𝐈 - Alphonse
« Link ! Ça va ? »
Non. Ça n'allait pas.
Son bras droit brûlait.
« Link, s'il te plaît, réponds-moi ! »
Une tache dorée valsait, elle et ses couleurs dégoulinantes et délavées...
La lumière verte rayonnait toujours quelque part, au fin fond de ses rétines.
« Je...je... »
Une poigne s'abattit soudainement sur son épaule, et balaya toutes les ombres de sa vision.
Zelda apparut, assise à ses côté, le regard affolé.
« Link ! Ton bras !
— Ne touche pas ! »
Il fit un bond en arrière, protégeant sa blessure de son autre bras.
« Link, il faut que je regarde ! insista Zelda. Cette chose qui t'a touché n'était pas... »
... Vivante.
Elle se tut soudain, et tourna la tête.
Link suivit son regard.
Le cadavre reposait à présent sur l'autel, sans aucune contraction, dans une totale luxation. Disparues, les spirales verdâtres. Il était bel et bien mort, cette fois— l'était-il il y a cinq minutes, au moins ?
« ... Oh, Déesse... »
Link sursauta.
« ... Le corps a été trouvé... »
Zelda balaya la salle du regard.
Elle se rapprocha prestement de Link.
« Link, dit-elle fermement, les yeux rivés vers le plafond. Reste derrière moi.
— Ne me touche pas » répéta-t-il simplement.
Elle ne l'écouta pas, et posa sur son épaule une main crispée.
Un rictus crépitait dans la salle, terriblement rauque.
Le corps a été trouvé...
Soudain, toutes les voix le rejoignirent :
« Oh Déesse, le corps a été trouvé... »
« ... Link, passe-moi ton épée.
— Pardon ?! »
La douleur devenait trop sourde pour qu'il ne puisse se pencher sur le pourquoi du comment.
« Ton épée, Link ! »
Link s'apprêtait à riposter, quand soudain, émergea de sa mémoire un bien, bien lointain souvenir.
« ... Arrête, arrête ! »
Épée au sol, le cœur comprimé, les blessures profondes, la voix affolée.
« Je t'en supplie ! continuait-elle. Ne te sacrifie pas pour rien ! »
« Sauve-toi ! »
Remonter sur ses genoux. Brandir son épée, qui n'a jamais paru aussi lourde entre ses doigts.
Repousser la jeune fille derrière soi.
Souffler.
Souffrir.
Mourir.
La Princesse Zelda ne croyait plus en l'Héros de Légende.
Parce qu'il avait péri.
Link serra les dents.
Puis, de sa main valide, il tira son épée.
Les chœurs avaient brisé leur cristal de pureté : à présent, elles se moquaient, ou tremblaient de peur, multipliaient les notes rauques et sans justesse, juste dans le but de faire passer ce morbide message : le corps a été trouvé.
Où qu'elles étaient, Link était prêt à faire taire leur existence, une à une, dans le plus redoutable des martyrs.
Quitte à en perdre son bras.
Il préférait ça à l'idée de perdre l'estime que lui portait Zelda.
Cette dernière s'était levée à son tour.
Une fine poussière dégringola subitement des briques, dans un bruit de sable.
Les murs se mirent à trembler, et le sol à tanguer.
Aussitôt, les regards convergèrent vers l'autel.
Le squelette voyait tous ses membres trembler, et cogner contre la pierre, comme des dents s'entrechoquant de peur.
Ça va s'effondrer.
Link se tourna vers Zelda.
Et soudain, ils s'ordonnèrent en hurlant en chœur :
« COUUURS !! »
Ils se ruèrent vers la sortie, quand brusquement, le sol se déroba sous leurs pieds.
Dans sa chute, Link entraperçut les briques du mur se déloger, une à une, puis s'exploser à terre.
Il rebondit sur sa nuque, puis sur le bas de son dos, avant de s'étaler de toute sa colonne vertébrale au sol, à plat.
Toutes ces zones frappées lui firent voir ombres et étincelles quelques instants.
Le tremblement lui déchirait les oreilles. Il était si fort qu'il faisait vibrer sa cage thoracique.
Puis ce séisme s'arrêta brutalement.
Les murs pompèrent le son, le faisant résonner dans les cavernes voisines.
Link n'arrivait pas à croire que c'était enfin fini. Son corps était encore tout tremblant.
