Chapitre 19 - Agressions et première fois
Disclaimer : ma fic n'est pas classée en catégorie adulte, cependant une scène assez violente s'est glissée dans ce chapitre. Vous voilà prévenus mes petits rôdeurs...
Chapitre 19 - Agressions et première fois
La nuit était tombée lorsque nous arrivâmes enfin à destination. Le voyage à travers la forêt grouillante de rôdeurs avait été long, très long. Mais c'était sans compter sur Barry et ses interventions improbables qui avaient rendu tout ceci beaucoup plus supportable. Enfin, pour moi. L'humeur massacrante de Rick, Daryl et Michonne en disait long sur l'état de leurs nerfs qui avaient été mis à rude à épreuve durant les quelques kilomètres de marche en sa compagnie.
- Par ici, murmura le shérif en se planquant derrière une voiture.
Je me plaquai à mon tour contre la tôle, aux côtés du chasseur et de la samouraï. Le catcheur, quant à lui, restait debout à contempler les étoiles d'un air béat.
- Cet abruti va nous faire remarquer, marmonna Daryl.
- Barry ! s'impatienta Rick.
- Les constellations apaisent mon corps et mon esprit, répliqua le colosse d'un ton monocorde en nous rejoignant.
- Tu nous en diras tant, répliqua Michonne, la mâchoire crispée.
- Lola, tu vois ton ami ? s'enquit notre leader.
Qualifier J.C d'ami était quelque peu prématuré mais je m'abstins toutefois d'en faire la remarque. Je me retournai, avant de jeter un œil discret par dessus le capot vert pomme. Les yeux plissés, je scrutai la barricade composée majoritairement de pneus et de plaques métalliques rouillées. Mon estomac se contracta douloureusement lorsque je constatai que Martinez montait la garde. Après un soupir de frustration, je grimaçai en reprenant ma position initiale.
- Il se peut que J.C ne soit pas là, déclarai-je avec appréhension.
- Quoi ?!
- J'y peux rien Shérif, ils ont dû changer les tours de garde.
- C'est qui ? demanda la samouraï.
- Martinez, me crispai-je.
- Les amis, gardons notre calme. Qui veut faire quelque chose, trouve un moyen.
- Le v'la qui recommence ! grogna le chasseur.
- Pour le coup, il a pas tout à fait tort, remarquai-je avec un sourire amusé.
- Je vais trouver une autre entrée, annonça Michonne en s'éloignant.
- Je t'accompagne, déclara Rick. Restez ici, et faites vous discrets.
- Tu d'vrais plutôt dire ça à l'autre là, grommela Daryl en désignant Barry d'un signe de tête.
Je suivis nos amis du regard tandis qu'ils s'éclipsaient en silence. D'abord le trajet en voiture, maintenant la reconnaissance...Décidément, le shérif ne pouvait plus se passer de mon amie ! Mon sixième sens me titilla vaguement à cette pensée. Était-ce prémonitoire ? Probablement pas, étant donné qu'une certaine Lori faisait partie de l'équation. Je fermai les yeux un instant pour reprendre mes esprits. Il n'y avait bien que moi pour penser à des potins de ce genre à un moment pareil. J'en arrivai à la conclusion que j'aurai du consacrer mon existence aux magasines people plutôt qu'à la danse classique, lorsque je me laissai tomber sur le bitume. Daryl s'assit également, mordillant sa lèvre inférieure nerveusement. Il se tourna vers moi, inquiet.
- Michonne va trouver une entrée, chuchotai-je.
- Ouais...j'le sens pas ce plan, marmonna-t-il. En plus, avec l'autre abruti qui braille comme une gonzesse à tout bout de champ...on va s'faire griller.
Je reportai mon attention sur le catcheur qui s'était de nouveau perdu dans la contemplation du ciel sombre, avant de poser ma tête sur l'épaule de Daryl.
- On va dire qu'il a une manière bien à lui de détendre l'atmosphère, souris-je.
Le chasseur passa un bras autour de moi, me serrant un peu plus contre lui.
