42 - Explosion: De glace à flamme

Point de vue de Kayden

- Tu vas oublier cet incident et te concentrer, s'il te plait ? Me demande mon mentor en me regardant avec ses deux yeux noisette.

Je me frotte les yeux pour la cinquième fois en quelques minutes, et pose mon visage entre mes mains. Mes coudes sont appuyés sur la table de mon bureau et Jonigan attend docilement que je sorte l'épisode de la trahison de Hazar de ma tête.

Je ne sais pas pourquoi, mais je n'y arrive pas. Elle m'a trahi, elle m'a trahi alors que je lui ai tout donné. Mon poste d'assistante, mon estime, mon respect, mon...

- Kayden, me rappelle-t-il de nouveau. Concentre-toi avec moi, dit-il en me montrant la carte qu'il avait apporté fièrement avec lui ce matin. Une carte virtuelle, une des quelques inventions haute technologie qui ne m'est pas suspecte.

- On continue demain Jonigan.

Mon ton froid n'est causé que par la fatigue qui me ronge. 48 heures sans sommeil, je commence à sentir leur effet en ce moment. Je n'arrive pas à dormir, deux forces contraires se battent dans mes tripes sans me laisser de repos.

La première me dit qu'Hazar m'a trahi sans même y réfléchir deux fois, elle a essayé de tuer mon père qui ne lui a jamais rien fait d'injuste. Elle a essayé de tuer mon père pour sauver le sien alors qu'il n'est peut-être même pas vivant ! C'est quoi cette connerie ? Même ma bite est plus intelligente que ça...

Et la deuxième me dit que je lui ai pardonné, qu'on dirait qu'elle regrette vraiment et que tout va bientôt rentrer dans l'ordre, si on impose une légère surveillance sur Hazar pour éviter que cela ne se reproduise. Alors pourquoi je suis dans cet état ?

Jonigan fini par obéir et sort, emportant avec lui sa carte. Lui qui essayait de me montrer un plan pour conquérir le Nord de Moord, je l'ai bien envoyé bouler. Je laisse ma tête reposer contre le dos de mon fauteuil, soufflant longtemps.

Pourquoi je suis dans cet état ?

Contre toute attente, ce silence suprême active mon imagination. J'imagine ce qui aurait pu se passer si Hazar n'avait pas trahi Bravery. J'aurais pu lui donner encore plus de responsabilités, l'amener partout et lui apprendre peut-être à utiliser des armes qu'elle ne connait pas, des prototypes que mes hommes perfectionnent et que je ne montre à personne... peut-être aussi passer des heures à essayer de lui faire arracher son épée lors d'un duel, et qu'elle fasse de même, pour qu'au final aucun n'arrive à vaincre l'autre. Voir sa taille nue sous sa brassière de sport bouger aux rythmes de mes coups d'épée, ou même ses cheveux qui restent attachés pour ne pas gêner sa vue.

Je sursaute en me réveillant de cette imagination qui se transforme peu à peu en fantasme éveillé. Bordel, je dois être vraiment en manque...

Je me lève et me traine lentement vers mes appartements pour m'allonger sur le premier divan que je vois. J'ai besoin de repos, mais je n'arrive pas à trouver sommeil. Une équation impossible à résoudre, où il n'y a qu'un seul inconnu :

Pourquoi je suis dans cet état ?

Ma respiration devient lourde et saccadée quand je repense à l'instant où je l'ai vu dans la chambre de mon père, quand elle m'a regardé avec cette lueur meurtrière, déçue que son plan soit tombé à l'eau.

Je me redresse à moitié quand j'entends toquer à la porte.

- Entrez ! Lancé-je en me redressant du divan, attendant que la silhouette de celui qui entre dans mes appartements soit visible.

- Qu'est-ce que tu fais là ? Craché-je en voyant les billes bleus d'Hazar me scruter avec la même lueur de moquerie qu'elle adopte depuis que je la connais.

Elle montre son sourire narquois qu'elle porte fièrement comme un trophée et ferme lentement la porte qu'elle avait empruntée pour entrer.

- Jonigan m'a demandé de venir ici, il a dit que vous aviez besoin de moi.

Jonigan ne sert vraiment qu'à me faire chier. Il avait bien vu que j'étais fatigué, et il m'apporte la source de mes problèmes dans mes propres appartements, en mode « Hey ! Voilà, cadeau pour qu'elle te casse encore plus les couilles. Salut ! »

Je souffle et passe une main dans mes cheveux alors qu'elle fronce les sourcils, ne comprenant pas. Ou faisant semblant de ne pas comprendre.

- Quoi ? Je repars ? En plus je dois te dire quelque chose. Vous m'avez coincé lors autant que vous me coinciez totalement...

