15 - Désir d'Urgence
- Jonigan, tu voulais me parler ?
J'avance quelques pas avant d'apercevoir un objet volant dans ma direction. Je l'attrape au vol pour le regarder de plus près. Une carte électronique repose entre mes doigts. J'ai déjà vu ces cartes qui servent à ouvrir les portes des chambres de la base. Mais celle-ci est différente. Sa couleur dorée est certainement beaucoup plus vive que la couleur noire mate de la mienne.
- Qu'est-ce que c'est ? Demandé-je.
- Un chaton, se moque-t-il.
- Très drôle, je veux dire... J'ai déjà une chambre dans le dortoir des soldats, avec ma propre carte. C'est pour quoi ça ?
Je brandis la carte en le voyant sourire, montrant des dents aussi pointues que celles d'un vampire.
- Ce n'est pas à toi. C'est une copie de la carte de la chambre de Kayden. Vu que tu es son assistante, monsieur Harry a jugé nécessaire que tu puisses entrer directement dans la chambre du futur leader. En cas d'urgence bien sûr.
Je fronce les sourcils instantanément en regardant le bout de plastique. Je n'ai jamais entendu parler de ça. Avoir la carte de la chambre de Kayden. Je ne pense pas que cette attaque à sa vie privée lui plaise beaucoup, et je n'ai pas envie de me faire passer pour la petite fouineuse qui est en possession de la copie de sa carte.
- Tu as la carte de la chambre de monsieur Harry ? Hasardé-je.
- Bien sûr, sourit-il.
Il sort une carte similaire à celle que je tiens entre les mains de la poche de sa veste et me la montre.
- Attention. Si cette carte se perd, les Blakemore ne feront qu'une bouchée de nous, plaisante l'homme baraqué en s'approchant. Tu peux y aller. Mais je te préviens, elle ne doit être utilisée qu'en cas d'extrême urgence. Ne fait pas de conneries avec.
- Qu'est-ce que je pourrais faire avec ça ? Ce n'est qu'une carte.
***
Une carte magistrale.
J'avance dans le couloir en fixant l'objet d'un air hypnotisé. Tous ceux qui passent à côté de moi regardent la couleur royale de la carte d'un air surpris, puis relèvent la tête pour observer la propriétaire de ce trésor d'un regard variant de l'impressionné au douteux.
Je peux entrer dans la chambre d'un leader à n'importe quel moment. Ce poids pourrait me donner des ailes ou bien m'enfoncer six pieds sous terre. Un simple soldat a un accès illimité à la pièce la plus belle de la base. Mais ce simple soldat pourrait voir sa tête rouler au sol si ça ne plaît pas à Kayden. Qui sait s'il est au courant de ce que son père a décidé ?
- Salut.
Je relève la tête rapidement et tombe nez à nez avec un homme un tout petit peu plus long que moi, aux cheveux courts et au regard chaleureux.
- Salut...
Je réponds hésitante en camouflant discrètement le bout de plastique dans la poche de mon pantalon.
- Je suis Dimitri... Nous faisons partie de la même escouade de soldats.
Dimitri.
Je n'ai jamais vu cet homme, et je n'en ai jamais entendu parler. Il continue de me sourire en attendant que je prenne la peine de répondre.
- Ah oui ! Dimitri ! Bien sûr je me souviens de toi, menté-je en claquant des doigts.
Il lâche un rire très sympathique en se grattant la nuque.
- Je suis un ami de Kayden. On m'a dit que tu es sa nouvelle assistante. Félicitations.
- Merci...
Il me salut d'un hochement de tête avant de continuer son chemin et de disparaître dans un couloir.
L'ami de Kayden est un homme très aimable et sympathique qui n'arrête pas de sourire ? En amour, "les contraires s'attirent" est une philosophie irréprochable. On dirait que c'est le cas en amitié aussi.
Rêvassant dans les mille et une possibilités de cette carte en or, je remarque que je viens d'arriver à la fin du couloir. J'aperçois une porte design en métal noir. Les initiales "K.B" gravées près de la serrure électronique me montrent l'identité du propriétaire de la chambre située au fond du couloir.
La chambre de Kayden Blakemore se dresse devant moi, et sa carte se trouve entre mes mains. Des fourmis s'activent sur tout mon corps crispé quand je ravale ma salive difficilement.