- J'aurais préféré que tu restes à la prison.
- Pour supporter les sautes d'humeur de Lori ? m'offusquai-je à voix basse. Non merci, je préfère être ici. Avec toi, ajoutai-je timidement.
J'aperçus un semblant de sourire s'étirer sur ses lèvres tandis qu'il se penchait vers moi pour déposer un baiser sur ma tempe.
- Et si ça tourne mal ? reprit-il.
- Pourquoi voudrais-tu que ça tourne mal ?
- Tu veux sérieusement qu'on reparle de toutes les merdes qui nous sont arrivées ? demanda-t-il en jouant nerveusement avec l'un des fils de mon jean.
- Je préfère pas, soupirai-je en relevant mon visage vers lui.
En cet instant baigné par la faible clarté diffusée par la lune et les torches de la ville fortifiée, je n'avais qu'une envie, c'était de lui dire à quel point je l'aimais. Mais nous n'étions pas encore prêts pour ce genre de déclaration, sans oublier que nous avions un spectateur qui semblait passionné par notre discussion. Le colosse nous observant intensément, je m'attendais à ce qu'il nous sorte une tirade de son cru. Mais non. Rien. Il se contenta de nous fixer, le menton en appui sur la paume de son énorme main, tout en soupirant d'un air rêveur. Putain...J'adorais ce mec !
- Les voilà, constata Daryl tandis que le shérif et la samouraï nous faisait signe de les suivre.
Je me relevai en jetant un dernier coup d'œil à la barricade. Bordel, mais où était passé J.C ?
***
Michonne referma silencieusement la porte de l'arrière boutique dans laquelle nous venions de pénétrer. Daryl nous précédant, son arbalète armée et prête à tirer, nous rejoignîmes l'avant du magasin. Je m'approchai d'une des fenêtres à pas feutrés pour entrouvrir les rideaux.
- C'est bizarre, murmurai-je en fronçant les sourcils, ça grouille de monde dehors.
- Avec le couvre feu, les rues devraient être désertes, remarqua la samouraï en regardant par dessus mon épaule.
A peine eut-elle terminé sa phrase que quelqu'un frappa à la porte.
- Marvin ! C'est toi, là dedans ?
Je resserrai ma prise autour du couteau de chasse de Daryl tandis que Michonne dégainait son sabre. Armé d'une pioche qu'il avait trouvé en cours de route, Barry me faisait vaguement penser à une version décalée de Michael Myers...le masque en moins, et les vannes foireuses en plus. Rick se colla contre le mur près de l'entrée. L'index posé sur ses lèvres, il nous intima de garder le silence.
- Fais pas le con mec, je t'ai vu bouger ! lança le visiteur depuis l'extérieur.
Les battements saccadés de mon cœur se mêlaient avec une douce harmonie à l'adrénaline qui commençait à se répandre joyeusement dans mes veines. Je retins ma respiration lorsque l'intrus s'invita finalement parmi nous. Le shérif lui sauta dessus, et je saluai intérieurement ses réflexes d'ancien flic.
- Putain, vous êtes qui ?
- Fermes-là, menaça Daryl en braquant l'homme de son arbalète.
Paniqué, l'habitant de Woodbury se tourna vers Michonne et moi.
- Lola ! Qu'est-ce-que tu fais là ? demanda-t-il en se dégageant vivement de la poigne de Rick.
Sans prévenir, il se jeta sur moi pour me serrer contre lui. Interloquée par son attitude, je restais paralysée, les bras ballants, ne sachant comment réagir. C'était sans compter sur le chasseur qui l'attrapa par le col de sa veste pour l'envoyer promener un peu plus loin. Barry ceintura le biker pour l'immobiliser, tandis que ce dernier se débattait comme un diable.
- Du calme ! intervins-je. C'est J.C !
- J.C, hein ? répéta Daryl.
- Tu peux m'expliquer ce qui se passe ? s'enquit le jeune homme.
