XL - Mathieu
Paris - Décembre 2021
J'arrive devant le collège d'Enzo et je galère à trouver une place de parking. Je finis par garer mon vieux camion sur le parking de l'école maternelle d'en face. Depuis l'accident, j'suis obligé de rouler dans ce bout de ferraille, ma caisse étant encore chez le garagiste.
Je l'ai amené chez un pote de mon ancien boss avec l'espoir qu'elle puisse être réparée. Au début, il était sceptique mais j'ai réussi à le convaincre avec un gros billet. Du coup, j'attends que le mec termine les réparations dans ce putain de camion blanc.
Je descends du véhicule et traverse la rue pour rejoindre le collège. Enzo m'attend déjà devant l'entrée, son sac de cours sur l'épaule, un sourire illuminant son visage en me voyant approcher.
— Salut Math, t'étais en train de bosser ? me lance-t-il en courant vers moi.
— Ouais, j'suis un gros truc là, t'es content d'être en vacances ? je lui réponds en ébouriffant ses cheveux.
Un gamin me reconnait, alors comme je suis de bonne humeur, je signe quelques autographes et Enzo me regarde avec une fierté non dissimulée. Les gamins s'entassent autour de moi, chacun voulant son moment de gloire avec PLK.
Après plusieurs minutes pendant lesquelles j'essaye d'esquiver les gosses qui se souhaitent de bonnes vacances de Noël, on finit par traverser la rue pour retourner au camion. Enzo commence à me raconter sa journée, mais mes pensées dérivent rapidement vers Océane. Elle est toujours au fond d'ma tête... et c'est pas pour me déranger.
C'est alors que je lève les yeux et je la vois. Laura. Sortant de l'école maternelle, tenant par la main un petit garçon qui ne peut être qu'à elle. Il a les mêmes cheveux qu'elle, les mêmes traits du visage et je me sens vriller.
Je m'arrête net, le choc me clouant sur place. Mon sang ne fait qu'un tour.
— Laura ! je crie en me dirigeant vers elle.
Elle se retourne, surprise et visiblement mal à l'aise. Le petit garçon, qui doit avoir environ quatre ans, s'accroche à sa main, regardant curieusement l'agitation.
— Mathieu... murmure-t-elle, ses yeux se posant brièvement sur Enzo avant de revenir vers moi.
Je lance les clés de la caisse à Enzo qui les rattrape de la main et qui semble comprendre que je ne veux pas qu'il assiste à cette scène. Une fois que je suis sûr d'avoir entendu la portière claquer derrière lui, je ne me retiens plus.
— C'est quoi ce bordel, c'est qui ce gosse ? je demande, la colère montant en moi à vitesse fulgurante.
Elle déglutit, visiblement nerveuse.
— C'est... c'est mon fils, dit-elle enfin.
Je sens une rage sourde monter en moi, mes poings se serrant involontairement.
— Ton fils ? Depuis quand t'as un gosse et tu m'as rien dit ? C'est qui le père ? je crie, sentant ma voix trembler de colère.
Le petit garçon regarde entre nous deux, ses yeux s'emplissant de larmes à mesure que la tension monte mais actuellement je m'en bat les reins de savoir ce qu'il peut penser ce morveux.
— C'est pas toi...
— Ça je sais bien, puisque je t'ai jamais connu enceinte ! j'explose. Comment t'as pu me cacher son existence ? On est restés ensemble pendant 3 putains d'années.
— Je sais mais c'était le fils de mon ex, celui avec qui je me suis remise et je ne savais pas comment te le dire...
— Celui avec qui tu m'a trompée, tu veux dire...
— Sois pas méchant s'il te plait, pas devant Esteban.
— Je m'en tape de ce que ton gosse peut penser de moi. Tu te foutais bien de savoir ce que je pouvais en penser moi.
— Calme toi, je t'en supplie...
— Que je me calme ? Tu m'a menti et t'as eu une double vie pendant toute la durée de notre relation.
— Je suis désolé, Lucas m'a déjà bien fait la morale à ce propos.
— Et bah il a raison ton keum, t'es qu'une merde !
Putain, j'ai tellement envie de serrer Océane dans mes bras en ce moment. C'est devenue une des personnes les plus importantes pour moi en beaucoup trop peu de temps.
J'allais partir quand Laura me pose une question qui m'arrête dans mon élan.
— Lucas m'a appris pour ton accident, comment ça va depuis ?
— Comment il a fait pour être au courant avant toi ? je demande, glacial.
— Avant que l'info ne soit officielle dans les médias, il a croisé un de ses anciens bails à l'hôpital. Lucas était là pour sa mère, quand il a croisé la fille avec qui tu étais le jour où on s'est vu sur l'île de la cité. Elle lui a passé un savon en lui disant que je n'étais pas assez bien pour lui et que je n'aurais jamais dû te cacher l'existence d'Esteban.
