36 • Hapiness
"Ava, il fait quoi ton père dans la vie ?"
Les yeux de Wonnie que l'on a l'habitude de comparer à ceux d'un chat brillent de mille feux. Ils pétillent d'admiration, rendant son regard encore plus adorable que d'habitude. Ses pupilles sont resplendissantes, presque autant que l'immense maison juste en face de nous.
Ava jubile presque face à nos mâchoires qui menacent de se décrocher à la vue de notre nouveau chez nous. On s'est imaginé que la vie à huit pourrait avoir bien des inconvénients, que le mot "intimité" ne ferait plus partie de notre vocabulaire mais surtout de notre routine. Toutefois, vu la hauteur de la baraque, deux étages minimum si ma vision ne me joue pas de tour, nous ne risquons pas de nous croiser en petite serviette après la douche, bien que nous y sommes déjà habitués.
Le toit aussi noir qu'immense s'harmonise étrangement bien avec la façade immaculée. Cette blancheur, mon dieu, notre immeuble aurait si honte à côté avec ses briques grisonnantes et son ascenseur rouillé.
Tout ce luxe me fait frissonner, ou bien est-ce la brise fraîche de cette dernière nuit de mai, transportant au passage les plus petits cailloux du gravier encadrant le chemin illuminé par la lueur des astres.
Nos huit paires de chaussures frappent l'allée bétonnée avec une douceur et un calme trop inattendus de la part de sept ados qui s'apprêtent à pénétrer dans la baraque de leur rêve, c'est comme si nous marchions sur du coton, comme si nous avions peur d'abimer la tonne de billets sur laquelle nos pieds se déposent.
Pour ma part, ma lenteur est due à mon regard qui divague sur l'arrière de la bâtisse, une bifurcation doit amener, j'imagine, à un jardin qui doit être merveilleusement bien entretenu. Un reflet bleuté frappant le matelas blanc des transats m'est visible de là où je suis, la piscine sûrement.
Je suis sûr que les garçons ne perdront pas une seconde pour se jeter un à un dans le bassin lorsqu'ils le verront. Leurs plongeons bien loin d'être professionnels provoqueront des secousses similaires aux vaguelettes de la mer, à cette vue mes lèvres s'étendront sans que je ne les contrôle dans un large sourire pendant que mon corps se moulera parfaitement à la toile du hamac dont le balancier me bercera tout comme le son si apaisant du clapotis de l'eau où mes six meilleurs amis -ou plutôt sept avec la rousse- s'éclateront déraisonnablement.
Le bruit des clés du trousseau d'Ava s'entrechoquant me sort rapidement de ma rêverie, j'ai failli ne pas remarquer que le reste du groupe a cessé tout mouvement, attendant impatiemment que notre "Miss" comme le dit si bien Sunghoon, déverrouille la porte d'entrée assortie au toit ainsi qu'au ciel de ce soir.
L'intérieur est tout aussi beau que l'extérieur.
Nous nous empressons de nous déchausser dans le petit hall dans lequel nous venons juste d'atterrir. Face à nous se tient un escalier rond, s'enroulant sur lui même jusqu'à l'étage qui doit j'imagine mener à nos futures chambres et lits douillets. J'ai une envie irrépressible de me jeter sur un matelas, de soupirer d'aise quand mes muscles endoloris par la fatigue se mouleront à la douceur du lit dont l'odeur de lessive s'immiscera dans mes narines, un peu comme la senteur masculine de mon blond.
Vu la mine affaiblie des sept autres personnes m'entourant, je me doute que nous partageons tous le même désir pour ce soir, toutefois nos orbes ne cessent de reluquer le salon à notre gauche. Malgré le monochrome de cette pièce, seulement colorée de beige et de quelques touches de dorés sur la table basse ou encore sur la lampe sur pieds, l'atmosphère qui y règne est d'un chaleureux réconfortant. Si nous n'étions pas en train de mourir de chaud sous ses températures de ce presque début d'été, j'aurai volontiers proposé d'allumer la cheminée juste pour admirer les flammes danser dans leur prison de marbre, les sentir réchauffer mes joues et brûler mes doigts qui y auraient déposé maladroitement une ou deux bûches.