L'archer le fusilla du regard, son arme prête à lui décocher une flèche en pleine tête à la moindre incartade.
- Où sont nos amis ? interrogea Rick en posant le canon de son Python sur le front du latino.
- Mais de quoi vous parlez ?
- Vous avez enlevés nos amis, où sont-ils ? reprit le shérif, d'un ton agressif.
- Quoi ?! Putain Lola, tu peux m'expliquer ce qui se passe ?
- Merle a emmené deux membres de notre groupe, un coréen et une jeune femme. On est venu les chercher. Tous les trois.
J.C braqua ses pupilles noires sur moi avant de reporter son attention sur notre leader qui le menaçait toujours.
- Pourquoi tu veux embarquer Merle ? Ce type est une ordure.
- Fermes ta putain de gueule ! s'exclama Daryl.
- Poses pas de questions, tentai-je de temporiser. Dis nous juste où ils sont. S'il te plaît.
Tout en me dévisageant, le biker semblait réfléchir. Du coin de l'œil, j'observai mon chasseur qui tenait toujours le latino dans le viseur de son arbalète. Les traits crispés, à bout de nerfs, il était sur le point d'imploser.
- C'est son frère, repris-je à voix basse.
- Ok, abdiqua-t-il après une longue hésitation. Je vais vous filer un coup de main mais...
- T'es pas vraiment en mesure de négocier, lui fit remarquer Rick.
- D'accord, d'accord, déglutit-il. Vous pouvez dire à votre colosse de me lâcher, je suis pas armé.
- Daryl, fouilles-le.
Ce dernier s'exécuta sans rechigner, semblant prendre un malin plaisir à malmener le biker.
- Il est clean.
- Tu vois, ce mec ? murmura le shérif toujours aussi menaçant en désignant Barry d'un signe de tête. Il a dévoré sa propre mère. Alors si tu tentes quoique ce soit, tu peux être sûr qu'il n'hésitera pas à te faire subir bien pire.
Sur le point d'éclater de rire devant la mine horrifiée de J.C, je me pinçai les lèvres tout en essayant de garder une expression neutre. Daryl s'approcha de moi et m'attrapa le poignet pour m'emmener dans l'arrière boutique.
- Tu fais confiance à ce blaireau ?
J'hésitai une seconde, incertaine de ma réponse. Le biker s'était tout d'abord montré charmant, avant de devenir un connard de première, pour finalement m'aider à m'enfuir. Je devais admettre que son côté bipolaire m'inquiétait, mais nous n'avions que lui...sans compter que c'était moi qui avait insisté pour le mêler à notre opération de sauvetage.
- Il m'a aidé quand je me suis sauvée, finis-je par dire à voix basse en croisant les bras sur ma poitrine, et, il a aidé Michonne aussi.
- Mais, est-ce-que tu lui fais confiance ?
- Il aurait pu me balancer à ses potes, au lieu de ça, il m'a laissé partir, alors oui, je pense qu'on peut avoir confiance.
- Y a un truc qui cloche. Il est pas net ce type.
- Pourquoi tu dis ça ?
- A part des emmerdes, il gagne que dalle à nous aider.
- Je crois...qu'il m'aime bien, grimaçai-je.
Le chasseur se crispa sensiblement, mais garda son calme malgré tout.
- Et alors ? dit-il d'un ton qu'il voulait détaché mais d'où je sentais pointer un semblant de jalousie.
- Alors, je pense que c'est pour ça qu'il nous aide. Et puis regardes-le, il est terrorisé par notre ami l'humoriste, pouffai-je en lui pressant le bras.
Daryl redressa son arbalète sur son épaule en jetant un coup d'œil vers l'avant du magasin. Le biker ne cessait de jeter des regards inquiets à Barry qui se tenait devant lui, le dominant de toute sa hauteur. Je priais silencieusement pour qu'il ne lui sorte une de ses blagues débiles lorsque Rick et Michonne nous rejoignirent.
- Qu'est-ce-qu'on fait ? s'enquit la samouraï en rangeant son sabre.
