XCI - Océane
Lac de Côme - Août 2028
J'ouvre les yeux avant même que mon réveil ne sonne, mon cœur battant déjà à mille à l'heure. C'est aujourd'hui. Aujourd'hui, je vais dire oui à l'homme de ma vie. Aujourd'hui, je vais devenir madame Pruski.
L'air frais du matin s'infiltre dans ma chambre, contrastant avec la chaleur qui se propage dans mon ventre. Je suis excitée, nerveuse, fébrile. J'ai passé la nuit à tourner dans mon lit, mon cerveau incapable de se calmer.
Quand je sors de mon lit, mes jambes me paraissent soudain plus légères et plus lourdes à la fois. Je me plante devant la grande baie vitrée qui donne sur le lac de Côme. L'eau scintille sous les premiers rayons du soleil, le décor est absolument parfait. Comme un rêve que je n'aurais jamais osé imaginer.
Une inspiration. Une expiration.
Aujourd'hui, je me marie.
J'ai hâte de retrouver Mathieu. Ça fait deux jours que je ne l'ai pas vu et ça me manque de m'endormir sans lui.
À peine ai-je le temps d'attraper mon téléphone que la porte s'ouvre à la volée. Thaïs et Margot déboulent dans la chambre avec un plateau chargé de croissants et de fruits.
— Debout, ma belle ! annonce Thaïs en déposant tout ça sur la table.
— J'ai à peine dormi, je grogne en me frottant les yeux.
— T'inquiète pas chouchou, on va tout arranger.
Elles m'attrapent par les bras et m'emmènent directement dans la salle de bain où une baignoire a déjà été remplie avec de l'eau chaude et des pétales de fleurs.
— C'est du luxe ça, je plaisante en me glissant dedans.
— On veut une mariée détendue et rayonnante, pas une boule de stress, répond Margot en me tendant un verre de jus d'orange.
J'essaie de me calmer, mais impossible d'ignorer l'adrénaline qui pulse dans mes veines.
Une fois sortie du bain, tout s'accélère.
La maquilleuse arrive.
La coiffeuse enchaîne les essais pour me faire un chignon flou parfait.
Mamie passe me voir avec les enfants avant d'aller les préparer eux aussi. Je me sens un peu coupable mais elle balaye mes doutes d'un regard.
— T'inquiète pas, Enzo et moi on est très contents de s'occuper de tes petits anges.
Elle me rassure avant de quitter la pièce.
Après plusieurs heures de préparation, la coiffeuse et la maquilleuse m'annoncent qu'elle ont fini.
— Mathieu va te dévorer des yeux, souffle Thaïs en fixant mon reflet.
Je souris malgré moi. Y'a intérêt !
Mais tout ça, ce n'est rien comparé au moment où Margot ouvre la housse qui contient ma robe.
Elle est sublime. Un bustier en dentelle fine qui épouse mes formes à la perfection, une jupe fluide qui effleure le sol. Pas trop volumineuse, pas trop simple, juste ce qu'il faut.
Margot et Thaïs m'aident à l'enfiler.
Quand je me redresse et que je me vois dans le miroir, mon souffle se coupe.
— Putain...
— Ouais, t'es une bombe, lâche Margot avec un sourire fier.
Thaïs, elle, a déjà les larmes aux yeux.
— C'est tellement parfait.
Je déglutis, l'émotion me prenant à la gorge.
Le moment de partir arrive bien trop vite.
Saddam me tend son bras, un sourire rassurant aux lèvres.
— Prête ?
— Oui. J'expire un grand coup.
Mais mon cœur cogne contre ma poitrine comme si j'allais sauter dans le vide.
À travers la fenêtre, je vois les invités déjà installés, les fleurs blanches suspendues à des arches en bois, l'autel face au lac.
Et puis, je l'aperçois.
Mathieu.
Dos à moi, son costume parfaitement taillé, les mains croisées devant lui.
L'air me manque soudainement.
Tout devient flou autour de moi.
Saddam me serre la main doucement et je le remercie intérieurement. S'il n'était pas là, je serais déjà tombée.
— Respire, Océ.
J'inspire profondément.
Quand je remonte l'allée, tous les regards se tournent vers moi, mais je ne vois que lui.
Mathieu.
Il se retourne lentement.
Son regard me percute de plein fouet.
Et à cet instant précis, plus rien d'autre ne compte.
Mon cœur tambourine dans ma poitrine alors que je m'avance dans l'allée, le bras accroché à celui de Saddam. Chaque pas que je fais me semble irréel, comme si tout ça était un rêve trop beau pour être vrai.
Mathieu est là, devant moi. Dos droit, mains croisées devant lui, sa silhouette ancrée dans ce décor parfait : le lac scintillant sous la lumière dorée, les fleurs blanches suspendues aux arches en bois, nos proches assis en silence, l'air suspendu.
Saddam me presse légèrement la main avant de la poser dans celle de Mathieu. Il recule légèrement et se place au niveau des autres témoins.
