18 • Hotel Suite
Le mois de février est passé à la vitesse de l'éclair.
Ma relation avec Sunghoon est toujours aussi bizarre et ambigüe qu'avant, pas d'évolution ni de régression, je ne vais pas m'en plaindre.
Le seul point très négatif c'est qu'en un pauvre mois même pas complet, j'ai remarqué des changements plus que visibles sur mon corps. Je commence à perdre des muscles, à ce rythme, j'aurai bientôt la peau sur les os et je me sens de moins en moins moi, de plus en plus faible au fil du temps. Je ne vous parle même pas de mon endurance qui commence aussi à se dégrader peu à peu.
Pourtant, après rendez vous sur rendez vous et examens sur examens, mon médecin malgré le stade bien avancé de ma maladie, m'a autorisé à voyager.
C'est ainsi que je me retrouve désormais à bord d'un avion, à l'aéroport d'Incheon en compagnie de mon blond pour aller rejoindre son père en France.
Ce Monsieur Park y est déjà depuis un moment, son fils a négocié avec lui pour que la rencontre se fasse à Séoul mais le paternel ne savait pas encore combien de temps il devait passer en Europe c'est pour quoi nous nous déplaçons.
Assis sur son siège côté hublot, mon blond se tord littéralement dans tous les sens.
"Tu n'as jamais pris l'avion ?"
"Quoi ? Bien sûr que si" dit-il d'un air faussement confiant en s'enfonçant dans son siège.
"Oh mon pauvre Hoonie a peur"
Alors qu'il s'apprêtait sûrement à me contredire, la voix du commandant se fait entendre dans les hauts parleurs de l'habitacle afin de nous annoncer le décollage. Aussitôt, mon coloc vient s'accrocher à mon bras sans matière, suscitant un rire moqueur à son égard.
"Oui j'ai peur ! Maintenant ferme la !"
Comment vous dire que j'ai encore plus éclaté de rire ce qui m'a valu quelques regards de travers des plus coincés de ce vol. Malgré tout, je me sens moins seul dans mon amusement puisque dans la rangée à côté de la nôtre, seulement séparée par le couloir, un gosse pas plus haut que trois pommes avec une tablette entre les mains, se moque lui aussi de Sunghoon.
"Je vais lui faire bouffer son iPad s'il ne la ferme pas" grogna mon coloc.
Le mioche a visiblement entendu cette prétendue menace puisque le voilà en train de tirer la langue à mon blond maintenant abasourdi.
"Dors, tu ne verras pas le temps passer" le conseillai-je pour changer de sujet.
C'est ainsi que sa tête sur le hublot et la mienne sur son épaule, nous nous endormons, volant à pleine vitesse vers la capitale française.
*********
Un peu moins de douze heures plus tard, nous posons pour la première fois les pieds sur le sol européen. Nous passons, morts de fatigue, les portes vitrées de l'aéroport après avoir récupéré nos bagages alors que la brise fraîche de ce milieu de soirée vient caresser nos visages encore gonflés par la fatigue de ce vol.
Un peu plus loin, aux côtés d'une Range Rover noire aux vitres teintées. Un homme de type caucasien, assez âgé et habillé d'un costard très classe aussi sombre que le véhicule nous fait un signe de main. J'en suis agréablement surpris, Sunghoon l'est tout autant, sauf que le terme "agréablement" n'est pas présent sur son visage. En effet, lorsque les yeux de mon blond se posent sur ce type, il s'approche d'un pas décisif en me tirant par le poignet, le tout sans manquer de cracher une série de jurons.
"Raph qu'est ce que tu fais là ?"
"Bonsoir, monsieur Park. C'est votre père qui m'envoie afin de vous éviter les transports" l'homme en noir vient nous ouvrir la portière arrière "Entrez je vous prie"
"Ce n'est pas nécessaire Raph tu sais ? Ne t'embêtes pas. Les taxis nous vont très bien"
"Mon travail est de vous emmener où vous voulez, ça ne m'embête pas le moins du monde"
Après quelques minutes de négociation, nous montons finalement à bord du véhicule, ce Raph n'a pas cédé. Sunghoon a l'air énervé alors que je suis un peu mal à l'aise de monter avec un inconnu dans une ville étrangère.
Le paysage défile alors au même rythme que l'imposante voiture, les passants marchent à toute allure dans les rues, se faufilant entre les hauts buildings de la capitale. Les allées sont toutes éclairées donnant un aspect magique à la ville, pourtant mes yeux ne lâchent pas la célèbre tour emblématique de Paris. Elle est encore plus haute que je ne l'imaginais et encore plus belle maintenant qu'elle est allumée.
Une vingtaine de minutes plus tard, le dénommé Raph, s'arrête face à un bâtiment du 7è arrondissement, notre hôtel j'imagine. Le chauffeur descend, s'apprêtant à nous ouvrir la porte mais Sunghoon, plus rapide sort seul du véhicule, moi sur ses talons.
Face à nous, la façade est d'un style romantique, colorée d'un beau beige, pas encore usé sûrement dû à un renouvellement récent.
