LXXXIII - Mathieu
Provence - Mai 2023
Je suis surexcité. Aujourd'hui, c'est le jour où le premier de mes potes va se marier, et je suis trop content pour lui. Ormaz et Thaïs, c'est une histoire qu'on pourrait écrire dans un bouquin. Ils ont mis un temps fou avant de s'avouer leurs sentiments, mais maintenant qu'ils l'ont fait, rien ni personne ne pourra se mettre entre eux. Ça fait bientôt un an qu'Ormaz a fait sa demande, et le grand jour est enfin arrivé.
Je resserre la cravate de mon costume et me regarde dans le miroir une dernière fois. Vêtu d'un ensemble noir trois pièces, je dois admettre que ça me va plutôt bien. Je ne suis pas du genre à m'habiller comme ça, mais aujourd'hui, je me sens presque élégant. Et surtout, je veux être à la hauteur d'Océane, qui doit déjà être sublime.
Elle ne m'a pas laissé voir sa robe, et je meurs d'impatience de la découvrir. Rien que d'y penser, je souris comme un idiot. Mais ce n'est pas seulement sa robe que j'ai hâte de voir. C'est elle, tout entière. Et la petite vie qui grandit dans son ventre, une pensée qui me remplit de bonheur à chaque seconde.
La visite chez le médecin nous a appris qu'Océane est enceinte de deux mois. Son ventre est encore discret, mais je le remarque à chaque fois qu'elle passe une main dessus, presque machinalement. Elle veut attendre encore un peu avant de l'annoncer à tout le monde, et je respecte ça. Mais moi, j'ai du mal à me contenir.
Un coup sec sur la porte en bois me sort de mes pensées.
— Polak, t'es prêt ou tu galères encore avec ta cravate ? lance la voix de Yvick.
Je me tourne, un sourire amusé sur le visage. Il entre sans attendre ma réponse, habillé dans un costume bleu marine qui lui va comme un gant.
— Regarde-moi ce beau gosse, ricane-t-il en me détaillant. T'as l'air presque civilisé.
— Toi aussi, t'as fait un effort. On croirait que t'es un gars sérieux, dis-je en riant.
Il secoue la tête en riant lui aussi, puis s'appuie contre le mur.
— Bon, on descend ? Ormaz va péter un câble si t'arrives en retard à son mariage. Déjà qu'il est tout stressé !
— J'arrive, j'arrive, dis-je en ajustant une dernière fois ma cravate.
La cérémonie a lieu dans le jardin d'une grande maison provençale, entourée de champs de lavande qui embaument l'air. Les invités s'installent lentement sur des chaises blanches, et je me tiens près des autres témoins à la droite de Ormaz, qui a l'air à la fois nerveux et euphorique.
Les demoiselles d'honneur arrive à leur tour et je ne vois qu'elle.
Océane.
Ma future femme.
Elle descend lentement les marches du jardin, et je reste figé un instant. Sa robe, d'un bleu doux, épouse parfaitement ses courbes, et ses cheveux tombent en boucles légères sur ses épaules. Mais c'est son sourire qui me coupe le souffle. Ce sourire radieux, apaisé, qui illumine tout sur son passage.
Nos regards se croisent, et elle me fait un petit signe de la main. Je sens mon cœur s'emballer.
La cérémonie commence. Thaïs arrive au bras de son père et elle est magnifique dans sa robe blanche. L'émotion est palpable dans chaque mot échangé entre les mariés. Je sens Océane à quelques mètres de moi, et je jette régulièrement des coups d'œil dans sa direction. À un moment, elle surprend mon regard et me fait un clin d'œil, un sourire amusé aux lèvres.
Quand Ormaz et Thaïs échangent enfin leurs vœux, je ne peux m'empêcher de penser à notre propre futur.
Le jour où ça sera à mon tour de lui dire tout ce que je pense d'elle ...
