait régulièrement, observait les branchages, les traces diverses au sol avant de nous indiquer la direction à suivre.

- J'en ai marre ! s'exclama Carol, qui venait de trébucher pour la troisième fois.

Je l'aidai à se relever mais elle me repoussa violemment. Glenn me tendit la main tandis que je me remettais sur mes deux jambes, surpris, tout comme moi.

- Ça va Carol ? demanda-t-il.

- Je peux me débrouiller, dit-elle avec mauvaise humeur. Tout ça...on n'en serait pas là...

- Mon mari fait tout ce qu'il peut, s'écria alors Lori, à bout de nerfs. Il a été le seul, tu m'entends, le seul à s'élancer à la poursuite de ta fille. Il risque sa vie et celle de mon fils, alors les reproches, ça va bien.

Jugeant que le moment était sans doute opportun pour tenter une approche discrète, un groupe de rôdeurs sortit de nulle part, s'avança vers nous en compagnie de leurs grognements respectifs. Il fallait reconnaître que leur sens du timing avait quelque chose d'assez exceptionnel. Une vieille femme en bikini se jeta sur moi, attirée visiblement par mon haut...le décolleté en dentelle noire devait être à son goût, songeai-je avec un froncement de sourcils. Elle agrippa mon t-shirt blanc de ses ongles jaunes orangés et le déchira jusqu'au nombril.

- Putain de merde ! jurai-je excédée, en attrapant le couteau à ma taille. C'était mon seul t-shirt !

Je lui plantai ma lame dans le crâne avant de la retourner contre un deuxième mort vivant qui s'approchait d'un peu trop près. De son côté, Andrea était aux prises avec un pompiste un peu trop entreprenant. D'un coup de machette, sa tête se décrocha de son corps pour rouler joyeusement plusieurs mètres plus loin. Une flèche me frôla tandis que Daryl venait d'abattre un autre monstre juste derrière moi. Je le remerciai d'un signe de tête en poursuivant ma lutte contre les morts qui arrivaient de partout. L'adrénaline pulsait dans mes veines tandis que je me débattais telle une forcenée. Le sang, les entrailles, je ne voyais plus rien. Tout ce qui m'importait, c'était de m'en sortir vivante. Un énorme cadavre m'agrippa à la gorge alors que je m'élançai pour porter secours à Glenn. La chose me souleva de terre, me faisant lâcher ma machette. Je suffoquais littéralement, tentant tant bien que mal de l'atteindre avec le couteau que je tenais toujours dans la main gauche. Après quelques secondes, la chose me lâcha. A genoux, prise d'une toux violente, je tentais de reprendre mon souffle pendant que l'archer s'acharnait sur le crâne de mon bourreau. Après encore quelques secondes de lutte, les morts trouvèrent enfin l'absolution et le repos éternel.

- Ça va ? s'inquiéta mon ami tandis que je m'essuyai les mains sur mon jean.

- Ouais, murmurai-je en ramassant la machette que j'avais fait tomber.

Il lança un bref regard vers mon ventre dénudé avant de remettre son arbalète sur son dos.

- Va t'falloir un autre t-shirt, marmonna-t-il.

- C'est con, je l'aimais bien celui là, me lamentai-je.

Il leva les yeux au ciel, amusé ou agacé par ma remarque futile, lorsqu'une cavalière brune déboula brusquement devant nous. Armée d'une batte de base-ball, elle matraqua un dernier rôdeur qui s'était vicieusement rapproché de Glenn.

- Lori ? Lori Grimes ? demanda-t-elle alors.

- C'est moi, déclara cette dernière, intriguée.

- Vous devez venir avec moi ! C'est Rick qui m'envoie, votre fils s'est fait tirer dessus.

La nouvelle nous laissa sans voix. Le souffle court, je vis à peine Lori monter sur le cheval de la jeune femme. Elle nous donna l'adresse de la ferme de sa famille et disparut aussi vite qu'elle était apparue.

- C'est quoi encore ces conneries ? s'exclama Daryl.

Les mains plaquées devant la bouche, Carol et Andrea ne surent quoi répondre. Je me tournais vers Glenn qui semblait aussi perdu que nous.

- On devrait retourner au camping-car, finit-il par dire. Il faut qu'on explique à Dale et T-Dog ce qui s'est passé.

- Vous croyez qu'on doit la croire ?

- Elle connaissait Rick, Lola. Rentrons et on verra ce qu'en disent les autres, déclara Andrea.

***

Hershel Greene et ses deux filles, Beth et Maggie, vivaient dans la ferme familiale un peu à l'écart de la route. L'endroit avait été épargné par les rôdeurs et le patriarche nous avait réservé un accueil des plus chaleureux.

