19 • Daddy Issue
Comment la soirée va-t-elle se passer ?
Sunghoon n'a même pas pris la peine de prévenir son père que j'étais là.
En espérant que Monsieur Park ne le prenne pas mal.
Je n'ai qu'une envie c'est de lui en coller une sur sa belle gueule, mais heureusement pour le blond que la porte vient de s'ouvrir.
Devant nous se tient une femme d'une trentaine d'années s'inclinant presque à 90 degrés avant de nous laisser entrer.
Sunghoon lance un regard quelque peu choqué à cette dame avant qu'une nouvelle émotion ne passe dans ses orbes brunes.
Après nous avoir débarrassés, elle nous guide directement vers la salle à manger où seulement deux assiettes et lots de couverts sont installés.
"Excusez moi" s'inclina la brune "Monsieur Park ne m'a pas prévenu que vous seriez trois"
Aussitôt, la trentenaire s'enfuit par la porte à notre droite menant à ce que j'imagine être la cuisine avant d'en ressortir et d'installer une troisième place.
"Asseyez vous je vous en prie, votre père ne va pas tarder"
Sunghoon la regarde toujours aussi bizarrement en s'approchant de sa chaise, comme choqué de sa présence. Pourtant, il s'agit simplement d'une jeune femme, typée coréenne aux traits tirés et aux cheveux mi-longs. Je le suis et m'installe à ses côtés en découvrant le décor dans lequel je me trouve actuellement.
Il était aussi sombre que le hall, les seules couleurs présentes sont le noir et le gris.
Tout est sombre.
Pourtant, aucune aura désagréable ou encore glauque ne se dégage de l'appartement.
En un seul coup d'œil, juste en voyant l'état des meubles et la décoration, on sait qu'il ne s'agit pas de l'appartement de n'importe qui. Tout ici dégouline de fortune et de magnificence.
Des pas assez lents venant des escaliers se font entendre, poussant nos deux visages à se diriger vers la source de ce bruit.
"Mon fils, tu es là" dit l'homme d'une voix forte en entrant dans la pièce.
Il est vêtu d'un costume vert sapin apportant une touche de couleur aussi minime soit-elle dans l'appartement plongé dans la noirceur. Ses cheveux noirs, également, sont tirés en arrière venant dégager son visage.
Il est le sosie de mon blond.
Le même nez droit et pointu ainsi que des lèvres pulpeuses identiques. Leur ressemblance est si parfaite qu'ils possèdent tous les deux les mêmes grains de beauté.
Je suis resté presque bouche-bée face à la beauté de l'homme se tenant devant moi, simplement quelques rides marquant son âge sont présentes sur son front et au coin de ses yeux.
"Je ne savais pas que tu amènerais quelqu'un"
Ses yeux sombres se sont posés sur moi, provoquant un frisson d'angoisse dans mon dos. Sa phrase ne sonnait pas si joyeuse mais n'était pas non plus un reproche.
Je me lève rapidement de ma chaise, m'inclinant par respect face à ce parent. Il ne me prête aucune attention et s'assoit, ce que je fais également.
Bien que leur ressemblance soit frappante, ils ne dégagent pas du tout la même aura. L'un est habituellement joyeux et enfantin malgré son comportement quelque fois glacial et borné alors que l'autre dégage simplement de la supériorité, angoissant tout sur son passage.
"C'est Jake, mon coloc, je ne pouvais pas le laisser à Séoul pour certaines raisons" répliqua froidement le blond.
"Aucun problème. Suha apporte l'entrée je te prie"
La jeune femme se tenant depuis le début dans le coin de la pièce, s'incline encore une fois avant de filer vers la cuisine.
Le calme et le silence trônent dans la pièce. C'est extrêmement gênant.
Je tourne la tête et remarque un sourire sans joie sur le visage de mon blond, discrètement je passe ma main sous la table pour saisir la sienne qui repose sur ses genoux. Ce geste lui provoque un petit sursaut mais semble dissiper peu à peu l'angoisse l'habitant.
"Le vol s'est bien passé ?"