Je frissonne déjà. Elle mérite ça. Elle aura le plus beau mariage de sa vie. Mais plus tard. Pour l'instant je veux me concentrer à fond sur notre futur enfant.
Elle deviendra ma femme un jour, j'en suis convaincu.
[...]
Après la cérémonie, on passe au repas du soir, installé sous une pergola décorée de guirlandes lumineuses et de fleurs sauvages. Les tables sont pleines de rires, de discussions animées, et de plats délicieux.
Je suis assis à côté d'Océane, qui sirote un jus d'orange pendant que je trinque avec les gars. Margot, assise en face de nous, finit par remarquer :
— Océ, pourquoi tu bois pas de vin ?
Elle me jette un regard en coin, et je vois une lueur de malice dans ses yeux.
— Pas envie ce soir, répond-elle en haussant les épaules.
— C'est vrai que t'as pas touché une goutte depuis des semaines, ajoute Lesram.
Océane éclate de rire, visiblement amusée par leur insistance. Mais je vois aussi qu'elle cherche le bon moment. Alors, je prends doucement sa main sous la table et lui donne un petit signe de tête.
Elle se lève finalement, son verre de jus d'orange à la main, et tapote légèrement le bord de son verre pour attirer l'attention.
— Bon, je vais pas faire un grand discours, mais... il y a quelque chose que Mathieu et moi voulions vous dire.
Tous les regards se tournent vers elle, et je sens l'excitation monter dans le jardin. Elle me lance un regard complice, puis reprend :
— On voulait attendre le bon moment pour l'annoncer, et quoi de mieux que ce soir, entourés de tous nos amis...
Elle marque une pause, et je vois Margot se figer, comme si elle devinait déjà.
— On va avoir un bébé.
Un silence stupéfait s'installe, avant qu'il ne soit brisé par des cris de joie, des applaudissements, et des rires. Margot bondit presque de sa chaise pour serrer Océane dans ses bras, tandis que Yvick me donne une tape sur l'épaule.
Les félicitations pleuvent, et je sens une vague de fierté m'envahir. Ce bébé n'est pas encore là, mais il est déjà entouré d'amour.
— Désolé Thaïs, je voulais pas te voler la vedette, ajoute Océane.
— Non mais tu rigoles, je suis trop contente, je vais être tata, répond celle ci des larmes aux yeux avant de faire une énorme câlin à la future maman.
— Et vous allez l'appeler comment ce petit monstre ? nous demande Margot.
— Ah non tu va pas t'y mettre toi aussi, c'est une fille, j'en suis sûr, je m'exclame vivement.
— Dans tout les cas, je vais lui apprendre plein de bêtises, annonce Yvick, fier de lui.
— Commence pas toi, le menace Océane avec un gressin.
Elle se tourne ensuite vers la petite sœur de Ormaz qui lui pose pleins de questions. Je pose ma main sur sa cuisse dans un geste possessif ce qui fait rire Saddam assis à côté de moi.
Yvick n'en perd pas une miette non plus et le grand sourire que je lis sur ses lèvres me fait réaliser que mon train de vie à énormément changer depuis que je connais la brune.
Les gars m'entraînent dans un coin un peu plus loin, laissant les filles discuter entre elles. Je jette un regard par dessus mon épaule, m'éloignant d'Océane à contre cœur.
Je suis en train de devenir un vrai nounours...
— Lache la un peu ta femme, elle va pas partir, me taquine Karmen.
— Je sais mais c'est dur.
— J'aurais jamais parié que tu serais le premier daron du groupe, ajoute Lesram à moitié mort de rire.
— Moi non plus, les frères, moi non plus.
— Petit polak est devenu grand
Je souris face à la remarque de Lisko. Je me sens bien. Mais très vite, je sens que les gars s'apprêtent à faire de cette soirée une célébration autour de moi et d'Océane. Et franchement, je suis pas venu là pour ça. Je lève une main pour recentrer la conversation.
