39 • Stars
Boss Hyung :
Mission post-it accomplie,
t'as faillit me faire chialer
Jakeyyy :
Merci Hyung, t'es le
meilleur <3
La lumière bleutée de mon écran m'agresse la rétine, ce n'est pas comme si je venais juste de me réveiller, obligeant mes pupilles à s'adapter directement à la lumière artificielle de mon cellulaire. Au contraire cela doit faire plusieurs heures que mon corps a quitté Morphée, toutefois j'aurais payé cher pour retourner à ses côtés, mais l'unique pensée du match de ce soir-là m'a motivé à garder les paupières ouvertes.
Ces deux dernières soirées ont été bercées uniquement par les verres alcoolisés et la musique tambourinant au travers des baffles. En effet, les sept autres habitants de cette baraque ne se sont pas gênés pour faire la fête comme les jeunes adultes -ou vieux ados- qu'ils étaient. Toutefois, malgré son corps à moitié ivre et ses pensées en vrac, mon blond veillait sur moi, enfin il m'empêchait de jeter mon dévolu sur les quelques bouteilles en verre déposées sur la table basse. C'était mauvais pour moi avait-il dit, mais ça l'était tout autant pour eux. Bien que mon cas soit assez particulier, eux aussi ne sont pas exclus des dangers de l'alcool.
Pourtant au fond ça ne me dérangeait pas de ne pas participer entièrement à leurs activités. Les regarder s'amuser, rire entre eux me convenait parfaitement, me faisait sourire tout en ancrant dans mon esprit les derniers moments que je passais avec eux.
Et ça, ça valait plus cher que n'importe quel pauvre verre.
Les images de ces deux dernières nuits ont fait naître un sourire sur le coin de mes lèvres, contrastant grandement avec les quelques perles salées qui ruissellent dangereusement sur mes joues creuses.
Pourquoi est ce que je pleure ?
Parce que toute cette histoire touche à sa fin, mon récit est bientôt terminé et ça me fait mal de l'admettre, d'accepter que je vais tous vous laisser, tous les laisser.
Puis il y a aussi ce livre à la couverture ébène que je fais innocemment tourner entre mes doigts, ce livre qui me déchire à chaque mot qui croise mes orbes. "Souvenirs Pour Jake", c'est atrocement adorable.
Toutes ces photos, ces lettres, j'ai tout vu, tout lu sans omettre le moindre détail, sans délaisser la moindre photo ou un quelconque dessin.
Je repoussais sans cesse le jour où je m'y attarderai, le jour où j'allais sangloter une bonne fois pour toute devant la puissance des mots de mes amis et c'était aujourd'hui, quelques heures avant le match que mon esprit avait décidé de prendre son courage à deux mains et de parcourir les pages noircies par la douleur et la peine des gens que j'aimais le plus.
J'en ai déversé des larmes en une après-midi, et elles m'ont épuisé, éreinté. Je me sens affreusement lourd mais divinement léger, comme si j'étais là et ailleurs, ici et nulle part.
J'étais tellement loin que je n'en ai pas entendu la porte s'ouvrir sur mon blond affolé.
"Jake ? Qu'est ce qu'il y a ? Ca ne va pas ?"
Sunghoon a sauté sur le lit, tâtant avec douceur et inquiétude chaque zone de mon corps qui lui était possible d'atteindre, cherchant à toute allure la cause de mon soudain mal-être. Toutefois la réponse lui est bien vite parvenue, et cela sans même que le moindre mot ne s'échappe de mes lèvres puisque ses orbes brunes se sont finalement attardées sur le bouquin clos qui repose tranquillement sur mes cuisses.
"Tu vois, c'est pour éviter ça que je ne voulais pas écrire dedans"
Un sourire triste prend doucement place sur mes lèvres, se reflétant sur le visage de mon blond avant qu'il ne s'amuse à cueillir les dernières perles roulant sur mes joues en embrassant avec toute la tendresse du monde mes pommettes humides et rougies.
"Voilà t'es plus beau comme ça !"
Encore une fois j'avais envie de pleurer, de laisser ma peine dévaler mes joues.
Pourquoi ? Je ne sais pas.
Peut-être est-ce à cause de ce poids lourd qui presse ma poitrine, qui contracte mon coeur et fait vaciller mon âme ? De cette atroce sensation de culpabilité et d'apaisement qui grandit en moi, me poussant à me sentir comme le pire des lâches qui ne veut plus se battre, qui ne peut plus se battre.
