"Dit, t'as quoi comme rêves ?"

Mes rêves ? A vrai dire, je n'en ai pas, du moins pas des réalisables. J'aurais aimé ouvrir mon propre restaurant ou devenir footballeur professionnel, vivre heureux entouré des personnes que j'aime et grandir tous ensemble. Vivre, tout simplement.

Pourtant là, après avoir passé la nuit dans ses bras à pleurer comme un bébé, à s'être endormis tous les deux sur notre pauvre canapé les joues trempées après s'être mutuellement réconfortés, je n'avais envie de lui répondre qu'une seule chose : je rêve du grand amour Sunghoon, de notre grand amour.

"Je n'en ai pas spécialement."

C'est tout ce que j'ai trouvé à répondre, après tout c'est la réponse qui me semble la plus appropriée. Puis ce n'est pas vraiment un mensonge, je n'en ai pas spécialement, des rêves réalisables.

Ma réponse n'a visiblement pas su satisfaire mon coloc qui secoue la tête l'air désespéré, selon lui, il est impossible de ne pas avoir de rêve du tout, donc il s'est mis à me proposer une multitude d'activités comme voyager, faire du saut en parachute, commencer un road trip, nager avec des requins, mais rien ne m'attirait plus que ça.

"Mais tu n'es vraiment pas possible !" souffla-t-il.

Je ne peux que hausser les épaules et lui sourire en guise de réponse, suite à mes gestes, il se jette sur moi, me surplombant, et se met à me chatouiller faisant résonner mes rires dans la pièce. Je le supplie de me lâcher mais c'est peine perdue.

"Dit "Sunghoon le plus beau" et je te lâche."

"Ja-jamais" prononçais-je en m'étouffant presque.

Voilà qu'il repart de plus belle, me chatouillant les côtes, sous les bras et même le cou. Bien que je gigote dans tous les sens, ce con parvient à garder l'équilibre au dessus de moi et il se marre bien de ma souffrance avec son putain de rictus scotché sur sa belle gueule.

"Argh ! Lâ-lâche moi ! Tu ne voudrais pas que je meurs maintenant quand même !"

Il se stoppe d'un coup, laissant ses grandes paumes sur mon torse, ses yeux s'arrondissent alors qu'il déglutit bruyamment l'air décontenancé.

"Trop tôt ?" demandai-je gêné.

"Trop tôt."

*********

La température dégringole et les jours filent aussi rapidement qu'un train en course.

J'ai été chez mes parents, c'étaient les seuls qui n'étaient pas encore au courant de ce que j'endurais.

L'annonce a été dure, très dure. Devoir parler, expliquer ce bourbier était pire que de marcher sur la lame d'une épée.

J'imaginais que la douleur ne pouvait pas être pire, que cette sensation de piqûre sanglante au milieu du cœur était inégalable, toutefois le contraire a été bien rapidement prouvé, voir ma mère fondre en larmes dans les bras de mon père m'a complètement bousillé.

Puis il y a eu le visage de poupée, de ma petite poupée aux joues rosées, mais surtout trempées par les perles salées qui dégringolaient sur sa peau pâle, sur la peau pâle de ma petite sœur que j'ai toujours chéris.

J'avais l'impression de me faire bouffer les tripes par un lion affamé.

Je m'en voulais atrocement d'être la raison pour laquelle leurs beaux visages étaient souillés, si je pouvais les réparer, leurs rendre leurs beaux sourires, évidemment que je l'aurais fait.

Malgré cela, je sais qu'ils resteront à jamais soudés, qu'ils resteront une famille unie, soudée, comme si rien ne manquait, comme si j'étais encore là.

Les garçons étaient revenus à la maison il y a quelques jours pour je cite "se venger de la pizza". Les gosses ne supportaient pas le fait d'avoir perdus face à une vulgaire pâte ayant pour seule arme 350 grammes de farine. Cette fois-ci leur recette allait être mieux réussie grâce à la supervision de Jay et Sunoo. Mais bien évidemment il fallait s'y attendre, avec eux il doit toujours y avoir un peu de piment parce que sinon, ce n'est pas drôle !

L'atelier dinette s'est transformé en véritable compétition digne de Top Chef.

Les deux plus âgés n'avaient pas le droit de toucher ne serait-ce qu'à un petit grain de sel, ils se contentaient de donner les indications aux plus jeunes qui se démenaient pour parvenir à réaliser une pizza potable.

Hee Seung, Sunghoon et moi étions pliés de rire face au spectacle qui se déroulait devant nous. Bien qu'au début tout allait comme sur des roulettes, il a fallu que l'un des deux joueurs se mette à tricher.

