LXXIII - Océane
Paris - Juin 2022
Je suis confortablement installée dans le fauteuil du salon de tatouage, un sourire en coin, impatiente comme jamais. Aucun signe de nervosité ne vient ternir ce moment. Ces tatouages, je les ai voulus dès l'instant où l'idée m'a traversé l'esprit, et maintenant, c'est enfin le jour J. Le bourdonnement régulier de la machine à tatouer résonne doucement dans mes oreilles, mais loin de me stresser, ça m'amuse presque. Je tourne la tête et vois Margot et Thaïs assises en face de moi, leurs yeux pétillants du même enthousiasme que le mien.
Je jette un coup d'œil à Margot, et son sourire malicieux me fait deviner qu'elle mijote quelque chose.
— Alors, tu crois qu'il va réagir comment en voyant tes seins ? lâche-t-elle avec son éclat de voix habituel.
Je ris, déjà amusée par la tournure que la conversation prend.
— Il va adorer, c'est sûr, je réplique d'un ton légèrement provocateur, alors que l'aiguille perce ma peau avec précision.
Le tatoueur me regarde, légèrement perplexe, mais je lui fais signe que tout va bien.
— Toujours pas mal ? demande-t-il en se penchant légèrement, concentré sur sa tâche.
— Non, pas du tout, je réponds, pleine d'assurance.
Il vient à peine de terminer le petit symbole du scorpion sur mon poignet, le premier de mes trois tatouages. Il est délicat, précis, exactement comme je l'avais imaginé. Maintenant, il s'attaque à celui entre mes seins, où il commence à dessiner des lys, les fleurs préférées de mon père. Comme ça, il sera toujours là, près de mon cœur. Les détails des pétales et des feuilles prennent doucement forme, chaque trait ajoutant à la beauté de l'ensemble.
Thaïs, dans son calme habituel, sort soudain son téléphone et prend une photo du tatoueur, la tête concentrée à quelques centimètres de mes seins.
— Thaïs ! D'habitude, c'est Margot qui fait ce genre de truc, je râle gentiment, amusée par son initiative.
— Je traîne trop avec elle, elle déteint sur moi, répond-elle en riant doucement.
— Si Thaïs l'avait pas fait, crois-moi que j'aurais pris mon téléphone dès que j'aurais pu bouger, renchérit Margot avec un clin d'œil, allongée sur le ventre.
Je souris, incapable de résister à leur taquinerie. Margot a décidé de se faire tatouer une phrase le long de sa colonne vertébrale, un motif qui la représente bien. La tatoueuse en est à mi-chemin, et je peux déjà voir à quel point ça va être magnifique.
— Tu pourras me l'envoyer ? Histoire que je le fasse un peu chier, dis-je à Thaïs, faisant référence à Mathieu.
— T'es pire que nous, ajoute Margot en secouant la tête, faussement indignée.
— Fais-moi rire. Si c'était toi qui avais pris la photo, il l'aurait déjà reçue.
— Tu me connais si bien, elle lance en riant.
Le tatoueur continue son travail, et je ressens chaque mouvement de l'aiguille qui dessine les lys avec précision. Les traits sont fins, les détails soignés, et je suis déjà impatiente de voir le résultat complet. Il y a quelque chose de grisant à sentir l'encre s'enfoncer sous ma peau, à savoir que ce dessin y restera à jamais.
Le tatoueur continue son travail, et je ressens chaque mouvement de l'aiguille qui dessine les lys avec précision. Les traits sont fins, les détails soignés, et je suis déjà impatiente de voir le résultat complet. Il y a quelque chose de grisant à sentir l'encre s'enfoncer sous ma peau, à savoir que ce dessin y restera à jamais.
Le tatoueur termine les derniers détails des lys entre mes seins, et je sens une vague de satisfaction m'envahir. Je jette un coup d'œil dans le miroir qu'il me tend, admirant le travail délicat et précis. Les fleurs semblent presque vivantes sur ma peau, un hommage parfait à mon père.
— C'est magnifique, je murmure, émue.
— On passe au dernier ? demande le tatoueur avec un sourire.
Je hoche la tête, prête à affronter ce dernier tatouage. Le mot "aimer", simple mais puissant, sera gravé sur l'annulaire de ma main gauche, parce qu'il représente énormément de choses pour moi.
Je tends ma main gauche au tatoueur, prête à sentir l'aiguille une dernière fois. L'emplacement est plus délicat, je le sais. La peau de l'annulaire est fine, et je m'attends à ce que la douleur soit un peu plus vive. Mais qu'importe. C'est exactement là que je voulais ce mot.
— T'es courageuse, lance Thaïs avec un sourire. Les doigts ça fait un mal de ouf askip.
— Je sais, je réponds en serrant les dents.