"Oui"
Un petit peu plus d'entrain ne serait pas de refus. Ce oui était aussi froid que l'eau qui dégouline désormais dans mon oesophage. Suha vient juste d'arriver, déposant par dizaine des petits plats partout sur la table. Je n'ai jamais goûté la tonne d'aliments déposée devant moi, à une ou deux exceptions près. C'est sûrement français.
"Mange, mon garçon" rit le paternel.
Sans plus attendre, je me jette sur un œuf cocotte et me sers un peu de salade.
Ce début de repas s'est bien passé, Monsieur Park s'intéressait plus à moi qu'à son propre fils, ce qui ne semblait pas pour autant déplaire à mon blond.
L'homme de la maison me posait beaucoup de questions sur ma famille, mes études, mon boulot et plein de choses encore.
"Non merci" dis-je timidement alors que la dénommée Suha s'apprêtait à me servir du gratin et du rôtis.
"Tu n'as rien mangé Jake" remarqua le paternel.
"S'il n'en veut plus, il ne faut pas le forcer"
Après de longues minutes de mutisme, la voix de mon blond fait écho dans la pièce, ce qui surprend notre hôte et moi-même.
"Combien de temps ?" demanda le paternel en fourrant sa fourchette dans sa bouche.
"Je vous demande pardon ?" bafouillai-je.
"A vivre"
Un silence de plomb vient s'abattre autour de la table. Le quinquagénaire me regarde droit dans les yeux, sans une seule once de culpabilité alors que Suha porte ses mains à sa bouche.
Le grincement des dents de mon coloc assis sur la chaise d'à côté me sort de ma léthargie afin que je murmure :
"Un peu plus de quatre mois"
"Poumon" lâcha mon blond en fixant droit dans les yeux son père. "Encore"
Monsieur Park laisse apparaître un rictus que je qualifierai de provocateur.
Le moment tant redouté vient juste de commencer.
"Ça fait combien de temps que t'as engagé une bonne ?" demanda le plus jeune "Je te pensais capable de tenir un appart tout seul"
"Mon travail me prend du temps Sunghoon, je ne fais pas que glisser sur un glaçon ou servir des burgers"
Mon souffle reste bloqué dans ma gorge face à l'absurdité de ses propos. Moi qui commençait à l'apprécier et prêt à qualifier sa précédente demande comme un manque de tact.
"Tu n'accepteras donc jamais" dit le blond en serrant ses poings. "Pourquoi tu m'as fait venir alors ? Hein ? Pour quoi faire ?"
"Je n'accepterai jamais en en effet" dit-il nonchalamment en coupant sa viande "Je veux te raisonner tout simplement, tu as 24 ans il est temps d'arrêter de jouer au pingouin sur sa banquise"
"Tu ne comprends pas que c'est tout ce qu'il me reste ? Tout ce qui me rattache un minimum à elle ! Tu ne t'es jamais plaint quand je patinais avant ! T'étais même content de nous voir maman et moi aux compétitions !"
Le blond a crié, ses mains tiennent fermement le rebord de la table comme pour empêcher toute sa colère de ressurgir. Son soudain haussement de voix m'a fait sursauter alors que son père n'a pas bougé d'un iota, le méprisant au plus au point, savourant sa viande comme si rien ne se passait, comme si Sunghoon n'était qu'un gamin en plein caprice.
"Tu n'as plus huit ans, c'est fini vos petites sorties à la patinoire. Cette prétendue passion aurait dû s'envoler en même temps qu'elle" dit le quinquagénaire en posant ses couverts "Tu es un homme désormais, tu dois avoir un travail digne de ce nom ! Tu vas me dire qu'avec ton salaire de danseuse étoile et son pauvre emploi de serveur vous vivez bien ? Qui lui a payé une chambre à celui là ?"
"On dort ensemble"
"Tu n'évolueras donc jamais" s'offusqua le paternel "Tu enchaines conneries sur conneries ! Tu crois qu'elle aimerait te voir ainsi ?"
Il a tapé sur la table, mon coloc et moi sursautons comme un seul homme tandis que Suha s'était éclipsée dès le plat principal servi.
