41 • Breathe For Me 2/2 (fin)



10 mois plus tard.

Après un rude hiver, le soleil venait tout juste de sortir de sa cachette, perforant légèrement de ses doux rayons les nuages immaculés qui flottaient dans le ciel, qui flottaient près de moi.

Je n'ai rien manqué de là où je suis, j'ai tout vu, tout le temps, je veillais sur toi et sur les autres. Vos vies avaient repris leurs cours, difficilement mais désormais ça allait, c'était parfait.

Hee Seung et Sunoo venaient tout juste d'emménager ensemble, peut-être un peu rapide me diriez vous mais tout était si beau entre eux, quelques disputes par ci par là mais rien de bien méchant. Ils s'aimaient à la folie et je me sentais toujours aussi bête de n'avoir rien remarqué. En plus, pour leur plus grand bonheur, leur nouvel appart était seulement situé à une ou deux rues du diner's qui était toujours aussi côté qu'avant, si ce n'est plus.

Niki et Ava avaient une relation... particulière ? Le mot "catastrophique" serait plus adapté. Non pas que leur couple battait de l'aile, loin de là, ils s'aimaient beaucoup, à leur manière, en se faisant les pires crasses et prank jamais imaginés. Mais comment dire que lorsque ces deux démons décidaient de collaborer ensemble, c'était une véritable catastrophe pour les autres. L'activité favorite de ces deux monstres ? Embêter Jay et Jungwon.

Ces derniers avaient eu un peu plus de mal à remonter la pente; entre Jungwon, véritable éponge sentimentale et Jay endeuillé qui étalait sa peine malgré lui sur le dos de son petit ami. Toutefois, ils ne s'étaient pas lâchés, pas encore une fois et vivaient actuellement leur meilleure vie de couple niais à souhait. Le blond mettait le plus jeune sur un piédestal, pour Jay, Jungwon méritait tout, et s'il avait tout, il lui donnerait encore plus. C'était beau de voir son meilleur ami aussi piqué, aussi heureux et rayonnant.

Toi, tu venais tout juste de sentir ton épiderme picoter lorsque tu étais sorti, les rayons chauds s'étaient permis de venir te taquiner alors que le froid de la patinoire était resté derrière toi, derrière la lourde porte que tu venais à peine de franchir, ton sac à dos sur l'épaule. La différence de température t'avait un peu surpris, tu étais adorable.

Ton coeur, lui aussi s'était réchauffé. Toutefois ce n'était pas parce que les températures s'élevaient timidement mais plutôt grâce à la joie qui emplissait enfin ton coeur, tu allais mieux, ça me rendait heureux.

Pourtant même si je ne hantais plus autant vos pensées, du moins pas de façon aussi déchirante qu'il y a quelques mois, vous ne m'aviez pas oublié, vous ne le feriez jamais. J'étais toujours là dans un petit coin de votre tête, dans un immense coin de votre coeur. Les larmes ne coulaient plus quand mon prénom était prononcé, au contraire, les lèvres s'étiraient et vos yeux pétillaient. Vous étiez heureux de m'avoir connu. Fier surtout, fier et heureux.

Malgré que la tristesse s'était éloignée bien loin, elle revenait au grand galop aujourd'hui. La raison était évidente, même les garçons savaient que tu serais un peu plus mollasson durant cette journée. C'est pour quoi tu as préféré rester isolé aujourd'hui, uniquement accompagné de toi même, te préparant mentalement à affronter le lendemain que tu n'aurais jamais imaginé vivre ainsi. Vivre ce jour seul, sans moi.

Tu avais ouvert la portière et balancé ton sac à l'arrière avant de t'installer dans ta voiture. Le silence régnait dans l'habitacle, seulement ton long soupir plus triste qu'agacé faisait vibrer l'air autour de toi. Tu as mis en route le moteur et saisis avec une étrange délicatesse le volant entre tes doigts fins. Puis tu as roulé, roulé jusqu'à ce que le soleil se couche, admirant la lumière dorée déposée sur la capitale coréenne, comme si l'entièreté des building était simplement recouverte d'un voile d'or, transparent, rendant encore plus attrayante la ville que je chérissais tant.

********

Tu es finalement arrivé dans ton nouvel immeuble avant que l'extérieur ne se fasse tâcher par la noirceur de la nuit. A peine le pied posé à l'intérieur que deux pattes s'étaient déjà agrippées au tissu ébène de ton jogging, y laissant des marques poussiéreuses par la même occasion.