Je ne sais pas, c'est si flou, si inexplicable et angoissant.
Ou alors je sais, et refuse de me l'avouer, d'accepter que ça y est ?
"J'ai peur Hoonie"
"Peur de quoi, trésor ?"
"De ne pas tenir"
Sans ajouter un mot de plus, ses bras forts sont venus trouver mon torse, l'enroulant et le serrant comme si j'étais son doudou et lui l'enfant apeuré, comme si cette étreinte était capable de dissiper tous mes mauvais songes. C'était le cas en quelque sorte, la puissance de ses muscles me rassurait, sa chaleur me réconfortait et son odeur me consolait, je me sentais bien dans ses bras, je me sentais chez moi.
C'en était si parfait que mes cils se sont mis à papillonner, déclinant l'invitation de Morphée. Pourtant les caresses de mon blond se baladant du bas de mon dos jusqu'à la naissance de mes cheveux ne font qu'insister pour que j'aille rejoindre la célèbre divinité des rêves. Puis entre nous, je me sentais mieux là bas, à ses côtés, rêvant d'une vie idéale et joyeuse. Je pouvais oublier l'espace d'un instant ce boulet qui me suit, qui me compresse la poitrine, qui m'alourdit et m'affaiblit.
Oui, c'est ça, je vais rejoindre le pays des songes juste une petite heure, puis je me réveillerai et me préparerai avec Hoonie pour le match.
C'est comme ça que tout doit se passer.
Alors que je ne suis à rien d'enfin clore les paupières et de laisser mon corps se laisser aller à la quête du repos et de la fraîcheur, un son s'échappe de mes lèvres sans que je ne puisse rien contrôler, une phrase qui s'est mise à rouler sur ma langue sans ma permission.
Elle aurait pu être tellement insignifiante, elle aurait dû l'être.
"Reste avec moi ce soir Hoonie"
*********
"On est bien d'accord qu'on se rejoint tous à l'after ?" demanda Niki en se retournant sur son siège.
Comme prévu j'ai fait mon petit somme d'une heure, peut-être un peu plus au final vu le cri qu'a lâché Jay lorsqu'il a vu que Sunghoon et moi n'étions toujours pas prêts à moins d'une heure de l'évènement tant attendu. C'est donc à toute allure que nous avions dû, enfin, que mon blond a dû m'aider à enfiler mes vêtements -le maillot que mon meilleur ami m'a offert pour mon anniversaire pour être précis- ainsi que les siens afin que nous puissions vite filer avant de se faire incendier par un Jay fou furieux.
"On verra" répliqua mon blond.
"Comment ça on verra ? Il y aura un lâcher de ballons en plus !" argumenta mon meilleur ami au volant, galérant un peu à se garer d'ailleurs "C'est votre truc ça les ballons, les montgolfières !"
Il y a à peine deux heures de cela je n'étais même pas au courant de l'existence de cet "after" après le match. Apparemment, il s'agissait là d'une petite initiative de la part de l'équipe de la ville qui souhaitait organiser une soirée spéciale après leur victoire de ce soir, parce que oui c'est un fait, ils vont gagner.
Dire que ma sieste m'a revigorée serait mentir, mais dire que je ne veux pas participer à cet évènement en compagnie de ma bande et de l'équipe que j'admire tant serait mentir à une échelle plus grande encore.
"Ça risque de faire beaucoup pour Jake" annonça mon blond.
"Tu ne te sens pas bien ?" me questionna Jungwon, sa voix incarnait la tendresse, puis ses fossettes apparentes grâce à son léger sourire me réconfortaient, comme elles me bousillaient "T'as mal quelque part ? On peut rentrer si tu veux"
"Non non ça va Wonnie, je te le promets"
"On verra après au pire" proposa Jay "Si ça ne va pas tu le dis et on se casse"
"Ouais ! On se taillera tous !" s'enthousiasma Niki en sortant du véhicule
Quelques mètres plus loin, la voiture de Hee Seung hyung fait son apparition dans le parking. Vu la façon dont Sunoo nous pointe tous du doigt à l'avant et la soudaine mine égayée de la rouquine, j'en déduis qu'ils nous ont bien tous remarqué malgré le nuage de monde nous encerclant.
C'était complètement blindé, des hommes et des femmes, des familles et des couples, il y avait de tout, partout. Et tous se dirigeaient vers la même direction, le stade.
