V - Océane

Paris - Juillet 2021

Abasourdie. Je n'ai pas d'autre mot pour décrire ce que je ressens à cet instant. Assise avec les gars du Panama Bende au Faust, j'ai encore du mal à réaliser ce qui vient de se passer. Ma première rencontre avec le polonais  s'est déroulée à l'opposé de tout ce que j'avais imaginé. Pour qui se prend-il à me traiter comme si je ne valais rien, à se réjouir de n'avoir rien en commun avec moi ? Une vague de colère me submerge que je peine à contenir.

Désolé pour ce qu'il a dit Mathieu, je comprends pas pourquoi il a réagi comme ça mais je vais aller lui parler, me glisse Ormaz d'un air navré.

Merci c'est gentil, mais ne t'embête pas pour ça, je réponds avec un pâle sourire.

Non franchement, il avait pas à te parler comme ça.

Je hoche la tête, lasse, ne souhaitant qu'une chose : pouvoir rentrer chez moi au plus vite et oublier cette soirée.

Depuis que son ex l'a quitté, il n'est plus le même, ajoute Ormaz

T'inquiète, je m'en fiche de ce qu'il pense, ça m'est égal, je mens.

Ormaz me gratifie d'un sourire réconfortant avant de se détourner vers son groupe de pote. Un vrai rayon de soleil ce mec. Il n'a cessé de diffuser sa joie et sa bonne humeur depuis notre arrivée. Je l'apprécie beaucoup. Thaïs aussi visiblement, à en juger par ses rougissements à chaque fois qu'il s'adresse à elle.

Vous m'accompagnez aux toilettes ?

Vas y

Avec Margot, on suit la rousse en direction des toilettes des filles. Je m'attends à trouver une longue file mais étonnamment il n'y a personne devant l'entrée. Mais, quand on pénètre à l'intérieur avec les filles, je comprends immédiatement pourquoi.

Plus fort ... Oh putain t'es doué

Des gémissements et des bruits de peau qui claquent entre elles résonnent dans la pièce. Non mais j'hallucine.

Putain, j'ai trop envie de faire pipi, j'y vais quand même ! lâche Thaïs avant de s'enfermer précipitamment dans une cabine.

J'ai soudain une furieuse envie de m'évaporer dans la nature. Les bruits suggestifs ne laissent que trop peu de place à l'imagination.

Tu crois que c'est qui ? ricane Margot

J'en ai aucune idée et je m'en tape, je rétorque, exaspérée.

Thaïs ressort et se précipite vers le lavabo pour se rincer les mains quand la porte s'ouvre soudainement, laissant passer une fille brune totalement décoiffée et au maquillage qui a coulé, suivie de près par un type à la teinture blonde reconnaissable entre mille. Teinture que je trouve ignoble depuis quelques heures. La brune nous frôle sans même un regard gêné.

Oh merde, vous étiez là les filles. dit Mathieu en se grattant l'arrière de la tête

Malheureusement, oui, renchérit Thaïs d'une voix cinglante tandis que je reste silencieuse, dégoutée.

Si vous voulez, la prochaine fois vous pourrez participer, ajoute-t-il d'un ton qu'il voulait sans doute léger.

Mais loin de détendre l'atmosphère, sa remarque ne fait qu'attiser ma colère. Je m'avance d'un pas vif vers lui.

Non mais tu te prends pour qui au juste ?

Eh, calme-toi, je plaisantais...

Garde ton humour douteux pour toi. Venez les filles, on se tire, cette soirée commence sérieusement à me gonfler.

Je tourne les talons, bien décidée à quitter les lieux, mais une main ferme m'agrippe le bras.

Ne me touche pas avec tes mains sales !

Alors je veux bien rigoler deux minutes avec toi, mais ça va vite m'énerver si tu baisses pas d'un ton, rétorque Mathieu d'une voix menaçante en me plaquant contre le mur.

Du coin de l'œil, je vois les filles s'éclipser sans demander leur reste. Merci pour le soutien...

Toi, apprends à mieux parler. Ce n'est pas parce que tu es PLK et une "pseudo-star" que tu peux tout te permettre, je crache avec dédain.

Une pseudo star ?

Oh pardon, ça t'a vexé ?

Il attrape fermement mon menton entre ses doigts, son regard brûlant de fureur. Je sens son souffle s'abattre sur mon visage de manière saccadée. Si ce n'était pas autant un connard, je jubilerais de l'avoir aussi près de moi. Mais malheureusement, les princes charmants n'existent pas dans la réalité.

