XLIV - Océane
Alpes - Décembre 2021
Je sens une pointe de douleur et de colère monter en moi, mais je prends une grande inspiration et décide de l'ignorer.
— Bon, on commence ? demande Zeu, cherchant à briser la tension.
Il donne 4 cartes à chaque joueur en suivant le principe du jeu et j'ai déjà l'occasion de distribuer 2 gorgées. Je désigne Margot et Thaïs puis je dispose le reste des cartes de manière à former 6 lignes de cartes. En posant la dernière, tout en haut, celle qui représente le cul sec, je sens le regard du polonais sur moi.
Je l'ignore et je regarde une dernière fois mes cartes avant de les retourner face cachée. Un sept, un dix, un valet et une dame.
Lesram retourne la première carte. Un roi. Je jette un coup d'œil à Thaïs et son regard me confirme qu'elle ne l'a pas mais qu'elle veut attendre avant de mentir. Je la suis pendant que Lisko donne une gorgée à Mathieu.
Le jeu continue, et la tension monte à chaque carte retournée. Un huit apparaît, et Margot distribue une gorgée à Lesram et l'autre à Lisko. Une carte après l'autre, les gorgées s'accumulent, et l'alcool commence à faire son effet.
Je bois plus que de raison, essayant de me détendre et de ne pas penser à Mathieu. Mais je sens son regard sur moi à chaque fois que je prends une gorgée. La partie dure, et je commence à perdre la notion du temps.
Zeu retourne un neuf. J'hésite un instant avant de mentir à mon tour.
— Saddam tu bois !
— Moi sérieux Océ ?
— Allez fais pas ta fillette et prends tes quatres gorgées.
Durant toute la partie, j'évite soigneusement le regard du blond en face de moi. Je fais comme s'il n'était pas là et ne lui donne pas une seule goutte à boire. Lui aussi m'évite du mieux qu'il peut, rendant l'ambiance un peu tendue malgré tout.
Finalement, la carte du cul sec arrive. C'est une dame. Mathieu sourit d'un air satisfait avant de me désigner.
— Océane, dit-il simplement.
— Ok toi aussi t'en prends un alors !
— Menteuse !
Je retourne ma carte, révélant la dame.
— Nan.
Il jure alors qu'il est obligé de boire deux verres pleins. Je bois le mien d'une traite et je sens que ma tête commence à fortement tourner.
Je bouge un peu sur le canapé pour enlever mon pull, je commence à mourir de chaud ici. On continue la soirée en discutant et en buvant mais moi je suis déjà partie bien loin. Je sens la pièce tourner autour de moi. J'ai trop bu, beaucoup trop. Je ris sans vraiment savoir pourquoi, cherchant désespérément un moyen d'apaiser la tension avec Mathieu. Mais chaque regard échangé avec lui est une bataille perdue, un rappel de la distance qui s'est creusée entre nous.
Vers 1 heure, on décide d'aller se coucher si on veut pouvoir profiter de la journée du lendemain. Je monte les escaliers, luttant pour garder mon équilibre. Les murs semblent se rapprocher et s'éloigner à chaque pas. Je pousse une porte, pensant que c'est ma chambre, et m'effondre sur le lit, trop épuisée et ivre pour réaliser mon erreur.
Quelques minutes plus tard, la porte s'ouvre brusquement. Mathieu entre, visiblement agacé.
— Qu'est-ce que tu fais là, Océane ? demande-t-il d'une voix froide.
Je lève les yeux vers lui, clignant des paupières pour essayer de me concentrer.
— Je... je me suis trompée de chambre, je balbutie, essayant de me lever sans succès.
— Ouais, ben t'as plus le privilège de venir dans ma chambre la nuit, lâche-t-il avec amertume.
Ses mots me frappent comme un coup de poing, et je sens les larmes monter. Je me redresse tant bien que mal, vacillant légèrement.
— Désolée... je... je vais y aller, dis-je, la voix tremblante.
Je titube vers la porte, sentant son regard brûlant dans mon dos. En sortant, je me tiens brièvement au cadre de la porte pour retrouver mon équilibre, puis je me dirige vers ma véritable chambre. L'alcool amplifie ma tristesse et ma confusion, et je me laisse tomber sur mon lit, épuisée et bouleversée.
Les larmes coulent librement maintenant, et je m'enfouis sous les couvertures, espérant que le sommeil viendra rapidement m'arracher à cette douleur. Les mots de Mathieu résonnent dans ma tête, m'empêchant de trouver le réconfort dont j'ai désespérément besoin.
Je me réveille le lendemain matin avec un horrible mal de tête. Les souvenirs de la veille me reviennent en fragments flous, mais la confrontation avec Mathieu est terriblement claire. Ses mots résonnent encore dans mon esprit, et je sens une douleur sourde dans ma poitrine.
Je me lève péniblement, chaque mouvement aggravant ma migraine. Enfilant des vêtements confortables, je descends lentement les escaliers, espérant que personne ne remarquera mon état. En entrant dans la cuisine, je suis accueillie par l'odeur du café fraîchement préparé. Margot et Thaïs sont déjà là, assises autour de la table, discutant tranquillement.
— Salut, Océ, dit Margot en me tendant une tasse de café. T'as l'air d'avoir passé une mauvaise nuit.
— On peut dire ça, ouais, je murmure en prenant la tasse.
