29 - Menace érotique
Point de vue de Hazar
Bordel. Même son dos est sexy comme jamais...
J'entends sa voix puissante depuis la pièce exiguë dans laquelle je suis enfermée. Juste devant moi, le meilleur orateur de tout Bravery motive le peuple en le manipulant rien qu'avec la force de ses mots et l'amplitude variable de sa voix. C'est la première fois que j'entends son discours de l'autre côté de l'estrade. Depuis cette pièce, en entrouvrant légèrement la porte menant à l'estrade, mon champ de vision est limité au dos musclé de Kayden qui se contracte et se relâche.
Ce champ de vision me suffit amplement...
D'habitude, je suis adossée au mur au fond de la salle, écoutant attentivement les arguments pesés et la voix magistrale du leader, sans pour autant pouvoir observer ses traits éloignés. Aujourd'hui, je perds le fil de son discours en bavant comme une limace sur le corps magnifique de cette boule de sex-appeal.
A force de le côtoyer chaque jour, et de travailler avec lui des heures, je me suis faite à l'idée que je le désire. Le chaos dans mon bas-ventre à chaque fois qu'il bouge, même s'il ne fait que se gratter la nuque, est toujours aussi violent et déroutant, mais j'essaye de m'y habituer... ça ne marche pas du tout mais j'essaye.
Réveillée par un de ses sbires à quatre heures du matin, alors que ma bave noyait mon oreiller, j'ai été forcée de m'habiller en quatrième vitesse alors que son fameux discours d'encouragement ne commençait pas avant sept heures ! Ils doivent avoir une putain de chance vu que leurs couilles sont encore en place !
J'espère que ce qu'il a à dire est important. S'il n'y avait pas son joli corps qui me tenait éveillée, je me serais endormie sur cette chaise plus inconfortable qu'un lit plein de merde et d'aiguilles à tricoter.
Mon menton repose sur ma paume quand je rêvasse en attendant la fin de ce calvaire qui dure maintenant pour deux bonnes heures. Le mur en face de moi est maintenant décoré de jolies traces de semelles que je m'amuse à dessiner.
Après les licornes twerkant sur le toit de la base, mon esprit divaguant se pose sur un souvenir pas si lointain que ça.
- Attends...
Ma main se pose sur son avant-bras et Yves me regarde innocemment.
Je souris intérieurement en regardant ses deux billes vertes me scruter sans comprendre. Je n'ai qu'à faire sauter deux des boutons de ma chemise, tu comprendras bien vite en me sautant dessus comme un lapin en manque.
Alors que je me prépare à l'allumer rapidement comme un incendie qui le brulera tout entier, mon esprit se réveille.
« Hazar, tu es pitoyable... ».
J'oublie totalement l'homme qui attend sans comprendre devant ma porte. Je suis sûre que mon regard de robot posé je ne sais où doit être flippant, mais je ne peux pas m'empêcher de bugger quand une étincelle frappe mon cerveau.
« Merde, je suis vraiment pitoyable ! Ma mini-attraction vers Kayden va me faire coucher avec n'importe qui alors que je ne suis même pas encore bourrée ! »
Coucher avec n'importe qui, si MOI j'en ai envie, ça passe. Mais coucher avec quelqu'un pour oublier la chaleur causée par je ne sais qui, ça je ne le supporterais jamais ! Plutôt mourir, je ne suis pas une faible !
Kayden n'est pas le premier homme dont l'apparence ne me laisse pas indifférente, et il ne sera visiblement pas le dernier. Le fait qu'il soit inaccessible ne devrait pas me laisser agir comme un chien tournant en rond, cherchant par tous les moyens à attraper sa queue, puis noyant sa défaite et sa bave dans un stupide jouet en caoutchouc.
Et dire que j'étais à deux doigts d'écarter les jambes devant quelqu'un juste pour éteindre la flamme qui consumait mon bas-ventre.
PI.TO.YABLE !
- Hazar ? Tu... voulais me dire quelque chose ?
Comme le bruit d'un réveil matin, le son de sa voix me fait grimacer.
- Quoi ?
Je secoue rageusement ma tête et regarde de nouveau Yves qui essaye de sortir de son cercle d'incompréhension totale. Dommage pour lui, il compte y rester pour encore longtemps.
- Non rien, reprené-je. Au revoir.
Je pose mes deux mains à plat sur son torse et le pousse presque brutalement vers la sortie.
- Quoi ? Mais attends.
- Désolée mais je suis crevée ce soir alors je veux dormir, allez bye !
Je lui ferme littéralement la porte au nez pour aller m'allonger tranquillement sur mon lit.