L'aiguille commence à pénétrer la peau, et tout de suite, je ressens cette douleur vive, un peu plus intense que pour les autres tatouages. Je me crispe légèrement, mais je reste concentrée sur ce que je veux : avoir ce mot gravé à jamais. Je ferme les yeux une seconde, me laissant absorber par le bruit de la machine et la sensation de l'encre qui se dépose.
— Ça va ? demande le tatoueur d'une voix calme.
— Ouais, ça va. C'est juste un peu plus... piquant, je réponds avec un sourire en coin, essayant de me détendre.
Le tatoueur finit de tracer les dernières lettres du mot "aimer" sur mon annulaire, et malgré la douleur plus vive que je ne l'imaginais, je sens un immense soulagement m'envahir. Ça y est, c'est fait. Je regarde ma main, fascinée par ce mot délicatement inscrit. Une petite œuvre d'art, mais qui signifie tellement pour moi. C'est parfait.
— C'est bon, tu peux respirer, plaisante le tatoueur en s'étirant après avoir fini.
— Je respire très bien, je te remercie, je réponds en riant légèrement, tout en admirant une nouvelle fois le résultat.
Je récupère mes affaires, l'esprit léger et déjà impatiente de la soirée qui nous attend. Après avoir remercié chaleureusement le tatoueur, nous sortons toutes les trois du salon, prêtes pour la suite. Il fait encore beau dehors, et l'air chaud de la fin d'après-midi parisienne est agréable sur ma peau. Je sens mes tatouages picoter légèrement, mais c'est une douleur satisfaisante, celle qui te rappelle que tu viens de faire quelque chose de spécial.
— On repasse vite chez moi avant d'aller à l'Olympia ? propose Margot en vérifiant l'heure sur son téléphone.
— On te suis.
Margot hèle un taxi, et en quelques minutes, nous sommes chez elle. Le trajet est rempli d'excitation, chacune d'entre nous discutant de la soirée à venir, du concert, et bien sûr, de l'idée de retrouver Mathieu après presque trois semaines sans se voir.
— Il te manque pas trop Ormaz ?
— Siiii, se lamente Thaïs. Pourquoi on a choisi des gars avec ce train de vie là ?
J'explose de rire alors que je me change pour enfiler une robe courte et noire, qui dévoile subtilement les lys qui ornent désormais ma poitrine.
[...]
Quand nous sommes prêtes, nous prenons la direction de l'Olympia. La soirée commence à tomber doucement, et l'ambiance dans les rues de Paris est vibrante.
Arrivées à l'Olympia, nous montrons nos billets VIP et sommes guidées vers nos places. La vue est à couper le souffle - nous sommes si proches de la scène que je pourrais presque la toucher. Je sens mon cœur battre plus fort, sachant que bientôt, Mathieu sera là, devant nous.
J'ose même pas imaginer le prix de cette place.
— On est trop bien placées, s'exclame Margot en prenant place à côté de moi, faisant écho à mes pensées.
— J'te jure, c'est un rêve, je murmure, les yeux rivés sur la scène vide mais déjà prête à exploser.
Le décor est planté, tout est en place. Les écrans géants encadrent la scène, et je sais que les visuels vont être à couper le souffle. L'attente semble interminable, mais chaque minute nous rapproche du moment où la fosse va exploser.
Une heure passe, puis soudain, les lumières s'éteignent progressivement, plongeant la salle dans une obscurité totale. Un rugissement s'élève de la foule, presque primal, comme un cri collectif. Les premières notes d'"Attentat" éclatent dans l'air, et tout de suite, les basses résonnent dans tout mon corps. J'ai à peine le temps de reprendre mon souffle que la scène s'illumine, et Mathieu apparaît.
Je sens mon cœur bondir dans ma poitrine. Là, devant moi, dans la lumière des projecteurs, il dégage une énergie folle, un charisme magnétique. Il enchaîne les mouvements avec une fluidité déconcertante, chaque geste parfaitement synchronisé avec la musique qui emporte la foule dans une transe collective.
Les visuels sur les écrans géants alternent entre des images puissantes, parfois hypnotiques, et des séquences vidéo capturant l'essence brute de ses paroles. C'est plus qu'un concert. C'est une performance totale.
— Il est incroyable, murmure Thaïs à côté de moi, les yeux rivés sur la scène.
— C'est le mien, je réponds avec un sourire fier, incapable de détacher mon regard de lui.
— Je parlais d'Orm, me charrie Thaïs avec un coup de coude.
Je ris doucement, mais mon attention revient vite à la scène. Chaque morceau enchaîné, chaque moment est un pur délice. Problèmes fait exploser la salle, et pendant Dingue, la foule est en apesanteur, chacun chantant les paroles à pleins poumons.
Après Du mal, Mathieu annonce une courte pause avant l'arrivée de Lisko sur scène. C'est mon signal. Je m'excuse auprès de Thaïs et Margot, leur promettant de revenir vite, et je me dirige vers les coulisses, mon pass VIP en main.