— T'es magnifique, murmure-t-il, sa voix rauque, à peine audible.
J'arrive juste à hocher la tête, incapable de parler sous le poids de l'émotion.
Le prêtre commence la cérémonie, mais tout est flou autour de moi. Tout ce qui existe, c'est lui. Lui et moi, nous deux, notre histoire qui nous a menés jusqu'ici, malgré tout.
Quand vient le moment de nos vœux, Mathieu sort un petit bout de papier froissé de la poche de son costume, le tourne dans ses mains une seconde, puis secoue la tête avec un rire nerveux.
— J'ai essayé d'écrire quelque chose de propre, vraiment, mais... il me regarde, et je vois son sourire trembler légèrement. Je vais juste parler avec mon cœur.
J'inspire profondément.
— Quand je repense à ma vie avant toi... Putain, y'a pas de mot pour dire à quel point j'étais en train de faire de la merde.
Des rires étouffés fusent dans l'assemblée, mais moi, j'ai la gorge serrée.
Mathieu secoue la tête, un sourire en coin.
— J'étais ce mec qui faisait n'importe quoi, qui vivait sans attaches, qui croyait que l'amour, c'était un piège ou une perte de temps. J'étais persuadé que le bonheur, c'était pour les autres.
Il avale difficilement sa salive.
— Et puis t'as débarqué avec ton caractère de feu, ta façon de m'envoyer chier quand je le méritais, et putain... Je crois que j'ai su dès la première seconde que j'étais foutu.
Je laisse échapper un rire tremblant, les larmes au bord des cils.
— Et on s'est pas facilités la tâche. On a fait n'importe quoi, on s'est tournés autour, on a joué au chat et à la souris... et pourtant, regarde où on est.
Il secoue la tête, ses doigts serrant un peu plus les miens.
— T'es la seule qui a réussi à me faire grandir, à me faire comprendre ce que ça veut dire d'aimer pour de vrai. Et si j'ai le moindre doute aujourd'hui, c'est pas sur nous. C'est juste sur ma capacité à être à la hauteur de tout ce que tu mérites.
Ma main se crispe dans la sienne.
— T'es déjà tout ce que je mérite, je murmure, incapable de me taire.
— Regarde-nous, aujourd'hui, ici. Regarde ce qu'on a construit. Deux enfants incroyables, une famille qui me donne envie d'être un homme meilleur chaque jour.
Sa voix se brise légèrement, et il inspire profondément avant de continuer :
— Ce que je ressens pour toi, c'est la seule chose dont j'ai jamais été sûr dans ma vie.
Il serre mes mains plus fort.
— Je veux continuer à me réveiller à tes côtés tous les matins, même quand tu râles parce que Victor a sauté sur le lit trop tôt. Je veux être là à chaque grande étape, chaque victoire, chaque échec. Je veux t'aimer comme je t'aime aujourd'hui, mais encore plus fort, parce que chaque jour, je découvre que c'est possible.
Je renifle discrètement, submergée par l'émotion.
— Alors aujourd'hui, je te promets ça : je te promets de ne jamais fuir. De ne jamais arrêter d'essayer d'être l'homme dont tu es tombée amoureuse. Je te promets que, même dans cinquante ans, quand nos enfants auront fait leur vie et qu'on sera vieux et ridés, tu resteras la plus belle chose qui me soit jamais arrivée.
Un silence plane, chargé d'émotions. Il sourit, les yeux brillants.
— Et bordel, j'ai hâte que tu sois officiellement Océane Pruski.
Des applaudissements discrets se font entendre parmi les invités, et j'éclate de rire malgré mes larmes. Je suis incapable de parler.
Il me faut quelques secondes pour me reprendre avant que je n'ose enfin ouvrir la bouche.
Je respire un grand coup, sentant mes mains trembler.
Je sors mon propre bout de papier, mais j'ai à peine le temps de lire les premiers mots que je l'abandonne sur le pupitre.
— Ok... moi aussi, je vais parler avec mon cœur.
Des petits rires s'élèvent, mais Mathieu, lui, me regarde comme si j'étais la seule personne sur cette Terre.
— Quand je t'ai rencontré, t'étais ce type insupportable qui se croyait au-dessus de tout le monde. Et je t'avais beaucoup idéalisé alors je suis tombée de haut.
Des éclats de rire résonnent.
— J'étais cette fille qui avait décidé de ne jamais tomber amoureuse d'un mec comme toi parce que je savais que tu pouvais avoir un très grand pouvoir sur moi en peu de temps.
Mathieu sourit en coin.
— Spoiler : j'ai échoué.
Je reprends mon souffle, cherchant mes mots.
— On s'est cherchés, on s'est défiés, on a résisté. Et puis, un jour, j'ai arrêté de lutter.
Mes yeux brillent, mes larmes menaçant de tomber à nouveau.
— Parce qu'avec toi, même le pire valait le coup. Parce qu'aimer quelqu'un comme toi, c'est accepter d'être bouleversée. D'être emportée dans une tempête qui, à chaque putain de fois, me ramène exactement où je veux être : dans tes bras. Avec toi.
