18 - Faute impardonnable
La bonne odeur des draps propres, le moelleux du matelas qui est si lisse et doux qu'on s'y noie. C'est une des meilleures nuits de ma vie, et encore je n'ai couché avec personne !
J'ouvre difficilement un œil. Un poids disparaît de sur mes épaules quand je sens le souffle chaud de Kayden sur ma bouche. Il est toujours là.
Normal ! Il s'est endormi comme un papy de quatre-vingt ans le soir de la Saint Valentin.
Parfait, je m'apprête à me hisser quand un mouvement de l'homme collé à moi me fait retomber sur le côté. Il s'étire en se tenant la tête, râlant de douleur.
Mal de tête... C'est fait ✅
Il se retourne pour s'allonger sur le dos, toujours en train de se tenir la tête, les paupières bien fermées.
Je reste figée en étouffant tous les jurons qui me passent par la tête.
Cinq secondes... Je ne pouvais pas me réveiller cinq putains de secondes plus tôt ?
Je dors dans un lit un peu plus confortable que le mien et je me noie dans le sommeil ! Quelle cruche.
Ses cheveux ont l'air d'avoir été égarés dans une prise de courant, et sa grimace devrait être prise en photo pour que je puisse en rigoler pour des décennies.
Mais maintenant, je pense à tout sauf à rigoler. Vu la position dans laquelle je me trouve, rire serait la dernière chose que je ferais.
Il se retourne pour me regarder avec des yeux plissés. Devoir passer une soirée avec les parents de mon ex serait plus confortable que de devoir encaisser son regard alors que... Ben... Je sais vraiment pas quoi faire.
Je me contente de lui rendre son regard en essayant de paraître la plus naturelle possible.
Alors qu'être naturelle n'est sûrement pas la réaction que j'aurais dû avoir.
Je suis dans le lit de mon boss bordel de merde.
Mais j'en ai franchement, vraiment, mais vraiment rien à foutre.
- Je... Arrive-t-il à prononcer.
- Te fatigue pas tu pourras même pas aligner deux mots, le coupé-je. Je vais me charger de te répondre. Déjà, Non, on a pas couché ensemble. Et, Oui, c'est toi qui m'as obligé à m'allonger ici.
Il me regarde comme si j'étais un morceau de merde sur son steak saignant.
Il se relève pour se retrouver assis sur son lit et se tiens la tête en gémissant.
- Oh merde, murmure-t-il en se crispant.
- C'est rien de le dire.
Je suis son mouvement en m'asseyant.
- Reste-là, dit-il en se levant avec peine.
Encore des ordres ? Non merci. J'ai déjà donné.
Je roule mes yeux en l'ignorant. Je passe ma nuit collée à lui, et il me demande de rester là pendant qu'il zigzague je ne sais où ?!
Il marche lentement en reprenant son souffle à chaque pas.
Fatigue... C'est fait ✅
- S'il te plaît, se rappelle-t-il en se tenant le front.
Il me regarde avec des yeux mi- suppliants mi- ordonnants. Je finis par me lasser et reste assise sur le lit pendant qu'il quitte la chambre en passant sa langue plusieurs fois sur ses lèvres.
Bouche sèche... C'est fait ✅
Le bruit de l'eau me laisse penser qu'il est sous la douche. Je me lève et marche discrètement vers le salon. Je trouve rapidement la cuisine. Une cuisine toute en métal avec un ilot au milieu. Comme d'habitude, le noir et le gris sont les maîtres du lieu. Une machine à café m'attire l'attention. Je remplis une grande tasse en faisant bien attention au bruit de l'eau. Je prends la tasse de café et une bouteille d'eau froide avant de retourner dans sa chambre.
Il n'appréciera peut-être pas que je me serve de sa machine à café, ou que j'ouvre son frigo... Mais en fait je m'en fou.
Il rentre une minute plus tard, propre et habillé. Son pull gris et son pantalon noir le rendent transparent dans une telle chambre à coucher.
Il ébouriffe ses cheveux humides avant de me faire face.
- Qu'est-ce que j'ai...
Je lui coupe la parole en lui tendant la tasse de café.
Il la regarde perplexe un instant avant de la prendre sans grande conviction.
- Je préfère que tu la boives, pour éviter les conneries d'hier, me moqué-je en lui offrant mon plus beau sourire en coin.