***
Comme si penser à dormir avait fait réveiller tous mes sens, je sursaute en voyant Kayden rentrer rapidement dans la pièce avant de fermer la porte derrière lui.
Ses cheveux bruns sont ramenés en arrière, accentuant la forme carrée de sa mâchoire dure et ferme. Ses yeux bleus illuminent la pièce dépourvue de lumière quand il me regarde indifféremment.
Je sens que la petite pièce devient encore plus minuscule quand Kayden entre dans celle-ci.
Une tornade venant tout droit du Sahara décide de déménager et de s'installer dans cette petite pièce qui peut à peine accueillir deux personnes sans sentir l'air manquer terriblement dans cette boite de sardines.
Point de vue de Kayden
Je camoufle mon sourire amusé en voyant sa grimace. Je n'ai jamais vu des lèvres aussi grincheuses de toute ma vie. Ses cheveux cachent la moitié de son visage dont le trois quart est encore endormi.
Ses jambes sont recroquevillées sur la petite chaise, ses cuisses collées à sa poitrine.
Elle ne me répond pas et redescend ses longues jambes pour les coller au sol en agrandissant sa grimace d'enfant blasé.
Sa cicatrice et son tatouage, maintenant cachés, sont comme deux lampes me permettant de voir Hazar sous un tout autre angle. Un angle plus désirable, plus séduisant. Ce n'est pas la cicatrice et le tatouage en eux-mêmes qui dessinent cette nouvelle image encore floue, mais le corps, qui invite tous les regards, qui les porte.
Je me souviens de son regard moqueur et perçant, ainsi que son sourire en coin quand j'ai soulevé son haut, dévoilant son sous-vêtement érotique. Elle a bien remarqué l'effet que son corps désirable a fait bouger en moi.
Aujourd'hui, Hazar porte un sweat-shirt bleu nuit grand et large qui pourrait bien être à ma taille, un jean clair serré et des bottes en cuir noir. Mais ce charme que j'ai découvert il y a quelques jours ne la quitte pas encore, comme le reste d'un parfum utilisé pour une soirée spéciale, mais qui reste le lendemain. Je pense que ce charme, quand à lui, sera éternel.
Point de vue de Hazar
- Tu somnolais ? Demande-t-il sans me regarder.
Il défait les boutons de sa veste et l'enlève, la posant sur le dos d'une chaise qu'il soulève facilement pour la placer juste en face de la mienne. Les muscles de son dos et son torse sont encore plus clairs quand ils sont moulés dans cette chemise noire.
- Tu m'as réveillé pour rien à quatre heure du mat', je devrais péter la forme ? Me moqué-je en frottant mes yeux rougis.
Quand mes doigts s'éloignent de mes yeux fatigués, je remarque le sourire moqueur que son visage affiche. La mer enfuie dans ses yeux brille de fierté quand il s'assoit sur la chaise qu'il avait apportée il y a un instant.
- Je tenais à être sûr que tu serais là, se défend-il.
Je m'attarde un peu trop sur la proximité qui s'installe entre nous pour répondre à son excuse qui est plus incroyable qu'une œuvre de charité à Moord. Ses genoux qui frôlent les miens me gardent aussi froide qu'un glaçon, mais son regard puissant qui m'attaque au même moment fait fondre ce morceau de glace. Et la chaleur omniprésente dans cette mini-pièce ne fait qu'aggraver les choses.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
Il hausse un sourcil et se tourne vers le dos de sa chaise en lâchant une expiration remplie de fatigue. On dirait que donner un discours de deux heures est encore plus fatiguant que de l'entendre depuis une pièce étouffante. Il sort un morceau de papier de la poche de sa veste puis se lève.
Je le regarde faire. Il marche lentement vers un des murs pour allumer les lumières que j'avais laissé éteintes exprès. Mes yeux ne sont toujours pas habitués à la lumière. Je plisse les yeux comme un nouveau-né ébloui par les lumières des lampes des salles d'accouchement.
Il revient vers moi et s'installe de nouveau sur sa chaise.
- J'ai vu ça près de la porte de ma chambre, lis.
En plus de l'odeur de Kayden si familière qui me rappelle à quel point je suis faible, le contenu du papier que je déplie rapidement multiplie encore plus les tremblements de mes doigts.
Point de vue de Kayden
Une fois la lettre entre les mains de Hazar, j'approche ma chaise encore plus, plongeant mon regard dans l'océan en colère de peur et d'incompréhension reflété sur le visage de la jeune combattante. Je fixe ses yeux pour tenter d'attraper la moindre lueur de sentiments qui en sort. J'observe ses lèvres, tantôt pour essayer d'analyser la moindre grimace produite par celles-ci, et tantôt hypnotisé par leur couleur rose et par la langue qui les humecte de temps à autre, me laissant obligé de ravaler ma salive à chaque fois que ce manège se répète.
