13 - Bien vivante

Un ouragan efface toutes les pensées calmes qui surplombaient mon esprit dans un mouvement brutal et inattendu. Comme après le passage de n'importe quelle tempête, mon esprit n'est plus qu'une terre détruite et ravagée par ce vent brutal.

Je pensais toujours que ces hommes m'avaient oublié. Qu'ils avaient cru qu'une gamine de douze ans n'aurait jamais pu survivre dans la nature hostile, mais aussi sur un territoire ennemi alors qu'elle était gravement blessée.

Mais voilà qu'après de longues années, la flamme éteinte depuis plus d'une décennie se rallume pour brûler mon épiderme d'une chaleur insupportable.

- Ils ne pourront même pas approcher, déclare-t-il. N'oublie pas que tu es à Bravery et qu'on a les meilleures défenses du monde.

- Ah oui ?! Alors comment tu expliques le salaud qui nous a lancé la flèche ? Il a tiré depuis Moord peut-être ?!

Je crache carrément mes paroles en soufflant. Quand je m'énerve, alors je m'énerve. Je ne suis pas une gamine et essayer de me rassurer en me lançant des sottises ne fait que me mettre de plus en plus en rogne. Il reçoit mes cris sans broncher, impénétrable comme d'habitude. Son regard perçant m'obligerait presque à baisser la tête après avoir crié sur lui, mon chef.

J'ai bien dit presque.

***
Point de vue de Kayden

Devant un message aussi sauvage, j'aurais mis ma main à couper qu'elle aurait au moins un moment de faiblesse où elle commencerait à trembler comme une feuille.
Moord est bel et bien le maître incontesté de la torture. Comparées aux leurs, nos tortures ne sont que des caresses, des chatouilles. Finir entre leurs mains est quelque chose que je ne souhaiterai pas à mon pire ennemi.
Quoique...

Mais la peur n'est pas du tout présente - pas visible en tout cas -. Hazar n'est pas effrayée, c'est plutôt une colère indomptable qui conquiert son esprit. Ses cheveux blonds ne sont plus comparables à un champ de blé comme le dise tous ces poètes inutiles, je le vois plutôt tel une crinière de lion sauvage. Elle déchire brutalement la lettre pour la jeter dans la fontaine, et tourne les talons pour se diriger vers l'intérieur de la base avec de grandes enjambées.

***

Deux jours plus tard...

Cette histoire m'intrigue. Premièrement, une menace de territoires ennemis qui m'est adressée, et Moord est sûrement à la tête de ces terres.
Deuxièmement, la menace de Moord, mais cette fois à Hazar. Je savais bien que je ne devais pas accepter une moordienne comme assistante, malgré le fait que son potentiel est aussi clair que le soleil dans un ciel sans nuages.

Tellement de questions se bousculent dans ma tête, j'ai l'impression que les points d'interrogation organisent une soirée champagne. Et, malheureusement, les réponses ne sont pas invitées.

Je me casse la tête à essayer de trouver un lien entre ces deux évènements. Chaque seconde qui passe me rapproche d'une catastrophe imminente. J'ai ordonné Hazar de ne raconter cela à quiconque, j'ai même fait un effort pour rester aimable et sympathique pour qu'elle ne prenne pas mes ordres pour une insulte envers sa dignité. Qui sait ce qu'elle pourrait faire si elle pense que je lui donne des "ordres".

J'approche de l'entrée de l'entrepôt désert. Ce bâtiment abandonné voisinant la base est le meilleur endroit afin de parler tranquillement à l'abri des oreilles trop curieuses. Hazar devrait déjà être là, je l'ai prévenu que je n'aime pas attendre et elle m'a bien fait remarquer qu'elle n'est jamais en retard.

Un coup d'œil circulaire me permet d'observer l'horizon, guettant le moindre mouvement qui pourrait trahir un ennemi dissimulé derrière les gros buissons qui m'entourent.

Des bruits attirent mon attention alors que je ne suis qu'à quelques mètres de la grande porte. Mes pas s'arrêtent net quand je tends l'oreille pour remarquer des cris et des bruits de métaux venant de l'intérieur de l'entrepôt. J'accélère ma marche en entendant ces sons qui sont visiblement ceux de Hazar, qui n'a pas l'air contente.

Je la vois. Entourée de deux hommes qui l'attaquent sévèrement, des sabres à la main. Elle manie son épée de même et se défend avec une ténacité qui me laisse sans voix. Ses cheveux voltigent dans les airs, elle essaye de garder le rythme alors que ces hommes sont supérieurs en nombre et en masse.