- On suit le plan initial, ordonna le shérif. Quoiqu'il se passe, on se retrouve dehors.
- Ça marche, répliquai-je.
- On fait ça vite et bien. Pas la peine de déclencher une guerre avec ce Gouverneur.
L'afro américaine se contracta à l'évocation du leader de Woodbury.
- On voit que tu ne le connais pas. Peu importe ce qui va se passer, ça sonnera comme un appel aux armes pour lui, chuchota-t-elle.
- Raison de plus pour ne pas faire de vagues, déclara Rick en retournant dans la pièce principale.
Le visage de J.C se décrispa légèrement à notre arrivée, m'arrachant un sourire au passage. Le colosse, imperturbable, jouait à la perfection le rôle du psychopathe sanguinaire.
- Est-ce-que tu as vu Andrea ? demandai-je.
- Pas depuis cet après-midi. Elle était avec Milton.
- Milton Mamet ? J'ai un compte vestimentaire à régler avec ce scientifique à la con, répliquai-je en repensant à la robe blanche que j'avais dû porter pour la fête des fleurs.
- Oh...ça t'aillait bien, remarqua le biker.
- Je vais t'faire fermer ta putain de gueule, cingla Daryl en l'attrapant par le col de son t-shirt.
- Bah, vas-y qu'est-ce-que t'attends ?!
- Les gars, sérieusement ? Vous croyez que c'est le moment ?! m'interposai-je tandis que les deux hommes se toisaient d'un regard noir.
Daryl et J.C se défièrent encore quelques secondes avant de relâcher un semblant de pression.
- On se calme, intervint Rick en surveillant discrètement l'extérieur depuis l'une des fenêtres. Lola, Michonne, vous allez chercher Andrea. On se retrouve dehors.
L'afro américaine acquiesça avant d'ouvrir la porte silencieusement m'intimant de la suivre. Je lui emboîtai le pas, inquiète. Les tensions provoquées par l'arrivée inopinée du latino risquaient de compromette le bon déroulement de notre plan un tantinet bancal.
- Fais attention Casse-Noisette, marmonna Daryl en m'embrassant sur le front sous le regard attendri de Barry.
- Toi aussi, répliquai-je avec un sourire.
- Celui dont le cœur est ressuscité par l'amour ne mourra jamais, intervint l'humoriste poète.
Apparemment peu touché par la poésie de ce proverbe persan, le chasseur leva les yeux au ciel. Quant à J.C, il observait le catcheur, éberlué, hésitant clairement entre éclater de rire et prendre ses jambes à son cou.
Après un dernier regard lourd de sens échangé avec mon compagnon, je suivis Michonne dans les rues de Woodbury, qui s'étaient finalement vidées. Les torches installées le long des trottoirs projetaient leurs ombres enflammées sur le bitume craquelé, tandis que l'écho de nos pas se répercutait en un rythme saccadé sur les façades des immeubles.
- Je te laisse aller voir à l'appartement, déclara subitement la samouraï.
- Tu vas où, toi ?
- Vérifier un truc.
- Quel truc ? Tu vas retourner chez ce type ? Putain mais c'est de la folie, on est là pour Andrea, pas pour buter le Gouverneur !
- On se retrouve plus tard, répliqua-t-elle entre ses dents avant de s'éloigner au pas de course.
Et merde ! Voilà que je me retrouvais toute seule, comme une conne, à errer en territoire ennemi. Que s'était il passé entre eux durant ma courte absence ? Maudissant silencieusement mon amie, je m'élançai en direction du logement que nous avions occupé lors de notre court séjour en ville.
***
Je pénétrai dans le bâtiment avec appréhension. Le silence, pesant, m'écrasait de son poids. Les battements de mon cœur s'intensifièrent dans ma poitrine, tandis que je tournai la poignée métallique.
- Andrea ! murmurai-je en ouvrant la porte. Andrea ! C'est Lola !
