Breath part 2


Les choses sont ce qu'elles sont. Elles ne changeront jamais et si HoSeok voulait être parfaitement honnête, il admettrait qu'il n'avait pas la moindre intension que cela arrive. Oh, il n'était pas idiot, il savait bien qu'il finirait par se retrouver seul. Encore.

Un jour, il se réveillerai dans un lit vide, un sac de sport ayant disparu, comme la moitié de l'armoire, sa brosse à dent aurait perdu sa copine et il manquerait une paire de chaussure. Un beau matin JungKook ouvrirait les yeux et se rendrait compte qu'on ne peut pas vivre avec quelqu'un qui veut vous tuer. Encore moins l'aimer.

Pourtant, il avait l'audace de penser que JungKook resterait. Il avait l'audace d'imaginer que cette fois-ci, ça serait diffèrent. Après tout, JungKook n'était pas Jimin. HoSeok n'avait jamais entendu Jimin dire qu'il comprenait, qu'il savait que ce n'était pas de sa faute, qu'il savait bien qu'il l'aimait au fond, qu'il ne contrôlait pas tout ça. Il n'avait jamais entendu Jimin l'appelait depuis la chambre, comme un enfant terrorisé par la solitude, après une crise. Jimin ne l'avait jamais tenu dans ses bras pour la rassurer alors qu'il venait de passer à deux doigts de la mort. Avec Jimin tout ce qu'il entendait c'était la porte qui claquait et les tonalités de téléphone.

Ça l'avait surpris la première fois. Après sa crise, comme d'habitude, il était allé se caché dans la salle de bain, roulé en boule, entre le mur et la baignoire, la tête entre les genoux, la respiration filante et les yeux baignés de larmes. Il avait attendu le bruit sec de la porte qui claque, faisant vibrer tout l'appartement. Mais rien n'était venu. Il avait attendu pendant cinq, peut être dix minutes, il avait toujours du mal à évaluer le temps dans ces moments-là. Aucun bruit. Le silence et lui. Jusqu'à ce que la porte de la salle de bain grince et qu'il tombe nez à nez avec son cadet, manifestement très surpris de le trouver là. Il s'était approché du roux lentement, pour ne pas l'effrayer, c'était agenouillé devant lui et avait tendu la main vers lui. HoSeok avait eu un sursaut brutal à ce geste et pour la première fois, il vit de la peur dans le regard de JungKook, mais pas la peur habituelle. JungKook n'avait pas peur de lui, il avait peur de l'avoir effrayé. Le roux avait laissé son regard se promener sur le plus jeune et il avait inexorablement finit par fixé par les marques sur sa gorge. Les larmes redoublèrent. Il s'en voulait. Pourquoi est-ce qu'il ne pouvait pas simplement être normal ? Pourquoi il fallait qu'il les entende ? Pourquoi fallait-il qui les écoutent ? Ne pouvait-il pas simplement les ignorer ? Pourquoi ce besoin de faire du mal ? JungKook ne méritait pas ça ! Personne ne méritait ça ! Il devrait être tout seul ! Il devrait vivre seul ! Mourir seul ! C'est tout ce qu'il méritait !

Cependant, sa réflexion fut interrompue lorsqu'il sentit la grande main du plus jeune effleurer sa joue. Un frisson chaleureux le parcourra lentement, remontant le long de son échine et comme si les choses avaient toujours été comme ça, il s'appuya contre sa paume, se fondant dans la caresse. JungKook avait transformé cette caresse en étreinte en glissant ses bras autour des épaules du plus vieux, l'attirant contre lui. HoSeok avait enfouit son visage contre son torse robuste, mouillant son T-shirt avec ses larmes. JungKook jouait doucement avec ses cheveux, cherchant à le rassurer, murmurant des petits riens. Tout allait bien maintenant. Il était là. HoSeok n'avait rien fait de mal. Ce n'était pas de sa faute. C'était la maladie. JungKook était en vie et il allait très bien. Il l'aimait. Tout ça c'était la faute de la schizophrénie.

Oui, JungKook n'était pas Jimin. Mais JungKook était un être humain et les êtres humains ont des limites. Un jour, sans doute beaucoup trop proche pour HoSeok, JungKook atteindrait ses limites, il ne pourrait plus supporter tout ça, malgré tous ses efforts, tous ses essais, tout son amour. Un jour, JungKook choisira la survie plutôt que lui et HoSeok serait seul, comme cela devait être.

Ça devait être comme ça. HoSeok devait se retrouver seul dans sa salle de bain. Il le savait bien. Mais il refusait que ça se produise. HoSeok était égoïste. Il s'en voulait pour ça aussi. Mais il ne pouvait se résoudre à le laisser partir. Il en était incapable. Il avait été terrorisé lorsqu'il avait vu Jimin s'éloigner mais pas autant qu'il ne l'était aujourd'hui de savoir qu'il était à deux doigts de perdre JungKook. C'était d'ailleurs de la faute du plus jeune s'il était dans cet état. C'était injuste d'avoir ce genre d'idée, HoSeok le savait mais JungKook était injuste aussi. Le plus jeune avait apporté un rayon de soleil, d'espoir, totalement inattendu, presque providentiel dans la vie du roux. JungKook lui avait donné l'espoir qu'il méritait d'être aimé et s'il disparaissait alors c'était bien la preuve qu'HoSeok n'en valait pas la peine.