Les attaquants sont gros et grands, ils attaquent simultanément en évitant de toucher à ses organes vitaux : La tête, le cou, le cœur... Je comprends vite que ces chiens ne sont que des hommes venus de mon territoire ennemi et qu'ils veulent la prendre vivante. Ils ont traversé nos défenses pour arriver à quelques kilomètres de la base ! J'aurais deux mots à dire à Jade. Si deux hommes ont pu traverser nos barrières, alors une armée n'aura pas beaucoup de mal à le faire.

Je sors lentement mon flingue de ma poche malgré le fait que je n'ai jamais aimé l'utiliser. Dans un mouvement violent et précis, Hazar transperce soudainement la clavicule du premier adversaire qui perd l'équilibre. Elle continue son combat acharné sans même sentir ma présence, la sueur perlant sur son front et la haine brillant dans son regard. Je décide finalement de ranger mon arme, et de la regarder se débrouiller seule face à ces gaillards. Quelques secondes plus tard, elle réussit à se débarrasser de l'homme blessé, se retrouvant face à face avec le dernier ennemi.

Je la regarde faire en restant debout près de la porte du bâtiment. Elle ne me remarque pas et continue de se battre courageusement contre le géant qui se bat comme un sauvage. Des minutes passent, sans pour autant qu'il puisse prendre le dessus. Tout d'un coup, la lame de la guerrière vient se loger en plein cœur du dernier ennemi, celui-ci rejoint son collègue et s'écroule, l'épée de mon assistante toujours enfoncée dans son corps plein de sang.
Hazar regarde les corps sans vie des deux hommes, sa poitrine se relevant rapidement à chaque longue inspiration. Le combat est terminé, l'adrénaline diminue d'un seul coup et les membres d'Hazar commencent doucement à trembler.

Elle remarque finalement ma présence en se retournant lentement. Son visage se raidit quand elle me voit, elle n'a pas l'air contente. Elle serre les dents et fronce ses sourcils épais. Ses yeux bleu-vert me transpercent d'un regard dérangé, qui veut sûrement dire "Venir m'aider aurait été bien !".
Elle n'ouvre pas la bouche mais je vois qu'elle aurait bien voulu le dire.

- Tu es une des guerrières de Bravery. Et mon assistante. Je n'ai pas à venir jouer les héros pour te sauver. Tu peux te débrouiller seule.

Ses traits se détendent peu à peu en m'entendant. Elle ne l'avouera visiblement pas, mais elle n'aurait pas apprécié d'être aidée par quelqu'un quand elle peut tout de même se battre seule. Un sourire rapide se dessine sur ses lèvres, pour s'effacer instantanément quand elle arrache vulgairement sa lame de la carcasse de son agresseur.

Les guerres nous ont apporté des points positifs qui ont presque muté nos gènes. Les papillons ont muté et évolué pour changer de couleur après des centaines d'années pour pouvoir se camoufler dans les arbres et devenir invisibles aux yeux de leurs prédateurs. Quant à nous, ça nous a pris quelques années. Nous nous sommes forgés une carapace anti-sentiments, anti-humanité. Et cette carapace est visible quand on observe le regard neutre qu'adopte Hazar quand elle observe les morts sans broncher. Aucun dégout, aucune pitié, ce n'est qu'un geste naturel qu'elle fait presque tous les jours.

Des petites taches de sang décorent son top kaki. C'est en le regardant de plus près que je remarque une légère déchirure au niveau de son abdomen. Une simple coupure, on dirait que le sabre n'a fait qu'effleurer sa peau. Je pense que cette blessure est superficielle, je ne suis pas médecin mais mieux vaut questionner quelqu'un qui y a goûté que quelqu'un qui l'a étudié.

Dans ces moments là, je remercie mon père de me conseiller de toujours avoir un morceau de bandage quand je sors de la base. Un conseil que j'ai qualifié d'inutile vu que ce bandage serait sans grande utilité devant une blessure profonde. Mais aujourd'hui, il pourrait enfin m'être utile.

- Enlève ton haut, lui lancé-je.

Son regard choqué m'invite à lui montrer la déchirure de son top. Elle remarque qu'elle s'est coupée et ravale sa salive.

- Non... ça va.

- Je veux juste juguler le sang.

Je lui montre le morceau de bandage que je sors de ma veste. Elle ne paraît pas plus rassurée et continue de regarder la déchirure en la touchant du bout des doigts.

- Ce n'est qu'une coupure, bégaie-t-elle. Je n'ai pas besoin de ça, je me soignerai une fois à la base.

Son teint blêmit alors qu'elle ne sait pas où poser son regard. Elle a l'air plus stressée que quand elle a lu la lettre, alors que cette coupure est plus inoffensive qu'une piqure de mouche.

- Je ne vais pas te manger, allez, négocié-je en m'approchant.

- Mais non, sort-elle. Ce n'est qu'une coupure.

