Paris - Novembre 2021

Je réalise ce qu'il vient de se passer alors que je rajuste ma robe et que j'essaye de reprendre mon souffle. Le blond me pousse derrière le canapé et se redresse vivement au moment où j'entends la porte s'ouvrir à la volée.

— Mathieu, mec, qu'est-ce que tu fous ? lance la voix d'Ormaz. On t'attend tous là !

Je retiens mon souffle, tétanisée à l'idée de me faire surprendre.

— Euh, ouais, j'arrive, bafouille-t-il d'un ton mal assuré. J'étais juste... en train de me rafraîchir un peu.

Ormaz le dévisage un instant, un sourire en coin aux lèvres.

— Ouais, j'vois ça, rétorque-t-il d'un ton malicieux. Tu peux pas t'empêcher de ramener une jolie nana dans ta loge, hein ?

Je me pétrifie face à ses paroles. Je ne sais pas pourquoi ça me touche autant, alors que je sais que Mathieu est un coureur de jupons. Pendant un instant, je me suis sentie différente.

Mais Ormaz ne semble pas avoir remarqué ma présence, heureusement. Il poursuit :

— Et au fait, t'as pas vu Océane ? Margot la cherche. Ça fait un moment qu'elle est partie aux toilettes.

— Nan, pourquoi je l'aurais vu ?

— J'sais pas. Bon, allez, dépêche ou tu va louper ta soirée !

Mathieu hoche la tête et suit Ormaz, me laissant seule derrière le canapé. Une fois la porte refermée, je pousse un profond soupir, la tête en vrac. Je me demande jusqu'où on serait aller si on avait pas été interrompus.

Je sors de la loge et envoie un message aux filles pour les rassurer.

De @oce_mr
M'attendez pas les filles, je rentre
Je suis claquée
Et c'est pas la peine de négocier, je me suis déjà pris un Uber...

De @thais_vtn
T'étais où ?
Ça va ?

De @margot_scrt
Vu la tête du Polak, je dirais que vous avez fait des bébés dans sa loge ;)

De @oce_mr
Mais Margot...
Je vous raconterais promis mais pas ce soir

De @thais_vtn
Ok ma belle

De @margot_scrt
Envoie un message quand t'es bien rentrée !

De @oce_mr
Merci
Finissez bien !
Thaïs, attends moi avant d'embrasser Ormaz :)

Une fois le message envoyé, je sors de la boite et attends mon Uber dans l'air froid de novembre. C'est vraiment la dernière fois que j'écoute les filles et que je sors comme ça en hiver.

Le trajet me parait interminable, mon esprit ne cessant de m'envoyer des images de Mathieu et moi dans cette loge. L'un contre l'autre...

Arrivée chez moi, j'envoie un message aux filles pour les prévenir que je suis rentrée et je me laisse tomber sur le canapé. Je n'ai même pas la force de me changer alors je m'allonge sous un plaid et j'attends que le sommeil m'emporte, Pêche à mes pieds.

[...]

Lorsque je me réveille, plusieurs heures plus tard, j'ai la bouche pâteuse et la tête lourde. Pourquoi je bois moi déjà ? Je jette un coup d'œil à l'horloge et constate qu'il est déjà 11h du matin. Poussant un grognement, je me redresse tant bien que mal, les membres engourdis.

Je me traîne jusqu'à la cuisine, les yeux à moitié fermés, et me sers une tasse de cappuccino avant de remplir la gamelle de croquettes pour Pêche. Mon spitz nain me rejoint aussitôt, aboyant pour réclamer son petit-déjeuner.

— Oui, oui, j'arrive, gourmande va, je la rassure en lui caressant la tête.

Une fois Pêche rassasiée, je m'installe confortablement sur le canapé, mon ordinateur portable sur les genoux. Aujourd'hui, je me suis prévue une journée d'écriture intensive ! J'ai besoin de me changer les idées et de me plonger dans mon nouveau roman pour oublier les événements de la veille.

Pendant des heures, je tape frénétiquement sur mon clavier, laissant libre cours à mon imagination. Peu à peu, je sens la tension quitter mes épaules.

Lorsque je finis par lever les yeux de mon écran, le soleil de novembre commence à décliner à l'horizon. J'étire mes membres endoloris, un sourire satisfait aux lèvres. Oui, cette journée de repos m'a fait le plus grand bien.

Je file dans ma chambre enfiler une tenue de sport et je pars courir. L'air frais du soir me fait un bien fou, me permettant de vider complètement mon esprit. J'accélère le rythme, laissant mes pensées s'envoler avec chaque foulée.

Après une bonne heure d'effort, je rentre chez moi, le souffle court mais l'esprit apaisé. Une bonne douche chaude et un repas léger plus tard, je me blottis à nouveau sur le canapé, Pêche à mes côtés alors que je me lance un épisode de ma série.

J'étais à fond dedans quand je m'aperçois que j'ai reçu une dizaine de notifications. Elles viennent toutes d'Instagram. Les plus récentes viennent de notre conversation avec les filles. Je l'ouvre aussitôt. Qu'est ce qui y'a encore ?