Il se redressa maladroitement. Au moins, il arrivait à bouger, c'était un bon point.
En revanche, la douleur avait envoyé valser ses idées. Il n'arrivait plus à mettre la main sur l'une d'entre elles.
« Link, ça va ? »
C'était étrange, d'entendre une voix par des oreilles qui venaient de subir les ondes d'un véritable tremblement de terre.
Après quelques secondes de fouille hasardeuse, Link découvrit Zelda, à quelques mètres de là, se remettant péniblement debout après sa chute, chassant poussière et terre de son pantalon.
Une trace brunâtre et terreuse sur le bas de sa joue indiquait très clairement que Zelda n'avait pas eu le meilleur des atterrissages.
« Et toi ? s'inquiéta Link.
— Oui, ne t'inquiète pas. Ce sont mes mains qui ont tout pris. »
À ces mots, elle présenta ses mains grandes ouvertes, dont les paumes étaient écarlates, et où des débuts de petites coupures et égratignures commençaient à saigner.
« Mais les poignets vont bien, reprit-elle. Et toi, le tien, de poignet ? »
Link se rendit compte que sa main gauche était crispée depuis tout ce temps autour de son avant-bras droit. Ses phalanges en avaient blanchi.
Doucement, il délia ses doigts du tissu.
Une petite mais désagréable douleur semblait persister.
« Ça va mieux, assura Link, n'osant pas pousser les investigations plus loin. Je pense qu'il est temps pour nous de partir, non ? »
Zelda le sonda du regard.
Link sentit sa peau rougir, aux endroits où Zelda portait les yeux.
Soudain, ses yeux dévièrent légèrement sur la gauche, fixant un point derrière Link, puis ils s'écarquillèrent.
« Link ! Regarde derrière toi ! »
Alarmé, Link fit volte-face, notant déjà mentalement qu'il devrait désormais combattre du bras gauche.
Mais pas un seul ennemi n'était derrière lui.
Les briques étant tombées du mur avaient laissé un passage, un escalier, qui, selon les premières marches, semblait remonter vers la surface.
△▲△
Ils remontaient l'escalier depuis une bonne dizaine de minutes déjà, dans un grand silence.
Link sentait le regard de Zelda, tentant de se glisser sous sa manche et d'apercevoir son bras droit. Il le tenait fermement de sa main gauche, peut-être lui-même n'osait-il pas savoir ce qui se tramait à cet instant sous ce tissu bleu.
À la grande surprise de chacun, le passage débouchait dans un endroit bien particulier : aux pieds de la statue d'Hylia, dans la Cathédrale du Temps.
Enfin, Zelda fit voler ce silence pesant en éclats :
« Il y avait un passage secret ici, depuis tout ce temps ? Et nous n'avons jamais rien vu ?»
Link ne répondit rien. La douleur le lançait, de nouveau.
Zelda s'en aperçut immédiatement, et, cette fois, déclara fermement vouloir voir son bras.
« C'est rien, répondit automatiquement Link. C'est normal, ça passera. »
Zelda lui expédia un regard noir :
« Link, tu mens très mal. »
Link aurait voulu lui répondre, sur le ton de la plaisanterie peut-être, mais rien à faire : la douleur revenait, et lui dérobait tous ses mots.
Il se laissa tomber sur un des bancs de la Cathédrale, recroquevillé sur sa blessure.
Zelda s'assit à ses côtés, et saisit délicatement son épaule, la tira légèrement en arrière, redressant juste assez son buste pour voir la blessure.
Cette fois, Link se laissa faire.
Il vit l'horreur se matérialiser dans les yeux de son amie, tandis qu'elle remontait la manche azure.
Car sa main était devenue verte.
« Hum... C'est... étrange », fit-elle, détachant chaque syllabe.
Elle posa sa main sur son coude, et fit doucement basculer son bras, certainement pour vérifier l'articulation.
Link se mordit profondément la langue.
« Ça te fait mal ? demanda Zelda. Euh... vu ton visage tout rouge, oui. »
Link porta une main à ses joues enflammées.
« Mais c'est pas grave, hein, rajouta immédiatement la princesse. C'est normal, d'avoir mal. Enfin, ç'aurait été mieux que ça ne soit pas le cas, mais... bon, tu as compris. »
Elle se leva, et épousseta son pantalon.
