Chapitre 4 - Fuite et œufs brouillés
Après une nuit agitée, je sortis de la douche un peu plus réveillée. La journée allait être longue, songeai-je, en observant mon reflet dans le miroir tandis que je démêlais mes cheveux. Ma lèvre avait commencé à désenfler et arborait désormais une subtile nuance violette qui se mariait délicieusement avec le bleu de mes cernes...futilité, encore...nous étions en pleine apocalypse, et moi je réfléchissais colorimétrie...typique !
Sur le chemin qui menait à la cuisine, je croisai Lori qui semblait être d'une humeur massacrante.
- Bien dormi ? risquai-je.
- Si on veut, sourit-elle faiblement.
Je constatai qu'elle avait les yeux rougis d'avoir trop pleuré mais lui épargnai ma remarque. Quelque chose me disait que le moment était mal choisi.
Arrivée au réfectoire, j'attrapai un bol que je remplis de café instantané et m'installai à table en face de Glenn qui semblait être à l'agonie.
- Aaaaaahhhhh...pitié, ne me laissez plus jamais boire, pleurnicha-t-il.
- Bois ça, indiqua Carol dans un bâillement en lui tendant un grand verre d'une substance orange et visqueuse, ça te fera du bien.
- C'est quoi ton truc...ça a l'air dégueu, articula l'asiatique avec un haut le cœur.
- Mieux vaut que ne le saches pas, répliqua la mère de famille en lui tapotant l'épaule d'un air compatissant.
Je ne pus m'empêcher de sourire en constatant qu'à part T-Dog, qui semblait en pleine forme avec sa poêle d'œufs brouillés lyophilisés dans la main, mes autres compagnons de route avaient tous une gueule de bois carabinée. Andrea était occupée à distribuer à tout ce petit monde des aspirines généreusement offertes par le Docteur Jenner, notre bon samaritain du moment.
Lori préparait le petit-déjeuner de Carl en silence sous les regards insistants de Shane qui arborait d'affreuses traces de griffures écarlates dans le cou...ces dernières auraient d'ailleurs été du plus bel effet avec les nuances violacées de ma lèvre éclatée. Quelque chose de grave s'était passé. J'en reconnaissais les signes.
- Qu'est-ce-qui t'es arrivé ? demanda Rick en observant les marques en question.
- Je me suis griffé en dormant, répondit un Shane plus que morose.
- C'est la première fois que ça t'arrive, remarqua le shérif étonné.
- Ouais...c'est une première, répondit l'ancien flic d'un ton énigmatique.
Rick ne releva pas, se concentrant sur ses tranches de bacon, tandis que Lori se braquait. Cet enfoiré l'avait agressé. J'en étais sûre. Depuis que la famille Grimes s'était retrouvée, Shane était devenu encore plus sombre qu'avant...vraiment, ce type me mettait mal à l'aise.
De leur côté, Andrea et Dale se disputaient le fond d'un pot de confiture à l'ananas sous l'œil de Jacqui qui semblait être anesthésiée.
- T'as une sale gueule, me lança Daryl avec tout le tact et la douceur qui le caractérisaient.
A qui la faute, songeai-je en replongeant dans mon shoot de caféine tandis qu'il s'installait près de moi en frôlant ma cuisse. Je constatai avec soulagement que mes pulsations cardiaques avaient gardé un rythme normal, ce qui me confirma la théorie que j'avais développé durant cette nuit d'insomnie. Hormones et alcool étaient un cocktail détonant qui avait pour conséquence des fantasmes peu orthodoxes avec en personnage principal mon meilleur ami...je n'étais pas prête de retenter l'expérience...ou du moins, pas avec lui dans les parages.
- Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué Sherlock, rétorquai-je après une seconde, je ne suis pas la seule.
Du menton, je lui indiquais Glenn qui sommeillait la bouche grande ouverte en face de nous.
Mon ami ricana avant d'avaler son assiette d'œufs brouillés.
- T'as bien dormi ? lui demandai-je en réprimant un bâillement.
