20 - Pas de gestes brusques
Point de vue de Hazar
Haut, bas... Haut, bas... Toujours plus vite, toujours plus fort. Jusqu'à dissoudre le métal résistant de mon équipement.
L'épée brille maintenant comme un sou neuf, voir un diamant, après l'avoir astiqué pour ce qui se rapproche d'une heure.
Je n'arrête pas pour autant. Je me suis réveillée à l'aube pour m'occuper de cette tâche qui ne prend pas plus d'une demi-heure.
Maintenant, ce nettoyage prend une tout autre tournure. L'effort que je fais pour enlever la merde coincée sur mon arme pourrait bien être adressé à cette espèce de cadavre aux yeux azur.
Depuis hier, sa dernière réplique me met dans tous mes états. J'essaye de ne pas y penser. Car quand j'y pense, soit je me fige et deviens incappable de continuer le nettoyage de cette foutue arme, soit j'astique toujours plus fort jusqu'à trouer le métal.
C'est fou comme un seul mot peut faire autant d'effet. Je me fou peut être de presque tout ce qui m'entoure, mais qu'il me traîte de pute fait exploser les quelques gouttes de sang froid qui me restaient en réserve.
Reste calme je me suis dit.
Ne lui explose pas les couilles je me suis dit !
Je lui ai finalement soufflé au visage comme un taureau en manque pour m'enfermer dans la voiture comme une gamine qui n'a pas eu son gun Petite Guerrière.
Je l'ai peut-être cherché aussi. Je voulais lui montrer qu'il n'est pas parfait, que sa queue le dicte comme n'importe quel homme. Pourquoi serait-il plus sage ou meilleur que tous les soldats et les héros qui se battent pour Bravery ?
Quand son venim a atteind mes collègues, mes amis, les hommes les plus importants de Bravery, je n'ai pas pu m'en empêcher.
Mon accolite de guerre, assemblage étrange de métal et de verre surpuissant, subit mes mouvements brutaux en protestant avec des grincements dérangeants.
C'est bon j'ai compris ! J'arrête.
Je lâche l'objet en me tournant vers la fenêtre donnant sur les grands jardins de la base.
Des milliers d'hommes et de femmes sont présents sur cette terre. Des discussions enflammées, des entraînements de dernière minute et des encouragements rageux sont les activités de ce jour de fête organisée par l'adrénaline dans toute sa splendeur.
J'entoure mon buste d'une ceinture à munitions. J'en accroche une autre sur mon épaule, quand un sourire me déforme les lèvres.
L'armoire en verre anti-balles que je chéris autant que mes armes s'ouvre sans aucun grincement, me faisant sourire une deuxième fois.
Mon bonheur se dresse sur quatre étagères remplies. HK G36, Beretta M1951, Glock 21, Valtro PM-5-350, HK MP-5SD3 et j'en passe. Je connais le nom de chaque arme à feu plus que je ne connaitrai le nom de mes enfants, si un jour j'en aurais.
Je choisis mes armes avec attention, comme à chaque fois:
American Derringer, arme à double canons superposés, plusieurs calibres, destinée à être portée on ne peut plus discrètement, c'est l'arme de la dernière chance.
Beretta M951R, maitrise en tir par rafales avec tout autant une délicatesse surprenante.
Mon bébé. Smith and Wesson M29. Le fameux S&W. Puissante cartouche de 44.Magnum. Arme lourde et massive, ce n'est pas le revolver le plus puissant au monde pour rien.
Je camoufle l'envie d'emporter de grandes armes à feu, elles ne me seront sûrement pas utiles dans une bataille aussi serrée niveau emplacement.
Je cache chaque arme dans son endroit particulier, puis attrape mon épée qui paraît aussi innofensive qu'un chaton devant toutes ces armes à feu, mais qui sera aussi meurtrière qu'un tigre affamé une fois sur le champ de bataille.
J'attache soigneusement mes cheveux blonds en me regardant dans le miroir minuscule. Quand je reviendrai, mon visage ne sera plus aussi propre qu'il ne l'est maintenant, autant en profiter.
Les battements de mon coeur reprennent leur cadence naturelle quand je sors de ma chambre. Leur ardeur redouble quand mes bottes entrent en contacte avec l'herbe de l'extérieur.
Le soleil s'est bien levé, je parcours le chemin avec confiance, saluant les quelques personnes qui s'approchent.