« On va s'arrêter à une source d'eau, pour nettoyer la plaie au moins. Ça va, tu peux marcher ?
— Bien sûr, répondit-il. J'ai mal au bras, pas aux jambes.
— Parfois, certaines choses nous paralysent tellement que... »
Elle haussa les épaules, sans terminer sa phrase.
La pluie s'était arrêtée, et il faisait nuit noire, à présent.
Depuis le toit ouvert, on pouvait voir le ciel d'encre, dépourvu d'étoiles...
Était-ce signe de mauvais jour ? Link n'en savait rien, et s'en voulut de chercher à tirer ce genre de conclusion.
« J'appellerai un médecin dès que nous arriverons, déclara Zelda. Eh non, n'espère pas me faire avaler que tu te sens en pleine forme. »
Elle disait cela sur un ton amusé, mais Link la sentait encore plus effrayée que lui.
△▲△
« Il va arriver. »
Link était assis sur un tabouret, dans la salle d'attente du médecin du palais.
À présent, son bras ne ressentait plus grand-chose. En fait, il était devenu assez dur, et les mouvements, assez compliqués.
Debout quant à elle, Zelda faisait les cent pas, longeant l'épais tapis déroulé au sol.
« Il va arriver, répéta-t-elle. Il va arriver. »
Link ne voulait pas l'avouer, mais cela l'étonnerait beaucoup si ce vieux médecin arrivait à se réveiller à cette heure avancée de la nuit. Il avait ce regard fou et vitreux qui en disait long sur le contenu de son verre.
Zelda se laissa tomber sur un des sofas, les bras croisés contre sa poitrine, le regard anxieux.
« Pourquoi ne vient-il pas ? murmura-t-elle. Tout est de ma faute...
— De quoi ? »
Zelda releva la tête vers Link.
« C'est de ma faute si tu es blessé. C'est moi qui ai voulu aller dans cet escalier. C'est moi qui ai voulu poursuivre l'exploration. C'est moi qui nous ai amenés sur ce pont, où nous avons failli mourir.
— C'est surtout moi qui suis resté dans la pièce du cadavre, répliqua Link. Si j'étais parti à temps, il n'y aurait jamais rien eu. »
Il revit soudain le corps sans vie, allongé sur l'autel, le menton pointé vers le plafond.
Zelda se leva soudain :
« Bon ! Ça suffit, je vais aller te soigner moi-même. Le cabinet doit être ouvert, et toutes les lotions doivent être à l'intérieur. »
D'un pas décidé, elle traversa la salle d'attente, et poussa brusquement la porte — qui, en effet, s'avéra ne pas être fermée, ce qui renforça l'idée que ce médecin ne valait pas grand-chose.
Link se leva à son tour, et entra dans le cabinet.
C'était une petite pièce sombre, où un lit drapé de blanc reposait en son centre. Une table soutenait tout un tas d'ustensiles médicaux, et des commodes et des armoires renfermaient des dizaines de dossiers reliés de cuir.
Link frissonna. Il n'avait jamais aimé cette ambiance médicale.
« Installe-toi sur le lit, ordonna Zelda. Il doit y avoir une blouse quelque part.
— Tu sais, c'est juste un bras, crut bon de dire Link. Je n'ai pas besoin de m'allonger.
— Tu m'as entendue ? »
Link haussa les épaules, et, bon-gré mal-gré, se hissa sur le matelas immaculé.
Derrière, il entendait Zelda se plaindre :
« C'est pas vrai, il oublie de fermer son cabinet, par contre il verrouille toutes ses armoires... Ah tiens, celle-là est cadenassée. Une idée de code ?
— Mmpf... sa date de naissance ?
— Je ne la connais pas. Ah si, il est né le même jour que ma tante, je m'en souviens, il avait vidé toute la jarre de grenadine avant même qu'on ne l'ait apportée au buffet. »
Link étouffa un petit rire sans joie, tandis que Zelda jouait avec le cadenas.
Quelques instants plus tard, les portes coulissèrent bruyamment sur leurs gongs.
« Parfait ! Bon, euh, alors, qu'est-ce qu'on va bien pouvoir prendre... tu as une idée, Link ? »
Il s'apprêtait à ouvrir la bouche pour répondre, quand soudain, son bras se réveilla.