De @margot_scrt
Meuf !!!!!!!
Faut absolument que tu nous racontes là

De @thais_vtn
Oui
On veut les potins complets nous, pas que les miettes

De @margot_scrt
J'suis sûre que t'es allée dans sa loge
Bordel Océ, réponds

De @thais_vtn
On a besoin de savoir
C'est vital tu comprends :) ...

De @margot_scrt
Pourquoi Boucle d'or à commencé à te suivre ?

De @thais_vtn
Dis nous ???

De @margot_scrt
Tu lui a taillé une pipe, c'est ça ?
Dis moi que j'ai raison !

De @thais_vtn
Toi tais toi, elle s'appelle pas Margot !
Océ, réveille toi ou on vient toquer

Je comprends rien et j'ai aucune idée de quoi elles parlent, mais une info a retenu mon attention. Je quitte la conversation pour aller voir dans le fil de mes abonnés et je constate avec stupeur qu'elles ont raison.

Sur mon téléphone s'affiche la notification suivante :

@plkpb a commencé à vous suivre

Dites-moi que je rêve !

J'ai à peine le temps de réaliser ce que ça veut dire que la sonnette retentit. Je me lève et ouvre la porte pour découvrir Margot et Thaïs, surexcitées.

— Alors, tu nous racontes ? s'exclame Margot en entrant comme une furie.

— Doucement les filles, je dis en rigolant. Posez-vous, je vais vous expliquer.

Elles s'installent dans mon salon et Pêche se précipite vers Thaïs. Elles me regardent fixement, attendant mon histoire. Elles me font rire.

— Avant que je commence, je veux savoir comment vous avez vu qu'il s'était abonné à moi sur Insta.

— C'est Ormaz qui l'a balancé à Thaïs. Ils sont au studio je crois, et Ormaz l'a chopé en train de stalker ton profil, explique Margot.

— Ok...

— C'est tout ce que ça te fait ? dit Thaïs, surprise.

— Je vais pas danser juste pour vous faire plaisir...

— Je sais pas si tu te rends compte de ce que ça veut dire, ajoute Margot.

— Il s'est abonné avec son compte professionnel et y'a quasiment aucune meuf dans ses abonnés. Moi, j'trouve que ça veut dire beaucoup de choses, renchérit Thaïs.

Je les regarde tour à tour, un peu perplexe.

— Vous êtes bêtes au point de croire que s'il s'abonne, ça veut dire quelque chose ? Il veut juste me culbuter les filles !

Je suis pas naïve au point de penser qu'il m'a embrassé pour autre chose que me mettre dans son lit. Comme il me l'a si bien dit la première fois, qu'est ce qui est attirant chez moi ? Après, je peux le comprendre, qui a envie d'une coquille brisée de l'intérieur, d'une orpheline qui passe ses journées à écrire avec son chien.

Margot lève les yeux au ciel.

— Bon bah j'ai perdu mon pari, je pensais que c'était déjà fait moi, dit-elle en boudant.

Thaïs rigole tandis que la blonde sort un billet de son sac.

— Je te l'avais dit, Margot.

— Vous pensiez vraiment que j'allais m'envoyer en l'air avec lui dans les loges de cette boîte alors qu'il m'a traité comme de la merde ?

C'est ce que vous auriez fait si Ormaz n'avait pas ouvert la porte, me hurle ma conscience mais je l'ignore. C'est pas la peine d'en rajouter.

— Mais t'as vu le type ? s'exclame Margot.

— T'es pas censée être avec Lesram, toi ? je lui dis.

— Oh la jalouse, sors pas les griffes comme ça, je te laisse...

— Bon et sinon, tu nous la racontes ta fin de soirée ou je te chatouille ? dit Thaïs.

— Oui, t'as promis, ajoute Margot en me faisant ses petits yeux de chatons.

— Il se pourrait, qu'au lieu d'aller aux toilettes, j'ai rejoint Mathieu dans sa loge...

— Et ? M'oblige pas à te tirer les vers du nez ! s'impatiente la rousse

J'explose de rire.

— Doucement, la lionne.

— Accouche Océ, je vais pas tenir, continue Margot

— On s'est embrassés et...

J'ai pas le temps de finir ma phrase que je suis coupée par leurs exclamations.

— Oh my god, s'exclame Thaïs.

— Il embrasse bien ? demande Margot.

— Oui, c'était... Intense, je confesse.

Margot pousse un cri suraigu.

— Oh putain, Océane ! Raconte-nous tout, allez !

Et c'est ce que je fais, sans oublier aucun détail.

— Bordel Thaïs, je savais que t'aurais dû embrasser Ormaz hier soir, t'as vu ce que t'a coupé !

— C'est pas plus mal...

— Comment ça ? Rigole pas avec moi, jeune fille ! s'offusque Margot.

— Je coucherais pas avec lui, c'est tout !