XC - Mathieu

Paris - Novembre 2027

Je la regarde s'installer sur le siège passager, un sourire en coin sur les lèvres. Je sais qu'elle est en train d'essayer de deviner ce que j'ai préparé. Elle me connaît trop bien. Mais cette fois, elle n'a aucune idée de ce qui l'attend.

Je démarre la voiture, et les lumières de Paris défilent sous nos yeux. De temps en temps, je jette un regard vers elle. Elle est magnifique, comme toujours, mais ce soir, il y a quelque chose en plus. Une étincelle dans son regard. Peut-être l'excitation, peut-être l'amour, peut-être juste l'effet de la ville qui brille autour de nous.

Je pourrais passer des heures à la regarder...

T'es bien silencieuse, princesse.

J'essaie juste de deviner où tu m'emmènes.

Je souris sans répondre et accélère légèrement. Quand je tourne dans une rue bien trop familière, elle écarquille les yeux.

Mathieu...

Je garde mon air impassible, mais je sens son regard fixé sur moi, plein d'émotion.

Non... T'as pas fait ça.

Je me gare devant le Louvre et coupe le moteur.

Peut-être bien que si.

Elle porte une main à sa bouche, sous le choc.

T'as privatisé une partie du musée ?

Seulement celle où se trouvent tes tableaux préférés.

Elle cligne plusieurs fois des yeux, comme si elle essayait de comprendre.

Mais... mais pourquoi ?

Parce que c'est ton anniversaire. Parce que je voulais que tu passes une soirée parfaite. Et parce que tu mérites qu'on t'offre tout ce qu'il y a de plus beau au monde.

Elle me regarde comme si j'étais la huitième merveille du monde, puis se jette à mon cou.

T'es fou.

Oui, complètement fou de toi.

Je l'aide à descendre de la voiture, et on entre main dans la main dans le musée désert. Il n'y a que nous, les œuvres, et ce silence presque irréel.

Elle déambule entre les tableaux, fascinée, les yeux brillants d'admiration. Je sais qu'elle est déjà venue ici cet après midi mais je sais aussi à quel point elle apprécie le calme alors je l'observe, redécouvrir les tableaux et les statues sous un œil nouveau.

Sans un bruit, juste elle et moi dans le plus beau musée du monde.

Je me tiens un peu en retrait, savourant ce moment. Voir l'émerveillement sur son visage, c'est tout ce que je voulais. C'est elle la plus belle œuvre d'art à mes yeux.

C'est le plus beau cadeau qu'on m'ait jamais fait, murmure-t-elle en se retournant vers moi.

Je lui tends la main, et elle la prend sans hésiter.

Et c'est pas fini.

Elle fronce les sourcils, mais je l'entraîne dehors. Je la fais à nouveau monter dans ma voiture et conduis jusqu'à un rooftop, avec vue imprenable sur Paris illuminé, la  Tour Eiffel brillant au loin. Une table est dressée, des bougies scintillent, et le champagne nous attend.

Elle me fixe, les yeux remplis d'amour et de surprise.

Mathieu...

J'ai juste envie que tu sois la reine de cette soirée.

On s'installe, et le dîner commence. On rit, on se remémore nos souvenirs, on parle de Victor et Olivia. Elle me raconte sa journée, son passage au Louvre, et je me dis que je suis l'homme le plus chanceux du monde d'avoir cette femme à mes côtés.

Mais mon cœur bat plus vite, parce que je sais ce qui va suivre.

Quand le dessert arrive, mon pouls s'accélère encore.  Le serveur pose les assiettes devant nous et je glisse discrètement ma main dans ma poche, caressant la petite boîte en velours.

Victor m'a fait cogiter. Il avait raison. Océane doit porter mon nom.

Je me lève doucement, et elle me regarde, intriguée.

Qu'est-ce que tu fais ?

Je prends une profonde inspiration et me mets à genoux devant elle.

Ses yeux s'écarquillent, sa main vient couvrir sa bouche, et elle se fige complètement.

Mathieu...

J'ouvre la boîte, dévoilant la bague de fiançailles de Mamie, un anneau d'or fin orné d'un diamant délicat, chargé d'histoire et d'amour.