Je ne vois pas ce que je fais debout comme une touriste devant une porte ordinaire, mais - je ne sais pour quelle raison - ma main s'active à approcher la carte de la serrure électronique.
Je veux essayer.
Je veux voir la chambre majestueuse de la base. À cette heure-là, Kayden est sûrement à la cafétéria, on m'a dit qu'il y déjeune toujours.
Cinq minutes, rien que cinq minutes.
Qu'est ce qui pourrait m'arriver ? Que je casse un sabre en verre qui est aussi cher aux yeux de Kayden que la vie de tous ses soldats réunis ?
Bien sûr que non !
Qu'est-ce qui pourrait arriver de mal ?
Le petit "clic" provoqué par le fait que ma main ait approché la carte de la serrure sans demander l'autorisation de mon cerveau me tire de ma réflexion.
C'est ouvert...
Mais merde je suis complètement conne.
Le "En cas d'urgence" c'était pour faire déco peut-être ?!
J'entre bien que je sais que ce que je fais pourrait me faire perdre mon travail... Ou ma vie.
Après la porte en métal noire, une grande porte en verre ouverte se dresse à ma gauche, et une autre plus petite en métal à ma droite.
Je franchis celle en verre en faisant bien attention à ne faire aucun faux pas, aucun bruit. Rien que le bruit de ma respiration me fait rager.
Des sofas en cuir noir m'accueillent, ainsi que deux ou trois tables basses en bois blanc brut.
Une sorte de tablette est accrochée au mur, permettant de contrôler la température, la luminosité et l'humidité de la pièce.
Un autre mur est presque rempli de photos, non numériques et sans cadres. Je m'approche de ces papiers rares et observe l'une de ces photos. Kayden, qui paraît avoir dans les dix-huit ans grand maximum, tenant un arc bien tendu. Quelques mèches de ses cheveux légèrement longs et bouclés descendent sur son regard qui est fixé sur une cible au loin, chaque muscle de ses bras aussi tendu que l'arme qu'il tient.
Je continue de marcher silencieusement dans le salon, hypnotisée par la beauté de cette pièce qui est pourtant si simple. Avoir un peu plus qu'un lit, une table et une chaise n'est pas donné à tout le monde. On a préféré économiser les matières premières demandées pour la construction de ces meubles "de luxe" afin de construire un plus grand nombre d'armes.
Je remarque la cuisine pas loin, mais préfère me diriger vers une autre porte ouverte d'où se dissimule une douce lumière.
J'approche de la porte, quand mon regard se pose sur une longue silhouette dans la pièce lumineuse.
Je sursaute en voyant Kayden près d'une fenêtre blanche. Ses coudes et son dos reposent sur celle-ci alors qu'il regarde le plafond d'un regard sans expression. Sa chambre à coucher, assez grande, paraît soudain plus petite quand sa silhouette imposante y est.
Mon corps tout entier est victime de spasmes et mon cerveau arrête toute activité alors que mon cœur, lui, redouble de force.
Il va me trucider.
Quand la lumière du soleil chatouille chacun de ses traits, ses cheveux d'un brun sombre deviennent étonnement plus claires. Son t-shirt blanc moulant son torse est en harmonie parfaite avec la couleur claire des murs et de la fenêtre, rendant le tout d'une beauté aussi fragile de celle d'un flocon de neige.
Ses traits sereins lumineux sont si calmes et reposés qu'il en est difficile de détourner le regard pour sortir au plus vite de cette pièce. Ses yeux dilatés laissent entrevoir des iris azur fixant le vide d'un air las.
Le voir dans cet état second me captive. Mais, lui, ne m'a pas vu. Je dois sortir de là au plus vite avant qu'il ne me remarque.
Je fais un pas en arrière et tourne lentement les talons. Les quelques premiers pas doivent être d'un silence absolu. Je pourrais être un peu plus bruyante une fois dans le salon pour pouvoir m'en aller sans...
- Bonjour.
Sa voix cristalline me fait frissonner.
Je lui refais face. Il me regarde en fronçant légèrement les sourcils, s'éloignant doucement de la fenêtre sur laquelle il était adossé.
- Bonjour, murmuré-je en préparant une excuse qu'il pourrait croire.
Il m'invite à entrer d'un mouvement rapide de la tête.