Nous ne nous sommes pas fait prier pour filer à notre tour, rejoignant la foule tous ensemble, tous autour de mon fauteuil que Sunghoon pousse, un sourire aux lèvres.
********
Un énorme soupir se fait entendre dans l'air, simple résultat des souffles synchronisés qui se sont échappés des babines de mes sept camarades. Ces derniers se sont affalés sur leur sièges, moi reposant sur le mien à roulettes depuis notre arrivée.
En effet la marche vers l'espace vert tant convoité par toutes les personnes ici présentes les a éreinté bien qu'elle n'ait pas été très longue, elle s'est rapidement stoppée à l'entrée puisqu'une vérification des billets où que sais-je s'avérait être obligatoire. Rester debout à ne rien faire mis à part attendre désespérément notre tour les a, à ce que je vois, complètement lessivé. Entre nous c'est uniquement dans ce genre de situations que je remercie mon médecin de m'avoir foutue sur une chaise roulante.
Eux se plaignaient, roulaient des épaules ou encore se tordaient dans maintes et maintes positions histoire de soulager leur muscles tendus par leur position qui ne changeait pas.
Moi, j'observais. J'ai pu voir quelques joueurs filer dans les vestiaires un grand sourire scotché sur leur faciès, ils étaient presque aussi excités que nous, spectateurs. Ca me rappelait l'époque où je jouais aussi, le sentiment d'adrénaline qui ne cessait de croitre au creux de mon ventre à l'approche de l'heure du match, cette même sensation quand le public m'acclamait, quand il criait mon prénom pendant que le ballon zigzaguait entre mes pieds, cette impression d'être le centre de l'attention, d'être l'homme le plus important l'espace d'un instant. Tout cela me semblait si loin maintenant.
"Enfin, ils sont là !" s'écria une voix inconnue à mes côtés.
Mes yeux suivent inconsciemment le doigt que la jeune inconnue tend en direction du terrain. Sur ce dernier, deux rangées de onze joueurs viennent juste de faire leur entrée, faisant naître une brillance nouvelle dans mes orbes, une lueur passionnée et excitée, ce qui a aussitôt fait sourire mon blond à mes côtés, heureux de me voir aussi éveillé, aussi vivant.
Les joueurs ont donc fait les bien connues poignées de main d'avant match. Nous sommes si proches que j'ai carrément pu remarquer les quelques regards noirs ou encore les pressions de main ayant plus pour but de faire tordre de douleur l'adversaire plutôt que de lui souhaiter bonne chance.
C'est bien triste, mais c'est le jeu, à ce stade de la compétition aucune équipe n'a le droit à l'erreur. Puis, la hargne ainsi que la détermination visibles dans chacun de leurs coups d'oeil destinés à X ou Y personne ne fait que confirmer leur folle envie de tout déchirer, de gagner.
Les Séoulites, tous vêtus de blanc commencent les actions, le privilège de jouer dans sa ville natale, tandis que les rouges, habitants de Daegu, ne perdent pas une seconde pour se jeter sur la sphère noire et blanche roulant déjà à pleine vitesse sur le sol.
**********
Les minutes passent, l'heure tourne et la tension monte sur le terrain.
Les actions défilent elles aussi, certaines sont réussies d'autres un peu moins, engendrant des plaintes par centaines de tous ces gens qui ne sont désormais plus assis sur leur siège, préférant rester debout afin de ne rien rater.
Une nouvelle acclamation s'élève, pour le plus grand malheur de mes oreilles ainsi que celui de mon coeur.
A deux pauvres minutes de la fin, Daegu vient d'égaliser, 2 - 2.
Les rouges, fiers d'avoir rattrapé le coup se jettent sur leur coéquipier, le numéro 11 qui les a sauvé de la presque élimination.
"L'enfoiré" marmonna Jay en se rasseyant sur son siège, un peu comme tous les Séoulites de notre côté des gradins "J'avais bien dit qu'il fallait faire gaffe à celui-là"
"Ils comptent se rouler une pelle aussi ?" se plaignit Niki "Il reste deux minutes, faut qu'ils se bougent là !"
L'équipe de Daegu bien connue pour ses talents sur le terrain doit aussi une part de sa notoriété à son insupportable habitude de gratter du temps dès que l'occasion se présente. Toutefois, l'arbitre de ce soir semble être suffisamment renseigné sur la manière d'être des rouges puisqu'il a ajouté au jeu deux minutes supplémentaires, pour le plus grand bonheur des Séoulites qui se replacent sur le sol vert, la rage au ventre.
