39 - Sensuellement violent
« Quand le chaos s'installe dans ta tête, rien ne peut éteindre le feu qu'il allume... »
Point de vue de Hazar
Son regard est plus lourd qu'un van rempli de soldats. Aucune force sur Terre ne pourrait m'aider à supporter ce regard, plein de haine et de déception. C'est pour cela que, pour une fois, j'évite son regard et me concentre sur le sol crasseux qui m'invite à le regarder.
Il m'a trainé vers la salle des tortures sans un mot, pressant mon bras si fort que les traces de ses doigts sont encore imprégnées dans ma chair. Si je n'avais pas donné un somnifère à son père avant de me lancer, il se serait réveillé au claquement de porte phénoménal de Kayden. Il était si puissant que je me suis surprise à sursauter.
Je ne suis qu'un ver de terre sous l'emprise d'un aigle qui me guette de loin, attendant l'instant parfait pour lancer son attaque, car une seule attaque suffirait pour m'anéantir. Mon cœur bat la chamade quand j'attends ma mort qui ne va surement pas tarder. Il m'a coincé la main dans le sac, à deux doigts de tuer son propre père. Personne ne pourrait pardonner ceci, et Kayden encore moins que les autres.
Il m'a jeté si violemment sur la chaise que j'ai senti mes fesses fusionner avec le bois dégueulasse. C'est là que j'ai senti qu'il allait en finir avec moi, une torture physique bien rapide, pour enfin me tuer pour aller laver tranquillement ses mains dans la fontaine, comme il le fait à chaque fois, impitoyable et insensible.
Mais, il ne m'a pas touché, jusqu'à maintenant. Il ne fait que me fixer de ses yeux azur qui ont doublé de volume, légèrement humides à cause de la colère qui a pris la place de son sang et qui circule maintenant dans ses veines gonflées.
Je ne pourrais pas le traiter de con, ou dire qu'il exagère. Ce que j'ai fait est impitoyable.
Je ne pourrais pas dire que ce que je fais ne mérite pas la mort. Au contraire, je mérite encore plus que ça. Je mérite qu'il m'arrache les membres pour me laisser assise sur mon lit pour le restant de mes jours. Je mérite qu'il me coupe en petits morceaux pour me donner à manger aux rats qui n'attendent que ça. Je mérite qu'il m'enterre vivante et attende que je meurs étouffée, ou que les insectes se chargent de digérer ma carcasse.
Après tout, j'ai failli tuer son père, et s'il ne m'avait pas arrêté au bon moment je l'aurais surement tué. Je porte le sang de l'ennemi, je suis à cent pour cent sobre, et je n'ai encore lancé aucun mot pour me défendre. Et je ne me défendrai pas, je suis bien conscience de l'atrocité que j'allais commettre.
Kayden est peut être arrogant, hautain, stricte et aussi froid qu'une banquise, mais il m'a traité avec respect la plupart du temps. Il n'a fait aucun faux pas avec moi malgré le sang Moordien qui marche dans mes veines.
Ce n'est que maintenant que je remarque que Kayden a toujours été juste avec moi. La seule et unique chose qu'il demandait était le respect et la fidélité...
Je n'ai respecté aucun des deux...
Je relève le regard vers Kayden, et remarque qu'il est beaucoup plus proche qu'avant. Quelques centimètres nous séparent. Son souffle chaud rempli de colère atterrit sur mon visage en feu.
- ... Depuis tout ce temps....
La première phrase qu'il dit depuis un moment indéterminé dans cette pièce humide. On aurait dit que toute la rage et la haine qui était cachée dans ses entrailles était sortie avec cette phrase, prononcée avec autant d'amour qu'un crachat.
- Non.
Je ne peux répondre que par ce mot. Les justifications passeront après, du moins j'espère. Son regard me rend mal à l'aise, que ce soit de la colère qu'il transmet, ou l'érotisme que je suis habituée à voir.
- Si !
Soudain, sa paume s'écrase sur ma joue. Il m'a giflé, pas assez violemment pour que j'en grimace de douleur, mais assez pour me surprendre. Une gifle qui porte une trace morale beaucoup plus grande que sa trace physique.
Le genre d'humiliation qui reste gravée longtemps. Surtout si tu sais qu'il a entièrement raison de le faire.
- Non, reprené-je en tournant de nouveau mon visage vers lui.
