5 - Page blanchie

Point de vue de Hazar.

Bim ! Dans ta face "leader" !

Un volcan. Voilà le seul mot qui pourrait le décrire.
Voir son expression sidérée vaut tout l'or du monde. Lui, qui me jugeait sur mes origines et pensait sûrement que je ne serais pas à la hauteur, me regarde maintenant surpris, son regard traduisant un "putain, finalement tu n'es pas conne".

S'il doit y avoir un con dans cette pièce, ce sera l'homme qui n'a pas su surveiller ses défenseurs. Pas moi.

Quoique, cet homme est fort. Très fort. Lors du discours d'il y a quelques jours, son expression déterminée et son regard puissant m'avaient figé. Ses paroles étaient pesées, et semblaient appartenir à un leader avec des années d'expériences. J'étais debout au fond de la salle, je n'ai donc pas pu voir ses traits, et apprendre qu'il s'agit d'un jeune homme de vingt cinq ans m'avait carrément choqué.

Il ouvre violemment la porte de son bureau et sort. Vu le regard brûlant qu'il m'a lancé avant de sortir, je devrais le suivre pour ne pas réveiller le magma qui sommeille en lui.

Il traverse les couloirs de la base devant moi, soufflant de temps en temps en passant sa main sur sa joue. Je le suis en accélérant le pas, ayant du mal à garder le rythme de sa marche rapide.
Treize ans dans cette base, et je retrouve toujours de nouvelles pièces, de nouveaux couloirs que je ne connaissais pas.
Il slalome entre ces couloirs et ces virages avec grande facilité, m'obligeant à courir pour le rattraper et ne pas me trouver perdue dans tous ces recoins.
Nous passons entre des murs épais et noirs, imposant une chaleur réconfortante et sécurisante d'un côté, et un malaise flippant de l'autre.

Il s'arrête soudainement devant une porte qu'il frappe doucement, tout le sang bouillonnant dans son corps à une vitesse phénoménale semblant traverser ses veines au ralenti pour le calmer. Seule sa mâchoire serrée pourrait prouver sa colère. Chaque parcelle de son corps semble s'être parfaitement relaxée, c'est presque perturbant. Les éclairs que ses yeux bleus lançaient disparaissent, laissant place à une mer calme.

Nous attendons devant la grande porte, et Kayden semble avoir retrouvé la froideur qu'il garde toujours. Depuis que je le connais, ce qui veut dire à peine deux jours, c'est la seule fois qu'il semble délaisser sa cape de sérénité et de calme. Ça a duré pour quelques minutes et, maintenant qu'il reprend son calme à une vitesse étonnante, je revois l'homme imposant qui chauffait la foule rien qu'avec ses mots.

- Nous allons tout expliquer à la chef des défenses. Si tu as d'autres détails tu les lui diras.

Ses mains disparaissent dans les poches de son pantalon alors qu'il attend mon accord avec un regard déterminé.
Je le laisse languir encore quelques instants pour tenter de l'énerver, mais il n'en fait rien et reste plus impénétrable que notre base. Je finis par hocher la tête en cachant mon amusement.

Finalement, la porte s'ouvre enfin, révélant la chef des défenses. Et on dirait que Bravery aime bien exploiter la jeunesse.

Elle pourrait difficilement être plus âgée que moi. Le noir est la première chose qui me tape à l'oeil: de longs cheveux noirs, des yeux aussi noirs que ceux d'un corbeau, et une tenue tout aussi sombre. Seule sa peau claire et pleine de vie pourrait nous empêcher de la confondre avec la Faucheuse.
S'il ne l'avait pas qualifiée de chef des défenses, elle aurait facilement pu se faire passer pour une danseuse de cabaret ou un mannequin de premier rang, elle a visiblement tous les atouts pour.

Elle sourit en voyant Kayden, puis se tourne vers moi pour m'adresser un autre sourire. Un sourire différent de celui angélique qu'elle avait lancé à Kayden. Un sourire interrogateur, qui se voulait poli mais qui ne sert qu'à me prouver qu'elle ne m'a jamais vu de toute sa vie, et que ma présence l'intrigue.

- Kayden, entonne-t-elle d'une voix suave en se retournant vers lui. Ça va ?

- Ça va très bien, mais plus pour longtemps si je ne trouve pas rapidement une solution.