J'apperçois Kayden, le centre de l'attention, encerclé par la foule en délire qu'il dompte avec expérience.
L'insulte d'hier résonne dans ma tête quand je me poste à quelques mètres du rassemblement, observant la prestance et l'efficacité de son laïus d'encouragement.
N'empêche... Observer est un bien grand mot. Je me fis sur mon sens auditif alors que mes yeux ne me sont plus d'une grande utilité. Sa grande taille me permet d'apercevoir le sommet de son front. Mais je ne vois pas comment ses cheveux bruns pourraient m'être utiles.
- Mademoiselle Leroy ?
Je prépare mon faux sourire en entendant la voix agée de mon interlocuteur. Je me retourne pour répondre à Harry Blakemore, fièrement armé.
- Monsieur Blakemore, répondis-je en adoptant mon fameux jeu d'acteur.
Il n'a pas l'air d'avoir remarqué mon faux rictus et pose une main sur mon épaule, m'invitant à le suivre.
- Où est-ce qu'on va ? Demandé-je en regardant tous les soldats monter dans leurs véhicules.
Une ou deux centaine de grands véhicules sont garés côtes à côtes, chacun d'eux pouvant acceuillir jusqu'à cinquante personnes. Soixante si on se presse un peu.
- On doit se diriger vers Moord, lui expliqué-je en voyant les portes des véhicules se fermer.
Je regarde la scène comme un gamin qui quitte sa mère pour la première fois, mes yeux aussi ronds et globuleux que ceux de mon premier poisson rouge: Ce truc ennuyant a fini dans l'étang deux jours après l'avoir eu.
- Effectivement.
Il me sourit et approche de deux véhicules noire mates à part.
Ça promet.
***
Point de vue de Kayden
Les portes de la voiture s'ouvrent, découvrant une Hazar surprise, regardant l'extérieur aussi perdue qu'un rat bourré dans un labyrinthe sans fromage.
- Bonjour Hazar, la salué en rajustant ma position.
Elle se retourne en me détaillant de la tête aux pieds. Nous portons des vêtements étrangement similaires. Le noir, le gris, le cuir et les armures nous décorent tous les deux.
Son corps crispé se relâche lassement quand elle comprend enfin que le trajet ne se fera pas dans les vans de guerre des soldats.
Jonigan fait le trajet avec mon père, c'est son assistant et il est responsable de sa protection. C'est le même cas pour Hazar.
Elle entre sans me répondre pour s'asseoir à côté de moi, regardant la vitre fumée devant nous.
- Qu'est ce que c'est ? Demande-t-elle.
- Une vitre fumée blindée qui nous sépare du conducteur.
- Et pourquoi on devrait être séparés du conducteur ? Reprend-elle en regardant la vitre avec dégoût comme si ce pauvre morceau de verre est l'assassin de son père.
- Pour que nous restions en privé si quelque chose se passe entre nous durant le trajet, murmuré-je d'une voix rauque.
Elle tourne sa tête pour me faire face, sa queue de cheval virevoltant.
Nos bleus se mélangent quand elle me regarde avec le même regard qu'elle a lancé à la vitre, mais mille fois plus violent.
Sans doute le fait de baiser dans cette voiture, ce qui est -bien sûr- impossible et je ne sais pas comment elle a bien pu croire à cette plaisanterie, la réfute. Sa machoire contractée et son regard mi-transperçant mi-vide me montrent qu'elle se souvient encore de l'instant de la grotte.
Je lis en elle comme dans un livre ouvert, mes talents d'expert en psychologie de combats sont un atout se mariant à la perfection avec le fait que je commence à connaître cette femme au tempérament bien original.
- Je plaisantais, murmuré-je en la voyant me lancer des éclairs.
Elle serre le cuir des sièges arrières où nous sommes assis et me défie du regard.
- Tu couches avec les putes maintenant ? Crache-t-elle avec un rictus malveillant.
Eh bien voilà, je reste le maître de la psychologie.
La traiter de pute à bien été ancré dans sa jolie tête. Je ne le pense pas, Hazar est ce qui s'éloigne le plus de la femme facile.
Je devrais peut-être le lui dire. Je n'ai pas envie de toucher un autre point sensible et de la voir m'étrangler avec la ceinture de sécurité.
Nous avons quelques bonnes heures de trajet à faire.
- Bien sûr, répondis-je. C'est leur travail non ?