Mon excitation monte à chaque pas et l'adrénaline me traverse comme une décharge électrique. C'est le moment que j'attendais depuis des semaines. Mathieu est là, à quelques mètres, juste derrière la scène.
Je passe la sécurité sans encombre, et les bruits étouffés du concert s'effacent derrière moi à mesure que je m'enfonce dans les coulisses. Je traverse un dernier couloir, et puis, je le vois.
Mathieu est là, légèrement en retrait, en train de discuter avec un membre de son équipe. Il a l'air essoufflé, la chaleur de la scène encore présente sur sa peau. Je m'arrête un instant pour l'observer, mon cœur manquant un battement. Il est toujours aussi beau, plus encore sous ces lumières tamisées. Je me mords la lèvre, essayant de contenir l'explosion d'émotions en moi.
Comme s'il sentait ma présence, il se tourne vers moi, et nos regards se croisent. Son visage s'éclaire instantanément d'un sourire surpris et heureux. En quelques secondes, il se rapproche, ses pas rapides, presque pressés.
— Océane ?! murmure-t-il, les yeux brillants de surprise et d'envie.
Je n'ai pas le temps de répondre qu'il m'attrape par la taille et me tire contre lui. Son étreinte est forte, presque désespérée, comme s'il voulait combler chaque jour d'absence. Mon corps se presse contre le sien, et je sens son souffle chaud sur ma peau.
— Ça fait tellement longtemps... t'es là, murmure-t-il, sa voix pleine d'émotion.
Je lève la tête, mon regard accroché au sien. Je sens son désir, cette urgence dans ses gestes, mais je veux encore lui offrir une surprise.
— Attends, lui dis-je en reculant légèrement. Regarde.
Je lui tends ma main gauche, là où le mot "aimer" est délicatement gravé sur mon annulaire. Ses yeux se posent dessus, et je vois l'étonnement se peindre sur son visage.
— T'as fait ça quand ?
— Tout à l'heure !
Ses doigts effleurent mon tatouage avec une tendresse inattendue. Il semble captivé, son regard passant de ma main à mon visage.
— C'est magnifique, souffle-t-il, et je sens la sincérité dans sa voix.
Puis, sans prévenir, il saisit ma main et l'embrasse, son souffle chaud caressant ma peau. Je frissonne, incapable de réprimer le flot de sensations qui m'envahit.
— Fais gaffe quand même, faut que ma peau cicatrise.
Il relève la tête vers moi mais ses yeux s'arrêtent en chemin. Il approche lentement ses doigts de ma poitrine, n'osant pas les poser sur ma peau.
— Putain, Océ..., murmure-t-il, sa voix rauque.
Son regard devient plus intense, plus brûlant, et je sens sa main glisser le long de ma taille, me rapprochant encore plus de lui. Son front se pose doucement contre le mien, et je peux presque entendre les battements frénétiques de son cœur qui résonnent contre le mien.
— J'ai encore trois sons à faire, mais après, je suis tout à toi, souffle-t-il contre mes lèvres, son souffle chargé de promesses.
Je ris doucement, incapable de dissimuler mon propre désir.
— J'ai hâte, je murmure avant de l'embrasser.
C'est un baiser impatient, presque féroce. Ses mains serrent ma taille, et je m'accroche à lui comme si nous pouvions rattraper tout ce temps volé. Ses lèvres sont chaudes, pressantes, et je sens chaque fibre de mon corps réagir à lui.
Mais la réalité nous rattrape vite. La musique recommence à retentir sur scène, signe que Lisko termine son morceau.
— Tu dois y retourner, je chuchote à contrecœur.
— Reste là, on se retrouve après, dit-il en me jetant un dernier regard avant de disparaître sur scène.
Les derniers morceaux passent vite et j'envoie un message aux filles pour leur dire qu'elles ne m'attendent pas en partant. J'attends que Mathieu finisse pour rentrer avec lui.
Il me rejoint, quelques minutes plus tard, essoufflé mais heureux.
— J'suis explosé mais ça valait le coup, il murmure contre mon cou.
— Tu veux pas annuler tes dernières dates ?
— Quand je reviendrai, je serai tout à toi. Après la tournée, après la Corse, j'te jure que je te lâche plus.
Il prend ma main et nous conduit vers sa loge. On court presque, souhaitant se retrouver seul après trois semaines loin de l'autre.
— Je t'ai manqué tant que ça ? je lui demande en rigolant
— T'imagine même pas.
Il m'embrasse avec passion et ouvre la porte d'un coup sec. Il la referme derrière nous et attrape ma nuque pour approfondir le baiser.
Un raclement de gorge nous fait sursauter.
Sur le canapé de la pièce, se tient Lisa, un immense sourire aux lèvres.
Et un ventre arrondi de 6 mois.
Surprise ! 🤭
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