La douleur eut l'effet d'une claque. Son os rougeoyait, comme s'il poussait à une vitesse surnaturelle sous sa peau.
Zelda s'écria :
« Non non non, ne t'inquiète pas Link, j'arrive ! »
Link entendit tout un grabuge de verre, de métal, de bois, puis des pas précipités.
Il vit soudain Zelda, penchée par-dessus le lit.
« Présente-moi ton bras, je vais te mettre ce truc.
— ... C'est quoi ? réussit-il à grogner.
— Un espèce de baume qui apaise, paraît-il.»
Zelda plongea deux doigts dans le liquide, et les approchèrent du bras.
Au contact du produit, sa peau s'enflamma, et tout son organisme fut pris de soudain tremblements.
Link envoya valdinguer le pot.
Un bruit de verre lui indiqua qu'il s'était brisé au sol.
Zelda jura à mi-voix.
Soudain, une voix masculine éclata :
« Que faites-vous ici ? »
La voix était en colère, mais on devinait que son propriétaire ne l'était pas. Simplement surpris, et voulant intimider ces intrus qui faisaient autant de vacarme.
Zelda se releva, et Link vit ses traits se durcir.
« Qui êtes-vous ? » interrogea-t-elle d'un ton impérieux et autoritaire.
Les pas s'arrêtèrent aussitôt.
« Votre Majesté ? Est-ce vous ? »
Link se releva sur ses coudes, et aperçut, à l'embrasure de la porte, une silhouette masculine, parée d'une robe de chambre.
Le médecin, certainement.
Mais où étaient passées ses rondeurs et ses joues pendantes ?
« Qui êtes-vous ? réitéra la princesse.
— Le médecin, Votre Altesse. Et, si je puis me permettre, vous êtes actuellement dans mon cabinet, donc je vous repose ma question : que faites-vous ici ? »
Bien que la douleur l'empêchait grandement de réfléchir, Link n'arrivait pas à reconnaître la voix de ce vieux docteur, qui aurait pu boire toute la grenadine avant de l'apporter lors d'un buffet royal.
En fait, c'était une voix assez jeune, et assez charismatique, qui planait sur les graves avec une grâce de velours.
Rien à voir avec le vieux timbre usé à la corde de ce docteur alcoolique.
« Ce n'est pas votre cabinet, répliqua Zelda. Il s'agit du cabinet de M. Field, et de toute évidence, ce n'est pas vous.
— En effet, il s'agit de son fils. »
Bien qu'il se pouvait qu'il racontât la plus pure des vérités, Link n'apprécia pas la façon pédante dont il répondait.
Il vit le visage de Zelda brusquement se décomposer de honte.
« Mais depuis quand monsieur a un fils ? bredouilla-t-elle, confuse.
— Aussi longtemps que depuis que je respire, Votre Altesse. Alphonse Field, pour vous servir, je vais bientôt relayer le service de mon père, dès que j'aurais mes diplômes. »
Il y eut un petit silence, durant lequel chacun intégrait et prenait en compte les diverses informations.
Puis Alphonse fit quelques pas, et s'empara d'une lanterne, qu'il approcha des deux intrus.
« Oh, mais je vois que vous êtes accompagnée du Héros de Légende, Votre Majesté, releva-t-il. Au beau milieu de la nuit.
— Nous attendions votre père, Link est souffrant, répondit Zelda, un peu moins remontée qu'il y a quelques secondes. D'ailleurs, où est-il ?
— Certainement au lit, vu l'heure qu'il est. En revanche, je peux vous prendre en charge. »
Dans ses mots, cela sonnait comme une obligation. Ce genre de phrase qui semblait dire « il vaut mieux pour vous ; vous ne savez pas ce qui vous attend... »
Zelda accepta.
« Faites vite, dit-elle simplement. Oh, et je suis désolée, mais Li...enfin... j'ai brisé un pot de baume.
— Point grave, Votre Altesse, point grave. »
Link ne put s'empêcher de se demander si avoir passé la faute sur elle diminuait la gravité de la chose dans l'œil d'Alphonse.
Ce dernier se tourna vers Link, et lui demanda de s'allonger.
Le jeune homme opéra.
Il entendit l'apprenti-médecin ouvrir ses armoires, passer une blouse, et attraper ses outils.