Je m'assois à la table, essayant de me concentrer sur la chaleur du café entre mes mains. Thaïs me lance un regard interrogateur, mais elle ne dit rien. Les autres commencent à arriver un par un, l'ambiance légère et animée contraste avec ma propre morosité.
Mathieu entre dans la cuisine, son visage est impassible. Il ne me regarde pas, et je ressens une nouvelle vague de tristesse. Je décide de sortir prendre l'air, espérant que la fraîcheur matinale m'aidera à clarifier mes pensées. En franchissant la porte, je me retrouve face à un paysage enneigé, magnifique et apaisant.
Je m'allume une cigarette et prends une grande bouffée, laissant la fumée s'infiltrer dans mes poumons et espérant qu'elle apaise ma douleur. Le calme de la montagne m'offre un bref répit, mais la réalité revient rapidement à la surface.
— Océane, t'es prête pour les courses ? appelle Ormaz de la porte.
— Ouais, j'arrive, dis-je en écrasant ma cigarette dans le cendrier.
Je rejoins Ormaz et Margot qui m'attendent déjà près de la voiture. Le trajet jusqu'au supermarché est ponctué de plaisanteries et de discussions légères, mais je me sens un peu en décalage. Margot essaie de me faire rire avec ses anecdotes, et je fais de mon mieux pour suivre leur rythme.
On remplit les chariots de conneries et d'alcool en suivant la liste écrite par les garçons.
— Je reviens, je vais chercher de la vraie nourriture, je dis.
J'attrape quelques légumes, des paquets de riz et de la viande parce que sinon à ce rythme là, je suis bonne pour manger de la raclette pendant des jours.
Une fois qu'on a fini les courses, on rentre au chalet et on range les provisions dans les différents placards.
— Eh c'est quoi ça, c'était pas sur la liste ? demande Lisko en pointant une courge du doigt.
— C'est une courge, je soupire en rigolant. Un peu comme toi.
— T'es vraiment pas sympa avec moi...
— T'as qu'à savoir reconnaître un légume, je le charrie.
— Et on mange quoi du coup avec toutes ses choses ? demande Saddam en voyant les légumes.
— Oh tu va pas t'y mettre toi aussi. Va demander aux autres et je vous prépare un truc en deuspi !
— Ok chef.
Il revient quelques minutes plus tard en me disant que les gars veulent manger du poulet.
— Oh bah c'est précis ça hein, râle gentiment Margot.
— Ok j'ai une idée.
Je me lance dans la préparation d'un poulet au curry avec les filles. Les garçons sont assis dans le salon en train de discuter de notre sortie au ski de l'aprem.
Soudain Yvick se retourne et crie dans notre direction.
— La place de la femme c'est à la cuisine.
— Répète et je te prive de repas, je dis d'un ton que j'espère menaçant.
— Sale sorcière, rigole Lisko.
Je roule des yeux mais ne peux m'empêcher de sourire. Margot et Thaïs se joignent à moi pour couper les légumes et préparer le poulet. Le parfum du curry commence à emplir la cuisine, apportant une chaleur réconfortante au chalet.
— Ça sent super bon, commente Margot en remuant la sauce.
Je me rapproche pour goûter et voir si je dois rajouter des épices.
— Parfait.
— À table, lance Thais.
Tout le monde s'installe et je suis impatiente d'avoir leurs retours.
— Oh punaise, c'est trop bon Océ, s'exclame Saddam. J'veux que tu me fasses à manger plus souvent.
— Pas de soucis, tu peux passer quand tu veux.
Je vois le blond tressaillir quand je dis ça. Intérieurement, je souris. Monsieur est jaloux, bien. Je vais pas lui courir après. S'il veut avoir le privilège d'être le seul pour qui je cuisine va falloir se bouger un peu.
Après manger, je retourne dans ma chambre pour me changer et enfiler ma tenue de ski. Elle est entièrement noire et je me trouve canon dedans. Il est vrai que j'ai un gros problème avec cette couleur, je la porte sans arrêt.
Je redescends et attrape ma doudoune avant de fermer la porte du chalet.
— On fait combien de voiture ? demande Zeu.
— Deux ça suffit si on veut économiser de l'essence.
— Ok, je laisse la mienne alors, dit Saddam.
— Qui monte avec moi, je demande.
Les filles se jettent sur moi et Lisko et Saddam rejoignent ma voiture.
— Et bah qu'elle équipe, commente Thais.
— Vous avez toutes laissez vos mecs, rigole Lisko.
— Faut pas leur répéter mais vous êtes plus intéressants, je rigole.
— Bahaha, ça sera répété et amplifié ça Océane !
— Ne te gêne surtout pas.
— J'vais lui faire la misère au Polak s'il arrête pas de faire le gros débile, ajoute Lisko.
— T'embrouilles pas avec lui pour moi stp...
— C'est pour son bien que je fais ça, ça a beau être mon pote s'il fait de la merde j'vais pas me gêner. Surtout s'il fait de la merde avec une meuf qui fait partie de la mif !
— Merci Lisko.
Après cette conversation, je roule en écoutant d'une oreille les conversations débiles qui fusent dans ma voiture. Merci la vie de m'avoir permis de rencontrer ces personnes.
Je suis très inspirée pour la suite, c'est tout ce que j'ai à vous dire !!
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