3 - Sang du "mal"
M'affaler sur le cuir de mon siège de bureau n'a jamais été une expérience aussi relaxante.
Donner un discours de motivation, discuter avec mon père et torturer en une même journée devrait être interdit pour préserver la santé mentale de nos leaders. Cette douche m'a été bénéfique d'un point de vue tridimensionnel: Elle a purifié mon corps souillé par le sang de cette taupe Moordienne, m'a permis de regagner une énergie que je croyais avoir perdu durant le discours et la torture, et m'a aussi permis de réfléchir avant de voir le soldat qui va me servir d'assistant.
Crystal m'a dit qu'elle avait bien choisi ce soldat et, qu'avec l'aide de Jonigan, elle avait trouvé "la perle rare". J'espère que cette perle ne sera pas de la merde camouflée par un produit blanc brillant.
Je ne serais pas très clément avec ce nouvel assistant. Je compte conquérir Moord durant mon règne, ou avant, et j'aurais besoin de quelqu'un de parfait pour arriver à mon but.
Et vu que la perfection - selon la majorité des gens - n'existe pas, ce bras droit devra s'en approcher le plus possible.
- Entre Jonigan, lancé-je après l'avoir entendu frapper à ma porte.
L'homme baraqué entre tranquillement en laissant la porte entrouverte.
Je lui fais signe de s'asseoir en lui montrant les deux sièges en cuir noir qui se font face devant mon bureau en bois sombre.
Celui-ci s'asseoit en déboutonnant sa veste.
- Crystal t'en a parlé je suppose, commence-t-il en se tournant vers moi.
- Bien sûr, sinon je ne t'en aurais pas parlé. Il est là ?
- Dehors, je vais te laisser lui parler pour que tu prennes la décision finale, c'est ton bras droit après tout. Tu as torturé le Moordien toi même ?
- Oui, soufflé-je en m'agitant dans mon fauteuil. Ce salaud est venu nous espionner comme je le pensais, ils préparent une attaque...
- Nous en parlerons demain alors, répond-il en se levant. Tu peux entrer, lance-t-il à mon assistant qui se trouve sûrement dans le couloir.
Une longue silhouette sort de l'ombre de la porte pour s'avancer dans une démarche confiante vers le centre de mon bureau. Je remarque rapidement qu'il s'agit bel et bien d'une femme:
Une femme au corps élancé. Ses cheveux blonds descendent librement attaquer tout l'espace autour de son visage pour tomber librement sur ses épaules et son dos. Son visage dégage une confiance et une force animale qui se voit dans son regard mélangé entre le bleu et le vert qui me scrute avec puissance. Ses sourcils épais et légèrement froncés m'attirent rapidement l'attention, ainsi que ses lèvres remplies dessinant un léger sourire arrogant.
Elle est entièrement habillée de noir, et retire ses mains de son jean sombre pour s'avancer fièrement vers mon bureau.
Une force qui m'est inconnue me pousse à me lever rapidement pour venir serrer la main tendue de cette jeune femme, dont le regard est un mélange de respect, d'arrogance et de mystère. Je ne sais pas si elle est flattée d'être choisie comme bras droit ou si elle se moque de moi.
- Bonjour, lance-t-elle dans un calme parfait en souriant rapidement à Jonigan, qui lui rend le même sourire.
Elle s'assoit directement sur le siège en face de Jonigan et regarde discrètement autour d'elle, scrutant chaque partie de mon bureau pour s'attarder sur la petite sculpture en métal qui trône fièrement sur mon bureau.
Après sa petite visite guidée des yeux, elle se reconcentre sur moi en attendant que je lui adresse la parole.
Son regard me donne l'impression de passer aux rayons X en une fraction de secondes. On dirait que je suis mis à nu et que toutes mes pensées sont lisibles sur mon visage.
J'espère que son talent est autant visible que son charisme hors du commun.
- Alors, commencé-je en abordant de nouveau mon air sérieux. Vous savez bien pourquoi vous êtes là.
- Vous servir de bras droit, je me trompe ?
- Légèrement, vous n'êtes pas à cent pour cent choisie vue que c'est moi qui prend les décisions finales, sifflé-je.
Mon ton légèrement dérangé la fait sourire. Elle me regarde avec respect, mais n'a pourtant pas honte d'être tout à fait à son naturel pendant une réunion qui pourrait lui changer la vie.