- Mieux que toi visiblement. J't'avais dit de pas bouffer cette merde en boîte.
- Dit l'homme qui se goinfre d'œufs en poudre et de ragoût d'opossum. T'es plutôt mal placé pour...ok je me tais, grimaçai-je devant son regard noir.
- Salut Doc ! lança T-Dog au Docteur Jenner qui venait de faire son apparition.
- Bonjour à tous !
- Je ne voudrais pas avoir l'air de vous harceler, déclara Rick, mais nous aimerions avoir des réponses à nos questions.
- Chaque chose en son temps, répliqua le médecin en se servant une tasse de café.
- Sans vouloir vous manquer de respect, nous ne sommes pas venus pour les œufs en poudre, ajouta Andrea d'un ton sec.
***
- Vi, lance la VIA du sujet 19, annonça Jenner tandis que nous pénétrions tous dans la salle de contrôle.
- VIA ? demandai-je intriguée.
- Vision Interne Améliorée, dit-il tandis que le grand écran du fond s'allumait.
Le silence se fit. Il s'agissait d'une vidéo montrant la tête d'une personne filmée avec des rayons X...Du moins, c'était ce que je comprenais.
- C'est un cerveau, affirma Carl en regardant sa mère avec fierté.
- Oui fiston, c'est un cerveau, approuva Jenner.
- C'est quoi toutes ces lumières ? l'interrogea Shane.
En effet, l'image représentait tout un réseau de filaments clignotants, reliés les uns aux autres comme les fils d'une toile d'araignée d'une complexité effrayante.
- Ces lumières comme vous dites, sont la vie d'une personne. Ce sont ses souvenirs, ses émotions... Quelque part dans ce réseau organique, c'est vous. C'est ce qui vous rend unique et humain.
- Ça vous arrive d'être clair ? intervint Daryl, qui comme moi, n'avait pas compris grand chose à ce que venait de dire lescientifique.
- Ce sont des synapses ou si vous préférez, des impulsions électriques transportant des messages au cerveau, expliqua lemédecin d'un ton académique. Elles déterminent tout ce que dit, ou pense une personne à partir de sa naissance jusqu'à sa mort.
- Mort ? répéta Rick interloqué. C'est...une expérience ?
- La vidéo d'une expérience, rectifia Jenner en hochant la tête.
- Qui est-ce ? demanda Andrea en croisant les bras sur sapoitrine.
- Le sujet n°19...qui a été mordu, infecté et a accepté d'être filmé pendant le processus de transformation.
Le ton de sa voix et la nostalgie de son regard indiquaient qu'il connaissait parfaitement la personne qui s'était portée volontaire dans cette triste expérience.
- Vi, on passe à la première étape.
Une à une, les lumières...ou plutôt les synapses, s'éteignirent. Un voile noir commença à prendre possession de ce réseau de filaments jusqu'à envahir totalement le cerveau du mystérieux sujet 19.
- C'est quoi ? s'exclama Glenn les yeux écarquillés.
- Ça envahit le cerveau, un peu comme une méningite. Cela créé une hémorragie. Les organes puis le cerveau finissent par s'éteindre pour conduire...à la mort.
- C'est ce qui est arrivé à Jim ? demanda Sophia à Carol.
- Oui ma puce, répliqua cette dernière avant d'embrasser sa fille sur le front.
Andrea ne put retenir ses larmes plus longtemps sous les yeux intrigués du Docteur Jenner.
- Elle...a perdu sa sœur il y a deux jours, déclarai-je à voix basse.
- J'ai perdu quelqu'un aussi...je vous comprends. Vi, reprit-il après une hésitation, la deuxième étape. Le temps entre la mort et la résurrection varie. Trois minutes pour la plus rapide, jusqu'à 8 heures pour la plus longue. Pour ce patient en particulier...c'était 2 heures, 1 minute et 7 secondes.
A l'écran, le cerveau était devenu totalement noir. Toutefois, après quelques secondes, l'activité reprit au niveau du tronc cérébral sous la forme de petites impulsions rouges.