"Bien sûr qu'elle aimerait, elle serait même très fière"
"Personne n'est fier d'avoir une pédale comme fils"
Sur ses dernières paroles, Sunghoon se lève brusquement avant de sortir de la pièce et de claquer la porte d'entrée.
Il ne reste plus que moi et l'enfoiré d'attablés. Intérieurement je bouillonne, je n'ai qu'une envie c'est de lui flanquer mon poing à la figure mais de l'extérieur, je suis bien trop faible, bien trop figé et choqué pour oser dire quoi que ce soit.
Pourtant, je lui ai promis, il le souhaite donc je le ferai.
"Avec tout le respect que je vous dois Monsieur Park" balbutiai-je "Ce n'est pas parce qu'il n'est pas le plus grand avocat ou le plus grand chirurgien que vous devez le traiter ainsi. Il fait ce qu'il aime, il est passionné par son métier et il est l'un des meilleurs de sa génération. Croyez moi, il gagne très bien sa vie et est beaucoup plus aimable que des avocats dans votre genre"
Je me lève à mon tour afin de rejoindre mon blond dehors mais une fois arrivé à l'encadrement de la porte, je me stoppe pour ajouter :
"Peut-être que d'après vous votre défunte femme ne tolérerai pas que son fils soit bisexuel. Mais je pense qu'elle n'apprécierait pas non plus d'avoir un homophobe et fermé d'esprit comme mari."
"Ça ne sert à rien de jouer les héros parce que ton heure est proche mon garçon. Les mioches comme toi je les connais, ils se croient tout puissant à vouloir marquer la vie des autres avant de périr"
Je souris.
"Au revoir Monsieur Park"
*******
Je cours dans les rues inconnues de Paris, Sunghoon ne répond ni à mes messages ni à mes appels. Je pensais le trouver en bas de l'immeuble mais visiblement je me suis trompé.
Alors que je commence à perdre espoir et à doucement paniquer, j'aperçois une silhouette bien familière assise sur le banc d'un parc seulement illuminé par un lampadaire plus vraiment fonctionnel et la lueur des astres.
Sans plus attendre, je me précipite vers lui. Son corps tremble sûrement par la faute de la brise fraîche de cette nuit, ou bien par les sanglots qui martyrisent sa gorge.
"Hoonie ?" chuchotai-je.
Le concerné relève rapidement la tête qu'il tenait précédemment dans ses mains avant de se retourner à la vitesse de l'éclair.
"Je ne pleure pas"
"Bien sûr" dis-je en m'asseyant à ses côtés.
Assis sur le banc, il ne regarde pas dans ma direction, m'offrant simplement son dos. Doucement, je viens agripper ses épaules pour le faire lentement s'allonger, la tête sur mes genoux. Etonnamment, il s'est laissé faire et lorsque mes doigts se sont glissés entre ses belles mèches blondes, une larme silencieuse s'est mise à dévaler sa joue.
"Il dit n'importe quoi, je suis sûre qu'elle est très fière de toi"
"Je suis tellement pressé de la rejoindre" dit-il en levant ses yeux vers la nuit étoilée "Je ne suis même pas triste pour tout ce qu'il m'a dit" continua mon blond sans me laisser le temps de répondre à sa précédente remarque "J'ai juste eu espoir qu'il change, qu'il m'ait fait venir pour s'excuser, qu'il redevienne mon papa aimant et souriant d'avant" il ravala un sanglot "Avant que je ne partes d'ici"
"Il ne sait pas ce qu'il rate, on partira à Séoul peut-être sans la réconciliation que t'aurais aimé mais sache que tu ne perds rien, c'est lui qui loupe la chance de t'avoir dans sa vie"
Un sourire timide prend place sur son visage encore gonflé et rougi par les larmes. Là, je reconnais mon Hoonie.
"C'est que t'es mignon mon Jakey !"
"Toi aussi t'es trop chou quand tu pleures mon Hoonie"
La bien connue Range Rover noire vient se garer un peu plus loin du banc où nous sommes installés nous poussant à nous rassoir correctement. Raph sort du véhicule, déjà prêt à nous ouvrir la portière.