Sa posture et son regard me laissent deviner que même si je la refuse, elle sortirait de ce bureau calmement, sans sentir une quelconque peine, sans perdre ne serait-ce qu'une pincée de dignité.
- Et qu'est ce que vous voulez savoir encore ? Demande-t-elle intriguée en relevant son sourcil.
- Cette demoiselle est un des soldats les plus agiles de son groupe, intervient Jonigan. Elle a aussi, selon mademoiselle Crystal et moi, toutes les qualités requises pour devenir bras droit, et même plus.
- J'ai le droit de poser quelques questions avant de décider, non ?
Ma mâchoire se crispe en regardant Jonigan, qui me lance un regard légèrement étonné avant de regarder devant lui sans ajouter un mot.
- Vous avez quel âge ? Lançé-je à la jeune femme.
- Vingt cinq ans.
C'est à mon tour de hausser un sourcil en voyant que celle qui est sensée me servir d'assistante et de bras droit ne dépasse même pas mon âge. J'étouffe un soufflement énervé en me redressant sur mon siège.
- Votre nom complet ?
- Hazar.
- Bon, lance rapidement mon mentor. Je vais vous laisser discuter cela entre vous.
Jonigan se lève à la hâte et me salue avant de sortir presque précipitamment de mon bureau.
La jeune femme le regarde partir, puis regarde son siège désormais vide en passant une main dans ses cheveux blonds.
- C'est un nom complet ça ? Ajouté-je en me retournant vers la dénommée Hazar. Première nouvelle...
Elle baisse la tête en jouant nerveusement avec ses doigts, il ne faut pas un diplôme pour voir que cette question banale ne la laisse pas indifférente.
Hazar mord sa lèvre violemment et prend un long souffle avant de relever la tête et de plonger son regard dans le mien avec une détermination impressionnante.
- Hazar Leroy.
Leroy.
Connue aussi comme étant une famille strictement moordienne. Les origines de cette famille sont très anciennes, surtout concentrée dans le Nord de Moord, dans une région anciennement appelée République Française.
Une Moordienne.
Comprenant que j'avais bien reconnu ses origines, Hazar ne baisse pas son regard et continue à me scruter avec tout autant d'intensité. Une Moordienne a le culot de venir s'asseoir dans mon bureau et demander d'être mon bras droit, c'est tout simplement illogique. Tout se confond dans ma tête quand je me rend compte que l'ennemi se trouve assis calmement dans mon bureau. Une femme qui porte le sang du mal dans ses veines et qui est sur mon territoire, dans mes appartements. Quand je la regarde de plus près, je me rend compte que rien ne pouvait me montrer ses origines. Même la stupidité n'est pas gravée dans son regard, à en croire qu'il y a encore quelques exceptions qui ont un peu de matière grise dans la tête. Tout se mélange dans ma tête à une vitesse ahurissante, je ne comprends rien. Ni comment elle a pu atterrir ici , ni comment elle peut faire partie de nos soldats, et le pire: comment Jonigan et Crystal ont pu accepter de faire entrer cette "Hazar" dans notre base, et maintenant dans mon bureau.
- Quelle surprise, lancé-je dans un ton ironique. J'adore ce nom de famille, très français.
Ma mâchoire se serre tellement qu'elle pourrait se rompre à n'importe quel moment. Elle ne me répond pas, observant ma réaction docilement, toute audace disparue dans son regard presque éteint.
- Tu es moordienne, ajouté-je calmement.
- Non, me coupe-t-elle. Enfin, si...
Son regard est indécis. Ses iris colorés tremblent pour finir par se poser sur la sculpture sur mon bureau.
- Tu sais que tu es sur un territoire ennemi ? Gueulé-je en me levant, perdant mon sang froid.
Je reprend mon souffle rapidement en fermant les yeux pour une fraction de seconde. Le calme est mon arme la plus précieuse, si je la perd devant une femme de telle prestance qui est en position de faiblesse devant moi, alors je pourrais dire adieu à ma supériorité.
- Qu'est-ce que tu fais ici ? Je peux savoir comment tu as pu cacher tes origines au responsable de notre sécurité ? Il ne manquait plus que ça de la part de ce territoire de merde ! Que vous...
- Vous allez me laisser m'expliquer ou vous préférez continuer dans la salle de torture ? Me coupe-t-elle brutalement.