Rage, ou plutôt niaque également en train de consumer ma propre personne ainsi que tous les supporters de notre côté du terrain. Les coeurs se serrent, le stress monte peu à peu, au rythme des passes frappées par les blancs qui ne perdent pas la balle ne serait-ce qu'une pauvre petite seconde, bien trop déterminés à en finir avec Daegu.
La balle roule de pieds en pieds, grignotant à chaque fois un peu plus de centimètre sur l'herbe du terrain. Puis la voie se libère, totalement libre, ne laissant qu'un face à face entre le gardien et le joueur, le numéro cinq, comme moi.
Inconsciemment, pour la énième fois de la soirée mon esprit s'en va encore loin dans mes souvenirs me rappelant l'un des meilleurs souvenirs mais aussi l'un des plus douloureux, datant de l'époque où je courais aussi, datant du match où j'ai enfin pu parler à mon blond qui désormais partage ma vie en étant bien plus qu'un coloc.
Je me lève, les jambes chancelantes et les yeux déjà presque inondés de ces gouttes salées, mais contrairement à tous les autres, ce n'est pas parce que Séoul vient de marquer, que Séoul vient de gagner. Non.
C'est parce que j'ai ce goût amer que la fin est arrivée.
Sunghoon sautille de joie, enlaçant Jay qui sourit jusqu'aux oreilles, comme tous les Séoulites de ce stade pour être précis. Pourtant, lorsque mon blond s'est approché de moi pour m'étreindre à mon tour, ignorant au passage le fait que mon derrière n'est plus joliment installé sur mon fauteuil, je l'ai repoussé.
Je l'ai repoussé et j'ai posé mes deux paumes à plats sur ses joues, je l'ai regardé, les yeux humides et brillants, dans lesquels son reflet perturbé apparaissait. Ses orbes à lui me questionnent, ne comprenant pas mon comportement, mon but.
Puis je l'ai embrassé.
Je l'ai embrassé si fort que nos souffles se sont coupés, si fort que le mouvement de nos lèvres, s'emboitant et dansant encore une fois ensemble me faisait presque mal. Ce baiser là était différent, il était unique et si puissant que les papillons au creux de mon ventre tourbillonnaient à m'en donner le tournis, c'était délicieux et atroce. Atroce, puisque je pouvais sentir mon coeur se faire grignoter par la peine aussi fort qu'il ne battait dans ma poitrine.
Sunghoon nous a gentiment décollés, déposant un doux bisou sur mon front brûlant par la tension et la chaleur.
"Ça va, trésor ?"
"Je veux rentrer, s'il te plait"
*********
Niki et Jay avaient râlé, insistant pour que les deux amoureux les accompagnent à la soirée tant attendue dont l'ambiance sera apparemment démentielle. Pourtant Sunghoon ne voulait pas aller contre la volonté de Jake, pas encore une fois alors il n'a pas cédé aux supplications de ses amis, bien qu'au fond le cendré aurait aimé faire la fête aussi, mais son trésor passait avant tout.
Ava, elle, avait proposé à ce que tout le monde rentre ensemble, ne souhaitant pas mettre de côté les deux garçons. Ces deux derniers avaient refusé catégoriquement, ne souhaitant pas être un poids pour leurs amis qui semblaient si heureux de participer à l'évènement. Alors après maintes et maintes arguments les obligeant à s'en aller faire la fête, Sunghoon et Jake prirent le chemin en direction de la maison, tandis que les six autres s'en allaient s'amuser toute la soirée.
Le cendré et son trésor étaient partis à pied, laissant les deux voitures au reste de la bande. Ca ne les dérangeait pas de marcher, au contraire ainsi ils se voyaient admirer les rues illuminées et pour une fois, vides de la capitale. C'était un moment si anodin mais qui leur réchauffait le coeur. Quoi de mieux que de discuter avec son âme soeur en se baladant au bord du fleuve Han où l'immense pont reflétait sa couleur dorée dans l'eau bleutée. Ils se rappelèrent la fois où ils étaient venus manger ici rien qu'à deux, l'époque où le mot couple ne s'accolait pas à leur deux prénoms, l'époque où un amas de ballons géants multicolores étaient venus peindre le ciel noir de cette nuit. La belle époque.