Elle tire sur son haut avec hâte. Elle expire lentement en adoptant une mine exaspérée. Elle ne veut pas enlever son haut, c'est clair. Mais pourquoi ?

- Tu sais, ajouté-je. J'ai déjà vu beaucoup plus qu'un ventre. Ça ne va pas m'exciter plus que ça.

- Mais non ! Souffle-t-elle en marchant dans l'entrepôt. Ce n'est pas ça. En plus, je pense que tu as beaucoup de questions à me poser, alors oublie cette foutue coupure et vas-y, tranche-t-elle en terminant la discussion.

Elle choisit une caisse en bois où elle s'assoit, ses jambes espacées. Elle regarde le sol en fronçant les sourcils, puis relève sa tête en me scrutant, attendant la suite.

- Bien, abandonné-je. Pourquoi maintenant ?

- Hein ?

- Cette lettre. Cette menace. Pourquoi maintenant ? Qu'est-ce qui leur a fait attendre vingt-cinq ans pour envoyer ce stupide message ?

- J'en sais trop rien, répond-elle vaguement. Je pensais qu'ils croyaient que j'étais morte. Ils ont tué mes parents et m'ont presque déchiqueté quand je me suis enfuie, qui pourrait croire que j'ai pu survivre ? Comment ont-ils pu savoir que j'ai survécu ?

- Tu as déjà eu un contact avec quelqu'un de Moord ? Un ancien ami ? Un membre de ta famille ? Hasardé-je.

Si la réponse à ma question est positive, elle sait bien qu'elle aurait de gros problèmes. Avoir une quelconque relation avec l'ennemi est le fait le plus suspect qui pourrait exister, surtout si le suspect porte le sang de Moord.

- Bien sûr que non ! S'énerve-t-elle. J'ai tout fait pour oublier et pour qu'ils m'oublient. Je ne vois pas pourquoi je voudrais parler avec eux. J'ai tout essayé pour qu'ils ne sachent pas que je suis toujours en vie.

- Et bien, on dirait que maintenant ils le savent. Ou bien ils le savaient avant, analysé-je, et ils ont attendu que ton poste soit plus prestigieux pour te menacer.

Elle semble réfléchir en me regardant droit dans les yeux. Elle mord sa lèvre inférieure pour dire, d'une voix basse.

- C'est complètement con.

- Tu as une autre explication Einstein ?

Elle se tait en regardant une nouvelle fois le sol crasseux de l'entrepôt.

- C'est bien ce que je pensais, ajouté-je en remarquant son silence. Bon, pour l'instant nous allons garder ça pour nous. Une grande attaque contre Moord est en préparation, je compte en finir, alors je n'ai pas besoin d'un peuple en furie et d'un Jonigan sur-protectif qui vont sûrement tout gâcher. On est d'accord ?

Elle me scrute un moment avant de se lever, estimant que notre conversation est terminée et qu'elle peut enfin retourner à la base se soigner « elle-même ». Elle hausse un sourcil en hochant la tête.

- D'accord.

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Hey hey hey !

Je publie ce chapitre un peu plus tôt car je suis super contente :)

***
Mais aussi car il s'est passé un truc hier et que je DEVAIS vous le raconter.

J'étais au centre commercial avec des copines. Nous regardions un film. Soudain, dans les 15 dernières minutes, l'alarme d'urgence sonne...

Et qui dit alarme d'urgence - juste après les attentats en France, Allemagne, Belgique, Turquie etc - dit attentat :o.

Et vu que ce centre commercial est un des plus grands du pays, alors c'était attrocement flippant.

Nous sommes tous sortis rapidement, quelques-uns étaient littéralement en train de pleurer. C'était tout noir et tout le monde était super stressé. Puis, on nous a dit que c'était une: fausse alerte.

Mon coeur allait exploser tellement j'avais peur ! C'était jamais arrivé avant ! Bon sang c'était flippant.

Tout ça pour dire que nous avons eut de la chance que ce soit une fausse alerte, ou d'être dans un endroit où il y a de bonnes mesures de sécurité.
Mais bon, si une alerte nous a fait tellement flippé alors je n'imagines pas l'état des gens qui ont VRAIMENT fait face à un attentat.

À la fin nous sommes rentrés dans la salle de notre film et c'était le chaos ! Du popcorn partout et du soda sur les sièges xD. Et les dernieres 5 min du film étaient superbes xD

Bref, les pires 10 min de mon existence !

Voilà ma petite histoire xD
***

Bon, ce chapitre nous montre encore une petite '?' dans notre histoire. Je ne sais pas si vous avez remarqué quelque chose d'étrange :).

J'espère que ce chapitre vous a plu,

Allez, peace !

~MF~
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