"Je vous jure que ça ne me dérange absolument pas de dormir sur le canapé" dit Sunoo en se jetant sur le meuble, qui, a vu d'oeil semble être beaucoup plus délicat que mon pauvre lit.
"Il y a pile assez de chambres pour tout le monde, quatre au premier et deux au deuxième mais il y a celle de mon père donc pas touche !" précisa Ava "Au premier, il y a ma chambre aussi, c'est la porte au fond à gauche donc elle est réservée pour ma propre personne et celle de Niki évidemment"
Le blondinet s'est mis a levé fièrement la tête, heureux de ne pas avoir à galérer avec nous pour la répartition des chambres. Nous connaissant, ça va partir en scandal bienveillant pour avoir la plus grande chambre. Que le meilleur gagne.
"Je vous vois déjà venir, elles sont toutes pareilles" nous coupa la rouquine "Du coup au premier on peut mettre Niki et moi, Hee Seung dans une, Sunoo dans l'autre et Jungwon et Jay ensemble !"
Les lèvres pincées et le regard fuyant, je remarque qu'à peu près tout le monde a eu la même réaction que moi, mis à part les deux concernés qui se raclent la gorge en se gratouillant la nuque, toujours ces mêmes tics lorsqu'ils sont gênés.
"Je pense que je vais me mettre avec Sunoo et laisser ma chambre à Jay, hein mec ?" les sauva le verdâtre en tapant le dos du blond.
"Ouais, ouais, c'est niquel" dit mon meilleur ami d'une petite voix.
"Attendez mais Jay tu ne sors pas avec J-"
"Ok super Jake et moi on prend la chambre tout en haut ! Tout le monde au lit, bonne nuit les gars !"
Planté au sol comme une jolie fleur, les yeux perdus de la rouquine se posent sur nos silhouettes s'enfuyant dans les escaliers, uniquement Niki est resté à ses côtés.
En espérant qu'il lui explique les détails de sa gaffe.
*********
Midi tapantes.
Malgré mes dix heures de sommeil, la fatigue m'envahit complètement, j'aurai très bien pu rester dormir toute l'après-midi si Sunghoon ne s'était pas mis à hurler de bon matin.
Soit les murs sont fins à en rendre jaloux les fils dépassant de mon t-shirt, soit la puissance de la voix de mon blond s'est cachée tout ce temps dans son pauvre petit corps. Petit corps qui je dois l'avouer gonfle à vu d'oeil.
Encore tout mou, j'apporte mes deux poings à mes yeux histoire d'avoir moins l'air exténué et d'y voir plus clair.
Pourtant la seule chose que je vois, ou plutôt qui m'interpelle plus particulièrement que les autres meubles et décorations de la pièce aux tons bleutés n'est rien d'autre que son ordinateur ouvert sur ses mails.
Sur le mail.
Mon coeur bat plus fort, maltraitant sans aucun scrupule ma cage thoracique un peu comme les cris de Sunghoon le font à mes oreilles. D'un pas hésitant je sors de la pièce et descends les escaliers sur la pointe des pieds, le son s'échappant de sa gorge est plus clair d'un coup, plus compréhensible et même sans le voir, juste au timbre de sa voix et à sa manière de parler, j'entends qu'il va mal.
J'entends à quel point je l'ai brisé.
Qu'est ce que je devrai faire ? Le laisser expulser sa haine et sa peine ? Le serrer dans mes bras ?
Désormais face à la porte blanche où aucune craquelure ne s'est logée, mes pensées fusent dans mon esprit, tentant de peser le pour et le contre de la meilleure réaction à adopter.
Toutefois je ne m'attendais pas à ce que derrière la porte, une nouvelle voix fasse écho.
"Sunghoon qu'est ce qui te prend bon sang ?"
Je me raidis instantanément, moi qui le croyais seul et isolé, il est comme toujours aux côtés de Hee Seung hyung.
