XXIII - Océane

Paris - Novembre 2021

Ormaz et Thais restent seuls pendant une trentaine de minutes avant que cette dernière ne réapparaisse pour nous entraîner dans la foule, Margot et moi.

Je suis trop contente pour toi, dit Margot en la serrant dans ses bras.

Vous êtes quoi du coup avec Orm ? Je lui demande.

Vous êtes ensemble ? continue Margot.

Eh doucement avec vos questions, je viens à peine de reprendre mes esprits, elle rigole.

On danse en même temps qu'elle nous explique qu'avec Ormaz, elle se sent hyper bien et qu'elle voit à son comportement qu'il envisage du sérieux avec elle.

Il a beaucoup réfléchi ces derniers temps avant de se lancer parce qu'il veut pas foirer les choses avec moi, confie-t-elle, les yeux brillants.

Homme capable ! Je m'exclame en riant.

Ouais. Et demain soir, il m'a même proposé un ciné, ajoute-t-elle d'un air rayonnant.

Ahhh Thaïs bordel, c'est trop bien ! M'écrié-je en la serrant à mon tour contre moi.

Tu connais déjà le prénom des gosses ? demande Margot.

Tu m'épuises, où est-ce que tu trouves toute cette inspi à chaque fois ? Rétorque Thaïs en levant les yeux au ciel.

J'suis un clown, c'est dans ma nature, réplique notre amie avec un haussement d'épaules fataliste.

Nous éclatons de rire tandis que nos corps bougent au milieu de la foule en délire.

Et toi, avec Lesram au fait, vous en êtes où ?

Pour l'instant, y'a rien de vraiment défini. On couche ensemble régulièrement, je l'aime bien, on commence à se voir un peu tous les deux donc je me laisse porter, répond notre amie avec un haussement d'épaules désinvolte.

Rah ouais, t'es piquée Margot.

Elle pique un fard tandis que Thaïs et moi éclatons de rire devant son air gêné. Margot a beau jouer les dures, elle ne peut pas nous la faire à nous.

Oh ça va hein, marmonne-t-elle en détournant le regard.

Ça va, ça arrive à tout le monde, même à toi ! je la charrie gentiment.

Au même moment, je sens une présence derrière moi. Je me retourne pour découvrir Raphaël qui me détaille d'un œil insistant. merde, je l'ai jamais rappelé depuis la dernière fois et j'espère qu'il s'est pas fait un film.

Salut beauté, tu danses ? Me lance-t-il d'une voix rauque en se rapprochant.

Je fronce les sourcils et avant que je n'aie pu répondre, il se colle contre mon dos, ses mains se posant sur mes hanches avec insistance.

Hé, je ne t'ai pas invité à me toucher ! Je proteste en me dégageant vivement.

Allez, fais pas ta timide, la dernière fois c'est toi qui m'a sauté dessus et qui m'a chauffé pendant 1 heure.

D'un geste brusque, il m'attire contre lui, son souffle chargé d'alcool m'écœurant. Je me débats mais il est bien trop fort pour moi.

Soudain, une main puissante agrippe son épaule pour le tirer en arrière. Je pousse un soupir de soulagement en reconnaissant Mathieu, une lueur menaçante au fond des yeux.

Elle t'a dit de la lâcher mec, gronde-t-il d'une voix dangereuse. Alors tu dégages !

Eh, t'es qui toi ? Rétorque Raphaël d'un air arrogant, visiblement trop bourré pour reconnaître le blond.

Au secours, il est tellement ivre qu'il ne réalise même pas à qui il vient de répondre. Ok il fait sombre mais Mathieu est suffisamment connu pour être reconnaissable.

C'est ma meuf, alors tu la touches pas, sale bâtard, grince le jeune homme d'un ton glacial.

Ouais bah elle a pas la langue dans sa poche ta racli !

Avant que je ne réalise ce qu'il vient de dire, le polonais m'attire contre lui pour plaquer voracement ses lèvres contre les miennes.

Un hoquet de surprise m'échappe avant que je ne réponde à son baiser enflammé, enroulant mes bras autour de sa nuque. Mathieu approfondit le baiser avec une passion dévorante, sa langue venant caresser la mienne dans un balai lascif.

Je vais me faire embêter plus souvent si c'est pour avoir ce genre de protection... Non mais qu'est ce que je dis moi, je suis malade je pense ! Je frissonne et chasse cette pensée déplacée.

Lorsqu'il s'écarte enfin, le souffle court, je m'aperçois que Raphaël a disparu dans la foule.

Ta meuf ? Je murmure d'une voix rauque, encore grisée par son baiser ardent.

La ferme, gronde-t-il d'un ton rauque avant de m'embrasser à nouveau avec fougue sous les yeux de mes meilleures amies.