- Ça relance le cerveau ? s'enquit Lori.
- Uniquement le tronc cérébral. Ça les fait se mouvoir mais...
- Ils ne sont plus vivants, termina Rick.
- Ce ne sont plus que des coquilles vides.
Je sursautai quand un éclair traversa le cerveau du sujet n°19. Une balle dans la tête. La violence de cette simple scène qui était pourtant mon quotidien depuis des mois, m'avait collé la nausée.
- Vi, éteint le grand écran et les postes de travail.
Je me tournai vers Daryl, complètement abasourdie. Finalement, malgré ces grands discours et ces explications scientifiques, il n'en savait pas plus que nous. Il n'avait strictement aucune idée de ce que c'était...ce que ne manqua pas de lui faire remarquer Andrea. Un microbe, un virus, un parasite, un champignon...si même les meilleurs pathologistes n'arrivaient pas à déterminer ce qu'était cette saloperie, alors cela n'augurait rien de bon.
- Il y a d'autres centres n'est-ce-pas ? demanda Glenn d'un ton trahissant un début de panique.
- Peut-être qu'il y a...des gens comme moi.
- Vous ne savez pas ? s'insurgea Rick. Comment ne pouvez-vous rien savoir ?
- Tout s'est arrêté, se défendit Jenner. Les communications, les instructions...j'avance à l'aveugle depuis plus d'un mois.
- Si je comprends bien, reprit Andrea, il n'y a plus rien...nulle part ?
Face au mutisme de Jenner, je sentis mes jambes chanceler sous mon poids. Je dus m'accrocher au bureau le plus proche pour ne pas m'effondrer...il n'y avait plus rien, plus de solution...et je compris en cet instant, que ce que nous avions connu ces derniers mois n'était rien en comparaison de qui nous attendait.
- Seigneur, murmura Jacqui, au bord des larmes.
- J'vais me déchirer la gueule, annonça Daryl en passant une main dans ses cheveux en bataille.
- Désolé de vous embêter avec ça, je sais que toutes ces questions doivent être pénibles pour vous Doc, mais c'est quoi ce compte à rebours ? demanda Dale en montrant du doigt un écran digital indiquant 59 minutes. Il se passe quoi quand il arrive à zéro ?
- Les générateurs seront à sec.
- Et ? s'enquit Rick.
Pour toute réponse, Jenner quitta les lieux sans un mot.
- Vi, poursuivit le shérif, il se passe quoi sans les générateurs ?
- Sans les générateurs, reprit la voix synthétique, la décontamination du centre se déclenchera.
- Décontamination ? répétai-je ahurie. A votre avis qu'est-ce-que ça veut dire ?
- Rien de bon, si tu veux mon avis Casse-Noisette.
***
Je détestais la manière dont Jenner s'était tu pour noyer le poisson. Cette histoire de décontamination du centre ne me plaisait pas, et je commençais sérieusement à angoisser. Rick, Shane, T-Dog et Glenn étaient partis dans les profondeurs du CDC pour essayer de régler ce problème de générateur. Daryl avait disparu...certainement pour se déchirer la gueule comme il l'avait si bien dit. Carol, Lori et les enfants s'étaient retranchés dans la bibliothèque pendant que Dale, Andrea et Jacqui discutaient au réfectoire. De mon côté, j'étais retournée dans le petit salon pour lire. Je me rendis compte que c'était peine perdue après avoir lu au moins dix fois de suite la même phrase sans en comprendre le sens. Je jetai l'exemplaire de Ça que j'avais trouvé la veille et fermai les yeux un instant. Décontamination. Ce mot résonnait sans cesse dans ma tête fatiguée du trop plein d'informations reçues après mon premier et unique café du matin. Je me levai et commençai à faire les cent pas en me rongeant les ongles, lorsque les lumières s'éteignirent. Un éclairage de secours d'intensité plus faible prit le relais. Tout ceci n'augurait vraiment rien de bon. Intriguée, je grimpai sur la bibliothèque à DVD et sur la pointe des pieds, tendis la main au niveau de la climatisation.
