XXII - Océane

Paris - Novembre 2021

D'un geste vif, il attrape ma main baladeuse pour l'immobiliser sur sa cuisse.

Arrête ça tout de suite, gronde-t-il d'un ton bas mais ferme.

À contrecœur, j'obtempère, retirant ma main avec une petite moue boudeuse. Mais je ne compte pas en rester là pour autant. J'entends soudain que Saddam vient de mettre une de ses chansons et je compte bien m'amuser un peu.

Oh non change, c'est nul ça, je mens effrontément en reconnaissant les premières notes de Monégasque.

Je sens Mathieu s'étouffer de nerfs derrière moi et je rigole intérieurement, fière de mon petit effet.

Ah ouais, tu vas vexer Polak là, dit Saddam.

Bah je vais pas faire semblant hein, je rétorque.

Tu veux quoi alors madame la difficile ? me demande le blond d'un ton sec.

Je fais mine de réfléchir quelques instants avant de lâcher d'un ton détaché :

J'aime bien de Josman.

Un silence de plomb s'abat dans l'habitacle tandis que Mathieu se raidit contre moi, visiblement vexé. Je jubile intérieurement d'avoir réussi à le piquer au vif tandis que Saddam change la musique.

Sérieux Océane ? râle t-il. C'est ça que t'écoutes ?

Bah quoi ? C'est un problème ? Je rétorque avec un haussement d'épaules provocateur.

Nan !

C'est pas l'impression que j'ai, on dirait que tu vas te claquer un nerf là, je le nargue.

Les autres sont plongés dans leur conversation et ne font plus attention à nous. De temps en temps, je croise le regard amusé de Saddam dans le rétro et ça me fait sourire.

Commence pas parce que ça va me vener là, gronde Mathieu d'un ton menaçant.

T'es jaloux en fait !

Mais rien à voir, rétorque le jeune homme avec un peu trop de véhémence.

J'suis sûre que t'es jaloux parce que toi t'aura jamais les couilles pour écrire un truc comme ça

Moi c'est plus subtil c'est tout, j'ai pas besoin d'être vulgaire.

Alors que c'est toi qui as dit : T'aimes bien les positions hors du commun. Chuchoter dans mon oreille là je te veux. T'aimes bien quand on se tient par les mains. Mais tu préfères quand j'te tiens par les ch'veux.

Et après, tu veux me faire croire que t'aime pas ce que je fais alors que tu connais par cœur ...

C'est pas parce que je connais que j'aime bien...

C'est ça, j'te crois, lâche-t-il d'un ton sarcastique.

Je me reconcentre sur la musique et commence à chanter d'une voix langoureuse, au plus près de son oreille :

On roule, on baise, on baise, on roule des joints. Déshabille-toi, c'est plus tard la romance. On fait l'amour, après on recommence. Avec toi, c'est fou ce que j'aime le sexe

D'un geste brusque, il m'attire contre lui pour plaquer son bassin contre le mien, me faisant violemment prendre conscience de son érection. Un petit hoquet de surprise m'échappe tandis que ses lèvres se posent dans mon cou.

Continue et je te prends dans cette voiture sous les yeux de tout le monde, me chuchote t-il.

T'as retenu que j'aimais bien les lieux publics mais c'est pas un peu abusé là ?

C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour que tu la fermes, t'es insupportable !

Ton caleçon me raconte pas la même histoire pourtant...

J'essaie de bouger le moins possible maintenant, tentant d'oublier que je me trouve sur ses cuisses et qu'il me donne douloureusement chaud malgré tout ce que je viens de dire. J'espère qu'on sera bientôt arrivés parce que je commence à étouffer dans cet espace confiné.

Je me perds quelques instants dans mes pensées, le cerveau embrumé par l'alcool que j'ai ingurgité un peu trop généreusement ce soir. C'est d'ailleurs les effets de l'alcool qui font que je suis aussi téméraire et désinhibée. Sinon, jamais je n'aurais pu répondre aux provocations du blond de la sorte...

Soudain, la voiture ralentit pour s'arrêter devant la boîte de nuit. Enfin ! Thaïs et Ormaz descendent les premiers et je les suis rapidement, soulagée de pouvoir respirer un peu d'air frais. Du coin de l'œil, j'observe Elyo sortir à son tour. Mathieu et Saddam restent quelques instants pour discuter mais je n'arrive pas à comprendre ce qu'ils se disent.

[...]

Je suis au bar avec Thaïs et Margot, les garçons ont commandé des bouteilles de Belvé pour fêter mon anniversaire "comme il se doit". Bien sûr, ils ne veulent pas trop se faire remarquer donc c'est nous qui faisons les serveuses pendant qu'ils restent dans le carré.

Alors Océane, on me dit dans l'oreillette que t'a chauffé Boucle d'or dans la vago ! me taquine Margot.