Il boit une grande gorgée en fermant les yeux, semblant profiter de chaque goutte de ce liquide fort et magique.
- Des exemples ? Demande-t-il.
- Oh, rié-je. Que des trucs philosophiques. "T'as remarqué que si tu regardes tes mains assez longtemps, t'as même plus l'impression qu'elles sont à toi, en fait..." , l'imité-je en exagérant une voix rauque.
Il ravale sa salive en me fixant, puis admire le sol en essayant de se souvenir.
- Oh, me rappelé-je. "Je sens que j'ai oublié ma tête sous l'oreiller parce que je sais plus c'que j'fais là". Pour après fouiller sous ton oreiller pour cinq minutes minimum.
Il serre les dents et grimace. Je me contente de rire en me souvenant de cette soirée... Atroce mais assez marrante. Je ne verrais plus jamais Kayden de la même manière.
- J'ai dit quelque chose d'autre, hasarde-t-il en se grattant la nuque d'un air penseur.
- Si tu penses à Dimitri... Alors oui, tu as tout dit...
Il se frappe le front en soufflant. Bien, il ne voulait pas le dire.
Tant pis, c'est trop tard. Et après tout, je ne sais pas pourquoi c'est si grave. Je ne vais pas aller le crier dans les salons de la base !
Son regard est mort et fatigué alors que le mien est souriant et plein de vie.
- Tu peux y aller, finit-il.
Et le fait qu'il m'a obligé à dormir près de lui toute la nuit ? Il ne va pas ramener ce sujet ? Il est trop embarrassé par ça ?!
Et bien, je n'ai pas passé toute la nuit ici pour sortir comme une pute qui a fait son boulot !
Il s'assoit sur un divan en cuir blanc près du lit en passant sa main sur sa joue.
- Alors ? Me moqué-je en prenant place sur le même divan.
- Tu peux y aller je t'ai dit, répète-t-il sans m'accorder un regard.
- Désolé mais je ne suis pas ta servante monsieur Blakemore, m'énervé-je. Oui, je travaille pour toi, mais un peu de respect ! Je pouvais très bien te frapper entre les jambes et m'en aller hier soir, tu ne t'en souviendrais même pas le lendemain ! Ne me traites pas comme une pute !
- Baisse d'un ton déjà, répond-il calmement. Et deuxièmement, excuse-moi mais j'étais complètement bourré... Tu penses que si je savais ce que je faisais je t'aurais demandé de rester ? Je suis désolé, c'est bon ?
Il semble perdu dans ses pensées, je suis sûre que si j'entrais dans sa tête je serais coincée dans un trou noir infini: tout y est, mais il ne peut rien voir.
- Qu'est-ce-que tu vas faire ? Demandé-je.
Il reste muet un moment avant de sortir du trou noir de ses pensées et se retourner vers moi.
- C'est la deuxième fois que je le dis... Hazar Leroy, déjà que tu dois jongler entre ton poste de soldat attaquant et celui de bras droit, ne porte pas dix pastèques d'une seule main. Ce n'est pas tes affaires...
- C'était bien mes affaires quand tu m'as tout raconté hier soir, murmuré-je.
Cet homme est comme une piñata. Quand tu le vois, tu peux pas t'empêcher de taper dessus pour en faire sortir les sucreries.
- Tu veux croire qui ? Le mec bourré d'hier soir ou bien le leader sobre de maintenant ? Crache-t-il en serrant sa mâchoire carrée.
- Le mec bourré... Il est chelou, mais sincère.
Il lève les yeux au ciel quand je lâche un rire moqueur.
- J'ai une attaque à préparer, achève-t-il en se levant. Je ne vais pas la perfectionner en discutant Alcool et Philosophie avec toi.
***
Point de vue de Kayden
Je sors aux côtés de Hazar dans les couloirs. Je suis toujours assez fatigué, mais la tasse de café, la douche et l'eau ont fait des miracles.
Mon mal de tête me tue, je sens que mon cerveau est en surchauffe et qu'il pèse beaucoup trop lourd pour le faible os de ma nuque.
J'évite de croiser le regard de Hazar, et je prie intérieurement pour qu'on se sépare à un virage et que je reste seul.
Déjà, je ne suis pas spécialement fier de l'acte - débile et digne d'un grand bébé - que j'ai fait hier. Et ensuite, je n'arrive pas à aligner deux mots. La fuite de Dimitri me hante comme l'âme du premier homme que j'ai tué.