- Ta gueule, siffle-t-il. Je n'ai jamais fait entrer tes origines dans notre domaine professionnel... C'est ce que méritent ceux qui font confiance.
Il semblait parler à lui-même plus qu'à moi. Je ne fais que fixer le sol en serrant les dents, alors que je l'entends apporter une chaise pour l'installer en face de moi. Je le regarde de nouveau. Il enlève sa veste, rapidement, pour la jeter au sol. Je ne peux m'empêcher de trouver dans ce mouvement un brin de sensualité. Il ne faut pas nier que, si on oublie l'infidélité immense que je viens de commettre, la tension sexuelle entre nous deux était à son apogée. Il me désire, je le désire...
Voilà une autre raison pour que la découverte de cette « trahison » fasse si mal...
- Tu ne devais pas me faire confiance, lancé-je aussi facilement que possible.
- Tu planifiais tout ça depuis le début ! La traitresse... c'était toi depuis le début !
Il s'assoit brutalement sur la chaise en face de moi, et j'encaisse le coup. Il me fixe maintenant d'un regard noir et atrocement effrayant.
- Ca devait être facile à deviner, non ? La moordienne... la sauvage, c'est surement elle la traitre. Tu aurais dû savoir !
J'encaisse une autre gifle, beaucoup plus puissante. Kayden se lève de sa chaise, la faisant valser au sol, et attrape mes cheveux avec une poigne qui me fait lâcher un gémissement de douleur.
- Tu te souviens des accusations qu'on m'apportait à ton sujet ? ... de la cicatrice ? Du tatouage ?
Je rougis instantanément, de chaleur, d'adrénaline et de honte. Je m'en souviens parfaitement, la chaleur qui avait activé le désir entre lui et moi. Il était le seul à me faire confiance lorsque tout le monde pointait le doigt vers moi.
« Pour pouvoir défendre ton innocence, j'ai besoin de me débarrasser des obstacles... Montre-moi ton ventre. »
- Je t'ai défendu, souffle-t-il de nouveau.
Ses cheveux en bataille frôlent les miens, et ses lèvres sont à quelques centimètres. Je ne devrais pas sentir cette chaleur au bas-ventre alors que je suis à deux doigts d'être torturée, mais... bordel, la plus grande torture est de ne pas arriver à le toucher.
Sa chemise montre que le corps caché sous celle-ci n'est qu'une perfection formée de chair et d'os. Je l'ai déjà vu, lors de notre dernière attaque qui a échoué. Kayden sans chemise est plus dangereux que la plus grande bombe atomique.
Je me mords inconsciemment la lèvre en regardant sans le vouloir ses lèvres entrouvertes.
- Jade avait raison, dit-il finalement.
- Non ! Crié-je pour la première fois.
Il serre encore plus fort sa poigne sur mes cheveux.
- N'élève pas la voix, dit-il dans une voix stricte et effrayante.
- Je ne suis pas le traitre que vous recherchiez...
La langue de Kayden sort de sa bouche pour humecter sensuellement ses lèvres. Ça me fait sortir une expiration silencieuse sans même m'en rendre compte.
- Tu es exactement le traitre que nous recherchions...
- Je t'ai dit que non Kayden !!
Ma phrase au ton élevé est suivi par un cri de douleur quand la poigne de Kayden se serre au maximum. Je pourrais sentir les racines de mes cheveux crier l'agonie quand il s'approche encore plus, nos deux sueurs se mélangeant.
Nous respirons ensemble, au même rythme rapide mais soutenu, nos souffles se mélangeant. Je sens son odeur masculine se mêler à l'odeur dégeulasse de la pièce. Ça me fait du bien, sentir une merveilleuse odeur à la place de cette puanteur.
Kayden fixe mes yeux avec une intensité qui me surprend. Je suis encore plus surprise quand son regard bascule de mes yeux à mes lèvres. Il ne faut pas être con pour interpréter ce soudain changement. Malheureusement, ça ne dure pas, Kayden regarde de nouveau mes yeux.
- Jade n'a pas raison, reprené-je.
- Alors quoi ? Qui es-tu Leroy ?
Je laisse passer quelques secondes avant de chuchoter, laissant le souffle de mon expiration chatouiller la barbe de quelques jours de mon tortionnaire.
- Le pire cauchemar de beaucoup de monde...
Il se contente de ravaler sa salive quand mon souffle cogne son visage, et de lever un sourcil interrogatif.