Océane, je commence, ma voix légèrement tremblante. Depuis le premier jour, j'ai su que tu étais celle que j'attendais. Tu es la femme la plus forte, la plus incroyable et la plus belle que j'aie jamais rencontrée. Tu m'as donné une famille, tu m'as appris à aimer comme jamais je ne l'aurais cru possible. Alors ce soir, devant tout Paris, je te demande une seule chose : veux-tu devenir officiellement madame Pruski ?

Elle ne bouge pas. Ses yeux brillent de larmes, et pendant une seconde, j'ai peur qu'elle ne réponde pas.

Puis, soudain, elle éclate de rire, un rire tremblant, chargé d'émotion, avant de hocher frénétiquement la tête.

Oui. Oui, je te veux.

Mon cœur explose de bonheur.

Je glisse la bague à son doigt, et elle se jette dans mes bras, ses larmes coulant contre mon cou.

Bientôt t'aura le même nom de famille que tes enfants. Joyeux anniversaire Océane.

[...]

Cela fait bientôt une semaine que j'ai fait ma demande et je ne comprends pas pourquoi je ne l'ai pas fait plus tôt.

Océane passe son temps à regarder la bague qui orne son doigt et à la faire tourner comme si c'était la plus belle chose au monde.

L'éclat dans son regard quand elle pose juste après, ses yeux sur moi me rend fou.

Cette femme va devenir ma femme. La mère de mes enfants va enfin avoir mon nom.

Parfois je suis un idiot. C'est évident qu'elle n'attendait que ça.

Eh, t'as fini de te faire des noeuds au cerveau ? Elle me coupe dans mes pensées.

Je relève la tête vers elle, un peu pris au dépourvu.

Hein ?

Océane secoue la tête, amusée, et attrape ma main pour l'entrelacer avec la sienne.

T'es encore en train de cogiter, là.

Elle a raison. J'ai la tête en vrac depuis des jours, incapable de me débarrasser de cette foutue peur qui traîne au fond de mon crâne. Et si elle changeait d'avis ?

C'est même pas vrai, je tente

Je vais pas m'enfuir, imbécile. Je t'aime.

Elle s'approche et, avant que je puisse répondre, elle m'attrape par le col de mon sweat et m'embrasse à en perdre haleine. Un baiser intense, sans détour, un de ceux qui balaient toutes mes angoisses en une fraction de seconde.

Quand elle recule, son regard planté dans le mien, je retombe amoureux encore et encore.

Je l'attrape par la taille et la serre contre moi, mes lèvres dans ses cheveux.

Je t'aime, je murmure.

Je sais, répond-elle en souriant contre mon torse.

Victor et Olivia se chamaillent à quelques mètres de nous, et Océane s'éloigne pour récupérer notre fils qui a décidé que sa sœur n'avait pas le droit de toucher sa voiture Flash McQueen.

J'ai hâte.

[...]

Dès qu'on annonce officiellement la date à tout le monde, c'est la folie. Mes gars me saute dessus. Ormaz, le seul qui est déjà marié me dit que je ne vais pas le regretter et Yvick me fait tourner en bourrique.

J'avais fait le pari avec Lisko que tu savais pas ce que c'était une bague.

Va te faire foutre !

Mamie fond en larmes dès qu'on lui dit que ça se passera en Italie, au bord du lac de Côme.

Mon petit-fils va se marier en Italie, comme dans un film ! Oh mon petit poussin, m'a t-elle dit en me pinçant les joues.

Thaïs, Margot et Océane passent déjà des heures à imaginer la robe parfaite, et moi je suis incapable de choisir entre deux chemises blanches différentes.

C'est quoi la différence entre les deux ? je demande à Lesram, perplexe devant mon reflet.

Celle-là a un bouton en plus.

C'est important, tu crois ?

Il hausse les épaules.

Aucune idée, gros. Mais Océane va finir par t'étrangler si t'as toujours pas choisi dans un mois.

Et effectivement, elle commence à me jeter des regards menaçants chaque fois qu'on parle du costume.

Mathieu, je veux bien tout gérer, mais ton costume, c'est TON problème.

C'est un stress inutile, on peut pas se marier en t-shirt et baskets ?

Si tu fais ça, je divorce avant même d'avoir signé.

Je lève les mains en signe de reddition.

Ok, ok madame. Je vais me trouver un costume qui te fera pleurer de bonheur.

T'as intérêt, Pruski.

[...]
Juillet 2028 - un mois avant le mariage

Océane et moi on court comme des fous pour tout organiser et je me découvre des qualités que je ne pense pas avoir.

