45 - Déroulement du tapis rouge

Point de vue de Hazar

Je ne me suis jamais sentie aussi excitée de toute ma vie.

J'ai hâte d'entrer dans la base de Moord, dans le cœur de l'action. Je suis en manque d'adrénaline bordel ! Et pas que ça, je suis en manque de vengeance. Ces salauds ont failli briser tout ce que j'ai battis à Bravery. Si Kayden n'avait pas été aussi compréhensif, je serais sois morte, sois envoyée dans une salle de torture pour servir de sac de sable aux soldats qui désirent vider leur colère sur quelque chose...

- Monsieur Blakemore m'a exposé son plan il y a quelques jours. J'avoue que la mission sera difficile, mais je suis positive, on va faire chialer ces fils de pute quand ils sauront que nous sommes entrés dans leur propre chez soi !

La colonelle sourit à pleine dents après avoir crié son enthousiasme. Du haut de son phénoménal mètre soixante-dix-huit, je dois constamment relever la tête en la regardant. Et quand on la regarde, on devine rapidement que Kayden a bien fait de la mettre dans ce poste...

Meyer. Laura Meyer.

Une carrure athlétique, des cheveux mauves coupés très courts et relevés en arrière, des traits doux mais durcis par une cicatrice qui traverse son visage comme une toile de peinture déchirée par son artiste... Bref, colonel Meyer impressionne sans même ouvrir la bouche.

- J'espère que ça ira, sourié-je en croisant mes bras sur ma poitrine. Les Moord sont sauvages, mais pas cons. S'ils nous trouvent, tu peux dire Adieu à ta tête.

Meyer lâche un rire avant de me donner un petit coup de poing au ventre. Je ne recule pas sous le coup, retenant quand même ma fierté. Mais je grimace quand son poing touche ma cicatrice.

- Tu t'y connais en tortures moordiennes, en effet.

Quand Meyer a su que je viens de Moord, je n'étais qu'un simple soldat, et elle une nouvelle colonelle qui n'a pas eu le temps de faire ses preuves. Il n'y avait qu'elle et Jonigan qui connaissaient mon « secret », et –heureusement pour moi- ils ont été assez matures pour ne pas me juger sur mes origines, mais sur mes aptitudes.

Je lui lance un regard noir quand elle me rappelle mes origines, et elle ne fait que mettre ses mains derrière son dos en me regardant de haut.

- Monsieur Kayden avait l'air bizarre il y a quelques mois, et je ne suis pas la seule à l'avoir remarqué. Heureusement qu'il est redevenu comme on le connaissait...

Je fronce les sourcils instantanément en entendant ça. Devant moi, un objectif primordial : avoir l'air surprise, mais pas cruche non plus.

- Ah oui ? Comment ça ? lancé-je.

- D'habitude, Kayden est plein de vie. Aucune journée ne passe sans qu'il fasse un tour aux salles d'entrainement, ou qu'il ne t'envoie toi. Il passait aussi discuter avec le chef des attaques, j'assistais souvent à leurs discussions. Mais depuis quelques temps, il ne faisait rien de ça. Tu sais ce qui est arrivé ?

J'hausse nonchalamment les épaules avant de passer une main dans les cheveux.

- Sûrement de la fatigue. Puis, ce n'est pas parce que tu ne le vois pas travailler qu'il ne le fait pas. Si un leader fait son poltron, le territoire est détruit en quelques jours. Il travaillait sûrement sur quelque chose sans que nous le sachions. Lui et Jonigan... je sais pas moi...

Je grimace discrètement, espérant que le « je sais pas moi » ne soit pas de trop... Je soupire quand je la vois hocher la tête, convaincue.

- Oui. Puis, Kayden est un leader exceptionnel, il ne laisserait pas son travail.

La jeune combattante lâche un rire en mettant ses mais dans ses poches.

- On dit même que Kayden ne dort que quatre heures par jour car il est trop occupé à travailler et à satisfaire les besoins des jeunes femmes qui lui courent après, sourit-elle en coin. Mais bon...

Je lève les yeux au ciel en entendant cette rumeur digne d'adolescentes en manque. Kayden a sûrement mieux à faire que de faire crier des filles dans son lit. C'est juste... stupide. Quoique, je ne suis jamais allée le voir en pleine nuit pour vérifier. Je ne serais pas surprise de voir des filles faire la queue devant ses appartements.

Colonelle Meyer passe sa main sur son arme en regardant les alentours, même si nous sommes toujours dans le jardin de la base. Nous attendons Kayden et Jonigan qui doivent arriver d'une minute à l'autre pour le départ. Je sers fort mon flingue, bien accroché à ma ceinture.