"Je viendrai vous chercher demain à 19h afin de vous emmener dîner chez votre père. Au revoir messieurs"
Le grondement du moteur de la Range Rover fait fuir les quelques oiseaux qui se pavanaient sur le trottoir, volant à toute allure vers les grandes fenêtres de l'hôtel décorées de fleurs colorées.
Mon coloc et moi, nos deux sacs à la main nous nous rendons à l'intérieur de notre temporaire chez nous.
Après avoir poussé la porte d'entrée, les deux touristes que nous sommes entrent dans le hall d'accueil afin de récupérer les clés de notre chambre.
"Il n'a pas rigolé ton père sur le choix de l'hôtel" dis-je émerveillé par la beauté de l'endroit.
"Il est toujours dans l'excès" marmonna-t-il.
En effet, tout ici était luxueux, le hall, le bar ainsi que le salon servant de salle d'attente. Toutes les pièces étaient décorées dans différentes nuances brunes, orangées et dorées. L'étendue de richesse me mettait presque mal à l'aise, moi pauvre Séoulite vêtu d'un jogging et de vieilles sneakers.
"Bonsoir, que puis-je faire pour vous ?"
Sunghoon et moi nous regardons dans le blanc des yeux. Aucun de nous deux ne sait aligner deux mots en français. La jeune femme semble remarquer notre totale incompréhension puisqu'elle nous repose sa question, en anglais cette fois.
Heureusement pour moi, mes parents ont vécu en Australie et m'ont appris la langue même s'ils ont décidé de venir en Corée depuis mon plus jeune âge.
"On a une chambre réservée au nom de Park s'il vous plaît"
Elle passe une main dans sa longue chevelure rousse aux boucles magnifiquement désordonnées, même ses cheveux s'accordent aux tons de la pièce. Ses beaux yeux verts se posent sur l'écran de son ordinateur avant de fouiller dans un tiroir et d'en sortir une carte.
"C'est la King Suite, la porte 204 au deuxième étage"
Après avoir pris l'ascenseur et parcouru les longs couloirs de l'hôtel, nous arrivons devant la porte en bois beige ou une petite plaque ovale et dorée est clouée, indiquant le numéro de notre chambre.
"Ton père n'a vraiment pas rigolé sur l'hôtel" dis-je émerveillé en découvrant la suite.
Cette dernière a l'allure d'un petit appartement parisien. Dès que l'on y entre, on se trouve dans un petit salon avec tous les meubles les plus banals que l'on trouve dans ce genre de pièce. Pourtant tout était si bien décoré donnant un aspect beaucoup plus original et sophistiqué à la pièce.
Puis ce salon fait aussi office de salle à manger puisqu'à quelques mètres du mobilier, se trouve une géante table à manger en verre autour de laquelle sont disposées des chaises qui d'un simple coup d'œil, semblent plus confortables que mon lit.
Enfin, à notre droite il y a un long corridor au bout duquel se trouve une dernière porte.
Derrière cette dernière, un lit King Size prend la grande majorité de la pièce. De part et d'autre du sommier sont disposés deux tapis ainsi que deux tables de nuit où quelques bricoles apportent un petit plus à l'endroit, de quoi se faire sentir chez soi. Un grand miroir s'étale sur tout le mur au-dessus de la tête de lit où on peut y voir se refléter nos deux visages éblouis par la beauté des lieux.
"Wow ! Sunghoon c'est génial !" m'exclamai-je "Mais... Il n'y a qu'un lit"
"Je sais je ne suis pas aveugle" lâcha le blond en se dirigeant vers la porte derrière nous menant à la salle de bain.
Sur ces derniers mots, il sort de la pièce et s'en va s'enfermer dans la seconde où je peux désormais entendre le bruit de l'eau qui s'écoule.
Depuis notre arrivée, mon coloc est plus qu'agaçant. J'espère pour lui qu'il saura se montrer plus doux et aimable durant notre séjour sinon une nouvelle dispute risque d'éclater, et c'est bien la dernière chose que je souhaite.
Comme je disais, il n'y a qu'un seul lit et le canapé du salon est beaucoup trop petit et serré pour que l'un de nous deux ne dorme dessus, on a pas le choix, il va falloir se partager le lit.
Ce n'est pas comme si on n'avait jamais dormi ensemble c'est vrai, mais on a toujours été sur des matelas différents. De plus, ici le cadre est totalement inhabituel, on est à Paris, la ville de l'amour et du romantisme dans une suite luxueuse d'un hôtel cinq étoiles.
Heureusement que le lit est immense, on pourrait facilement y mettre trois comme moi. On sera certainement très éloignés l'un de l'autre et ça ne sera -je l'espère- pas si dérangeant.
*********
Nous avons passé la journée à dormir.
Je suis assez déçu de ne pas avoir profité de cette première journée sur le sol français étant donné que l'on y reste pour moins d'une semaine, mais le décalage horaire a eu raison de nous.
Comme je l'ai prédit, le lit était bien assez grand pour nous deux, j'ai carrément eu l'impression d'être seul !
Enfin cette impression était seulement valable pendant mon sommeil puisque me voilà actuellement avec un blond accroché à mon torse tel un koala à son arbre.