Ce dernier ne semble pas du tout comprendre ce qu'il se passe dans la tête du blond qui parait déterminé à ne rien expliquer du tout. Seulement des "Pourquoi ?" ou encore des "C'est impossible" s'échappent d'entre ses lèvres à des tonalités beaucoup trop élevées pour qu'il puisse défendre le fait d'être calme.
Mes mèches grises déjà bien gonflées et décoiffées se font encore plus agiter par le léger souffle s'échappant de la porte.
Porte qui vient juste de s'ouvrir sous mes yeux ronds.
Ma pomme d'Adam remonte et descend dans ma gorge à une lenteur atroce, j'ai presque eu l'impression de l'avaler tant ma déglutition s'est faite compliquée.
Mon regard n'ose pas regarder ailleurs qu'entre ses deux pectoraux qui se lèvent et s'abaissent à une vitesse monstre traduisant implicitement son énervement. Toutefois, son agacement devient rapidement plus clair lorsque mes yeux se décident finalement de se poser sur ses doigts qui serrent si durement la poignée que cette dernière pourrait presque se briser sous ses jointures blanches.
J'ai l'impression de sentir mon front me brûler tant son regard sur moi est insistant. Doucement, comme un enfant pris en faute, ce qui en réalité peut être le cas puisque j'ai été pris en flagrant délit à écouter à leur porte, même si dans le fond si une ou deux secondes m'avaient été accordées, j'aurai pris la peine d'entrer dans la pièce et de rester à leurs côtés, mes yeux encore gonflés de mon tout récent réveil s'ancrent dans ceux de mon vis à vis.
Ses pupilles habituellement si malicieuses baignent complètement dans les flammes. Un feu ardent anime ses deux billes chocolatées tant sa colère est profonde, pourtant entre deux battements de cils cet incendie au creux de ses orbes semble s'évaporer, s'éteindre grâce à l'océan de larmes inondant presque ses prunelles.
"Hoonie ?"
Sa bouche s'entrouvre, craquelant au passage ses lèvres si sèches qu'elles tournent presque au blanc, pourtant aucun mot n'en sort, simplement un soupir tremblant avant qu'il ne s'échappe de l'encadrement de la porte, bousculant au passage mon épaule amincie par la maladie.
***********
Juste après le départ cacophonique de mon blond, Hee Seung m'a retrouvé complètement impuissant et surpris au devant de la porte de sa chambre. Malgré que ces mêmes sentiments grondaient dans l'esprit de mon hyung, ce dernier est quand même resté à mes côtés m'expliquant qu'il ne comprenait pas du tout ce soudain comportement quelque peu déstabilisant qu'avait adopté mon blond. Je lui ai fait croire que je ne savais rien non plus, que je n'avais aucune explication à lui donner même si l'information se baladant dans mon cerveau me prouve le contraire.
Dix sept heures, la petite aiguille de l'horloge au dessus de la cheminée vient tout juste de pointer le chiffre cinq.
Ce que je peux m'ennuyer, je ne l'aurai jamais cru mais l'époque des rush à courir entre deux tables et le comptoir me manque atrocement, puis ça fait combien de temps que j'ai pas posé les pieds au Dilemma sérieux ?
Pourquoi ne pas aller leur rendre visite ? Au moins je ne serai pas assis à rien faire et je pourrai passer du temps avec eux, adossé au bar à rire de mes trois meilleurs potes qui se démènent à préparer les plateaux et à les amener aux clients, peut-être même que le vieux monsieur aigri sera là pour leur en faire voir de toutes les couleurs. Je jubile déjà.
Puis comme on dit, les sorties sur un coup de tête sont toujours les plus... intéressantes ?
Pris d'un élan de motivation, je saute tout de même à contrecoeur du moelleux canapé qui m'a tenu compagnie toute l'après-midi. Puis, sauter est un bien grand mot, j'ai juste déposé à une vitesse semblable à celle d'un escargot mes pieds sur le tapis qui m'a, au passage, chatouillé les orteils. Puis, toujours aussi rapidement qu'un mollusque, je me suis dirigé vers les escaliers, m'accrochant à la rambarde pour éviter qu'on ne me retrouve étalé par terre dans une heure ou deux.