Son ton grave la fait grimacer. Elle sort de sa chambre avant de refermer sa porte et traverse le large couloir, m'invitant à les suivre d'un mouvement de bras.

La porte pivote sur ses gonds, et je remarque directement un bureau.
Tout ici diffère du bureau dans lequel j'étais il y a quelques minutes. Les murs blancs et vierges attirent l'attention. Aucune étagère, mais des tiroirs forgés dans chacun de ces murs. Le bureau et toutes les tables sont faites du même métal gris, laissant peu de place pour toute originalité.
Un salon trône dans un coin de la pièce, deux simples fauteuils et un divan blancs sont les seuls meubles de ce coin, accompagnés d'une table basse du même métal indémodable dans cette pièce purement professionnelle.

En quelques enjambées rapides, la femme se retrouve rapidement au centre du bureau, et tourne les talons pour nous faire face.

- Et toi, je ne t'ai pas vue avant, tu es ?

Sa voix fine et son sourire en coin me tapent à l'oeil une fois qu'elle allume les lumières de son bureau.

- Hazar, la nouvelle assistante de monsieur Blakemore.

J'accompagne mes mots d'un sourire fier en observant la petite grimace surprise qu'essaye de cacher la femme en noir.

- Aha, enchantée, mais je suis assez étonnée, dit-elle avec un léger accent qui est très différent de l'accent britannique de Kayden. J'imaginais quelqu'un de plus...

- Âgé ? Devine le leader. Moi aussi, mais d'après ce que j'ai pu voir elle se débrouille pas mal.

Le futur leader de vingt-cinq ans et la chef des défenses qui a l'air d'avoir à peine fini ses études sont surpris de mon jeune âge ? Je ne vois pas pourquoi ça les surprend autant.

Le demi-compliment que Kayden a craché à la fin de sa phrase l'a sauvé d'un violent coup de genoux dans l'entrejambe.

- Moi c'est Jade. Chef des défenses de Bravery.

Elle passe sa main dans ses cheveux pour ensuite me la tendre. Je la serre volontiers en lui lançant mon plus beau sourire.

Je profite de la fin des salutations pour lui expliquer tous les détails que je connais à propos de la prochaine attaque.

- J'espère qu'on aura assez de temps pour bousiller leur effet de surprise, souffle-t-elle en appelant un homme qui est sûrement un des défenseurs.

Elle lui lance quelques ordres rapides et précis, les mouvements exagérés de ses bras étant le seul signe trahissant sa nervosité.
Alors qu'elle est occupée à préparer tous les mouvements nécessaires à la protection de la base principale, premier obstacle devant les moordiens, Kayden et moi l'attendons silencieusement.

- Donne moi le nom de ton amie s'il te plaît, me surprend Kayden d'une voix blanche.

- Liz Smith, grognais-je entre mes dents.

Moucharder sa copine. Tellement digne que je rendrais Benedict Arnold jaloux. N'empêche, elle l'a bien mérité. Coucher en pleine surveillance ? Attendre la fin de son service était tellement dur à faire ? Je ne regrette pas d'avoir tout raconté, mais j'espère que sa sentence ne sera pas trop infâme.

- En fait, ne t'inquiète pas pour elle. Elle ne saura pas que c'est toi qui nous l'a dit, me dit-il comme s'il lisait dans mes pensées.

- D'accord. Merci.

C'est tout ce que je trouve à dire. Il tient à ne pas me faire passer pour une traître, et le seul mot que je trouve à dire c'est un "merci" plus fade que la purée de pommes de terre servie durant les grandes guerres.

Comme si ça allait arranger quoique ce soit, je lui souris rapidement avant de lui poser la question qui me brûlait les lèvres.

- Qu'est ce que tu vas faire d'elle ?

- N'essaye pas de savoir, répond-il. Je pense que ça te suffit de savoir qu'elle et l'autre garde resteront en vie.

Je hoche la tête pour toute réponse alors qu'il se tourne vers Jade pour discuter des nouvelles défenses instaurées.

Je m'éclipse rapidement et sors du bureau, les laissant discuter.

***

Point de vue externe

Une grande armée. Peut être bien cinquante mille hommes dispersés sur une partie du pont gigantesque de 51 285 kilomètres carrés. Le plus grand pont du monde, construit à l'aide de la technologie qui est maintenant considérée comme un danger, et la raison numéro un du chaos de la troisième guerre mondiale.