Lâche-moi, tu me fais mal !

Va te faire foutre, salope !

La gifle part toute seule. Je n'ai pas pu me retenir. Merde... Il est vraiment, mais alors vraiment remonté là.

T'as de la chance que je ne frappe pas les femmes, sinon...

Il laisse sa phrase en suspens, mais le message est limpide. Malgré la peur qui m'étreint, je soutiens son regard avec toute la fierté qu'il me reste.

Et sinon quoi ?

Un silence pesant s'installe. Nous restons face à face, à nous défier du regard. Je brûle des paroles qu'il m'a adressées tout à l'heure, mais je refuse de flancher. Malgré la peur qui m'étreint, je soutiens son regard puissant.

Dans ses yeux, je peux lire un mélange de fureur et... d'autre chose ? Des regrets peut-être ? Il semble hésiter sur la conduite à tenir, partagé entre la colère et une autre émotion que je ne parviens pas à identifier.

Soudain, la porte s'ouvre à la volée sur Ormaz, vite rejoint par Thaïs et Margot. En découvrant la scène, le jeune homme se fige, l'air ahuri.

Putain Mathieu, mais qu'est-ce que tu fous mec ? lâche-t-il d'une voix incrédule en avisant notre position et la main de Mathieu serré autour de mon visage.

Le blond me lâche aussitôt et fait un pas en arrière. Un voile de honte semble obscurcir son regard. Je passe la main sur ma mâchoire, douloureuse d'être restée dans la poigne forte de Mathieu.

Ça va ? me demande Ormaz avec un air soucieux.

Je hoche la tête d'un air buté, bien décidée à ne pas laisser paraître ma détresse. Thaïs et Margot viennent aussitôt m'entourer d'un geste protecteur.

Viens, on se tire d'ici, lâche Margot d'une voix ferme en foudroyant le polonais d'un regard noir.

Sans un mot de plus, nous tournons les talons et quittons les toilettes d'un pas vif, sous le regard impuissant d'Ormaz.

Sérieux mec, qu'est ce que tu branles ! J'entends ce dernier s'exclamer une fois seul avec son pote. Je sais que c'est pas cool pour toi en ce moment, mais ça excuse rien gros !

Nous nous éloignons dans le couloir sans demander notre reste. Les larmes me montent aux yeux malgré moi. Nous marchons d'un pas vif à travers la foule compacte du Faust, bousculant quelques personnes sur notre passage. Thaïs et Margot m'encadrent d'un geste protecteur, comme pour me mettre à l'abri des regards indiscrets.

Une fois dehors, l'air frais de la nuit me soulage un peu. Je prends une profonde inspiration pour tenter de calmer les battements erratiques de mon cœur. Margot passe un bras réconfortant autour de mes épaules.

— Dormez chez moi ce soir

J'acquiesce d'un faible signe de tête, reconnaissante d'avoir un endroit où me réfugier loin de cette soirée cauchemardesque. Dans la voiture, un silence pesant règne, seulement troublé par mes reniflements épars. Thaïs me tend un paquet de mouchoirs qu'elle a sorti de son sac.

Arrivées chez Margot, nous grimpons directement à l'étage pour s'installer dans sa chambre.

Putain mais quelle merde ! s'exclame Thaïs avec verve. Non mais quel bâtard, j'arrive pas à croire qu'il t'ai insultée et qu'il t'ai touchée !

Ça va, c'est rien, il m'a pas frappée non plus !

Arrête Océ, j'ai bien vu que t'as pas lâché ta mâchoire de tout le trajet. Demain j'suis sûre que t'aura un bleu.

Je suis tellement désolée Océane... souffle Margot d'un air navré. On n'aurait jamais dû te laisser seule avec lui.

Les larmes se remettent à couler le long de mes joues. Thaïs me serre fort dans ses bras, caressant doucement mes cheveux.

Pleure pas ma belle, ce type ne mérite pas tes larmes. C'est lui le gros loser dans l'histoire.

Thaïs a raison, renchérit Margot. PLK ou pas, un mec qui lève la main sur une fille et qui la rabaisse, c'est juste un gros minable.

Je souris faiblement à mes amies, reconnaissante d'avoir leur soutien indéfectible. Peu à peu, leur réconfort et leurs paroles apaisantes me permettent d'évacuer les dernières tensions de la soirée.

Margot nous prête des pyjamas et nous nous glissons sous les couvertures. Je finis par sombrer dans un sommeil agité, hanté par des cauchemars où le blond m'insulte encore et encore ...

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