Plongé dans une pénombre angoissante, l'endroit paraissait beaucoup moins accueillant que lorsque je l'avais quitté. Oppressée par une anxiété grandissante, je détaillai le lit face à moi, le canapé et le mobilier modeste avec un soupir de frustration. Je fis quelques pas jusqu'à la banquette, lorsque la lumière s'alluma brutalement. Je me retournai, m'attendant presque à un SURPRIIIISE, avant de redescendre aussitôt sur Terre. Ce n'était pas mon anniversaire, et notre venue à Woodbury n'avait rien à voir avec une visite de courtoisie.
Je découvris, épouvantée, l'un des hommes du Gouverneur, Marvin, si mes souvenirs étaient bons, appuyé contre le chambranle de la porte. Ses cheveux grisonnants coupés court, ses prunelles abyssales, son attitude menaçante, tout ce qu'il représentait me glaçait le sang.
Ma gorge se noua douloureusement. Je l'avais déjà vu, planquée dans le placard de la bicoque abandonnée cernée par les rôdeurs. Le pervers qui avait clamé son désir pour un arrière train tel que le mien, se tenait là, juste devant moi.
L'homme me toisa sans aucune gêne, s'arrêtant longuement sur mes jambes et ma poitrine. A en juger par son regard lubrique et sa bouche entrouverte, la vue lui plaisait.
- Tiens, tiens, tiens, visez moi ça, lança-t-il avec un sourire éloquent.
- Je suis venue voir Andrea, répliquai-je avec un semblant d'aplomb.
- On dirait qu'il n'y a que nous deux ma belle, remarqua-t-il en désignant la pièce d'un geste du bras.
- Dans ce cas, je ferai mieux d'y aller.
Je m'avançai, le souffle court, tentant de maîtriser les tremblements de mes mains. Arrivée à sa hauteur, il referma la porte d'un air moqueur.
- Où tu crois aller comme ça ? susurra-t-il en approchant son visage buriné de mon oreille.
- Laisses moi passer, rétorquai-je.
- J.C aime peut-être les meufs dociles, mais moi...je les préfère caractérielles, reprit-il tandis que je lui jetai un regard noir.
- Je t'ai demandé de me laisser passer, grinçai-je entre mes dents, alors que déjà, la peur s'insinuait sournoisement dans mes veines.
- Oh chérie, je crois qu'on va plutôt s'amuser d'abord, annonça-t-il en me repoussant vers le lit.
Je lui décochai une gifle magistrale avant de me précipiter vers la porte. Marvin m'attrapa par les cheveux avant de me jeter violemment au sol. Il s'agenouilla sur moi tandis que je me débattais comme une forcenée.
- Putain, si tu savais comme j'aime qu'on me résiste !
D'un geste rapide, il attrapa mon couteau et le fit glisser lentement sur ma gorge. Un sourire malsain s'étira sur son faciès lorsqu'il jeta mon arme dans un coin de la pièce. Avec une force qui me noua les entrailles, il plaqua mes deux mains au dessus de ma tête pour écraser ses lèvres sur les miennes. Dans un réflexe de défense emprunté à Mike Tyson, je le mordis jusqu'au sang. Une substance visqueuse au goût métallique se répandit soudainement dans ma bouche. Dans un sursaut d'adrénaline, je lui crachai rageusement à la gueule, écœurée par la tiédeur du liquide rougeâtre.
- Espèce de salope ! beugla-t-il en me collant son poing dans la figure.
Légèrement sonnée, je sentis ma pommette éclater sous la violence du choc. Les coups, je les connaissais par cœur. J'avais vécu ça des dizaines et des dizaines de fois. Je ne les craignais plus, ne les redoutais plus. C'était une douleur ancienne, viscérale. Cette douleur là avait une mémoire. Et quelque part, c'était comme retrouver une vieille amie. Des réminiscences de mon passé déferlèrent devant moi, me renvoyant sous forme de flashs le cadavre de ma sœur pendu dans le grenier et les assauts répétés de mon géniteur.