Les deux amants riaient, souriaient, Sunghoon commençait un peu à fatiguer, les vingt minutes de marche après l'heure et demi de match à crier ne lui facilitait pas les choses. Jake aussi se sentait un peu faiblard, rien d'alarmant, ça lui arrivait souvent ces temps-ci, toutefois il était quand même heureux de voir devant lui la grande maison d'Ava.
"On peut rester dans le jardin Honnie ? Il fait bon là"
Sunghoon emmena donc Jake dans la direction qu'il voulait, traversant le grand espace vert seulement illuminé par les lumières au fond de l'eau clair de la piscine qui donnait une ambiance un peu plus douce, un peu plus timide.
Le cendré aida son trésor à se lever, puis passa un bras en dessous de ses genoux et le second au niveau de son dos afin de le déposer délicatement sur le hamac blanc qui s'était aussitôt mis à se balancer dès que le corps léger du gris toucha son tissu.
Sunghoon ne perdit pas une seconde pour s'installer à son tour, rapidement réchauffé par la présence de son amant, encore plus grâce à sa chevelure grisonnante venant juste de se poser sur son pectoral. Jake adorait cette position plus que tout. Sentir les battements de coeur de l'homme qu'il aimait s'accélérer un peu plus quand il le touchait, quand il lui parlait, ça lui procurait une drôle de sensation, il se sentait comme fier de le faire réagir ainsi, fier et heureux de voir que ses vieux sentiments étaient enfin partagés.
Le cendré, lui, laissa ses doigts courir le long du dos de Jake mais étrangement, une drôle de sensation était venue lui maltraiter la gorge.
"Hoonie, parle moi s'il te plait"
Un long frisson avait parcouru tout son dos, le faisant dangereusement frissonner alors que cette sensation au fond de sa gorge ne faisait que s'accentuer, cette boule épineuse qui le piquait encore et encore.
"J-Je ne sais pas vraiment quoi te dire trésor"
Le blond grignotait sa lèvre inférieure, sous la pression peut-être ?
Sunghoon ne désirait pas vraiment parler, ça le contraignait à accepter, à faire semblant. Toutefois, le regard brillant que son trésor venait juste de lui offrir, le suppliant silencieusement de continuer le poussa à changer d'avis alors comme poussé par une force invisible, poussé par l'amour et la tristesse il parla, parla beaucoup sans vraiment savoir où aller.
"Je m'en fiche de paraitre faible, j'ai toujours joué les durs avec mon ego sur-dimensionné mais tu ne m'en as jamais voulu. Tu as été la plus belle chose qui me soit arrivé dans toute ma vie, je n'oublierai aucun détail de tous nos moments passés à deux"
Sunghoon pouvait sentir sa bouche s'alourdir, comme si chacun de ses mots représentaient une vraie torture à être prononcé, puis le supplice que vivait son coeur n'était pas fini, oh que non. Tout s'accentuait encore plus lorsque Jake papillonnait des cils, il les battait lentement, trop lentement, pourtant la douleur, elle, montait en flèche, lui rongeant peu à peu les entrailles.
"J'aurais aimé changer la donne, porter ce fardeau à ta place pour ne pas te voir t'affaiblir jour après jour sans pouvoir rien faire"
Jake se sentait si lourd en cet instant, si lourd et si léger à la fois.
Chacun des mots de son blond lui parvenait aux oreilles, il savourait chaque syllabe, appréciait chacun de ses touchers pourtant il était trop fatigué pour pleurer, encore plus pour répondre.
"J'aurais aimé t'emmener faire des centaines de balades en montgolfière, regarder encore et encore les étoiles en étant allongés dans l'herbe près du fleuve Han, t'entendre rire et te voir sourire. Je veux décrocher une à une chaque étoile de la galaxie pour les déposer à tes pieds, je veux qu'on retourne à Paris, qu'on s'embrasse devant la Tour Eiffel et qu'on aille au Pont des Arts accrocher des dizaines de cadenas pour sceller notre putain d'amour Jake. Je veux te faire vivre des moments fous et inoubliables, je veux me réveiller tous les matins et me coucher tous les soirs de ma vie avec toi, juste toi parce que je t'aime entièrement, inconditionnellement. Je veux crier mon amour pour toi au quatre coins du monde, t'écrire des milliers de chansons, te couvrir de fleurs et de cadeaux. Je veux graver ton nom à l'encre noire dans mon coeur Jake"
Jamais Sunghoon n'a été aussi dévasté.