J'ai enfin choisi mon costume et je sais d'après Margot que la robe d'Océane est prête aussi.

Un soir, alors que je récupère les enfants qui ont passés la journée chez Thais, Margot qui ne loupe jamais une occasion de profiter de ses neveux préférés, me coince dans le couloir.

Dis moi mon petit Polak, t'as commencé à écrire tes vœux ?

Mes vœux ? Je répète comme un con

Oui oui, le discours que tu faire le jour J et qui va faire pleurer dans les chaumières.

A vrai dire non, j'envisageais presque de lui écrire un couplet...

Math, math, math je t'aime bien mais des fois je me demande avec quoi tu réfléchis. Marcel m'as dit que t'avais pas encore commencé alors bouge toi les fesses parce que ta femme, elle, elle a bientôt fini.

C'est pas juste, elle elle a l'habitude d'écrire... je souffle

Je peux juste te dire qu'elle m'as permis d'en lire quelques passages et que c'est un des trucs les plus beaux que j'ai jamais lu.

Merde Margot, maintenant j'ai la pression.

Au moins, je t'ai prévenu, elle me fait un clin d'œil alors que moi je suis au fond du trou.

Je rentre avec Victor et Olivia et les dépose à la maison avant de filer au studio sans en dire plus à Océane pour essayer de me concentrer.

Faut que j'écrive un discours plus beau que le sien !

[...]

Le mariage est dans deux jours. DEUX putains de jour.

Je vais jamais m'en sortir. J'ai le cœur qui bat comme jamais depuis qu'on est arrivé en Italie, un peu plus tôt dans la semaine.

Je ne cesse de faire défiler tout un tas de scénarios catastrophes dans ma tête. Et si on faisait tomber le gâteau, et si j'étais pas à la hauteur avec mes putains de vœux, et si les enfants étaient malades.

Je souffle un bon coup en entendant un coup sourd sur la porte de ma chambre. Ça y est, c'est l'heure de mon enterrement de vie de garçon.

Des conneries selon moi mais Yvick et Saddam voulaient absolument m'en organiser un alors je les ai laisser faire.

Thais et Margot ont fait pareil de leur côté et elles ont embarqué Océane plus tôt aujourd'hui.

Elle me manque déjà et je ne vais laisser revoir que lorsque elle va passer la porte de l'église. J'en ai déjà des frissons qui me remontent le long de la colonne vertébrale.

Je me lève du lit et ouvre la porte. Toute ma bande de cons entre dans la chambre sans me laisser le temps de me décaler sur le côté.

Hep doucement les gars.

Pas de douceur ce soir, Polak ! hurle Yvick en me collant une tape sur l'épaule.

Derrière lui, Saddam, Lesram, Karmen, Ormaz et Lisko et le reste du Panama débarquent à leur tour, chacun avec un sourire satisfait, comme s'ils venaient de monter le plan du siècle. Je vais clairement finir en PLS quelque part, je le sens.

J'ai pas signé pour ça, je grogne en les voyant aligner des bouteilles sur la table basse.

Trop tard, t'es foutu, répond Saddam en attrapant mon bras. Ce soir, c'est ta dernière nuit de célibataire, on va marquer le coup.

Je roule des yeux, mais au fond, ça me fait plaisir. Je les connais par cœur, ces mecs-là. Ils pourraient pas juste se contenter d'un resto tranquille et d'un dernier verre en terrasse. Non, ils veulent du bruit, de la musique, de la folie.

On va où ? je finis par demander en enfilant ma veste.

Surprise, frérot.

Quelques heures plus tard, je suis dans une putain de boîte de nuit en plein cœur de Milan. La musique cogne contre les murs, les lumières tournent en rafales colorées, et la foule compacte danse dans une chaleur moite. L'odeur du whisky, du parfum et de la fumée de cigarette plane dans l'air, m'enveloppant comme une chape d'adrénaline.

Yvick me tend un verre en me fixant avec un sourire en coin.

— Bois ! Ce soir, t'as pas le droit d'être sobre.

Je l'attrape sans broncher et en bois une gorgée, le liquide brûlant glissant le long de ma gorge. Autour de nous, c'est le chaos organisé. Saddam est déjà sur une table, une bouteille à la main, Elyo drague une fille avec son sourire de merde, et Ormaz éclate de rire en regardant Karmen essayer de suivre le rythme sur la piste.

On dirait des ados qui fêtent leur bac, je commente en secouant la tête.