- Qu'est-ce-que tu fous ? demanda Daryl, m'arrachant un cri de surprise qui manqua de me faire basculer en arrière.
- Putain, faudrait que je te mette une clochette autour du cou pour savoir quand t'es dans le coin, grommelai-je.
- Ça m'dit pas c'que tu fabriques à jouer les équilibristes.
- La climatisation s'est éteinte, répliquai-je, aide-moi à descendre.
Il m'attrapa et me déposa lentement sur le sol. Les battements de mon cœur redoublèrent d'intensité tandis qu'il gardait ses mains posées autour de ma taille.
- Putain de merde, murmurai-je troublée.
- Quoi ?
- Faut qu'on trouve le Docteur Jenner pour comprendre ce qui se passe, déclarai-je pour me donner un semblant de contenance.
Je suivis Daryl dans le couloir.
- Qu'est-ce-qui se passe ? demanda Lori bientôt rejointe parCarol et les enfants, les lumières se sont éteintes.
Dale, Jacqui et Andrea se joignirent à nous lorsque Jenner fit son apparition vêtu d'une blouse blanche. Son air préoccupé ne fit rien pour nous rassurer.
- Il se passe quoi Doc ? s'enquit Dale.
- Le système principal priorise l'utilisation de nos ressources, déclara le scientifique en nous invitant à le suivre.
- Comment ça, il priorise ? Les lumières et la clim ne sont pas une priorité ? m'exclamai-je ahurie.
- Ce n'est pas moi qui décide. La zone 5 s'éteint toute seule.
- Ça veut dire quoi ? Mec, j'te cause, s'écria Daryl en attrapant par l'épaule le scientifique qui l'ignorait délibérément, ça veut dire quoi elle s'éteint toute seule ? Un bâtiment peut faire ça ?
- Vous seriez surpris, marmonna Jenner.
Nous retrouvâmes Rick en compagnie de Shane, T-Dog et Glenn à l'entrée de la salle de contrôle.
- Jenner, que se passe-t-il ? demanda à son tour le shérif avec une inquiétude non dissimulée.
- Le système supprime toute la consommation qu'il juge inutile pour que les ordinateurs fonctionnent jusqu'à la fin. Ça se met en route lorsqu'il ne reste que 30 minutes au compteur, déclara lescientifique en indiquant l'écran digital avant d'avaler une rasade de whisky.
Il tendit la bouteille à Daryl avant de reprendre :
- C'était les français.
Devant l'incompréhension générale, il poursuivit :
- Ce sont eux qui ont tenu jusqu'au bout. Pendant qu'on prenait la fuite ou qu'on se suicidait, eux ont travaillé jusqu'à la fin. Ils étaient proches de trouver une solution.
- Qu'est-ce-qui s'est passé ? m'enquis-je au bord de la panique.
- La même chose qu'ici...plus de courant...plus de jus. C'est débile hein ? De se dire que la vie ne tient qu'à un seul baril d'énergie fossile...
Le scientifique semblait avoir perdu toute motivation, il avait l'air totalement déconnecté de la réalité...il avait jeté l'éponge.
- Écoutez moi tous, déclara Rick, rassemblez vos affaires, on se tire d'ici !
Au même moment, une alarme retentit et les portes de sécurité se refermèrent, nous privant de toute tentative d'évasion.
- Ce fils de pute nous a enfermé ! rugit Daryl en se jetant sur le scientifique avant d'être retenu par Shane et T-Dog. Ouvrez ! Ouvrez cette putain de porte !
- Je ne peux pas, répliqua-il platement.
- Ouvrez cette porte, insista Rick.
- Je ne peux pas ! L'ordinateur contrôle tout, il n'y a rien que je puisse faire.
- Putain, mais il se passe quoi dans 28 minutes ! hurlai-je à bout de nerfs. Répondez-nous ?! Il se passe quoi ?!