Ancien vétérinaire, l'homme d'un âge certain, avait réussi à sauver Carl de sa blessure à l'abdomen, au grand soulagement de nous tous. Cependant, Otis, l'homme qui avait tiré sur l'enfant par accident, était décédé dans l'expédition qu'il avait mené avec Shane pour récupérer le matériel médical nécessaire à l'opération. Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis ce tragique événement et l'ancien flic était apparu un matin, le crâne totalement rasé. Quelque chose semblait s'être brisé en lui, mais je n'arrivais pas à mettre de mots dessus.

D'une nature avenante et souriante, Maggie, la jolie jeune femme brune que nous avions brièvement rencontrée dans les bois, avait tout de suite sympathisé avec le groupe...plus particulièrement avec Glenn. Ce dernier ne manquait d'ailleurs pas de la dévorer des yeux lorsqu'elle passait dans le coin pour s'atteler à ses corvées.

Nous avions installés nos tentes devant la propriété du fermier et un esprit de camping avait peu à peu pris possession des lieux. Enfin, nous nous sentions en sécurité.

Les recherches pour retrouver Sophia se poursuivaient mais n'avaient toujours pas donné le résultat escompté, au grand désespoir de Carol qui commençait à douter sérieusement du retour de sa fille.

Installés sur le toit du camping-car, Dale et moi discutions depuis de longues minutes.

- Tu as toujours des doutes au sujet de Shane ? me demanda le doyen en s'assurant que le flic en question n'était pas dans le coin.

Je me tus un instant, intriguée par sa question.

- Pourquoi tu me demandes ça, Dale ?

- Écoute, j'ai gardé ça pour moi depuis Atlanta mais...je crois qu'il est dangereux, dit-il à voix basse.

- Il a agressé Lori au CDC, finis-je par lâcher. Elle n'a pas voulu rentrer dans les détails mais il s'est passé quelque chose entre eux ce soir là...quelque chose de grave.

- Je l'ai surpris il y a quelques semaines quand nous étions à la carrière. Rick était un peu plus loin, il n'a rien vu.

- Il n'a rien vu ?

- Shane l'avait dans son viseur, le doigt posé sur la détente.

- Tu déconnes ? murmurai-je.

- Je préférerais...Écoute Lola, pour le moment, n'en parle pas, pas même à Daryl. Il faut que je tire ça au clair.

- Je lui ai déjà fait part de mes doutes, grimaçai-je.

- Tu lui fais confiance ? s'enquit-il.

- Je lui confie ma vie depuis...depuis toujours, alors oui, bien sûr que je lui fais confiance.

- Restez tout de même sur vos gardes, dit-il en retirant son bob pour éponger son front. Je ne voudrais pas qu'il arrive un autre accident.

- Comme avec Otis, tu veux dire ?

Il acquiesça silencieusement, observant du coin de l'œil Andrea, qui discutait avec T-Dog un peu plus loin.

- Et vous deux ? Comment ça va ? demandai-je.

- Elle est en colère, mais vivante alors je m'en accommode.

- Elle reviendra, dis-je avec un sourire compatissant. Tu es ce qui se rapproche le plus d'un père pour elle, elle finira par changer d'avis.

***

Le lendemain matin, je m'éveillai avec nostalgie. 30 ans. J'avais 30 ans. Je m'étirai longuement en repensant à ces derniers jours. Nous avions eu de la chance qu'Hershel et sa famille acceptent de nous accueillir sur leur propriété. Daryl me manquait. Il passait ses journées en forêt, poursuivant sans relâche ses recherches pour retrouver Sophia. Nous nous croisions mais j'avais l'impression qu'on ne s'était pas vu depuis une éternité. Se souviendrait-il que c'était mon anniversaire ? Savait-il seulement quel jour nous étions ? Dans les conditions actuelles, il était difficile de ne pas perdre le compte. Je bâillai paresseusement, avant de me lever avec difficulté. J'enfilai mon éternel jean troué, mont-shirt déchiré et mes Doc Martens avec un soupir. Joyeux anniversaire Lolita, songeai-je, tristement.

Après un petit déjeuner copieux préparé par Beth, la fille cadette du fermier, Rick nous proposa de nous réunir pour discuter de plusieurs nouvelles zones à explorer. Le patriarche, accompagné de Maggie, déroula une carte plus détaillée que la notre sur le pick-up de Daryl et pointa un endroit du doigt.

- Ici, dit-il, c'est un lotissement assez récent. Un bon endroit pour se cacher si vous voulez mon avis. Il y a aussi cette rivière, c'est en pleine forêt mais il reste quelques habitations.

- Je vais aller voir le lotissement, annonça Shane.

- Daryl, tu peux te charger de la rivière ? demanda Rick. Tu es le seul parmi nous à savoir suivre une piste.

- Ouais, je m'en charge.

- Shane, tu t'occupes du lotissement en fin de matinée, après l'entraînement au tir. Tu pourras emmener avec toi celui qui s'en sort le mieux ? Si jamais ça dégénère là bas, je ne veux pas te savoir seul.

L'ancien flic acquiesça silencieusement, le regard sombre.