"Non mais t'as déjà vu un avocat qui engage un chauffeur et une domestique ?" se plaignit Sunghoon.
"Honnêtement non, mais il faut une première à tout"
"J'ai un nouveau souhait" chuchota le blond "Je veux rentrer à pied"
Un léger rire s'échappe de mes lèvres alors que je me dirige rapidement vers notre chauffeur afin de l'informer du souhait de mon coloc. Bizarrement, il n'a pas bronché et s'est contenté de respecter l'ordre du jeune Monsieur Park.
"Tu commences à en avoir beaucoup des souhaits va falloir faire une liste" riai-je en m'approchant de mon coloc.
Il fait semblant de réfléchir en posant son index sur son menton et en levant légèrement la tête avant d'ajouter plein d'enthousiasme :
"Non je préfère vivre au jour le jour !"
Ainsi, nous prenons le chemin vers notre hôtel main dans la main, en riant et en se chamaillant comme les deux jeunes adultes plein de vie que nous sommes.
**********
Lavés et en pyjama, Sunghoon et moi sommes allongés face à face sur l'immense lit de notre chambre d'hôtel, au dessus des draps beiges fraîchement lavés nous laissant humer l'odeur de lessive planant désormais dans toute la pièce
"T'as fait quoi après que je me sois barré ?"
"J'ai fait ce que tu m'as demandé ensuite je suis venu te chercher"
Ses lèvres s'étirent dans un sourire timide alors que ses orbes sombres luisent de tendresse et d'affection.
"Merci" dit-il en entrelaçant craintivement nos doigts.
Mes yeux se posent sur nos deux mains s'enlaçant alors que les siens se mettent à scanner lentement chaque parcelle de mon visage. Notre proximité légèrement plus accentuée que celle de la veille fait battre mon cœur un peu plus rapidement dans ma poitrine.
Ses orbes me détaillent de la tête au pied, comme s'il gravait chaque cellule de mon être dans sa mémoire.
Lorsque ses pupilles se posent sur mes cuisses à moitié nues à cause de mon short, il humidifie ses lèvres d'un long et séduisant coup de langue ce qui a le don de provoquer un rougissement incontrôlé de mes joues.
Mon organe vital s'affole dans ma cage thoracique, je suis presque certain qu'il peut l'entendre lui aussi tellement qu'il est proche de moi. Enveloppé dans mon stress et dans mes pensées, je n'ai même pas remarqué que mon blond s'est encore plus approché.
Je peux sentir son genou effleurer le mien et sa main libre se poser doucement sur ma taille m'envoyant un long frisson démarrant de la pointe de mes orteils pour s'arrêter au creux de ma nuque.
La douceur de son nez qui cajole ma joue me fait frissonner, il est fier alors que le stress me fait trembler moi et mon expiration. Il se fraye doucement un chemin vers mon cou en veillant à ne pas couper le contact du bout de son nez contre ma chair tandis que ses lèvres viennent déposer de chauds et doux baisers sur ma peau basanée comme un écho de ce que nous avions déjà fait.
Inconsciemment, je porte mes bras derrière sa nuque poussant nos corps à se rapprocher encore plus. C'est agréable de le sentir aussi près. Un soupir de bien-être s'échappe d'entre mes lèvres alors qu'il trace chaque veine de mon cou à l'aide de sa langue chaude et humide. Ses lippes remontent doucement en prenant bien soin de déposer une multitude de baiser sur ma mâchoire avant de me mordiller le lobe d'oreille et de me susurrer :
"Je souhaite qu'on ne fasse qu'un ce soir"
***********
Coucouuuu !
Comment ça va ?
Voilà vous avez rencontré Mr Park, c'était une surprise pour personne qu'il se comporte ainsi :')
J'espère que le petit moment au parc a su calmer
votre énervement envers Mr Park et que vous n'êtes pas trop frustrés de la fin :pp
Enfinnn bon je ne vais pas m'attarder ^^
Merci tout le monde ! Prenez soin de vous ! A samedi !!
Gros bisouuuuus <33
• Adiaaa •
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