Comme à son habitude, Layla venait te faire sa fête habituelle, bien trop heureuse de te revoir après une journée entière d'absence. Puis, toujours emprisonné dans le cercle de l'habitude, un sourire vivait sur ton faciès alors que tes mains se baladaient dans le pelage de la chienne qui en réclamait toujours plus.

Chez toi désormais, c'était presque comme chez nous auparavant, avec simplement une chambre en moins par faute de moyen et inutilité. Mais ce n'était rien, tu étais bien ici, l'emplacement, la vue, la taille de l'appart, ça collait parfaitement pour un jeune adulte et son animal de compagnie.

Bien replié pour donner des caresses dignes de ce nom à l'animal déjà avachi sur le canapé, la douleur de tes muscles lorsque tu t'es redressé t'avais fait grimacer. Ni une ni deux, tu avais filé à la douche, balançant tes vêtements sales de sueur et de poussières dans le bac à cet effet avant de te placer sous le pommeau douche qui déversait déjà l'eau brulante sur ta peau laiteuse qui s'était aussitôt mise à rougir. Un soupir de satisfaction s'était dérobé de tes lèvres dès lors que cette sensation de légèreté et de relaxation s'était fièrement emparée de l'atroce tension qui serrait tous tes muscles.

Pour moi, il n'y avait rien de mieux que de sentir l'eau chaude rouler sur mon épiderme après une dure journée, sentir le pouvoir du liquide brûlant à décontracter chaque zone de mon corps emmêlée, nouée par le stress ou l'effort mais surtout ça me permettait, un peu comme toi aujourd'hui de faire le vide dans ma tête, je savais que ton but était surtout là, faire le vide avant demain, avant d'affronter la morose journée de demain.

Tu t'étais rapidement séché et vêtu, souhaitant t'échapper au plus vite de la pièce qui s'était temporairement transformée en sauna tant l'air y était étouffant. La fraicheur du couloir t'avait frappé le visage rouge de ta précédente douche, tandis que la chaleur et la buée collée au miroir commençait doucement à disparaitre, redonnant enfin à la glace son habituelle netteté.

Pas d'humeur à te caler un truc sous la dent, tu avais filé dans ta chambre, pénétrant dans tes draps parfaitement tirés afin que tes jambes seulement couvertes de ton short ne rencontrent le matelas froid qui accueillait si bien ton corps d'athlète. La tête enfoncée dans l'oreiller, amenant tes mèches blondes à s'accrocher sans aucun sens au tissu du coussin, tu ne parvenais pas à rejoindre Morphée, ou plutôt, tu ne voulais pas le rejoindre.

Tu préférais à la place te redresser et ouvrir ta table de chevet, y ressortant cette fameuse lettre, ma fameuse lettre dont le papier commençait à froisser et où l'encre avait parfois coulé tant tu avais laissé l'humidité de tes larmes l'abîmer. Pourtant ça ne faisait rien, tu l'avais lu tellement de fois que tu la connaissais par coeur. Puis le bracelet aussi, tu triturais, les yeux pétillants et la mine joliment attristée , les perles violettes qui habillaient si bien ton poignet.

Malgré tes efforts d'aujourd'hui, entre la patinoire et la balade nocturne en voiture, la douche chaude et les câlins à Layla, tu ne parvenais pas à faire le vide dans ta tête, cependant celui dans ton coeur était revenu à toute allure.

Pourquoi ? Pourquoi si soudainement ?

Tout simplement parce que demain, on aurait dû fêter nos un an.

**********

Tes mains, fermées en deux petits poings, étaient venues retrouvées tes yeux encore pris au piège dans le nuage du sommeil. Le jour était levé, la lumière se faufilant dans la chambre grâce aux volets mal fermés te le confirmait.

La flemme du réveil s'était introduite dans la pièce elle aussi, te serrant fort et s'agrippant à toi comme un koala le ferait à son arbre, pourtant tu t'es redressé et quitté tes draps encore chaud et imprégné de ton odeur. Tu as filé à la fenêtre, l'ouverture ne te permettait pas d'y voir assez clair alors tu as un peu plus ouvert les volets qui t'ont aussitôt offert une vue sur la ville; rues bondées, restaurants complets, passants pressés et soleil haut dans le ciel.