C'est alors que notre leader aux yeux d'azur sort, accompagné de Jonigan. Il attire un rapide regard aux soldats d'élite qui le saluent chaleureusement. Puis, il se dirige vers nous. Je ne peux m'empêcher de le regarder marcher vers nous.

Il a du charme à en revendre...

Ses yeux ont l'air de porter un poids lourd, et plus les yeux ont un poids à porter, plus elles ont du charme. Et sa mâchoire carrée qui se crispe sans raison, on aurait dit un tic nerveux si ce n'était pas le grand leader qui le faisait. Sans compter leur couleur quasi surnaturelle, on aurait dit des yeux radioactifs. Ses cheveux bruns qui restent arrangés, sans pour autant arrêter d'être libres, tout comme les soldats de Bravery. Magnifiques...

Je m'arrête avant de commencer à décrire son corps. Finalement, je n'ai pas envie de sentir une partie de mon corps réagir alors qu'elle ne devrait pas le faire.

- Monsieur Blakemore, dit la colonelle en serrant la main de Kayden qui se trouve maintenant face à nous.

Kayden hoche la tête professionnellement. Il me regarde alors et me tend la main sans un mot. Rien que son regard montre qu'il ne le fait pas chaleureusement comme il l'a fait avec Laura. C'est juste... différent.

Sa main vide attend le contact avec la mienne, comme un noyé qui recherche une branche pour le sauver. Dans ce cas, il essaye de se sauver de l'humiliation face au regard de Meyer qui nous scrute sans un mot.

Notre relation est très étrange ces jours-ci. Coincée entre la haine et la complicité, la moquerie et le respect. Avant, je savais bien que ma relation avec Kayden se résumait à quelques mots : Se moquer de ce monsieur je-sais-tout tout en essayant de ne pas perdre mon poste ou ma tête.

Mais aujourd'hui, même avec une centaine de mots, je n'arrive pas à trouver ce qui se passe entre nous. De la tension ? Le désir qui devient de plus en plus grand, et qui avait atteint son apogée lorsque nous étions seuls dans le placard de son bureau ? Ou bien une relation leader-assistante qui redevient peu à peu normale après que l'épisode de la trahison soit oublié...

Ma main frisonne quand elle touche la sienne, et je prie pour qu'il ne le remarque pas.

- Leroy, dit-il en lâchant ma main et mettre les siennes derrière son dos.

- Monsieur Blakemore, lancé-je dans le même ton.

Il se tourne vers Meyer et lui dit quelques mots.

- Tout est prêt mademoiselle ? Les soldats connaissent bien le plan ?

- Parfaitement bien monsieur, tout le monde a retenu ce qu'il avait à faire. Moord ne saura pas que nous sommes passés, sauf si vous en donnez l'ordre, dit-elle avec une voix qui traduit le sérieux.

- Excellent...

Dès qu'il se tourne vers les trois soldats, ceux-ci arrêtent leur discussion et le regardent avec un respect qui dépasse toute limite. C'est impressionnant. Tout le monde respecte Kayden et l'aime. On aurait presque dit un dieu vénéré de tous.

- Soldats ! Cri Kayden d'une voix qui exciterait un paresseux. Il est temps d'y aller. Le van vous attend, j'espère que vous avez bien rechargé vos armes. Je ne tolèrerai aucun faux pas ! Aucun blessé d'entre nous.

Il les regarde attentivement.

- Mais si vous êtes contraints de tuer quelqu'un lors de la mission, continue-t-il plus doucement. ... vous avez carte blanche.

Le sourire en coin des soldats et leurs légers murmures virils montrent que cette idée leur plait beaucoup. J'avoue que je souris aussi. Je serais ravie d'étrangler ces hommes un à un. Je suis vraiment en manque de torture...

***

- Tu comptes rester silencieux longtemps ? Soufflé-je exaspérée.

Ça ne fait qu'une heure que nous sommes dans le véhicule, mais j'ai déjà une énorme envie de prendre Kayden par ses magnifiques cheveux et de lui écraser la tête sur une vitre.

Bon sang ce que ça ferait du bien !

Kayden n'a pas encore parlé depuis que nous sommes montés dans le véhicule. J'aurais adoré faire le voyage avec Meyer, Jonigan et les garçons, je me serais amusé. Mais non ! Le leader doit voyager seul en compagnie de son assistant. Je déteste celui qui a mis cette règle stupide.

Kayden se tourne soudainement vers moi. Nous sommes assis sur le même siège arrière. Il bouge un peu pour s'approcher encore plus de moi. Je fronce les sourcils sans le vouloir, surprise par ce mouvement.