Elle lève les yeux au ciel, priant Dieu de faire passer ce trajet rapidement.
- Tu es de bonne humeur on dirait, hasard-t-elle en regardant devant elle.
- Il le faut. Je suis toujours comme ça les jours de bataille.
- Bien, dit-elle en croisant les bras et les jambes. Au lieu de jouer avec le feu, tu pourrais peut-être me donner le programme ? J'ai été trop occupée à suivre un leader sentimental durant la réunion des attaquants.
Touché, tout en finesse mademoiselle Leroy.
Elle retrouve son sourire en coin exagéré qu'elle a abandonné depuis le début du trajet, avec un peu d'effort je pourrais même apercevoir ses petites molaires.
- Nous - ainsi que les cent quatre-vingt-dix autres véhicules - nous dirigeons vers Moord. Nous allons nous arrêter à quelques kilomètres de leurs frontières et continuer le trajet à pied pour garder l'effet de surprise.
- Comme toutes les autres attaques, me coupe-t-elle avec nonchalance.
- Mais, soufflé-je, une pointe d'agacement faisant grincer ma voix. Nous n'allons attaquer qu'un rayon de deux kilomètres. Les forces de Moord sont sûrement dispersées sur toute la longueur des frontières, attaquer d'un point particulier va sûrement nous faire perdre du temps, mais va aussi nous permettre une victoire assurée.
- C'est pour ça qu'on attaque cette région, déduis-t-elle. Parce que c'est l'emplacement de la base principale de Moord...
- Exactement.
Elle n'ajoute rien de plus et se contente de hocher la tête passivement.
Le trajet se déroule en silence, sans pour autant que cela ne dérange l'un d'entre nous.
***
- Ils ne vont pas tarder à nous repérer, quand je vous donne le signal, vous ordonnez vos Hommes de commencer l'avancement rapide, ordonné-je aux dix chefs de troupes.
- À vos ordres chef, répond l'une d'entre eux.
Les milliers de soldats s'avançant au rythme du soleil couchant ne font pas plus de bruit qu'un enfant endormi. Jonigan suit mon père de près et lance un coup d'œil à Hazar en l'obligeant de rester près de moi.
Des picotements attaquent mes doigts serrant mon arme jusqu'à m'en blanchir les phalanges.
Tous mes sens sont à l'affut. Le bruit d'un criquet me crispe. La lumière d'une étoile dans le ciel se confond avec la lueur d'une flèche en feu prête à être lancée. Le contact du coude de Hazar sur mon avant-bras me rappelle qu'un assassin pourrait être dans mon dos à chaque instant. Malgré le fait que dix mille soldats sont derrière moi.
Un bâtiment imposant se dresse dans la pénombre. Les nombreux films qui hantent mon enfance me laissent imaginer des chauves-souris volant autour des tours de cette base satanée.
Un faible lever de doigt de ma part arrête la progression de mes troupes. Jusque-là, les arbres touffus et la nuit noire nous servent de cape invisible. Mais après quelques pas, c'est quelques centaines de mètres que nous devrons courir à découvert, à la merci des archers et des tireurs postés un peu partout.
J'observe les lieux en prenant tout mon temps. Les soldats sont figés comme des statues, muets comme des tombes, attendant les prochains mouvements en préparant leurs armes bien dressées.
Je regarde une dernière fois les petites lumières disposées sur les hauteurs de la base. Deux mouvements de mon index, un regard adressé à un colosse tenant un arc tendu, et le message est reçu.
Les milliers d'archers postés derrière les attaquants à l'épée et les tireurs tendent leurs arcs vers le ciel noir, et lancent leurs flèches en un seul mouvement coordonné.
Les soldats regardent les flèches s'envoler en retenant leur souffle.
Des cris d'agonie se font entendre depuis la base, les lueurs des flèches en feu s'éteignent quand les corps embrochés de leurs archers s'écroulent au sol.
Je reste concentré sur les défenseurs qu'on vient de tuer, et lance un regard circulaire aux chefs de troupes. Un dernier mouvement de mon index indique la fin du silence.
Les cris de guerre s'enchaînent et les milliers de soldats s'élancent dans la nuit noire. Les tireurs visent les entrées de la base qui vont bientôt s'ouvrirent en accueillant les défenseurs. Jonigan s'approche et s'assure que je ne m'élance pas avec les attaquants du premier rang. Fidèle à ses instructions, je laisse passer les soldats qui courent à s'en briser les poumons, puis m'élance dans la bataille en estimant le nombre de soldats devant moi suffisant.