— Les gars, c'est gentil tout ça, mais ce soir, c'est pas à moi qu'il faut lever un toast. C'est à Ormaz et Thaïs. C'est leur grand jour, pas le nôtre.
Ormaz, adossé contre le muret en pierre, secoue la tête en riant doucement.
— T'inquiète, frérot. Moi, je suis juste content pour toi. Ça me fait plaisir de te voir comme ça, tu mérites tout le bonheur du monde.
Touché par ses mots, je hoche la tête. J'allais répondre mais Margot nous appelle de loin. Lesram se précipite vers elle et je sens qu'il va bientôt passer à l'étape supérieure avec elle maintenant que Ormaz et moi lui avons montré l'exemple.
On se dirige tous ensemble vers elles. Ormaz s'approche directement de Thaïs, un sourire en coin, et attrape sa taille avec une assurance tranquille. Elle lève les yeux vers lui, surprise, avant de se blottir contre lui.
Ormaz fait signe au DJ, et la musique change brusquement. Les premières notes d'un slow résonnent dans l'air, couvrant les rires et les discussions. La piste de danse improvisée s'éclaire doucement sous les guirlandes lumineuses suspendues entre les arbres.
Thaïs et Ormaz s'avancent au centre, et les invités les encouragent avec des applaudissements et des sifflets joyeux.
Il l'attire plus près de lui, ses mains posées fermement sur ses hanches, et commence à guider leurs pas avec une aisance surprenante. Thaïs rit doucement, glissant ses bras autour de son cou, leurs regards se fixant avec une intensité qui semble exclure le reste du monde.
Peu à peu, d'autres couples se joignent à eux sur la piste. Lesram tire Margot par la main, Karmen et Saddam prennent tout les deux la main de leurs meufs en riant, et même Lisko entraîne une cousine éloignée d'Ormaz avec un sourire charmeur.
— On y va aussi ? demande Océane, ses yeux brillants d'excitation.
— Pas ce soir, je suis mieux à te regarder, je réponds, mais elle ne lâche pas l'affaire.
— Pas question ! Allez, viens, Math.
Elle me regarde avec des petits yeux suppliants et je ne peux pas résister.
— Une seule danse, c'est tout.
Avant que je ne puisse protester davantage, elle me tire par la main, me forçant à la suivre. Elle me place face à elle et pose ses mains sur mes épaules. Je glisse mes bras autour de sa taille et la rapproche de moi. On commence à se balancer doucement au rythme de la musique quand je l'entends qui rit doucement tout contre moi.
— Qu'est ce que t'as ?
— Si un jour on m'avait dit que je verrais l'ensemble du panama en costard en train de danser un slow.
Elle pouffe de rire.
— On est plein de surprises ma belle.
— Bientôt tu va te transformer en papa gâteau, je le sais.
Je souris face à son rire, incapable de m'empêcher de l'admirer. Son visage est éclairé par les guirlandes lumineuses, et son bonheur est contagieux. Je resserre doucement mes bras autour d'elle, la faisant pivoter légèrement pour qu'elle ne voie que moi.
— J'assume. Et si un jour on t'avait dit que tu danserais avec moi, ici, avec un bébé en route, t'y aurais cru ? je murmure, mon regard fixé sur le sien.
— Jamais, t'as vu notre première rencontre !
À ces mots, elle fait exprès de me marcher sur les pieds, m'arrachant une petite plainte de douleur.
— Ne me rappelle plus jamais ça.
Je serre les dents mais je vois dans son regard qu'elle m'a pardonné mon comportement de ce soir là. Malgré tout le mal que j'ai pu lui faire elle m'accepte en entier et c'est ce que j'aime le plus chez elle.
Elle connaît le moindre de mes défauts, le moindre de mes secrets et toutes les failles dans mon caractère. Mais elle reste. Et elle m'aime.
Et alors que je me replonge dans ses yeux verts en posant ma main droite sur son ventre, je sais que je possède ce qu'il y a de plus précieux au monde.
Il commencerait presque à devenir romantique notre petit polak !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top