- Vous savez où vous êtes ici ? s'égosilla Jenner en se levant brusquement. Vous êtes au CDC ! On protège les gens ! On fait en sorte que les pires virus, les pires maladies ne se propagent pas, JAMAIS !
Ce type était en train de perdre complètement les pédales, songeai-je horrifiée. Carl et Sophia pleuraient, effrayés par ce qui était en train de se produire. Jacqui s'était prostrée dans un coin et ne semblait plus vouloir bouger. Dale, Lori et moi étions figés sur place, incapables de faire ou de dire quoique ce soit, tant ce qui se passait était surréaliste.
Le scientifique se rassit lentement sur sa chaise, remit sa blouse en place avant de reprendre plus calmement :
- En cas de coupure de courant, comme lors d'une attaque terroriste, l'AST est déployée pour empêcher la propagation de micro-organismes dans la nature.
- AST ? répéta Rick, sonné.
- Arme à surpression thermobarique...cela produit une explosion plus puissante que tout autre explosif hormis le nucléaire. Pour faire simple...l'air s'enflamme, lâcha finalement Jenner. Plus de douleur, plus de chagrin, plus de deuil...en une fraction de seconde tout s'arrête.
J'étais sur le point de m'écrouler lorsque Daryl m'attrapa pour m'aider à tenir debout. J'étais sonnée, anesthésiée, incapable de réfléchir. Je plongeai dans les yeux de mon ami totalement perdue pour y lire la même chose. Je laissai reposer ma tête contre lui un instant...de toute façon si je devais mourir, autant que ce soit près de la seule personne au monde qui m'aidait à me sentir vivante. Lori serrait Carl dans ses bras en pleurant, pendant que Carol embrassait sa fille en larmes. Jacqui ne bougeait toujours pas et Dale semblait avoir perdu l'usage de la parole.
- Y a pas moyen, grogna Daryl en s'élançant vers la porte blindée. Ouvrez cette putain de porte ! hurla-t-il avant d'exploser labouteille de whisky contre la paroi métallique.
Il fut rejoint par Shane armé d'une hache. T-Dog lui en lança une autre et les deux hommes commencèrent à frapper comme des forcenés contre l'acier qui refusait de bouger. Je me laissai tomber sur le sol aux côtés de Carol, Lori et les enfants, hypnotisée par la scène qui se déroulait sous mes yeux. Shane et Daryl étaient déchaînés, hystériques, presque possédés.
- Je ne vous comprends pas, déclara le Docteur Jenner. Je vous offre la possibilité d'échapper à une vie courte, violente et cruelle. Vous avez vu ce que ça a fait à sa sœur, dit-il en désignant Andrea, c'est ça que vous voulez ? Rick, c'est ce que vous voulez pour votre famille ?
- Vous devez nous laisser le choix, suppliai-je, vous ne pouvez pas nous imposer d'en finir sans avoir au moins essayer...laissez-nous une chance !
Shane nous rejoint à bout de forces.
- Même pas une simple entaille, soupira-t-il à bout de souffle.
- Cette porte est conçue pour résister à une attaque au lance roquettes...vous êtes au CDC, pas à Disneyland.
- J'peux toujours t'exploser la tête, rugit Daryl, armé de sa hache avant d'être une nouvelle fois arrêté par Shane et T-Dog.
- Vous ne comprenez pas que plus rien ne vous attends dehors ? Il n'y a plus d'espoir, plus rien...
- Il y a toujours de l'espoir ! s'écria Rick. Peut-être pas ici, peut-être pas maintenant, mais il y a forcément quelqu'un, quelque part !
- Quelle partie de tout est perdu est-ce-que tu ne comprends pas ?intervint Andrea adossée contre un des bureaux. Il n'y a plus rien Rick.
- Vous voyez, votre amie l'a compris. C'est tout simplement l'extinction de notre race.
- Ma fille ne mérite pas de mourir comme ça, sanglota Carol. Vous n'avez pas le droit de nous garder enfermés ici !