- Surtout de Jade, lancé-je en ricanant.
- Hazar, dit-il d'une voix menaçante.
- Quoi ? Reprené-je, refusant d'abandonner ma seule arme qui est le sourire. Tu n'as jamais remarqué qu'elle me déteste ? Peut-être qu'elle savait que j'allais finir comme ça... dans une salle de torture alors que j'allais si facilement tuer ton p...
Un violent coup s'écrase sur ma joue, me faisant lâcher un cri de surprise et de douleur. Ce n'est pas une gifle, mais un puissant coup de poing qui va surement laisser des traces physiques et morales.
Quand mon regard retrouve le sien, ce n'est plus un regard de haine qu'il me lance, mais plutôt de douleur et de tristesse. Comme si ce coup lui avait fait tout aussi mal.
- Tais-toi ! Tu sais que je tu es en salle de torture ou ton cerveau est en mode veille ?!
Je me contente de lui sourire. Ce qui le met, bien sûr, hors de lui.
- Tu sais que j'ai le droit de tout faire sur toi ?! Je pourrais te frapper jusqu'à ce que tu ne sentes plus aucun muscle de ton corps... Te brûler toute entière, t'arracher les ongles un à un ! Je pourrais te tuer, te violer, te laisser pourrir ici... je peux le faire.
- Non...
Je joue avec un feu puissant et instable, mais je n'ai bizarrement pas peur de me brûler. Les mots sortent seuls, et la seule personne ayant l'air de se brûler, c'est Kayden.
- Non ? ...
Il s'approche de nouveau, et serre la mâchoire en me fixant.
- Tu ne peux pas me violer.
La chose qui pourrait le plus l'énerver est sûrement le viol. Kayden semble faire un effort incroyable pour rester calme.
- Si... je pourrais.
- Non, reprené-je.
Nous nous fixons un long moment. Aucun d'entre nous ne semble vouloir couper ce contact, jusqu'à ce que j'ouvre la bouche.
- Le viol ne se fait que si la violée n'est pas consentante...
***
Point de vue de Kayden
Elle me tue, m'énerve, m'exaspère... m'excite, m'hypnotise, m'ensorcèle. La combinaison de ces deux sentiments forme un Kayden rouge de colère et de désir intense.
Je vide ma colère sur elle pour quelques minutes. Son visage est maintenant parcouru par quelques rougeurs et quelques bleus qui commencent à se former, alors que je la regarde avec une douleur qui est visiblement supérieure à la sienne. Je n'ai jamais eu aussi mal en frappant quelqu'un. Je sais que ce que cette femme me fait est inédit, un sentiment érotique qui me rend fou, mais pas au point d'oublier mes principes.
C'est une traitre, je la torture jusqu'à la mort, un point c'est tout...
Pourquoi il a fallu qu'elle détruise ma confiance en une seconde ? Pourquoi il a fallu qu'elle me détruise en une seconde ?!
Je n'arrive pas à accepter le fait que cette salope a failli tuer mon père, alors que je passais toutes mes journées avec elle, à la traiter avec justice et objectivité malgré le sang de merde qui circule entre ses foutues veines que j'aimerai trancher jusqu'à les vider de toutes les conneries qu'il y a dedans !
Je lève mon bras pour lui offrir un énième coup, quand elle ouvre sa bouche avec un mouvement fatigué et lassé.
- Calme-toi... dit-elle dans un souffle saccadé.
Je me crispe en entendant cette demande et m'assoit rageusement.
- Pourquoi devrais-je me calmer ?
Elle ne répond pas, et ne me regarde pas. C'est lorsque j'empoigne de nouveau ses cheveux qu'elle se donne la peine de m'adresser un regard. Ses cheveux sont propres et glissent presque dans ma main. Elle sent atrocement bon, et je dois faire un effort surnaturel pour résister.
- Hein ?! Reprené-je violemment après avoir attrapé ses cheveux. Pourquoi ? Pour que je te laisse partir et pour que tu puisses continuer ce que tu préparais pendant des mois ?!
- Kayden, non ! Se défend-elle de nouveau. Je ne préparais rien... je ne suis pas la traitre que tu recherchais...
- Ah oui ? Rié-je ironiquement. Donc tu n'as pas voulu tuer mon père ? Tu es juste allée voir s'il dormait bien ? Et tu as demandé à ta dague et ta corde de t'accompagner ?