J'entre dans la vaste chambre à coucher. Un lit dont le matelas est en forme de cercle trône au milieu de la pièce. L'armoire à porte coulissante, le mur, le sol, la fenêtre, tout cela est en blanc. Le tapis moquette, les statuettes de combattants, la tête de lit faite en bois, tout cela est en gris. Si ses yeux bleus ne me transperçaient pas d'une lueur aussi colorée, je m'aurais cru dans un film en noir et blanc.
Une phrase sur la tête de lit m'attire l'attention.
"The Doors Will Be Opened To Those Who Are Bold Enough To Knock".
Je me retourne et sort la carte comme premier réflexe.
- Jonigan me l'a juste donné pour...
- Je sais, me coupe-t-il. Je sais...
Il continue de me fixer et ferme la fenêtre d'un mouvement rapide. Ses cheveux assez ébouriffés regagnent leur couleur sombre quand il s'éloigne de la fenêtre pour marcher dans un coin un peu plus sombre de la pièce.
- Approche.
Je m'apprête au pire et m'approche quand il continue de fixer le vide. Mes bottes claquent sur le sol blanc de la chambre, puis glissent sur la texture moelleuse du tapis moquette.
- Si garder un secret peut avoir un effet négatif sur quelqu'un, commence-t-il. Est-ce que ça vaut la peine de le garder ?
Je le regarde avec des yeux de poule qui fait l'œuf. Mes lèvres font la moue alors que mes sourcils se lèvent instantanément. Je dois avoir une grimace ridicule, mais ce qu'il vient de me demander me laisse perplexe.
Il me demande un conseil ? Le leader me demande un conseil.
Ce n'est sûrement pas ça, je le suspecte de préparer un piège comme il l'a fait après l'attaque de Moord, pour pouvoir bien me rabaisser et m'engueuler sur le fait que je me sois introduite dans ses appartements.
- Excuse-moi ? Sorté-je d'un débit hésitant.
- Un secret que je garde aura sûrement un effet négatif sur les personnes autour de moi. Je dois le garder oui ou non ? Répète-t-il.
- Ça a rapport avec ce qui s'est passé avec Crystal ?
- Ça n'a rapport avec personne. Juste...
Il passe sa main sur sa nuque qu'il frotte lentement.
- Répond-moi s'il te plaît, continue-t-il.
Il attend ma réponse en imitant l'indifférence, ce qui n'est pas réussi vu la vitesse avec laquelle son pied bat discrètement le sol.
Ce qui le tracasse a visiblement rapport avec sa sœur, ce sujet est la seule chose qui a pu le troubler jusque-là.
Il m'attend toujours comme un enfant attendant sa punition.
- Si tu es le seul à vouloir garder ça secret... Genre, s'il n'y a personne qui te demande de ne le raconter à personne, tu devrais le dire... Je suis claire ou pas ??
Son air fixe sans aucune expression me laisse penser que je dis n'importe quoi. Il finit par hocher rapidement la tête et plisse sympathiquement les yeux.
- Oui oui, dit-il en reprenant son ton froid. Je vois...
Il marche dans sa chambre sans me prêter attention, et finit par regarder sa tête de lit, plus précisément l'expression qui est dessus.
- Je peux partir ? Bégayé-je en serrant les dents.
Il avance de nouveau vers moi en mettant ses deux mains derrière son dos.
- Oui, mais avant...
Il me conduit lentement jusqu'à l'extérieur de la chambre, nous passons dans le merveilleux salon pour arriver à la porte d'entrée en métal.
- Pour ton information, dit-il d'une voix grave.
Il sourit en coin en ouvrant la porte avant de reprendre:
- Entrer pour visiter mon appartement en espérant que je ne sois pas là ne fait pas partie des "cas d'urgence".
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Hey hey hey,
Je vous revois aujourd'hui dans ce 15e chapitre de Bravery !!
Hazar joue la curieuse pour la 1e fois et fait son entrée dans l'antre de notre leader froid.
J'ai essayé de faire que son appartement ne soit qu'un miroir qui reflète le caractère de Kayden. J'aurais bien aimé un appartement plein de décoration, mais je pense que celui-ci ressemble plus à mon Kayden froid et qui se fout des trucs inutiles xD.
Anyway, vous l'avez deviné, Kayden hésite à tout raconter à Dimitri !!
À votre avis, devrait-il le faire ?
Merci beaucoup de me suivre toujours, vous êtes sincèrement les meilleurs et j'espère que cette fiction est à la hauteur ❤.
Allez, peace !
~M.F~
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