La dernière fois que nous sommes restés dans un même véhicule était la grande attaque contre Moord. Les Moordiens nous avaient piégés et nous nous sommes retrouvés seuls, cachés derrière la voiture face aux moordiens qui nous tiraient dessus.

Mais le pire dans tout ça était la chaleur extrême qui avait gagné mon corps quand Kayden avait retiré son t-shirt pour se soigner, montrant alors son torse clair et musclé, et ses abdos visibles, fermes et...

Je déglutis quand Kayden me fixe intensément, me réveillant de mon flash-back qui se transforme peu à peu en fantasme.

- Tu veux que je dise quoi Leroy ? On est pas là pour boire le thé, souffle-t-il en regardant de nouveau devant lui.

- Un bon thé permettra de te calmer en tout cas, marmonné-je en croisant mes bras sur ma poitrine.

Kayden porte un jean et un t-shirt entièrement noirs, ce qui est aussi mon cas, celui de Meyer, Jonigan, et les trois soldats d'élite. Son flingue est visible sur sa ceinture, comme le mien. Je me demande s'il garde une dague de secours ou un petit flingue de dernière chance comme je le fais. Je l'espère pour lui, on ne sait jamais sur quoi on va tomber.

- Arrête de me regarder, dit-il d'un ton froid qui me fait grincer des dents.

Il n'a même pas pris le temps de me regarder.
Salopard.

« Arrête de me regarder » bla bla bla...

Sale imbécile qui se prend pour un dieu grec et qui prend un malin plaisir à penser que je suis en train de le mater. Quel con.

Je serre les dents et le fixe d'un regard noir.

- Je regardais ton arme, c'est bien plus intéressant crois-moi, sifflé-je.

C'est alors que je sens mon cœur manquer la moitié de ses battements quand il se retourne vers moi et me fixe avec une intensité qui pourrait alimenter tout Bravery. Son début de barbe le rendait encore plus séduisant. Malheureusement, je sais qu'il va la raser dans quelques jours, il le fait toujours...

- Tu penses ? Lâche-t-il d'une voix rauque.

Le plus dur, c'est qu'il n'essaye même pas de me charmer, ou d'être attirant. Malgré ça, il réussit avec excellence. C'est difficile de résister à un homme aussi beau, même son caractère de merde n'arrive pas à équilibrer la balance.

Alors je la rééquilibre moi-même. Car si un jour la balance penche pour le charme de ce leader, je peux dire adieu à tout sang froid qui me reste. Je me jetterai sur lui sauvagement, laissant tomber toute résistance pour laisser libre cours à mes désirs...

Et ça ne doit pas arriver.

Je me contente de sourire méchamment en restant assise où je suis. Si je recule, je peux dire adieu à ma fierté.

- Oh que oui. Je m'intéresse aux armes, pas aux leaders qui pètent plus haut que leur cul...

Kayden, qui me fixait avec une certaine confiance, semble maintenant m'observer avec un regard qui pourrait me rendre aveugle. Un regard noir et sinistre, mais qui reste aussi calme qu'une rivière sereine.

- Si je « pétai plus haut que mon cul » comme tu dis, dit-il d'une voix aristocratique qui montre qu'il n'apprécie pas ma vulgarité, ta tête serait accrochée dans ma chambre.

Il serre les dents, me regardant avec un regard qui montre sa soif de violence et de torture. Comme moi, Kayden adore jouer avec les nerfs des ennemis, leur faire mal, les torturer.

Et seul ce regard de braise est une torture à lui seul...

Je serre les dents en écoutant sa réponse, quand tout mon corps chauffe jusqu'à ébullition. Son doigt se pose sur mon menton et m'oblige à le fixer droit dans les yeux.

- Compris Hazar ?

La tension sexuelle entre nous deux atteint des niveaux quasi-imaginaires. Ce contact ne m'aurait fait ni chaud ni froid d'habitude. J'ai déjà couché avec un homme qui a détruit mon lit avec ses mouvements de sauvage. Mais cette tension qui ne se calme pas me fait frissonner à chaque contact de cet homme.

Je me souviens avoir dit que j'étais en manque de torture... Je me permets juste de faire une petite rectification.

Je suis en manque tout court.

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Hey hey hey !

Un chapitre qui promet une suite chaud bouillante avec nos héros !!!

Je me suis permise de mentionner ma chère Osalann et de lui dédicacer ce chapitre !
Elle sait Pourquoi !
Bon retour mademoiselle !!

J'espère que ce chapitre vous plait !
Au prochain chapitre, la mission commence !! Tata !!!

On se voit au chapitre prochain !

Allez, peace !

~M.F~
_____________?

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