Hazar ne fait que me fixer doucement, je remarque les traces de mes doigts sur l'une de ses jours et – bizarrement – ça me fait plus de mal que je ne l'aurai cru. Je n'aurais jamais cru la frapper de cette façon.
***
Point de vue de Hazar
Je ne mérite que ça. Qu'il vide sa colère sur mon visage qui ne fait que se crisper de douleur, et jeter des petits gémissements quand je ne peux plus supporter de rester silencieuse. Il a été moins violent que je ne le pensais, j'assistais à ses scènes de torture, et celle-ci est la moins violente. Je ne sais même pas si on peut appeler ça une torture. Malgré la rage avec laquelle il me regarde, il reste très doux pour un leader sadique.
Mon cœur rate un battement quand je remarque ses yeux s'humidifier alors qu'il me cri dessus avec colère. C'est la toute première preuve de sentiment qu'il m'offre depuis des mois. Je sais qu'il ne voulait pas que ses yeux s'humidifient vu qu'il ne lâche aucune larme, mais rien que ça me fait frissonner.
- Comment tu as pu essayer de faire trembler la prospérité de Bravery ?! Tu étais mon assistante !! La personne envers qui je devais avoir le plus confiance ! Mais comment as-tu pu échapper à mon autorité et trahir le territoire qui t'as accueilli pour des années et des années !!
- Kayden, soufflé-je en le regardant. Moord m'a contacté il y a quelques jours...
Nous rentrions tranquillement après être restés dans la grotte pour toute la soirée. J'étais mouillée, sale, fatiguée et lassée d'avoir passé toute la nuit avec mon leader, et de m'être même collée à lui comme une putain en manque. Alors que je pensais qu'on en avait enfin fini, que quelques pas et nous serons bientôt chez nous, un bruit dans des buissons attira mon attention.
Kayden se tourna vers moi, attendant que je le suive.
- Je... je reviens, avais-je soufflé.
Il haussa les épaules et continuais de marcher. Je m'avançais alors vers ces buissons, jusqu'à remarquer une lettre coincée sur une flèche en verre coincée entre les feuilles des buissons. Je l'ouvre discrètement, et essaye de ne pas tomber quand je remarque le logo de Moord sur celle-ci.
« Hazar Leroy, eh bien... Vous êtes arrivée haut. Etre assistante à Bravery alors que vos veines nous appartiennent. Chapeau...
C'est dommage... votre père n'appréciera peut être pas ce mouvement stupide de votre part. Vous travaillez avec l'ennemi alors que la vie de votre géniteur est entre nos mains ? ... Quelle honte.
Si vous ne voulez pas que la tête de votre père vous arrive par colis, vous devriez vite faire quelque chose. »
Je raconte tout à Kayden, n'oubliant pas le plus petit détail. Celui-ci me regarde avec attention, fronçant les sourcils un peu plus à chaque phrase.
- On m'a encore contacté le lendemain... Je suis allée voir un envoyé de Moord, loin de la base, en effet, il m'a dit que mon père n'était pas mort lors de notre fuite, mais emprisonné et torturé... et il m'a dit que si je voulais que mon père ne soit pas tué... je devais tuer monsieur Blakemore.
Kayden ferme doucement les yeux, expirant lentement.
Ma famille a disparu il y a longtemps. Un espoir plus petit qu'une aiguille a fait apparition depuis quelques jours, et ça a tout changé. Même si c'est probablement un piège, même si je mets toute ma vie en périls pour ça... mais il y a de l'espoir, et je ne peux pas ignorer cette lumière. Si mon père est réellement vivant, je dois tout faire pour le retrouver... absolument tout.
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Hey hey hey !
Je reviens enfin avec ce chapitre !
Je suis peut être en retard mais avouez que je vous gâtes !
Je mélange à la fois érotisme pour nos chères lectrices qui attendent le Kayzar avec impatience, et violence pour nos fans de sadisme ! ( pimouse tu te reconnais là avoue ! Je viens attaquer ton épilogue juste quand je finis mes révisions de bac blanc !)
Et même ! Pas de gros suspens à la fin ! Juste un petit peu !!!
Dommage... Vous n'avez pas deviné, Hazar a bel et bien trahi Kayden.
Son excuse est-elle valable ? À vous de voir.
Kayden va-t-il la pardonner ? À moi de voir 😈.
J'espère que ce chapitre vous a plu !
Allez, peace !
~M.F~
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