Bien évidemment c'est Niki qui a commencé en mettant de la cannelle dans la sauce de Jungwon, celui-ci n'a rien remarqué mais ce n'est pas passé inaperçu aux yeux de Jay qui s'est mis à hurler dans la cuisine. La pauvre sauce tomate était maintenant inutilisable, enfin à des fins culinaires, puisque son propriétaire s'est fait un malin plaisir de lui trouver une utilité en la renversant sur le crâne du plus jeune. Décidément ses cheveux ne survivront jamais à un atelier cuisine.

Le pauvre Sunoo qui restait en retrait a eu le malheur de rire un peu trop fort et a fini avec de la farine et un œuf en plein milieu de la tronche de la part de notre cher maknae.

Voyant que ça dégénérait entre les trois plus jeunes et que ça partait tout simplement en bataille de nourriture, j'ai voulu m'interposer pour cesser ce capharnaüm dans ma cuisine, je vous laisse deviner, je n'aurai jamais dû. Tout simplement parce que je ne m'en suis pas sorti indemne.

Enfin bref, c'était encore une fois une belle défaite pour les maknaes qui nous ont payé des pizzas pour éviter qu'on ne crève de faim.

Je ne vous cache pas que Sunghoon a énormément insisté, même carrément forcé pour se rendre avec les plus jeunes à la pizzeria, sous entendant une soudaine envie de sortir alors que la véritable raison était simplement cette foutue serveuse. N'y voyant pas d'inconvénients, ils ont accepté et se sont rendus tous les trois chercher les pizzas, mais beaucoup plus rapidement que la dernière fois.

En effet, sa chère serveuse n'était pas là.

**********

Ce soir c'est soirée dansante au Dilemma, une petite habitude de Hee Seung hyung depuis que le diner's a ouvert. On organise cette petite fête une fois par mois et il y a toujours un monde monstre nous obligeant à placer encore plus de tables en terrasse ce qui ne dérange, heureusement pas la clientèle malgré les basses températures de cette fin octobre.

Les canapés en cuir rouge ainsi que les chaises de la même couleur sont tous occupés. Les tons pastels des milkshakes et des smoothies donnent un aspect épuré et mignon aux tables carrées contrastant avec les larges assiettes où reposent pour la plupart des hamburgers et des hots dogs plus gros que ma tête, ou encore des nachos parfaitement recouverts par une sauce au fromage, la spécialité du chef.

La salle, elle, est plongée dans le noir, seulement les néons propagent une lumière bleue qui vient illuminer les murs rouges couverts d'affiches rétro donnant un style de boîte de nuit. Ce fameux style est d'autant plus prononcé grâce au petit attroupement qui s'est créé dans le coin dédié à la piste de danse où nos deux back danseurs y mettent clairement le feu.

Il est déjà difficile de se déplacer avec nos plateaux remplis qui menacent de s'écraser au sol à chaque instant, mais la difficulté est encore plus grande quand trois mômes décident de jouer à la marelle sur le sol en damier du restaurant.

Sunghoon, est là lui aussi, assis sur un tabouret de bar discutant avec Jay qui est sorti des cuisines il y a déjà quelques minutes. Ce dernier arbore une expression choquée qui se reflète sur le visage de son interlocuteur, leur conversation a l'air fluide et parfaitement audible pour les deux concernés malgré le rugissement des baffles à quelques mètres d'eux.

Madame Hara et ses copines sont là également, mais cette fois-ci, quelques nouvelles têtes sont présentes : des jeunes femmes. Je déduis que celle qui siège à côté de ma pseudo belle mère est sa fameuse fille avec qui elle voulait me caser. Elle ressemble très peu à sa mère pourtant, seulement ses lèvres brillantes en forme de cœur et ses yeux tirés me confirment qu'un lien de parenté les unissent.

Ses cheveux sont longs et naturellement ondulés tandis que ses joues sont rebondies et saupoudrées de rose contrairement au carré lisse et au visage creusé de sa mère. Son regard noisette ne m'a pas lâché de la soirée, ça en devenait gênant, heureusement pour moi que c'est mon hyung qui se chargeait de cette table.

Après avoir tourné pendant des heures, et au passage m'être reposé la moitié du temps sous les menaces de mon supérieur, le restaurant est maintenant vide et propre. On peut dire que la soirée a été rude mais ça en a valu la peine puisque d'après notre patron, on a jamais fait autant de chiffre en une seule soirée. Les deux gosses se jettent actuellement des fleurs puisque d'après eux c'est grâce à leur beauté et à leur capacité à bouger leur corps de façon branché et puissante que la clientèle a été aussi nombreuse. Cependant, Sunoo commence à les charrier à son tour, affirmant que c'est grâce à sa cuisine digne d'un chef étoilé que les clients se sont attroupés dans l'établissement, ce qui a causé comme d'habitude, une petite gué-guerre entre les trois plus jeunes.