Je perds Jonigan, mon père puis Hazar de vue quand les portes de l'entrée s'ouvrent devant une armée entière de soldats.
Les défenseurs arrivent bien plus tôt que je ne l'aurais cru, mais la vitesse à laquelle tout se passe m'empêche de réfléchir à ce détail. Les défenseurs moordiens s'étendent sur toute la ligne d'attaque et grognent en combattant sans merci.
Je me débarrasse des Hommes devant moi facilement en continuant d'avancer.
Mon cœur bat à tout rompre, chaque muscle est au garde à vous, chaque respiration est vitale, chaque clignement d'œil meurtrier.
À un instant de répit, je relève la tête pour me figer devant une vision d'horreur.
Les archers, que je croyais morts, ont doublé de nombre et se postent toujours dans les hauteurs de la base, visant mes attaquants et lançant leurs flèches sans même reprendre leur souffle.
- Attention archers !! Hurlent plusieurs soldats ayant observé le même phénomène que moi.
J'abaisse la tête et remarque les lignes de soldats devant moi s'amincir dangereusement.
Les Moordiens nagent dans les cadavres de mes attaquants, me faisant lâcher un râle d'horreur.
Bientôt, je me retrouve dans la première ligne. Les tireurs et les archers de mon armée se chargent difficilement de se débarrasser des archers tuant un grand nombre de nos Hommes, à l'abri dans leurs tours de défense.
Je tiens difficilement le rythme contre les Moordiens, jonglant entre mon épée et mon flingue.
Le sang gicle de partout, j'arrive à reconnaître Hazar à quelques mètres de moi. Elle est couverte par un colosse de Bravery de deux mètres et tire sur les archers de Moord, deux flingues à la main. Je soupir de soulagement en voyant qu'elle est toujours en vie, et cherche Jonigan et mon père du regard.
Ce spectacle s'étend devant moi comme un cauchemar vivant. Le nombre des défenseurs est étonnant ! Ils font le double de mes attaquants.
Mes Hommes se battent avec un courage et une férocité qui me laissent fière, mais ils ne pourront pas rivaliser avec le double de leur nombre de défenseurs et d'archers qui leur tirent dessus sans qu'ils puissent riposter.
Les chefs de troupes et les soldats restants me regardent avec terreur et étonnement, espérant un miracle face à une telle catastrophe.
Je croise le regard d'Hazar, la sueur rendant ses yeux bleu-vert encore plus lumineux. Elle est toujours couverte par l'attaquant qui la protège alors qu'elle essaye de viser les archers avec ses deux guns. Son regard est indécis, en colère et compatissant.
Je brise ce contact visuel en me retournant pour trancher la gorge d'un défenseur devant moi.
J'ai perdu espoir, je tue les défenseurs comme si je tranchais du jambon, mais je sais que ça ne sert à rien. Il n'y a plus de temps, et je perds des attaquants à chaque seconde.
Comme si mon cerveau avait proclamé son indépendance, je hurle d'une voix puissante.
- Retraite !!!!!
Les soldats, n'attendant que ça, marchent à reculons loin des archers, puis décident de courir vers les arbres.
Les Moordiens décident de ne pas nous suivre. J'entends leurs cris de victoire quand ma silhouette disparaît dans l'obscurité de la nuit.
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Hey hey hey !!!
Oui, on a perdu 😰.
Je pense que plusieurs d'entre vous on pensé à une belle victoire pour Kayden et Bravery ! Mais, bizarrement, Moord a pu anticiper ses mouvements !!
Kayden s'est pris un grand coup, physiquement et moralement parlant, il aura besoin de réconfort 😂 (Non, ça ne sera pas de Hazar)
Qui se porte volontaire ?
Je chapitre est dédié à -QueenOfHell- qui a pensé à GOT quand elle a vu la première bataille xD. Je ne pense pas que tu y as pensé dans cette 2e bataille moins violente mais je te la dédis quand même car tu es géniale 💙.
J'espère que ce chapitre mélangé entre les préparations calmes de Hazar et la Bataille féroce de Kayden on su vous charmer.
À très bientôt dans un nouveau chapitre !
Allez, peace !
~M.F~
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