Daryl s'approcha de moi et me tendit la main pour que je me relève.
- J'te laisserai pas crever ici Lola, dit-il en prenant mon visage entre ses mains. J'te jure que tu crèveras pas ici.
Le silence se fit durant quelques secondes qui me parurent durer une éternité lorsque Rick reprit la parole.
- Vous mentez...à propos du fait qu'il n'y a plus d'espoir. Sinon, vous auriez fui comme tout le monde ou vous vous seriez suicidé. Mais non...vous avez choisi la voie la plus difficile. Pourquoi ?
- J'ai fait une promesse à ma femme...c'était elle le sujet 19. C'était une brillante pathologiste, la meilleure...c'est elle qui dirigeait ce centre...
Insensible au discours de Jenner, Daryl avait recommencé à frapper la porte de toutes ses forces. Andrea avait raison. S'il y avait bien quelqu'un qu'on pouvait qualifier de survivant, c'était lui...et je le connaissais suffisamment pour savoir qu'il n'abandonnerait pas avant d'avoir tout tenté, même s'il devait y laisser ses dernières forces.
- Elle aurait pu trouver une solution si elle avait survécu à ma place. Je lui ai promis...de rester jusqu'au bout. Et c'est ce que j'ai fait. Elle a été...une grande perte pour l'humanité.
- Votre femme n'a pas eu le choix, vous oui, reprit Rick d'un ton calme. Un choix. Une chance. C'est tout ce qu'on demande.
- S'il vous plaît, murmurai-je épuisée par toute cette tension.
- Je ne peux pas ouvrir le hall, abdiqua dans un soupir le scientifique avant de taper un code sur un clavier.
- On s'barre ! cria Daryl en s'élançant dans le couloir au moment où la porte s'ouvrait enfin.
- Dépêchez-vous ! hurla Glenn.
Je courus comme une dératée suivie de Carol, Sophia, Carl et Lori. L'adrénaline avait pris possession de mes muscles, jamais de ma vie je n'avais fait un sprint pareil. Le dédale de couloirs et d'escaliers défilait sans que je n'y prête attention. Au bout d'une course effrénée, nous déboulâmes enfin dans le hall. Daryl et Shane tentaient de défoncer les vitres blindées à coup de hache...sans résultat. T-Dog jeta une chaise de toutes ses forces, ce qui s'avéra être un échec cuisant. Nous fûmes rejoint par Rick qui vida le chargeur de son revolver sur la structure en verre n'occasionnant que quelques impacts de balle.
- Rick ! l'interpella Carol. L'autre jour, quand j'ai fait ta lessive, j'ai trouvé ça dans une de tes poches, dit-elle en lui tendant une grenade, je l'avais mise de côté en me disant que ça pourrait être utile.
- Ok...ok...couchez-vous ! hurla le shérif avant de mettre l'explosif en place.
Je me jetai au bas des escaliers, les mains sur les oreilles lorsque la détonation retentit. Quelques secondes plus tard, j'enjambai les morceaux de verre brisé et repris ma course folle vers nos véhicules qui attendaient quelques dizaines de mètres plus loin.
- Grimpe ! ordonna Daryl en prenant place à bord de son pick up.
Je ne me le fis pas dire deux fois et m'installai du côté passager à bout de souffle.
- Où sont Dale, Jacqui et Andrea ? demandai-je, paniquée.
- J'en sais rien... ! Voilà l'vieux et la blonde !
- Dépêchez-vous ! entendis-je hurler Rick. Dale !!! Couchez-vous !!!!
Des gerbes de flammes s'échappèrent des vitres que nous venions d'emprunter, Daryl se jeta sur moi m'écrasant de tout son poids. Mes tympans explosèrent lorsque le bâtiment implosa dans une myriade d'étincelles rougeoyantes, ne laissant derrière lui que des cendres, des braises fumantes et une affreuse odeur de chair brûlée due à l'embrasement des nombreux corps qui jonchaient le bitume.
A suivre...
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