Il marmonne des choses incompréhensibles en frottant sa joue contre mon pectoral. Sa position, ses adorables manières d'enfant endormi ainsi que ses cheveux en pagaille le rendent tellement mignon.
Mais le bonheur est de courte durée puisque lorsqu'il a ouvert les yeux et s'est rendu compte qu'il était 17 heures passées, l'adorable garçon a sauté du lit et s'est transformé en boule de nerf et de stress géante.
"Pourquoi tu ne m'as pas réveillé avant ?"
"Peut-être parce que j'ai ouvert les yeux genre trente secondes avant toi !"
Ses orbes tremblantes de colère se ferment quelques secondes pour finalement laisser apparaître quelque chose ressemblant à de la panique.
"Désolé... C'est juste que j'ai... je stresse de voir mon père" balbutia-t-il.
"Hoonie...." chuchotai-je en m'approchant de lui "Tu n'as pas à t'inquiéter, il ne t'a pas fait faire presque neuf mille kilomètres pour te prendre la tête"
"Je crois bien que si, ce dîner est voué à l'échec"
"Ne dis pas de bêtises !" le grondai-je en le poussant dans la salle de bain.
"Si jamais ça se passe mal, j'ai un nouveau souhait"
Maintenant dans la salle d'eau, j'observe mon blond qui semble être de plus en plus mal à l'aise. Ses yeux fixent ses pieds nus tandis que son bracelet se fait encore une fois maltraiter.
Sa capacité à passer du pseudo mâle alpha énervé et dominant au pauvre petit bout de chou gêné et timide me surprendra toujours.
"Je ferai tout ce que tu me demandes jusqu'à la fin Sunghoon"
Le concerné avale difficilement sa salive, le regard toujours baissé sauf qu'en plus, ses incisives viennent saisir sa lèvre inférieure.
"Je... J'aimerais que tu"
Le blond semble chercher ses mots, comme gêné de me demander ce fameux quelque chose.
Je ne suis pas dupe, je sais très bien où il veut en venir et bizarrement, ça ne m'étonne pas qu'il soit dans l'incapacité de me formuler sa demande. Le connaissant lui et son ego suprême, ça doit être une véritable torture de se montrer si vulnérable.
"Si c'est ce que tu souhaites, je te défendrai s'il dit quelque chose de mal"
Je ne sais pas ce qu'il se passe entre son père et lui, mis à part le fait qu'ils se détestent. Mais une chose est sûre, je ne le laisserais pas faire du mal à mon Hoonie.
**********
Raph est venu nous chercher à 19 heures tapantes. A bord de sa Range Rover, nous traversons les quartiers les plus riches et sophistiqués du sol français.
Il nous abandonne finalement au pied d'un immeuble qui transpire le luxe et la richesse.
"Il fait quoi ton père dans la vie pour se payer tout ça ?" demandai-je un peu gêné.
"Avocat" lâcha-t-il en appuyant sur la sonnette à côté de la petite étiquette où figurait son nom de famille.
Je laisse seulement un petit "ahh" s'échapper de ma bouche tandis que je suis mon blond dans le couloir après que la porte se soit ouverte. Je suis certain qu'une petite caméra permet à son père de voir qui vient de sonner.
Les murs semblent être en marbre, un marbre noir alors que nous marchons sur un tapis légèrement plus clair.
Nous entrons dans l'ascenseur et encore une fois, une petite étiquette où le nom "Park" est inscrit est collée à côté du chiffre 7, Sunghoon s'empresse d'appuyer sur ce dernier.
Après quelques secondes, le petit bing se fait entendre dans l'habitacle et les portes de l'ascenseur s'ouvrent sur le septième palier.
Seulement deux portes sont installées malgré l'immensité de l'étage, chacune aux deux extrémités de la salle.
Nous nous dirigeons vers la porte de droite, mais une fois devant, mon blond a l'air de vachement hésiter.
"Ça va aller" lui souriai-je en frottant son épaule pour lui redonner contenance.
Il me rend timidement mon sourire avant de souffler un bon coup et d'enfoncer son doigt sur la sonnette à notre droite.
"Il y a un truc que je ne t'ai pas dit"
Mes sourcils se froncent d'incompréhension tandis que ses doigts viennent trouver le bijoux à son poignet.
"Mon père ne sait pas que t'es là"
********
Heyy !!
J'espère que vous allez toutes et tous très bien !!
Aujourd'hui on se retrouve dans un nouveau cadre donc pas énormément d'action dans ce chap, c'est surtout pour poser le contexte et faire la transition mais ne vous inquiétez pas les prochains rattraperont le coup !
Le mois de février est passé dans l'histoire et Jake est déjà à un peu plus de la moitié de son combat contre sa maladie... Si vous comptez il a appris son cancer fin septembre et ils sont actuellement début mars, c'est passé vite j'avoue :')
Mais ne vous inquiétez pas, le meilleur (et le pire du pire) est à venir et il me reste encore pas mal de choses à vous faire découvrir :)
Sur tout ce beau bla bla j'espère que vous avez apprécié ce chapitre !
Gros bisous et à mercredi <333
• Adiaaa •
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top