Une journée habituelle, normale.

Cette observation t'avais attristée, la journée n'était pas normale, non, elle devait être exceptionnelle, joyeuse comme un jour de fête, ça l'était en quelque sorte pourtant le seul invité ne pouvait être présent, il ne serait jamais présent.

Pourtant l'invité se devait d'être là, je me devais d'être là.

Tu t'es approché de ton lit, t'accroupissant afin de passer ta main en dessous et d'en tirer un carton. Tu allais le chercher uniquement quand tu allais mal, souvent fut un temps, beaucoup moins ces derniers mois et maintenant, maintenant seulement parce que le besoin de me sentir contre toi était devenu trop important.

Tu as dégagé les pans, faufilant tes mains dans la boite marron, tes doigts ont à peine effleuré le tissu du vêtement que tu allais déjà mieux, mais dès l'instant où tu l'as sorti et serré contre toi, humé l'odeur absente depuis bien longtemps mais que tu réussissais toujours à imaginer, comme si elle s'était imprégnée dans tes narines, comme si ton cerveau refusait d'oublier l'effluve de ma peau, tu allais beaucoup mieux, comme si j'étais là et que ce jour de fête pouvait enfin être heureux.

Le ding de la porte venait juste de retentir dans ton appart, te coupant dans ton moment de douceur et te poussant à ranger le carton en insultant au préalable l'individu inconnu qui te dérangeait, crois moi, tu l'as rapidement regretté.

Qui venait sonner aussi tôt le matin ?

C'est ce que tu te demandais, mais dès lors que tes pupilles sont tombées sur l'horloge du salon, affichant dix sept heures passées, tu t'en es étouffé.

Encore un peu sonné d'avoir dormi si longtemps, ou peut-être était-ce mon sweat qui t'avais pris tout temps ? Tu ne savais pas. Tu t'es dirigé, une main coiffant grossièrement tes mèches blondes volumineuse par ton sommeil, vers la porte d'entrée.

"Dites moi que vous êtes Park Sunghoon"

"Euh, oui"

Etrange comportement pour un livreur. Déjà, quel livreur passait aussi tard ? Tu n'avais rien commandé, tu en étais certain.

Tu le regardais les sourcils froncés et le nez retroussé, un peu comme s'il venait d'une autre planète. C'était marrant à voir.

"J'ai galéré à vous retrouver ! Vos anciens voisins ne savaient pas où vous aviez déménagé, vraiment la galère je ne vous en parle même pas !" se plaignit avec humour le jeune homme "Bon tenez c'est pour vous, quelle idée de commander ça un an à l'avance"

Hébété, tu regardais l'étrange spécimen filer dans les escaliers juste après qu'il t'ait tendu le colis que tu as attrapé par réflexe.

Un an à l'avance ? Tu ne comprenais vraiment rien.

Tu t'étais empressé de rentrer pour te munir de ton meilleur cutter, déchirant avec facilité la tonne de scotch collée un peu partout sur le carton déposé sur ton plan de travail.

Une boite rouge avec un noeud de la même couleur parfaitement serré au dessus. Ton coeur tambourinait, tu avais peur d'avoir compris, peur des faux espoirs, mais tu ne pouvais empêcher tes lèvres de s'étirer dans un sourire, tu ne pouvais réprimer l'excitation et l'espoir qui faisait trembler tout ton corps d'impatience.

Tu as, sans hésitation, tiré sur le ruban, et soulevé le couvercle. Une petite carte pailletée s'était aussitôt présentée à toi. Tu l'as attrapé du bout des doigts afin d'y lire le petit mot qui a aussitôt fait pétiller tes orbes et exploser ton coeur.


A nos un an, Hoonie.


"Trésor..."

Tu n'y croyais pas, tes lèvres attaquaient déjà ta pauvre lèvre qui tremblait d'émotion.


Tu vas suivre mes indications d'accord ? Commence par ouvrir la petite boite blanche et noire et revient ici !

Miraculeusement tu n'as pas triché et a aussitôt posé le papier sur le côté cherchant rapidement l'objet demandé. Tu étais comme un enfant, le sourire jusqu'aux oreilles, les yeux brillants et les lèvres laissant échapper un adorable rire lorsque la boite blanche et noire s'était trouvée entre tes doigts.