Elle me regarde, semblant ne pas vraiment être fière de ce qu'elle vient de dire, ce qui est une première d'ailleurs. Je la fixe et elle hausse nonchalamment les épaules, sachant bien que ma curiosité et mes responsabilités en tant que chef de ces terres va m'obliger à lui dire :

- Bon, reste...

Je marche dans mon appartement, lui tournant le dos. Elle me suit et nous nous retrouvons rapidement devant la fenêtre de mon séjour. Je la regarde, et remarque qu'elle sort plusieurs papiers de sa veste, et me les tend.

Je les regarde vaguement un à un. Il s'agit des dernières quelques décisions et plans que Jonigan, Jade, mon père et moi avons dressé avant l'incident. Des stratégies, politiques, et décisions qui sont plus ou moins importantes.

- Oui... je connais chacun de ces papiers. Où est le problème ?

Hazar lève les yeux au ciel comme si elle parlait à quelqu'un de plus bête que ses pieds. Elle me regarde en passant une main dans ses cheveux blonds, et je fais un effort de garder mon regard strict pour éviter que je passe pour le con de l'histoire.

- Moord est au courant pour chacun de ces trucs, lance Hazar. Leur Leader m'a demandé de tout envoyer.

Je devine maintenant que son ton nonchalant et adopté juste pour diminuer l'impact phénoménale qu'allait avoir cette confession.

Elle n'a pas seulement essayé de tuer mon père en un instant de faiblesse. Non, elle y réfléchissait depuis des jours et des jours, et envoyait nos plans secrets aux Moordiens alors que je lui faisais confiance et insistait à ce qu'elle assiste à chacune de nos réunions.

Quel con ! Quel imbécile ! J'avais la gueule du loup grand ouverte devant moi, et je n'ai fait que lui lancer des bouts de viandes ! Comme un amateur, un novice qui ne sait pas guider son peuple, et qui vient peut-être de jeter tout son territoire dans un enfer noir qui promet d'être meurtrier.

J'ai fait une erreur... une grande erreur impardonnable, et tout ça à cause d'une assistante Mordienne a qui j'ai fait confiance juste à cause de son fort caractère, ses jolis yeux bleus et sa soi-disant honnêteté.

J'ai cru au fait qu'elle avait le sang Moordien, mais le cœur appartenant à Bravery. Hélas, la vérité est qu'un Moordien peut jeter tous ceux qui l'ont aidé, juste pour arriver à ses fins.

J'ai été jeté. Et ça fait plus mal que je ne le pensais.

Elle me fixe, attendant ma réaction, et je remarque sa bouche entrouverte d'étonnement quand elle remarque mon regard noir et ma mâchoire serrée. Elle lâche soudainement un cri de surprise quand j'attrape sa gorge dans ma main et que je la plaque fermement à la fenêtre du séjour. Elle a de la chance que la fenêtre soit fermée, sinon elle aurait bien pu finir écrasée dans le jardin en dessous de mes appartements.

Une salope, une pute qui ne mérite même pas la merci que lui ont accordé les hommes de mes terres quand ils l'ont retrouvé aux frontières de Bravery. Elle devait mourir là-bas, ne pas grandir, ne pas devenir mon assistante aux yeux si bleus, à la bouche si pulpeuse et aux formes si alléchantes que j'en oublie presque le fait qu'elle ne soit qu'une chienne traitresse.

Une chienne qui a joué avec mes pulsions sexuelles, ou pire, avec mes sentiments qui font n'importe quoi quand elle me regarde ne serait-ce qu'une seule seconde. Je ne suis qu'un faible, un sal con presque aussi salaud qu'elle, qui a fermé les yeux une seconde pour profiter de la chaleur du désir. Mais j'ai rouvert mes yeux, et j'ai vu qu'elle a eu le temps de tout faire lorsque j'avais le dos tourné. Je devais garder mes yeux sur mon peuple... je ne suis qu'un imbécile.

- Espèce de sale pute, sifflé-je quand elle passe ses deux mains sur la mienne, qui presse fermement sa gorge rougie.

Son dos est collé à la vitre froide de ma fenêtre, la faisant frissonner. Son regard est partagé entre la peur, le courage, et d'autres sentiments pêle-mêle qui se mélangent dans cette mer bleue inconnue.

- Tu ne mérites qu'être jetée aux rats et...

- Tu as raison, dit-elle soudainement.

Je fonce les sourcils en la fixant. Quant à elle, elle arrête de se débattre et se mord la lèvre inférieure.

- Tu as eu tort de me laisser en vie, lâche-t-elle en regardant le sol. J'ai tout perdu car j'essayais de retrouver quelqu'un qui est sûrement mort, continue-t-elle en lâchant un rire triste. Je suis conne...