Son regard félin me transperce, me prenant dans un tourbillon de doutes en voyant la confiance dans laquelle elle vient de m'interrompre. Je contourne mon bureau pour venir m'asseoir à la place où était assis ce lache de Jonigan qui a préféré que j'apprenne la nouvelle tout seul. Nous nous faisons alors face, nos regards bleus se mélangeant. Elle me regarde avec férocité, prête à se défendre contre mon regard qui, lui, reste tout à fait serein, attendant l'explication de cette jeune moordienne. Ses explications seront comme de l'eau froide rafraîchissant ma gorge aride.
- Je suis née au Nord de Moord, près de la frontière du grand pont de pierre, commence-t-elle. Je suis moordienne oui, je porte leur sang dans chacune de mes veines, mais ça ne veut pas dire que j'approuve leur tactiques, ou que je leur suis fidèle.
Elle marque une pause pour me scruter de plus bel, mais je n'ai pas la force ou l'envie de la couper, ou d'ajouter quoique ce soit.
Elle est moordienne et l'a avoué, je suis spécialement curieux de voir comment elle va se sortir de ce sable mouvant dans lequel elle s'est engouffrée.
- Leur politique est sans queue ni tête, notre chef vit lui même dans le chaos, alors je ne vois pas comment il pourrait diriger tout un peuple. Néanmoins il le fait, il le dirige et le fait sombrer dans la violence non justifiée et la folie. À Moord, c'est le chaos: un puissant chaos. Nos forces sont puissantes, notre peuple combat courageusement car il veut tuer, il veut davantage de sang que celui qui coule dans ses veines. Ceux qui acceptent cette politique désordonnée et sauvage sont les Moordiens que vous combattez. Quand à ceux qui ne l'acceptent pas... ils fuient. D'où la présence des nombreuses exodes que Moord subit, notamment celle de 2139 vers les territoires du Nord de l'Afrique.
Elle sert les dents et fait craquer ses doigts en regardant autour d'elle. Tout son corps tremble de haine pour ce territoire, et chaque cellule de son organisme cri cette haine: Du craquement de ses doigts à sa mâchoire crispée.
- Ma famille voulait fuir cet endroit, ils l'ont finalement fait un soir où personne ne s'y attendait. Ils se sont décidés à la hâte et ont tout tenté pour traverser le pont de pierre qui relis nos deux terres. J'avais douze ans...
Son regard quitte le mien pour se poser sur le sol. Elle parle passivement, ce souvenir surgissant violemment de sa mémoire.
- ... je ne savais pas où nous allions, continue-t-elle. Mais je savais que si je ne courrais pas rapidement je serais morte et enterrée. Puis, tout est passé si vite, une flèche en métal est passée à quelques centimètres de ma tête, et des hommes ont débarqué. Il faisait noir, attrocement noir et je n'ai rien pu voir à part les corps inertes de mes parents qui tombaient sur le sol froid du pont de pierre. On m'a attaqué, violemment, mais j'ai réussi à m'enfuir en simulant ma mort après qu'un des hommes m'avait carrément mutilé tout le corps de son épée. Ils m'ont vu s'enfuir et m'ont suivi pendant de longues minutes, puis m'ont perdu quand je me suis cachée dans un coin du pont. C'est comme ça que je suis arrivée à la base et que tes soldats m'ont trouvé. Je pense que tu n'as pas besoin d'en savoir plus.
Je vois dans son ton adoucit qu'elle se fou de ce poste de bras droit. Elle a dit toute la vérité pour ne pas se retrouver dehors - ou morte -, maintenant que je suis en âge de prendre les décisions à la place de mon père, il faut qu'elle garantisse sa survie chez moi et non pas chez mon géniteur, qui est sûrement au courant de cette histoire.
Mais je recherche un bras droit fidèle à Bravery, qui est prêt à sacrifier son sang et à être sans pitié devant Moord.
Quelqu'un de talentueux, d'intelligent et surtout: de loyal.
- Je t'accepte.
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Hey hey hey !!
Je reviens dans ce troisième chapitre !
Y a pas eu de torture (dommage XD) mon esprit sadique a pris une pause pour faire l'apparition d'un nouveau personnage !! Hazar Leroy, le soldat de Bravery aux origines moordiennes. (interpretée par la magnifique Cara Delevingne)
Comment notre leader a pu accepter une femme aux origines moordiennes comme assistante ? Peut-être que c'est une de ses stratégies, ou peut-être qu'il a une autre idée en tête on ne sait jamais ;)
Je suis contente de vous retrouver ici, merci de me lire et j'espère que cette nouvelle fiction vous plaît toujours ! ♥♥
Allez, peace !
~M.F~
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