Tu l'as aussitôt attaqué de tes ongles, oubliant complètement ton cutter sous l'euphorie et la joie, cette dernière s'étant aussitôt mise à monter en flèche dès que le cadeau était à ta portée.


Bah quoi ? J'espère que t'es content ! Les un an sans s'offrir des chocolats ce n'est pas vraiment des un an, un peu comme la Saint Valentin tu vois ? En plus j'ai bien choisi, j'espère que tu n'as pas soudainement changé d'avis et que les Ferrero sont toujours tes préférés ! Mange les bien devant ta série mais n'abuse pas non plus, ce serait bête de t'évanouir parce que Monsieur Hoonie est en pleine hyperglycémie.


Un chocolat déjà entièrement dans la bouche, tu avais laissé couler une larme. Une larme accompagnée d'un sourire timide, ce n'était pas pour les chocolats non, mais parce que c'était si spontané que tu avais l'impression de me parler, que tu imaginais ma silhouette face à toi, te piquant une boulette chocolatée sans ton accord que tu aurais essayé par tous les moyens de m'arracher.


Maintenant la boite rouge !


Pas besoin de déchirer quoi que ce soit cette fois, tu avais juste à soulever le couvercle afin d'en libérer le contenu.

Ton corps tremblait toujours sous ta trop grande joie, ta joue était toujours marquée d'une ligne humide de tristesse, c'était déjà très contradictoire mais tout était devenu encore plus éprouvant pour ton coeur quand, enfermée dans son bocal de verre, la rose éternelle avait rencontré tes prunelles.


Pour moi c'était le plus beau cadeau que je pouvais te faire, le plus significatif et le plus représentatif de ce que nous sommes, pas de ce nous avons été, de ce que nous sommes et que nous serons toujours. Eternels.

Un amour pur et sans fin, un amour qui perdure et qui grandit de jour en jour, qui vit pour toujours, contrairement à nous. Oui, je suis parti, oui tu partiras un jour toi aussi mais notre amour, lui sera toujours là, il ne s'arrêtera pas, jamais. Il est bien trop pur et honnête, bien trop vrai, irréfutable. On s'est aimé ici-bas pendant dix mois. Mais chacun de son côté, on s'aimera pour l'éternité.

Le plus beau cadeau certes, mais surement pas le dernier. Il reste l'enveloppe, ouvre la et va au lieu indiqué, ne profite pas de cet instant uniquement pour moi, fait le pour nous, pour Jakey et Hoonie.

Je t'aime encore plus fort que l'année dernière et l'année d'avant.

Passe une bonne soirée Hoonie.

Ton trésor.

********

Tu avais aussitôt filé, sautant dans ta voiture et roulant le coeur serré vers le lieu désiré.

Un étrange remue-ménage se tramait dans ton esprit, l'angoisse te serrait l'estomac, la joie faisait battre ton coeur un peu trop vite et la douleur, bien qu'atténuée humidifiait tes orbes et déchirait ta gorge.

Tu roulais un peu trop vite, tes mains serraient le volant un peu trop fort pour stopper leurs tremblements incessants, pourtant tu y étais arrivé en entier, sain et sauf.

Un goût aussi doux qu'amer dans la bouche, les pieds s'enfonçant dans l'herbe fraîche de la plaine, le souvenir de ce soir là avait fait apparition dans ta tête.

Le soir le plus désastreux mais aussi le soir où le "nous" avait commencé, le soir où le mot couple s'associait enfin à nos deux prénoms.

Un souffle tremblant se mêlant à celui de cette soirée printanière s'est échappé de tes lèvres dès l'instant où le sol s'est éloigné de la terre ferme, dès l'instant où tu t'approchais du ciel, bien installé dans la magnifique montgolfière.

Tu admirais les yeux humides et les joues brulantes le ciel sombre de la nuit, tu regardais les quelques oiseaux qui volaient un peu trop près de toi, suivant leur vol vers ce qui te semblait être l'infini jusqu'à ce que tes pupilles ne te le permettent plus

Mais surtout, ce soir, au plus près des cieux, au plus près de moi, tu admirais les astres que le ciel avait à t'offrir.

Tu m'admirais les yeux larmoyants de passion et d'amour.

Tu as été le meilleur et le plus destructeur des cadeaux.

Le meilleur des cadeaux empoisonnés.

Merci pour tout mon Hoonie.

Vis pour moi, Hoonie.




Respire pour moi.





• FIN •

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top