Plus elle parle et plus je deviens pâle, comprenant ce qu'implique ce qu'elle vient de me dire.
Océane était au courant...
Elle était au courant et elle ne m'a rien dit...
Quelle salope !
— Ta gueule
Elle attrape son gosse par la main et recule de quelques pas en voyant la haine qui se dessine peu à peu sur mon visage. Contre elle, contre son gosse et surtout contre Océane qui m'a menti elle aussi.
Putain de meufs !
Je prends une grande inspiration, essayant de me calmer, mais c'est impossible. La trahison est trop grande, trop profonde. Je lui jette un dernier regard, puis tourne les talons et marche rapidement vers le camion, le cœur battant à tout rompre.
Enzo m'attend, les yeux grands ouverts de curiosité et d'inquiétude.
— Ça va, Math ? demande-t-il timidement.
— Ouais, on y va, dis-je d'une voix rauque en montant dans le camion. Je démarre le moteur et nous quittons rapidement le parking, laissant Laura et son gosse derrière nous.
Les mains crispées sur le volant, je repense à tout ce qui vient de se passer. La trahison de Laura, la révélation d'un enfant caché, et surtout, la connaissance d'Océane sur toute cette histoire. Ma colère est brûlante, dévorante, et je ne sais pas comment je vais gérer tout ça. Une chose est sûre, rien ne sera plus pareil.
Enzo me regarde du coin de l'œil, visiblement inquiet de mon silence.
— Math, ça va vraiment pas, hein ?
Je serre les dents, essayant de trouver les mots pour expliquer ce bordel à mon petit frère sans exploser.
— C'est rien, Enzo. S'te plait pose plus de questions !
— Ok, je te laisse tranquille, dit-il peiné.
Je m'en veux de réagir comme ça avec lui mais je n'arrive plus rien à contrôler du tout.
Comment Océane a-t-elle pu me cacher un truc pareil ? Elle était censée être différente, celle en qui je pouvais avoir confiance. Et pourtant, elle m'a trahi comme les autres.
C'est toutes les mêmes putain !
Quand on arrive à l'appart, je dépose Enzo et j'attrape Nala. Je lui enfile sa laisse et je sors prendre l'air.
— Je sors promener Nala, tu le diras au daron.
— Fais pas de bêtises Math, j'ai eu peur la dernière fois, il me supplie.
Je me précipite pour le prendre dans mes bras, lui promettant de faire attention et je sors sans pouvoir m'empêcher de claquer la porte derrière moi.
Je croise la voisine du dessous dans les escaliers.
— Joyeux Noël en avance Monsieur Pruski.
Je grommelle une vague réponse.
Ouais joyeux Noël Mathieu Pruski. Gnanagna, j'vais vraiment finir casser un truc.
Putain, il me faut du Jack !
Je marche rapidement, Nala trottinant à mes côtés, sentant mon agitation. Je me dirige vers le parc, là où je sais que je pourrai être un peu tranquille. Le froid mordant de décembre me fouette le visage, mais cela ne fait rien pour apaiser la colère qui brûle en moi.
En arrivant au parc, je m'assois sur un banc, laissant Nala explorer les alentours. Le vent glacial fait virevolter quelques feuilles mortes autour de moi, et la froideur de l'air ne parvient pas à éteindre le feu de rage qui bouillonne en moi. Je serre les poings, mes jointures blanchissant sous la pression. Je sens mon cœur battre violemment dans ma poitrine, chaque pulsation alimentant un peu plus ma colère.
Je me lève brusquement et commence à faire les cent pas, incapable de rester en place. Je passe une main tremblante dans mes cheveux, essayant de trouver un moyen de relâcher cette rage intense. Je ramasse une pierre et la lance de toutes mes forces à travers le parc, la regardant s'écraser contre un tronc d'arbre avec un bruit sourd.
— Putain de merde ! criai-je, ma voix résonnant dans le silence du parc.
Nala revient vers moi, sentant mon agitation, et me regarde avec des yeux pleins de compassion. Je m'assois à nouveau sur le banc, les mains tremblantes, et je sors mon téléphone. Sans vraiment réfléchir, je compose le numéro d'Océane. La colère et la trahison bouillonnent encore plus fort à chaque sonnerie.
— Allô, Math ? répond-elle, sa voix douce et familière à l'autre bout du fil.
Oh putain, qu'est ce que j'ai la haine !
— T'es chez toi ?
— Oui pourquoi ? Je viens de promener Pêche.
Foutue peluche.
— J'arrive bouge pas, je dis de la voix la plus neutre possible.
— Ok, je t'attends.
Avec le temps, vous l'avez peut être compris, mais j'adore quand c'est pas tout rose et quand il y a de l'action.
Alors je peux déjà vous annoncer qu'ils vont souffrir encore un peu avant d'être heureux les loulous !
Bisous, j'vous prépare la suite
🤍
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