Mes pieds quittent enfin le bois froid des marches, je soupire d'aise lorsque je rencontre enfin le parquet du palier. Pourtant ce soupir se transforme bien rapidement en souffle d'exaspération lorsque mes prunelles se relèvent, fixant désespérément le second escalier menant au dernier étage.
Pourquoi Sunghoon nous a choisi la chambre au deuxième étage ?
Si j'atteins la chambre en vie, ce serait un exploit, mais vaut mieux ne pas tenter le diable hein ?
Puis, Jay ne m'en voudra pas si je lui emprunte un short et un t-shirt .
Par respect pour ma respiration sifflante, je me dirige vers la chambre de mon meilleur ami, mais lorsque la poignée s'enclenche, ouvrant la porte afin de me laisser pénétrer dans la chambre, c'est une étrange surprise qui s'offre à moi.
Rien n'a bougé.
Les draps marrons ne sont pas froissés, les coussins d'une couleur similaire aux tissus de la literie sont disposés de la même manière que la veille. J'aurai pu dire que pour une fois, Jay a parfaitement rangé sa chambre mais aucune de ses affaires n'est dans la pièce, même l'armoire est complètement vide.
Pourtant cette option me semble pas mal impossible, il n'est pas bordélique mais ce n'est pas son genre de tirer les draps au point qu'aucune pliures n'y fassent surface.
Je ne l'ai même pas vu ce matin, il ne s'est pas barré en pleine nuit quand même ?
Eurêka ! Je suis certain que la petite ampoule vient juste de s'allumer au dessus de ma tête.
Un sourire idiot prend place sur mon faciès, ce que j'ai l'air stupide à rire tout seul en me pavanant dans le couloir pour pénétrer dans une nouvelle pièce.
Mais j'aurai l'air encore plus idiot si mon intuition me trompe.
Pour la énième fois de la journée, je saisis la poignée et entre sans attendre dans la nouvelle chambre aux tons bordeaux où cette fois-ci, je trouve enfin les affaires de mon meilleur ami.
Affaires joliment déposées un peu partout dans une autre chambre.
Dans la chambre de Jungwon.
Je pouffe en balançant légèrement ma tête de droite à gauche, emmenant au passage ma chevelure grisonnante à se remuer sur le haut de mon crâne. Ce n'est pas trop tôt, ce qu'ils peuvent être bêtes parfois ces deux-là.
C'est finalement heureux que je sors tout vêtu et coiffé de la chambre des deux amoureux.
Heureux de ne plus avoir ce stress qu'un de nous ne fasse de gaffes.
Heureux de savoir mes amis nageant dans la bonne humeur.
Heureux de voir que tout rentre enfin dans l'ordre.
***********
Les meilleures sorties sont celles qu'on ne prévoit pas n'est ce pas ? Celles qui nous tombent dessus sur un coup de tête ?
En soit dire que je voulais aller au Dilemma voir les garçons c'était prévoir ma sortie en quelque sorte non ?
Donc dire que ma destination vient de changer du tout au tout serait plus convenable, plus adapté à ces balades que l'on suit sans réfléchir.
Puisque oui, ce n'est pas sur le sol en macadam de la terrasse du Dilemma aux meubles aussi pimpants que l'intérieur du diner's que mon taxi vient juste de s'arrêter.
Mais sur le bitume foncé contrastant superbement avec la devanture opaline de la patinoire.
***********
Saluuuut !
Un peu d'action mais ça va on reste dans le softtt pour ce soir ^_^
J'espère que vous allez bien et que vous avez regardé le MV de ParadoxxxInvasion !!
Jay je- ARGHH c'est pas parce que c'est mon bias mais voilà quoi, la respiration était absente xDD
Puis Sunghoon ce delulu à nous montrer ses bras toute l'année, il sait ce qu'il fait !!
Je sais pas il leur arrive quoi en ce moment mais nos boys sont en roue libre 😭
Enfinnn bref j'espère que vous avez passé une bonne journée, prenez soin de vous et à la prochaine !!
Bisouuus <333
• Adiaaa •
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