Jamais Sunghoon n'a été aussi sincère.
"Jake je suis fou amoureux de toi"
Dieu seul sait à quel point Jake aurait aimé crier son amour à Sunghoon, lui crier que malgré tout, malgré tout ça, il est et restera à jamais l'homme de sa vie.
Pourtant Jake était terriblement fatigué ce soir, il désirait simplement dormir.
Mais au fond, Jake s'en voulait. Il s'en voulait de ne pas avoir tenu, de ne pas avoir tenu sa promesse, de partir sans réaliser le dernier souhait de son blond.
Pourtant nous sommes tous au courant que ce que Sunghoon désirait par dessus tout était impossible, irréalisable. Ils n'en avaient jamais parlé puisqu'ils savaient tous les deux que les paroles du blond les détruiraient tous les deux, les anéantiraient.
Puisque tout ce que Sunghoon voulait c'était que Jake reste, que Jake vive, que Jake respire.
Cependant cela faisait désormais dix mois que Sunghoon savait pour Jake, il savait que le ciel l'avait appelé plus tôt que prévu.
Oui, il le savait très bien.
Mais est ce qu'il était prêt ?
Il avait tout le temps de se préparer, de fuir le déni dans lequel il avait plongé depuis des semaines et des semaines, d'accepter que ses espoirs étaient tous partis en fumée.
Là était réellement le problème, est ce qu'il était prêt ?
Est ce qu'il pouvait être prêt à vivre seul, sans son pilier et l'auteur de ses sourires ? Sans la seule personne qui l'a aimé et qui a cru en lui depuis le départ de sa mère ?
Evidemment que non, il n'était pas prêt et ne le serai sans doute jamais.
Pourtant Sunghoon n'avait plus le choix, le dernier grain de sable venait juste de tomber, le gong venait de gronder et Jake s'en voulait terriblement, au fond il espérait que Sunghoon ne l'oubliera jamais.
Il espérait que Sunghoon vive pour lui.
Que Sunghoon respire pour lui.
C'était tout ce qu'il voulait, tout ce qu'il espérait avant de ne s'en aller.
Sunghoon serrait désespérément le tissus blanc du hamac entre ses doigts, il le serrait si fort que tout son bras se contractait, que ses jointures en devenaient blanches, tandis que la seconde s'était échouée sur sa bouche, empêchant des potentiels sanglots de s'en échapper, en vain.
Il pleurait encore plus fort que Jake le soir de leur retour à Paris chez Niki.
Il pleurait encore plus fort que Jungwon à Jeju.
Il pleurait à s'en étouffer. Il étouffait.
Malgré son visage souillé par la tristesse, malgré l'eau salée dégoulinant sur ses joues, Sunghoon avait sourit, le sourire le plus honnête de sa vie, le sourire le plus triste de sa vie.
"Je t'aime mon trésor"
Puis la plus belle image, la dernière image que son amant pouvait lui offrir venait juste d'arriver ; Jake lui avait rendu son sourire, avant d'enfin fermer les yeux.
Alors que tout Séoul riait à s'en plier en deux, laissait s'envoler les ballons au gré du vent vers la lumière des astres du ciel noir de la ville, Sunghoon, lui, laissait couler sa douleur à flot sur ses joues, tout simplement parce que l'âme de Jake accompagnait elle aussi ces ballons multicolores dans leur course vers les étoiles.
Puisque, lui Sim Jaeyun alias Jake, travaillant auparavant dans le diner's du coin, est décédé ce soir bouffé par un putain de cancer du poumon.
***********
Salut <3
Est ce que ce serait cruel de vous demander si ça va ?
Ça a été le chapitre le plus dur à écrire pour moi, honnêtement, et j'imagine pour vous à lire ?
J'espère avoir été à la hauteur de vos attentes sur ce chapitre tant attendu et redouté !
L'histoire n'est pas finie, restez avec nous pendants encore deux petits chapitres !
En tout cas un grand merci à vous tous, ça me fait super bizarre parce qu'il y a des passages que j'ai écrit il y a plusieurs moi et les poster la c'est je sais pas mdrrr étrange ?
Vous inquiétez pas le vrai Jake est encore là et c'est ce qui compte en soit x))
Je vous fais d'énorme bisous et à la prochaine <33
• Adiaaa •
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