La feuille qu'elle a entre les mains devrait être semblable à une allumette jetée sur de l'huile, réveillant en moi tout ce qui enveloppe haine et courroux. Mon calme légendaire aide à garder l'équilibre dans mon esprit. La jeune assistante à moitié endormie et à la grimace divertissante aide aussi à ne pas me mettre en colère.
Elle me regarde du coin de l'œil juste avant de se concentrer sur la feuille
Point de vue de Hazar
Je jette un dernier regard à Kayden qui ne me quitte pas des yeux. Je grimace et me reconcentre sur l'écriture en caractères d'imprimerie.
« Kayden Blakemore.
Finalement, tu te rends compte que ta base n'est pas si impénétrable que ça.
Nous connaissons chacun de tes faits et gestes, chacune de tes décisions. À chaque fois que tu parles avec tes chefs de groupes, nous le savons. À chaque fois que tu discutes stratégie avec ton fidèle mentor, nous le savons. À chaque fois que tu te grattes la tête, nous le savons !
Tu es surveillé vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans ta propre maison que tu considères comme l'endroit le plus sécurisé. Mais rien ne peut tenir tête à Moord.
Tu comptes agrandir les murs de défenses de la base ? Magnifique ! Mais ça ne sera pas très utile face à un ennemi qui connait déjà ton choix.
Tu vas bientôt ajouter de nouveaux pièges sur les limites de nos deux territoires ? Dommage qu'on sache déjà exactement où chaque piège va être mis.
Tu comptes nous attaquer avec dix mille hommes dans exactement quatre mois, commençant par attaquer l'Ouest ? Nous t'attendons.
Maintenant que chacun de tes mouvements nous arrive tranquillement, tu ne seras plus leader de Bravery pour bien longtemps Kayden Blakemore.
Salut notre chère Hazar de notre part, et dit lui de bien profiter de ses derniers jours de gloire, notre épée va bientôt lui transpercer les yeux. »
Je replie rapidement le papier entre mes mains. Ce putain de papier, écrit par ces putains de Moordiens ! Bordel, c'est mauvais, très mauvais. Ils ont cité chacune de nos futures tactiques, je m'en souviens ! Nous n'étions que quatre. Moi, Kayden, Jonigan et Jade... rien que nous quatre et l'information est déjà arrivée aux oreilles pleines de cheveux et de cérumen de ces animaux.
- Ce n'est pas moi ! Me défendé-je instantanément comme un animal s'élançant instinctivement vers une cachette.
- Je sais bordel, me coupe-t-il calmement. Je sais...
Il approche sa chaise pour la troisième fois, et je sens mon cœur crier son agonie quand son visage s'approche rapidement du mien jusqu'à frôler quelques mèches de mes cheveux.
- Il faut qu'on parle, murmure-t-il presque collé à mon visage, sa voix encore plus rauque que d'habitude.
Je laisse les frissons de mon bas-ventre et les poussées de chaleur prendre contrôle de mon corps.
Oublier la terreur qui m'entoure par les chants de mes organes sexuels...
Néanmoins, les fantômes de mes origines volant autour de moi refont toujours surface, étouffant la chaleur du désir qui s'échappe de moi, la serrant et la pressant pour la transformer en sueur qui repose alors sur mon front.
Le conflit entre mes pulsions sexuelles qui s'activent alors que je fixe les lèvres de Kayden, s'entrouvrant légèrement à chaque respiration, et le choc après avoir lu la menace claire et nette de mon ancien territoire gagne de la violence.
J'annonce la fin de ce conflit en proclamant le désir sexuel grand gagnant de notre jeu de ce soir quand Kayden m'attrape doucement l'avant-bras, me regardant avec deux yeux au regard fondant de douceur artificielle.
- Je vais tester mes proches, me chuchote-t-il. Un à un. Et j'ai besoin de toi...
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Hey !!!
Je reprends le rythme en publiant un jour plus tôt !!
Ces 2 jours de congé m'ont bien aidé mais j'espère pouvoir tenir ce rythme !!
J'ai lancé une petite information (mais qui est très importante) dans ce chapitre.
Quelques unes le savaient, quelques unes doutaient, mais Hazar est bel et bien innocente !
D'autres petits indices sont éparpillés dans le chapitre afin de bien comprendre les sentiments de chacun de nos protagonistes vis-à-vis de l'autre !
Je vous laisse lancer vos hypothèses !
Allez, peace !
~M.F~
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