Oh ça va, il l'a bien cherché aussi ! Je rétorque en rougissant légèrement. Et puis j'ai rien de mal.

Je repense malgré moi à la scène dans mon placard à balais. Si les filles l'apprennent, je n'ai pas fini d'en entendre parler. Pour l'instant, je préfère le garder pour moi. Seigneur, je donnerais tout pour revivre ce moment. Même si je sais que je ne pourrais plus jamais faire le ménage sans y repenser maintenant.

Quand vous allez enfin vous sauter dessus, la Terre va exploser, ricane Margot.

Mais oui, j'ai jamais vu autant de tension sexuelle entre deux personnes, ajoute Thaïs.

Continue et je vais voir Ormaz !

Ouhhh, mais c'est une menace ? me demande la rousse en rigolant.

Sur ces mots, le serveur revient avec un plateau chargé de bouteilles de Belvédère et de verres.

Bon allez, on y va sinon on va encore nous dire qu'on met trop de temps, je lance d'un ton impatient.

T'es juste pressée de retrouver le blond, je te comprends, me taquine Thaïs avec un clin d'œil.

Je lui tire la langue avant de me diriger d'un pas décidé vers le carré où les garçons sont installés. Mes amies me suivent en riant tandis que je me faufile à travers la foule compacte, en portant les bouteilles.

Ah bah enfin, vous êtes là ! s'exclame Lisko.

Tout le monde se sert généreusement à boire pendant que je dépose les bouteilles sur la table basse. Puis Margot, qui s'est assise sur les genoux de Lesram, lève son verre d'un air solennel.

À ta santé ma belle, et joyeux anniversaire !

Merci les gars, vraiment, je dis d'une voix émue. Vous n'imaginez pas à quel point ça compte pour moi de vous avoir tous ici ce soir.

Saddam me gratifie d'un sourire tendre tandis que Mathieu me toise d'un regard que je n'arrive pas à déchiffrer. Mon cœur s'emballe sous l'intensité de ses prunelles.

Les filles, vous le savez déjà mais vous êtes tout pour moi. Je vous remercierais jamais assez, j'ajoute en me tournant vers Margot et Thaïs.

Cette dernière me prend aussitôt dans ses bras avec un sourire radieux.

Je t'aime Océ, me dit Margot. Tu le sais.

Arrête, tu vas me faire pleurer là, je rigole en reniflant un peu.

Bon, assez de mignonneries ! lance soudain Ormaz d'un ton joyeux. On est là pour s'éclater ce soir, c'est pas le moment de pleurer !

Ouais, ouais t'as raison !

Margot m'attrape par la main et me conduit en bas de la scène. Thaïs nous rejoint rapidement, un verre à la main. Très vite, je me laisse porter par les pulsations envoûtantes, dansant et chantant entre mes deux amies. Je me sens vivante et ça fait du bien.

De l'autre côté, j'aperçois Ormaz qui nous observe d'un air gourmand, un verre à la main. Soudain, son regard s'accroche à celui de Thaïs et je peux presque voir les étincelles jaillir entre eux. Je lui adresse un léger signe d'encouragement et il semble le comprendre.

Il se lève brusquement et se faufile à travers la foule compacte pour nous rejoindre. Arrivé à notre hauteur, il attire brusquement Thaïs contre lui pour plaquer ses lèvres contre les siennes.

Youhou ! je m'exclame en riant.

Enfin ! Renchérit Margot avec un clin d'œil complice.

Mais Thaïs ne nous entend plus et répond avec fougue au baiser passionné d'Ormaz. Je ne peux m'empêcher de sourire devant ce baiser torride. Tout le monde sait qu'ils se tournent autour depuis des semaines, il était temps qu'ils passent la deuxième!

Avec Margot, on rejoint les garçons pour leur laisser un peu d'intimité. Enfin, je sais pas vraiment si on peut parler d'intimité vu que la boite est blindée mais vous m'avez comprise.

Alors ? demande Aladin.

C'est bon, Ormaz est un grand garçon, je rigole.

Un rire général accueille ma réplique tandis que les garçons nous resservent généreusement à boire. Margot m'attire contre elle pour un câlin complice.

Ils sont trop mignons tous les deux, chuchote-t-elle à mon oreille.

Je ne peux qu'acquiescer avec un sourire attendri.

Ouais, ils sont tous timides, c'est trop marrant. Ormaz j'ai du lui faire comprendre 4 fois avant qu'il se décide.

Margot rigole et du coin de l'œil, je croise le regard brûlant de Mathieu qui me dévore littéralement des yeux. Le jeune homme me toise avec une intensité à peine voilée, ses prunelles assombries par le désir. Lentement, il porte son verre à ses lèvres dans un geste suggestif, ses yeux rivés aux miens.

"Si tu veux m'embrasser, je ne te repousserai pas..." je pense avec un frisson d'anticipation.

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