Elle me regarde.

- Mais tu l'es aussi, continue-t-elle. Tu me gardes en vie... je ne sais pas pourquoi. Tu ne penses pas que je pourrais vous trahir de nouveau ?

Mon sang est à l'étroit dans mes veines qui menacent d'exploser, devenant de plus en plus gonflées sur mes bras, et ma main qui serre fort la gorge nouée de cette chienne. Je devrais la tuer. Mais oui je devrais la tuer ! Appuyer un peu plus sur ses veines, ça suffirait pour qu'elle s'écroule morte. Mais mes doigts refusent de toucher ce point sensible, et je me déteste pour être aussi faible pour la première fois de ma vie.

Je la soulève de sa gorge et elle se débat de nouveau en sentant ses pieds quitter le sol.

- Pourquoi je ne peux pas te tuer, hein ?!

Je la frappe brutalement contre la vitre, lui faisant lâcher un cri de surprise.

- Pourquoi ?! J'ai tué des centaines de personnes dans cette salle de torture immonde ! Des hommes, des femmes, tout ! Mais pas toi ! Tu es celle qui manque à ma collection et je n'y arrive pas bordel !

Je la frappais contre le mur à chaque deux mots. Elle me regarde, plus que choquée. C'est la première fois que je laisse ma colère sortir d'un seul coup devant quelqu'un. Hazar me scrute, la bouche entrouverte, et elle n'a pas tort, je fais peur à voir ! Les cheveux en bataille, les yeux et le visage rouges, personne ne pourrait croire que l'homme qui pète un câble en ce moment se trouve être le leader froid et calme de Bravery.

Je lâche son cou d'un mouvement sec, et elle se retrouve rapidement à terre, le visage tordu par la surprise.

- Je t'ai fait confiance ! Alors que je ne fais jamais confiance à quelqu'un à cent pour cent, encore moins un moordien !

Je la fixe, la regardant de haut alors qu'elle ne s'est pas encore levée.

- Tu t'es moquée de moi, continué-je d'une voix un peu plus grave que d'habitude. Le pire c'est que je devrais t'arracher la tête à coup de hache mais je ne le fais pas ! Car mon cerveau est encore coincé au temps où tu étais la putain de meilleure assistante que j'ai jamais eu.

Elle se relève rapidement quand je lui tourne le dos pour m'asseoir à même le sol, adossé au pied du canapé. Je souffle rageusement pour essayer de me calmer. Plus je parle dans cet état, plus je m'enfonce. J'inspire et expire lentement, quand je remarque Hazar dans mon champ de vision. Elle s'assoit à côté de moi, la tête basse.

- Je ne t'ai pas demandé de m'épargner...

Je lâche un souffle exaspéré, redevenu un peu plus calme.

- Je sais que tu ne l'as pas demandé ! Et...

- Laisse-moi terminer, siffle-t-elle. Tu parles pendant des heures. C'est mon tour...

Je la regarde. Elle a l'air plus calme et sympathique que d'habitude. Ses yeux sont figés dans les miens, comme si un fil invisible les reliait.

- Je ne te l'ai pas demandé. Je savais que j'allais mourir après ça, mais... j'ai été agréablement surprise. Je suis jeune, j'ai encore tellement de chose à faire, tellement de moordiens à tuer, sourit-elle. Et tu m'as donné cette chance alors que je n'ai fait que te poignarder dans le dos.

Je fronce les sourcils en la regardant, elle semble s'adoucir un moment quand ses yeux retrouvent les miens, puis tousse nerveusement et regarde devant elle.

- Au final, reprend-elle d'une voix plus stricte. Tu m'as épargné, tu ne sais pas pourquoi. Mais moi je le sais...

Ses yeux bleus fixent les miens pendant un long moment. Mais les miens sont trop occupés à scruter les lèvres entrouvertes de la jeune femme qui n'attend que le bon moment pour continuer sa phrase.

Pourquoi je l'ai épargné ?

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Hey hey hey,

Un Kayden énervé et BEAUCOUP moins froid ! Le mur de glace se brise-t-il après le face à face avec notre traitresse ? 😏

Je suis DÉSOLÉE pour le retard intergalactique !
Mais je passe mon bac le 12 JUIN OMG JE DOIS TOUT CASSER !

Du coup je révise chez moi (oui j'ai finis les cours y a 3 semaines) de 9h du matin à 7h du soir ! C'est assez chaud alors excusez-moi mes jolies (jolis) ❤

J'espère que vous appréciez quand même ces chapitres ❤

Je vous adore ! Merci infiniment pour votre support !

Allez, peace !

~M.F~
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