Il n'est qu'un lâche, mais il a sûrement ses raisons. Je le connais depuis je ne sais quand. Il n'a pas fui juste car cette nouvelle était choquante ! Non, il a encore ses couilles, il doit se comporter comme un homme bordel de merde !
Hazar ne semble visiblement pas vouloir me quitter. Elle me suit, un sourire en coin creusant ses joues.
Elle sait que je veux être seul mais que je ne veux pas le dire, et elle en joue.
- Monsieur Blakemore !
Le nain poilu approche en courant. Il ressemble toujours à un chimpanzé, et je trouve que Hazar pense la même chose vu la grimace pas discrète du tout qu'elle affiche en le voyant.
- Quoi encore ? Craché-je. Je peux pas souffrir de ma gueule de bois en paix ? Râlé-je en regardant Hazar du coin de l'œil.
- Crystal Blakemore vous cherche partout et...
- Ça va Charles, lance une voix féminine. Tu peux y aller.
Crystal sort de nulle part et s'avance en me prenant vivement dans ses bras. Je suis habitué à des telles démonstrations publiques d'affection, et je les apprécie particulièrement. Même si je ne serais jamais celui qui les fera. Jamais.
Crystal se détache de moi et s'avance vers Hazar qui se tient toujours près de nous.
- Hazar, sourit ma sœur. Ça va bien ?
- Oui, j'ai eu une mauvaise nuit mais ça va, répond cette dernière avec un ton plein de sous-entendus.
Crystal lui sourit et se tourne vers moi. Elle m'attrape le bras et m'attire un peu plus loin. Hazar, sachant que Crystal demande un peu d'intimité, s'éloigne et se poste près d'une fenêtre.
- Kayden, commence-t-elle. Où est Dimitri ?
- Pourquoi je le saurais ?
Je réponds sèchement. Elle fronce les sourcils en me regardant sans pour autant connaître la raison d'un tel changement d'humeur envers quelqu'un que je considère comme mon frère.
Elle semble peser le pour et le contre de quelque chose que je ne connais pas. Perdue dans ses pensées, elle finit par reprendre:
- Kayden... Dimitri est passé à mon appartement il y a quelques jours... Nous avons passé la soirée ensemble, il était étonnamment attentionné ce soir-là. Et puis... Il m'a avoué qu'il éprouvait... Des sentiments à mon égard et puis... Ben, ça s'est passé, dit-elle un sourire béat aux lèvres.
Ce qu'elle considérait comme une bonne nouvelle n'est qu'une flèche aiguisée me frappant en plein cœur. Il y a quelques jours... Juste avant que je ne lui raconte tout.
- Vous avez passé la nuit ensemble ? Murmuré-je passivement.
- O-oui mais depuis... Il m'évite, je ne le vois quasiment pas Kayden. Ça m'effraie. On dirait qu'il m'a utilisé.
L'humidité dans les yeux de Crystal me fait perdre l'esprit. Qui pourrait lui reprocher sa sensibilité excessive vis-à-vis de ce sujet ? Personne. Ce qu'elle a vécu lui pardonne tout.
Il a couché avec elle. Et s'est enfui quand il a tout appris...
Ma vision devient floue et je ne remarque que le regard effrayé et détruit de ma sœur.
Il a couché avec elle. Et s'est enfui quand il a tout appris...
Une autre chance n'est plus possible maintenant. Tout est clair. Chaque larme et chaque peine qu'il a engendré envers Crystal va lui coûter une goutte de son sang.
- Kayden je t'en supplie répond-moi, supplie-t-elle.
Il a couché avec elle. Et s'est enfui quand il a tout appris...
- Hazar ! Ordonné-je. Emmène Dimitri à la salle de torture...
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Hey hey hey,
Nous revoilà pour un autre chapitre :).
Je ne suis pas spécialement fière de ce chapitre. Mais cela fait une semaine que je n'ai pas publié. Et puis il faudra le publier un jour, je ne pense pas que je serais un jour satisfaite xD.
Mon imagination a pris un gros coup cette semaine mais je vous promet de rattraper ça au prochain chapitre !!
La dernière phrase de ce chapitre vous donne un petit apercu je trouve xD.
Allez, j'espère que malgré le fait que je ne suis pas spécialement fière, qu'au moins vous l'avez apprécié ❤❤❤.
Allez, peace !
~M.F~
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