Ferme-la et viens danser.

Yvick m'attrape par le col et m'entraîne au milieu du dancefloor. L'ambiance est électrique. Je me laisse porter par le son, par l'excitation, par le fait que dans moins de quarante-huit heures, je serai un homme marié. Putain.

La nuit avance, les verres s'enchaînent, et à un moment, on finit sur un rooftop avec vue sur toute la ville. L'air est plus frais ici, mais mon sang bout encore.

Je m'appuie contre la rambarde, regardant les lumières de Milan scintiller sous moi. Yvick arrive à côté, une clope coincée entre les lèvres.

Alors, c'est comment de savoir que t'appartiens à une seule femme pour le restant de tes jours ?

Je souris, passant une main dans mes cheveux.

C'est parfait.

Et c'est vrai.

Même au milieu de cette nuit bruyante et bordélique, c'est Océane que je vois. Ses yeux verts, son sourire, sa façon de poser sa main sur mon torse quand elle dort.

C'est elle, mon chaos préféré. Mon éternité.

Il est beaucoup trop tard (ou beaucoup trop tôt, selon le point de vue) quand on quitte le rooftop pour rentrer à l'hôtel. L'air est frais, mais ça ne suffit pas à dissiper le tournis qui s'accroche à moi.

Zeu marche à reculons devant moi, un sourire moqueur sur le visage.

Tu tiens encore debout, c'est bien, Popo. On t'a pas trop défoncé.

Parle pour toi, grogne Ormaz en s'appuyant lourdement sur Saddam, qui galère à le porter.

Karmen ricane en zieutant son téléphone.

J'crois qu'on va devoir vous porter jusqu'à vos chambres.

N'importe quoi, je réplique, la voix un peu pâteuse. J'ai jamais été aussi en forme de ma vie.

Je loupe une marche et manque de m'étaler par terre.

Lesram éclate de rire.

C'est ça, champion.

On finit par atteindre nos chambres, et je m'écroule sur mon lit sans même prendre la peine d'enlever mes chaussures. Je suis rincé. La dernière chose que je vois avant de sombrer, c'est l'écran de mon téléphone qui s'illumine avec un message d'Océane :

J'espère que t'as bien profité et que les gars t'ont pas fait une teinture improbable. J'ai hâte d'être à après-demain. Je t'aime.

Je souris comme un con avant de m'endormir direct.

Le réveil est brutal. Ma tête explose, ma bouche est sèche et j'ai l'impression que quelqu'un a joué du tambour sur mon crâne toute la nuit.

Je cligne des yeux et vois Lesram assis sur une chaise, un café à la main.

Debout. T'as une dernière journée à passer avec nous.

Laisse-moi mourir en paix.

Pas le temps, frère. On t'a préparé une dernière journée de folie avant que t'sois un homme rangé.

Je grogne mais me lève, la gueule de bois bien accrochée. J'ai pas le choix.

Je pensais qu'on allait faire une journée a peu près chill, avec un resto et peut-être un peu de farniente. Grosse erreur.

Un saut en parachute ? Vous êtes sérieux ?!

Yvick me tend un harnais avec un sourire diabolique.

On pouvait pas te laisser entrer dans la vie de marié sans une dernière montée d'adrénaline.

J'hallucine. Ils sont tarés. Mais bizarrement, ça me plaît.

Quelques minutes plus tard, me voilà à 4000 mètres d'altitude, harnaché à un moniteur qui me balance un "t'es prêt ?" beaucoup trop enthousiaste à mon goût.

Le vent siffle, mon cœur bat à mille à l'heure et, avant même que je puisse protester, on saute.

Sensations de dingue.

La chute libre, l'air qui fouette mon visage, l'impression de voler, d'être totalement libre. C'est intense, c'est terrifiant, et putain, c'est incroyable.

Quand on atterrit, j'ai un sourire énorme sur le visage.

Après l'adrénaline, place à la détente. Les mecs m'embarquent dans une virée en bateau sur le lac de Côme.

Le soleil brille, l'eau scintille et le champagne coule à flot pendant qu'on navigue entre les villages colorés accrochés aux falaises.

Alors, t'as hâte d'être demain ? demande Saddam en me tendant un verre.

J'ai jamais été aussi prêt.








On arrive bientôt à la fin de cette histoire (enfin). Il me reste plus que deux petits chapitres ...

Bisous 🤍

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