- Andrea, Lori, Carol et Lola, je vous veux avec nous au stand de tir.

- Je peux m'entraîner aussi ? intervint Maggie.

- Hershel ?

Le fermier soupira, peu enclin à voir sa fille aînée manipuler des armes à feu mais abdiqua après quelques secondes.

- Prends Betty avec toi, concéda le vieil homme.

- Glenn, on va avoir besoin de ravitaillement. T-Dog, Dale et toi, faites une liste de tout ce qui pourrait nous être utile et on enverra une équipe en ville cet après-midi, ça vous va ?

Une vingtaine de minutes plus tard, je vis Daryl disparaître dans les bois et suivis le petit groupe censé s'entraîner au maniement des armes.

Je m'imaginai déjà en Lara Croft, dézinguant tout sur mon passage. Il ne me manquait plus que le mini short et le tableau serait parfait...couteau, machette, revolver...l'héroïne super sexy et badass que j'étais supposée devenir dans mon fantasme du film d'horreur, prenait vie peu à peu...encore fallait-il oublier l'odeur de transpiration, les cheveux sales et les fringues déchirées. Cependant, ma rêverie fut de courte durée, une fois le flingue entre mes mains. Bordel ! Ce truc pesait une tonne !

Rick et Shane avait installé des boites de conserve vides en guise de cible. Le shérif nous expliqua comment recharger, comment retirer le cran de sûreté et finalement, le moment fut venu d'attaquer les exercices pratiques.

- Ok Lola, positionne tes bras comme ça, indiqua le shérif en se plaçant derrière moi, et surtout, pense à respirer. Quand tu te sens prête, tu presses la détente.

Je comptai jusqu'à 3, ajustai l'angle de tir et...

- J'ai tué une boîte de haricots ! m'exclamai-je, pas peu fière de moi. Eh ! Du premier coup shérif, t'as vu ça !

- T'avais déjà tiré avant ?

- Un peu à l'arbalète avec Daryl et Merle quand j'étais plus jeune...mais c'était y a des siècles !

- Bien, continue de t'entraîner, m'encouragea-t-il avant de rejoindre Beth qui semblait en mauvaise posture.

L'entraînement dura encore deux bonnes heures. Andrea s'avéra être une tireuse redoutable, contrairement à la sœur de Maggie qui n'avait atteint sa cible que deux fois...et encore, par accident. Quant à moi, je ne me débrouillais pas si mal...enfin, si on oubliait que j'avais failli toucher Rick dans un moment d'inattention.

En début d'après-midi, Shane et Andrea partirent en expédition dans le fameux lotissement dont avait parlé Hershel. Dale n'était pas follement heureux de savoir sa protégée, seule, avec l'ancien flic, mais il faisait bonne figure malgré tout, tentant de s'accommoder de la situation du mieux qu'il le pouvait.

Daryl rentra de son excursion dans les bois avec de bonnes nouvelles. Il avait trouvé une maison abandonnée dans laquelle quelqu'un avait récemment séjourné. Et à en juger par le lit improvisé fait de couvertures qu'il avait trouvé dans un placard, il était plausible que l'occupante en question ait été Sophia.

- Alors, cette séance d'entraînement au tir ? me demanda-t-il tandis que nous nous dirigions tous les deux vers le camping-car.

- Après avoir abattu une boite de haricots et autre de pêches au sirop, il se pourrait que j'ai malencontreusement failli tuer Rick, grimaçai-je.

Le chasseur me regarda mi agacé, mi amusé avant de déposer son arbalète contre un arbre.

- On reprendra l'entraînement tous les deux, dit-il après une seconde. T'as dégommé un catcheur de 2 mètres de haut, y a pas d'raison que t'arrive pas à viser correctement.

- Surtout si c'est toi le prof ! m'exclamai-je.

- Ouais, enfin t'emballe pas trop non plus. Si t'es nulle, t'es nulle.

- Tu viens de dire que j'en étais capable !

- Je sais, répliqua-t-il avec un sourire.

Je m'esclaffai tout en replaçant mes cheveux derrière mes oreilles. J'adorais ce sourire qui se faisait si rare. Je me mordis la lèvre inférieure, troublée par son regard qui s'attarda une seconde sur mon décolleté.

- Il t'faut vraiment un autre t-shirt.

- Ouais, de toute façon avec les températures qui commencent à baisser, c'est pas vraiment idéal comme tenue. Qu'est-ce-que c'est ? demandai-je en indiquant une fleur blanche qu'il tenait dans la main.

- C'est pour Carol, répondit-il. C'est une rose cherokee. Elles...

- Elles fleurissent pour redonner espoir aux mères dévastées par le chagrin, murmurai-je.

- Ouais...ça m'étonnerait qu'elle ait poussé pour Merle, marmonna-t-il.

- Elle est forcément pour Sophia, approuvai-je.

- On s'voit plus tard, dit-il avant de m'embrasser sur le front.

A suivre...

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