Mon bourreau s'acharna sur mon visage pendant de longues secondes, tandis que je fermai les yeux pour encaisser les craquements sonores de ses phalanges qui s'abattaient avec force sur ma peau déjà contusionnée. Je suffoquai sous le poids de mon agresseur, me débattant pour tenter de reprendre mes esprits lorsqu'il déchira mon t-shirt avec un rire écœurant. Je sentis avec révulsion ses doigts s'insinuer sous mon soutien gorge, pendant que de l'autre il défaisait déjà sa ceinture. A bout de souffle et de forces, je refoulai une nausée alors qu'il s'attaquait aux boutons de mon jean. Je m'agitai comme une forcenée, cherchant du regard un objet quelconque pour me défendre.
- Lâches-moi, putain de merde !
- Laisses-toi faire...tu vas voir, on va s'éclater, murmura-t-il.
Il fit glisser sa langue dans mon cou, déclenchant une vague de nausée que je réprimai tant bien que mal. Je repérai le couteau de Daryl sous le canapé à seulement quelques mètres de moi. Putain de merde ! Son haleine fétide me retournait l'estomac, je refusais de subir ça. Pas après l'enfer qu'avait été ma foutue vie ! Ça ne pouvait pas m'arriver !
Alors qu'il se redressait pour me déshabiller, je lui envoyai un coup de genou rageur dans les testicules. Dans un cri silencieux, il se figea instantanément avant de rouler sur le côté, les deux mains plaquées sur son entrejambe, une grimace de douleur grotesque collée sur son visage dégueulasse. Je me relevai péniblement, insensible aux protestations de mon corps endolori. Shootée à l'adrénaline, je me précipitai vers l'arme lorsqu'il me plaqua de nouveau au sol.
- Tu vas où comme ça, sale pute ?!
Ce connard prenait son pied à m'inonder de coups dans le ventre, dans les côtes à chaque fois que j'esquissai un mouvement. Ignorant mon supplice, je continuai de ramper, des larmes de rage dévalant mes joues en sang. Je tendis le bras et refermai enfin la main sur l'objet de mon salut. Marvin m'attrapa à nouveau par les cheveux...à croire que ce cinglé était fétichiste ! Avec une violence extrême, il me jeta sur la table en bois qui s'écroula. Un hurlement de douleur resta coincé dans mon larynx lorsque je sentis mon dos craquer sous le choc.
- Finis de jouer, beugla-t-il en plongeant sur moi.
Ma lame déchira sa chair flasque dans un bruit sec. Il s'immobilisa un instant, contemplant d'un air ridicule le manche de mon couteau qui dépassait de son abdomen. Avec le peu de forces qu'il me restaient encore, je retirai mon arme de la plaie béante avant de l'abattre comme une enragée dans sa gorge palpitante.
Mes mains tremblaient. Mon corps tremblait. Mes larmes, salées, se mêlaient au goût métallique du sang dans ma bouche. Mon estomac se révulsa subitement. Je me contractai en vomissant une faible quantité de bile sur le tapis rouge.
Les doigts agrippés dans mes cheveux, je me recroquevillai contre le canapé, incapable de quitter des yeux le cadavre encore chaud de Marvin.
Je souffrais. Terriblement. Je suffoquais. Littéralement.
Je venais de survivre à une agression d'une rare violence. Et pour la première fois de ma vie...j'avais tué un homme.
- Lola, appela une voix derrière moi.
Trop choquée pour bouger, je restais là hébétée, à regarder la dépouille de mon bourreau.
- Lola, répéta J.C en s'agenouillant près de moi. Putain de merde ! Barry ! Viens m'aider !
Le biker latino retira sa veste pour me couvrir avec, pendant que Barry me soulevait de terre. En état de choc, tel un pantin désarticulé, je me laissai faire sans broncher.
- On se barre ! lança le jeune homme en se dirigeant vers la porte d'entrée.
A l'extérieur, les coups de feu faisaient rage. Le nuage provoqué par l'explosion d'une bombe fumigène rendait la scène surréaliste.