« Oh, mon père a-t-il oublié de refermer son armoire ? s'exclama-t-il.
— Non, c'est de ma faute, avoua Zelda, qui avait pris place sur un haut tabouret. Je cherchais des ustensiles et des remèdes, et j'ai trouvé le code du cadenas qui renfermait cette armoire.
— Mais c'est que vous êtes perspicace, mademoiselle ! »
Mais c'est que vous êtes enjôleur, Alphonse...
Link s'en voulut d'en penser ainsi de son potentiel sauveur, mais il avait cette personnalité et cette drôle d'aisance qu'il ne pouvait supporter.
Le docteur s'activa, et apparut dans le champ de vision de Link.
Il se pencha, terminant d'ajuster ses fins gants :
« Alors alors, qu'est-ce qu'il a, ce bon monsieur ? Ce serait dommage de vous ramener au Sanctuaire de la Renaissance, hein ? »
C'était officiel : Link détestait cet homme.
Ce dernier rit de sa propre blague.
« Il est blessé au bras, répondit Zelda. Le droit.
— Ah, je vois. Ouh là oui ! Il est tout gris ! Qu'est-ce que vous en avez fait ? »
Dix milliards de répliques se bousculèrent à cet instant dans l'esprit de Link, des mots cinglants et sarcastiques, mais il se contenta de ne rien dire, fixant le médecin, qui posait sur son nez un masque de tissu.
« Eh bien ! releva ce dernier. On m'avait dit que monsieur n'était pas bien bavard, mais à ce point !... »
Il se tourna vers Zelda.
Link ne savait pas si elle allait révéler au médecin les derniers évènements.
D'un côté, ce serait le meilleur moyen pour le docteur de comprendre de quoi souffrait Link.
Mais de l'autre... cela signifierait raconter l'excursion dans la Cathédrale du Temps, et raconter beaucoup d'autres choses, que Link n'avait pas forcément envie qu'Alphonse sache.
« On ne sait pas trop ce qu'il a, finit par dire Zelda. On s'était assoupi, et puis il s'est réveillé... avec ça. On pense à une morsure de monstre... Enfin... à quelque chose de surnaturel. »
Alphonse émit un hmm! pensif.
Il s'empara du bras blessé de son patient, et Link regretta aussitôt la douce gestuelle de Zelda.
« Oui, en effet, c'est probable, murmura-t-il. Mais je ne vois pas de traces de morsure... Si j'appuie là, ça fait mal ? »
Le bras était redevenu dur. À nouveau, Link dut se pencher pour voir si le docteur avait bien appuyé sur sa peau : son contact était indétectable.
Le docteur fit une série de tests, posant deux doigts sur les différentes parties de son bras, vérifiant l'articulation de son poignet, puis de son coude.
Mais il était arrivé trop tard ; la douleur ne revenait plus.
« ... C'est étrange, finit par déclarer Alphonse, après son long et scrupuleux examen. Oui, c'est bien étrange, car la couleur est d'un gris que je n'ai jamais vu auparavant...
— Vous ne connaissez pas ce type de blessure ? » interrogea Zelda.
Link ne put s'empêcher de ressentir un agréable sentiment devant l'apprenti-médecin, qui se tournait d'un air vexé vers la princesse.
« Vous savez, mes derniers examens sont d'ici la semaine prochaine. Il est déjà formidable que je me sois déplacé pour vous, au beau milieu de la nuit, alors que j'ai si besoin de sommeil... Mais aux regrets, non, je n'ai jamais vu ce type de blessure de toute ma vie, et ça m'étonnerait qu'un quelconque médecin ait déjà vu quelque chose de tel. »
La séance était donc terminée. Alphonse décida tout de même de donner à Link un pot, contenant une étrange pâte mauve, ainsi qu'un rouleau de bandage.
« Vous vous en étalerez chaque soir, prescrivit-il. Et vous garderez ce bandage durant la journée. Je vous conseille de le changer au grand maximum une fois tous les deux jours. Si vous n'en avez plus, venez m'en redemander. »
Link hocha la tête en silence, tendant la main vers le petit pot et le bandage.
« Au fait, vous savez faire un bandage, bien entendu ? »
Link ferma les yeux, un instant, juste pour se convaincre de ne pas lui envoyer un second pot à travers le cabinet.
« Bien entendu.
— Oh Déesse, il parle ! »
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