Ses mains puissantes se cramponnent à mes hanches, m'attirant toujours plus contre son corps musclé. Un gémissement rauque roule dans sa gorge tandis que nos langues se mêlent avec une sensualité affolante.

Pendant quelques instants, plus rien n'existe autour de nous. Je me perds dans la fougue de notre étreinte en savourant son odeur entêtante. Mes doigts se crispent sur sa nuque, le pressant toujours plus contre moi.

On se sépare, le souffle court et les lèvres gonflées. Pourquoi est-ce que j'aime autant embrasser ce garçon ?

Il est parti, c'est bon, me dit simplement Mathieu d'un ton brusque.

Euh bah merci, je crois, je balbutie.

Les filles sont toujours à côté de nous, un immense sourire aux lèvres, ayant assisté à toute la scène.

Ouais de rien, mais commence pas à t'imaginer quoi que ce soit hein, je l'ai fait juste pour qu'il se taille.

Ouais t'inquiète, j'avais compris..., je marmonne, soudain vexée par son attitude.

Non, je ne comprends rien du tout en fait. J'espère qu'il n'est pas en train de faire le mec juste parce qu'il y a du monde, parce que sinon il va sérieusement commencer a m'énerver.

Mathieu tourne les talons et s'éloigne d'un pas vif, me plantant là une nouvelle fois, frustrée et perplexe. Margot et Thaïs me rejoignent aussitôt, l'air ébahi.

Waouh la vache...lâche Margot d'une voix stupéfaite. Qu'est-ce que c'était que ça ?

Il aura beau dire que c'était juste pour que l'autre te laisse tranquille, moi j'ai vu de la passion là ...

Je sais pas mais il me soûle avec son égo de merde, je lâche avec agacement.

Mes amies m'approuvent d'un hochement de tête avant que nous ne nous remettions à danser pour évacuer ma frustration. Mais au fond, je suis totalement perdue face au comportement incohérent de Mathieu...

Pourquoi ça peut pas être facile pour moi pour une fois ? Pourquoi est-ce qu'il faut que je sois attirée par les gens perdus ou torturés ? Pourquoi est-ce que je suis si faible face à Mathieu alors que je m'étais juré de tenir mes distances ?

J'aurais bien besoin des conseils d'une mère parfois mais la vie en a décidé autrement. Je n'ai personne à part les filles à qui parler et ça me pèse. J'aimerais avoir mon père pour qu'il me prenne dans ses bras.

J'aimerais pleurer un bon coup pour évacuer ce stress et cette tension qui m'étreignent en permanence. J'aimerais redevenir une petite fille innocente, que sa mère n'a pas encore abandonnée, qui n'a pas perdu son père et qui n'a pas une peur irrationnelle de l'engagement. Une petite fille qui n'a pas de problèmes de confiance et qui pense naïvement que la vie est rose.

Un flot d'émotions me submerge soudain tandis que je danse avec ferveur entre Margot et Thaïs. Mes amies me lancent des regards inquiets, sentant probablement que quelque chose ne va pas. Mais je fais bonne figure, ne voulant pas gâcher la soirée. Même si chaque année, pour mon anniversaire, je pleure le soir quand je rentre chez moi, rongée par les souvenirs...

Mais aujourd'hui, je ne tiens plus et je m'effondre en larmes sur l'épaule de Margot, secouée de sanglots incontrôlables.

Oh non, ma beauté pleure pas, dit-elle d'une voix douce en m'entourant de ses bras réconfortants.

Thaïs nous conduit jusqu'à notre table après m'avoir demandé mon accord d'un regard bienveillant. Au point où j'en suis, je m'en fiche de savoir que tout le monde va me voir dans cet état de faiblesse.

Quand nous arrivons, je distingue au travers de mes larmes les têtes surprises et inquiètes des garçons.

Qu'est-ce qu'elle a ? Demande Lisko d'une voix perplexe.

Margot et Thaïs l'ignorent, trop occupées à prendre soin de moi avec tendresse. Mathieu me lance un regard intense, visiblement troublé par mes pleurs.

Sers-moi un verre de Jack s'il te plaît Margot, je murmure d'une voix éraillée.

Mais tu n'aimes même pas ça, fait remarquer Saddam d'un air étonné.

Il aimait ça lui, alors ce soir, je veux boire ça, je souffle, le cœur fendu par un chagrin familier.

Mon père adorait le whisky. Chaque samedi soir, il sortait sa bouteille du placard et se servait un beau verre ambré. Il aimait faire tournoyer l'alcool dans son verre et moi, j'adorais me moquer de lui, ne comprenant pas pourquoi il faisait ça...

Margot me tend le verre que je bois d'une traite, le liquide chaud me brûlant la gorge tandis que mes pensées me rattrapent et me noient dans mes souvenirs douloureux. Heureux ou tristes, je ne sais plus vraiment...

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