Dans un état second, j'observai les mercenaires courir dans tous les sens à travers ce brouillard opaque. L'odeur de la poudre flottait dans les airs, se mélangeant allègrement à celle des corps en décomposition qui, attirés par le vacarme, se pressaient déjà contre les barricades. L'enfer existait. Et il avait pour nom Woodbury.
***
Après de longues minutes, nous sortîmes enfin de la ville. J'aperçus Rick, Glenn et Maggie qui se tenaient un peu plus loin, sous le couvert des arbres. En nous voyant arriver, nos amis se précipitèrent vers nous.
- Lola ? murmura Rick tandis que Barry me déposait délicatement sur le sol.
- Salut Shérif, articulai-je faiblement.
- Qu'est-ce-qui s'est passé ? Pourquoi elle est dans cet état ? Où est Michonne ? s'impatienta le flic.
Glenn et Maggie se penchèrent vers moi, inquiets. Le visage de l'ancien livreur de pizza témoignant également d'une violente agression, il faisait peine à voir.
- T'as une sale gueule, tentai-je de plaisanter, mais je suis contente de te voir.
- On est deux, sourit le coréen en se laissant tomber à mes côtés.
Les coups guériraient, comme toujours, mais mon dos me faisait souffrir le martyr.
- Y avait qu'elle là bas, entendis-je J.C répliquer.
- Et celui qui lui a fait ça ? reprit Rick fou de rage à la vue de mon t-shirt déchiré.
- Mort, elle l'a tué.
Les doigts encore tremblants, j'essayai de refermer laborieusement la veste de J.C sur moi. Constatant mon trouble, Maggie me prêta main forte avec un sourire qui se voulait réconfortant. Reconnaissante, je laissai ma tête reposer sur la tôle de la voiture contre laquelle on m'avait installée et fermai les yeux, reprenant peu à peu mes esprits.
Lorsque je les rouvris, Michonne nous avait rejoint. Elle posa un regard tuméfié sur moi. A en juger par le sang dont elle était couverte, j'en déduisis qu'elle aussi avait passé une soirée mouvementée.
- Où est Daryl ? finis-je par demander.
- On a été séparé, répondit le shérif.
- Comment ça, séparés ? dis-je en me levant au prix d'un effort considérable. Il faut qu'on aille le chercher !
- Pas dans cet état Lo, intervint la samouraï.
Je me tournai vers elle, bouillonnante d'une rage sourde qui me dévorait de l'intérieur.
- Je ne serai pas dans cet état si tu m'avais pas lâché pour ta stupide vendetta ! m'écriai-je.
Elle me dévisagea longuement, la mâchoire crispée, visiblement blessée. Je regrettai mes paroles au moment même où je les prononçai. Mais après le cauchemar que je venais de vivre, savoir le chasseur encore entre ces murs me bousillait bien plus que tous les coups que j'avais pu prendre au cours de ma pathétique existence.
- Du calme Lola, temporisa Rick en m'attrapant par les épaules. Calmes-toi.
- Que je me calme ? Mais comment tu veux que je me calme alors que Daryl est toujours là bas ! m'égosillai-je.
- On va le chercher, déclara Maggie fermement.
- On y va, reprit le shérif d'une voix douce, mais toi, tu n'es pas en état.
- Mais...
- Daryl me tuerait si je te laissais y aller, m'interrompit-il. Tu restes avec Michonne, Glenn et Barry. Maggie, J.C et moi, on y retourne et je te promets qu'on va le ramener. Tu m'entends.
Au bord des larmes, épuisée et meurtrie, j'acquiesçai d'un signe de tête avant de m'effondrer dans ses bras.
- S'il te plaît Shérif, ramènes le moi.
A suivre...
Voilà pour ce chapitre qui été terriblement éprouvant à écrire pour mon petit cœur fragile 😅😅
J'espère malgré tout qu'il vous a plu ?
Comment va réagir Daryl en retrouvant Lola ?
Un très grand merci pour vos votes et vos commentaires !! ❤
A très vite pour le chapitre 20 😉
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