Hee Seung nous a tous remercié, un sourire radieux orne son visage allant presque jusqu'à ses oreilles décollées qui lui donnent tant de charme. La surexcitation des deux ou plutôt trois gosses avec Sunoo, malgré l'heure tardive et la joie de notre hyung font planer une atmosphère très agréable mais un petit nuage gris menaçant de verser ses larmes vient titiller ce doux moment.

Sunghoon est en retrait mais ce n'est pas vraiment étonnant, c'est même habituel, sachant qu'il a été s'entrainer aujourd'hui, comme tous les jours d'ailleurs, il a probablement un coup de barre. Ce qui me dérange le plus c'est mon meilleur ami, il ne cesse d'apporter ses ongles à ses dents qui viennent ronger ses phanères et de détourner le regard à chaque fois que l'un de nous six tente de l'aborder. J'en parlerai avec lui plus tard, ce n'est ni le lieu ni le moment approprié.

L'heure des aurevoirs a sonné, deux, trois accolades et quelques mots se sont partagés lors de notre chemin vers le parking.

L'ambiance a jusque-là été super cool, je ne m'attendais pas à ce que le trajet dans l'habitacle de fer soit aussi silencieux. Sunghoon est au volant, seuls les bruits du moteur et de nos respirations sont audibles, le trajet s'est vite terminé puisqu'il n'y avait personne sur la route.

C'est ainsi qu'une heure plus tard, je me retrouve dans mon lit, lavé et en pyjama, prêt à m'endormir. Cependant, un petit quelque chose tracasse mon esprit, Sunghoon ne m'a pas adressé un mot et ça me démange de savoir pourquoi.

Je me tourne désespérément dans mon lit à la recherche d'une position confortable, pourtant vous comme moi savons très bien que ce n'est pas le matelas ou encore l'oreiller le problème, mais cette petite voix dans ma tête, ce petit pincement dans mon coeur qui me bouffent au point de m'empêcher de fermer l'oeil.

Alors que je me tortille comme un ver sur mon matelas, le grincement de la porte me fait stopper tous mes mouvements. Je me redresse sur mes coudes, puis, j'aperçois une touffe blonde dépasser de l'encadrement de la porte. Cette scène est mignonne à souhait, ses cheveux encore humides de sa précédente douche tombent sur son front et sa lèvre inférieure est ressortie, il fait la moue.

"Je peux rentrer ?" murmura-t-il.

Je l'invite à s'asseoir à mes côtés d'un geste de la main. Lui aussi a l'air tracassé, ce n'est pas dans ses habitudes de venir dans ma chambre à trois heures du matin pour discuter.

"Je peux te demander quelque chose ?"

"T'es sûr que ça va ? Tu n'as pas l'habitude de me demander quoi que ce soit" me moquai-je.

Un rire silencieux s'échappe de ses lèvres me laissant d'abord savourer cette douce mélodie, admirer sa dentition parfaite et lever le regard pour tomber sur ses fossettes, c'est fou d'être aussi séduisant au beau milieu de la nuit.

Je fais tellement tache à ses côtés avec mes yeux cernés et mes cheveux en pagaille, sans oublié mon pyjama frôlant le ridicule alors que lui ne porte qu'un t-shirt blanc sur un short gris.

"Tu sais j'ai beaucoup réfléchis et je-"

La revoilà, cette mine qu'il tenait précédemment au diner's pendant qu'il s'était mis de côté, il cogite. Je suis certain qu'en me concentrant un peu je pourrais voir de la fumée sortir de son crâne tant son cerveau surchauffe.

"Tu ?"

Qu'a-t-il de si important à me dire bon sang ? Son stress commence à déteindre sur moi alors que mon esprit s'est enfin calmé, rassuré de ne pas être la cause de son manque de conversation d'il y a une heure.

Il pivote vers moi, ses orbes noires plongent dans les miennes, j'ai l'impression de me faire analyser, son regard est si perçant qu'il me donne la sensation d'être mis à nu devant une foule entière. Puis ses doigts viennent s'enrouler et s'accrocher au bracelet qui orne son poignet, avant qu'il n'ajoute :

"Passons nos derniers mois ensemble à réaliser mes rêves"

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Heyyy !!

Chapitre un peu soft après les récents événements (mais qui est quand même important pour la suite) ^^

Il ne se passe pas grand grand chose c'est surtout pour apporter un peu de joie et pour pouvoir faire une transition pour la suite des événements !

J'espère que vous avez apprécié cette partie quand même !!

A la prochaine
Bizzz <333

• Adiaaa •