Je vois sa mâchoire se contracter, son regard s'embuer.
Je me racle doucement la gorge, la voix tremblante.
— Tu es l'homme qui m'a appris que l'amour, c'est pas juste un grand feu d'artifice, c'est aussi les petites étincelles du quotidien. C'est Victor qui court nous réveiller le matin. C'est Olivia qui s'endort sur toi en tétant sa tétine. C'est toutes ces choses qu'on partage et qui font que chaque jour est un peu plus beau que le précédent.
Ma main serre la sienne encore plus fort.
— Je veux tout de toi, Mathieu. Tes bons côtés, comme tes pires défauts. Je veux tes ronflements insupportables, tes caprices sur la température de ton café, ton incapacité à retrouver quoi que ce soit sans mon aide.
Il pouffe de rire.
— Je t'aime comme j'ai jamais aimé personne. Et aujourd'hui, je te promets ça : je te promets que peu importe où la vie nous mène, peu importe les épreuves qu'on traverse, je ne lâcherai jamais ta main.
Mathieu serre les mâchoires, les yeux brillants.
— Et puis... je trouve qu'Océane Pruski, ça sonne plutôt bien.
Je vois une larme solitaire dévaler sa joue gauche et je souris, fière de moi. J'ai réussi à le faire pleurer moi aussi !
Victor s'avance alors vers nous, dans un petit costard trop grand pour lui, une boîte entre ses mains.
Mon fils.
Il est tellement beau, tellement fier.
Mathieu se penche et tend la main pour l'aider à monter sur la petite marche.
— Papa, maman, j'ai pas fait tomber les bagues ! dit-il, l'air beaucoup trop sérieux.
Mathieu éclate de rire et embrasse son front.
— Bien joué, champion.
Victor tend la boîte ouverte,
Le prêtre nous adresse un sourire bienveillant avant de poser son regard sur Mathieu.
— Mathieu Pruski, voulez-vous prendre pour épouse Océane Emery, ici présente, pour l'aimer et la chérir dans la joie comme dans les épreuves, jusqu'à ce que la mort vous sépare ?
Je sens sa main se resserrer autour de la mienne. Il n'a pas besoin de réfléchir, ses yeux plongés dans les miens parlent pour lui.
— Mille fois oui.
Un rire tremblant m'échappe alors que Victor lui tend son alliance. Mathieu la récupère délicatement et l'approche de mon doigt, inspirant profondément avant de parler :
— Avec cette bague, je te promets de t'aimer et de te choisir, chaque jour, pour le reste de ma vie. Je te promets d'être ton pilier quand tout vacille, de rire avec toi, de pleurer avec toi, d'être là dans les bons comme dans les pires moments. Je te promets de ne jamais cesser de nous faire grandir.
Ses doigts effleurent ma peau brûlante alors qu'il glisse doucement l'anneau à mon doigt. Mon cœur explose d'amour et de gratitude.
Le prêtre se tourne vers moi, son regard doux et rassurant.
— Océane Emery, voulez-vous prendre pour époux Mathieu Pruski, ici présent, pour l'aimer et le chérir dans la joie comme dans les épreuves, jusqu'à ce que la mort vous sépare ?
Je serre ses mains dans les miennes et laisse mes lèvres s'étirer en un sourire sincère.
— Plus que tout au monde.
Victor me tend l'alliance de son père, les mains légèrement tremblantes d'excitation.
Je récupère la bague et lève les yeux vers Mathieu. Il a le regard brillant, ses traits tirés par l'émotion contenue.
Je me racle la gorge, essayant de calmer la tempête qui secoue ma poitrine.
— Avec cette bague, je te promets de toujours croire en nous. De ne jamais prendre ce que nous avons pour acquis. De ne jamais cesser de me battre pour notre bonheur.
Je sens mes larmes remonter mais je poursuis, ma voix tremblant légèrement.
— Je te promets d'être ta maison, ton refuge. De ne jamais oublier que l'amour, ce n'est pas juste les grands gestes, mais les petites choses du quotidien. Et je te promets qu'à chaque matin où tu te réveilleras à mes côtés, je serai encore plus amoureuse que la veille.
Je glisse l'anneau à son doigt, mes mains légèrement moites.
Mathieu inspire profondément, secouant la tête comme s'il n'arrivait pas à croire à la réalité de ce moment.
Le prêtre nous adresse un regard complice avant d'annoncer, la voix claire :
— Par les pouvoirs qui me sont conférés, je vous déclare officiellement mari et femme.
Un silence suspendu.
Puis...
— Vous pouvez embrasser la mariée.
Mathieu ne se fait pas prier. Il m'attrape fermement par la taille et m'écrase contre lui, ses lèvres s'abattant sur les miennes comme si c'était la première et la dernière fois à la fois.
Les applaudissements explosent autour de nous, des cris de joie résonnent dans l'air tandis que je sens mes larmes se mêler à son baiser.
Je suis officiellement madame Pruski.
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