Si JungKook le laissait, il le savait, il en deviendrait dingue. Peut-être suffisamment dingue pour aller jusqu'au bout cette fois-ci. Peut-être qu'il tuera JungKook, ou bien celui qui aura réussi à lui ouvrir les yeux... Ou bien lui-même. Ce qui serait bien plus simple à ses yeux.

Toujours allongé sur le sol de la cuisine, fixant le mur de crépis jaunie. Il ne sentait plus son corps, ses oreilles bourdonnaient. C'était comme s'il était vide, incapable de se rendre compte de ce qui se passait autour de lui. Il n'avait même pas remarqué qu'il pleurait, ni la douleur dans sa poitrine.

JungKook... J'ai besoin de toi...

Il n'avait pas eu la force de se lever. Le coup que le plus jeune lui avait donné avait été d'une rare puissance, comme cette crise. HoSeok avait bien cru qu'il allait le tuer. Il voulait s'arrêter, il avait eu envie de lâcher JungKook, à en crever. Mais rien. Il avait resserré sa prise, avait jubilé de voir les yeux de JungKook s'ouvrir, de le voir lutter pour respirer et les voix dans sa tête l'encourager toujours plus. Il fallait qu'il l'empêche de respirer. Les voix lui ont dit qu'il allait le laisser et que si HoSeok voulait vraiment garder JungKook, il fallait qu'il s'assure qu'il ne parte jamais et le meilleur moyen c'était encore qu'il meurt.

JungKook... S'il te plait... Ne me déteste pas.

Le bruit d'une porte. Il n'était pas violent mais il l'avait tout de même tirer de sa transe. Des émotions contradictoires se mélangeaient dans l'esprit d'HoSeok. Il était rassuré, JungKook était sorti de la chambre. Il allait venir le voir, le prendre dans ses bras et le rassurer, le couvrir de baiser et HoSeok pourrait respirer. Mais aujourd'hui, il y avait aussi une certaine peur. Et si JungKook avait atteint sa limite ? Et si JungKook ne venait pas le voir, vaquant simplement à ses occupations ? Et s'il partait simplement, sans un mot pour lui ? Des bruits de pas, il venait vers lui. Mais la peur subsistait en lui. Il pouvait simplement venir voir si HoSeok était encore là, vivant, et partir, pour ne pas avoir sa mort sur la conscience.

Ne me laisse pas... Je t'aime JungKook... S'il te plait...

JungKook était derrière lui, agenouillé, mais il ne le touchait pas. HoSeok sentait simplement son regard sur lui.

« Hyung. »

Il avait la voix brisée. Sans doute par le manque d'air et les larmes. HoSeok avait envie de mourir. C'était de sa faute. C'était un monstre. Il se répétait ça depuis qu'il savait qu'il était atteint. Sauf que JungKook avait réussi à lui faire croire le contraire et maintenant tout était sens dessus dessous. Il en voulait à son cadet pour avoir tout mélanger comme ça, mais en même temps, mon dieu ce qu'il l'aimait. A en crever.

« Hyung ? Tu m'entends ? »

Il l'entendait. Parfaitement. Le plus mélodieux des chants des anges à ses oreilles. Il adorait la voix du plus jeune. C'était sans doute l'une des choses qu'il aimait le plus chez lui. Ça et sa patience. Et puis ses caresses. Il voulait qu'il le touche. Qu'il le prenne dans ses bras. Qu'il le rassure.

Touche-moi, Kookie... Je t'en prie... Prends moi dans tes bras... Juste une seconde.

« Hyung... Je... Je sors. »

Ne me laisse pas. Seigneur, je t'en supplie, touche-moi ! Embrasse-moi ! Ne me laisse pas ! JungKook, pour l'amour de dieu, ne me laisse pas !

Ses larmes avaient repris, plus forte. Il aurait voulu se jeter sur le plus jeune, l'enfermer dans son étreinte mais il n'y arrivait pas. Il ne pouvait pas. Il n'avait pas le droit. Et il le savait. Un hoquet de surprise souleva sa poitrine, une sensation de chaleur qu'il désirait plus que tout enveloppa son corps, surtout son cœur. JungKook venait de passer ses doigts dans les mèches flamboyantes de plus vieux, effleurant de ses lèvres la tempe humide qu'il avait à disposition. Puis de nouveau des pas et la porte, qu'on ouvre lentement et qu'on referme calmement.

HoSeok pleura bruyamment pour la première fois depuis dix ans. Non, JungKook n'était pas Jimin. JungKook n'était pas parti sans un bruit et HoSeok savait qu'il ne reviendrait pas.

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