Une armée formée d'hommes et de femmes prêts à déverser leur sang sur une terre inconnue pour servir leur territoire et conquérir son plus grand ennemi: Bravery.

Ils attendent le premier signe de leur leader, pour pouvoir attaquer, tuer, massacrer et arriver enfin à agrandir leur territoire en y ajoutant des terres anciennement appelées terres britanniques.

Un mélange de personnes tellement différentes, long et court, calme et surexcité, confiant et inquiet. Mais le même sang coule dans leurs veines, le sang moordien. Le même courage et la même détermination de vaincre.

Tout faire pour vaincre.

- Monsieur Tiernan.

Un homme baraqué approche du vieillard, une balafre immense lui traversant le visage.

- Dit moi Peter.

- Les défenses de Bravery sont en léger mouvement. Je ne sais pas s'ils nous ont repéré, ou pas.

Le vieillard pose son regard sur un arbre à quelques dizaines de mètres. Ses cheveux blancs commençaient à dangereusement tomber, comme les courtes années qui lui filaient entre les doigts.
Il est âgé, chaque ride sur son visage n'est qu'un souvenir d'une année qui est passée trop rapidement à son goût.

- S'ils n'ont pas déjà su que nous approchons, alors leurs défenses sont beaucoup trop faibles, c'est quasiment impossible, doute-t-il d'une voix rocailleuse.

- Toute défense a sa faille, souligne l'homme plein de santé. Nous sommes dans un endroit visible de seulement deux ou trois tours. Il se peut que ces tours en particulier soient... peut être mal occupées.

- Peut être. En tout cas, qu'ils le savent ou non ça ne m'importe pas du tout. L'attaque aura lieu, et le plus vite possible. Il faut juste attendre le bon moment.

Le vieillard astique ses armes avec attention. Les armes de feu s'étant étonnement raréfiées au début du vingt deuxième siècle, quelques-unes uniquement sont utilisées en cas d'attaques ou de défenses, privilégiant les armes moins chères en matières premières tel que les sabres, les épées, les arcs en métal améliorés et autres armes variées.

- Vous vous souvenez de la famille Gauthier Leroy ? Hésite le soldat.

L'attention de Tiernan se porte enfin vers le soldat, qu'il fixe de ses yeux globuleux affaiblis par l'âge, mais toujours aussi perçants.

- Les traîtres qui ont essayé d'aller au territoire ennemi ?

- Oui, leur fille est restée à Bravery comme vous le savez et...

Le colosse semble hésiter, pesant le pour et le contre d'une information qui n'est pas confirmée, et dont les effets sont plus inattendus que ceux d'une bombe endommagée.

- Nos sources disent qu'elle est devenue le bras-droit du futur leader.

Un rire profond se fait entendre dans le grand campement, attirant l'attention de quelques combattants. Le vieux leader rit à s'en déchirer les cordes vocales fragiles, puis se calme en tapant deux coups sur son torse armé.

- Un bras-droit moordien ? Nargue ce dernier en souriant. Cet insecte a pu en arriver là ? Bravo !

Son rire continue pour un bon bout de temps. L'homme baraqué, mal à l'aise de devoir attendre la fin du fou rire de son chef, croise les bras derrière son dos, gardant son visage figé.
Le vieil homme fini par se taire une nouvelle fois, pour déclarer d'une voix caverneuse.

- Je la tuerais de mes propres mains...

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Hey hey hey !

Merci d'avoir lu !

Le chapitre 5, et le premier point de vue féminin dans cette fiction :)
On a pu voir ce qui se passait dans la tête de notre Hazar xD.

Nous avons fait la connaissance de deux personnages :).

Jade, la fameuse chef des défenses (interprétée par Selena Gomez)

Et

Le LEADER de Moord, le flippant Tiernan (interprété par Charles Dance)

Il ne se passe pas grand chose dans ce chapitre, mais je DEVAIS l'écrire vu qu'il y a une assez bonne quantité d'informations dans ce chapitre là xD

Bref, je parle trop.
J'espère que ça vous a plu (je le dis toujours je sais mais ça m'intéresse beaucoup !)

Merci d'avoir lu ♥

Allez, peace,

~M.F~
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