LXXII - Océane

Paris - Juin 2022

Deux semaines. Ça fait deux semaines que Mathieu est parti en tournée avec Lisko, Ormaz et Matou que je n'ai jamais rencontré. De ce que je vois, ils ont l'air d'extrêmement bien s'amuser.

Lisko m'a déjà envoyé une vingtaine de photos et c'est à mourir de rire. Assise sur un banc à Montmartre, je ne peux pas m'empêcher de regarder à nouveau les photos qu'il m'a envoyé. 

Il est a 2 doigts de s'embrouiller avec son croissant

J'avais explosé de rire en voyant sa tête mal réveillée et plus tard, j'avais reçu un message de Mathieu, me suppliant de ne pas ouvrir les prochains messages de Lisko. 

Bien évidemment, je n'avais pas obéit. Et mes fous rires n'avaient fait qu'augmenter au fur et à mesure. Et bien évidemment, les commentaires de Lisko sont extraordinairement drôles. 

je lui ai dit reste naturel

il voulait prendre des fleurs pour toi mais elles ont fanées

je lui ai dit que jallais te lenvoyer il ma demarré

il avait deja le regard vif ton popo 

Oh mon dieu, merci Lisko. Je n'arrive pas à m'arrêter de rire. Je n'avais encore jamais vu de photo de Mathieu quand il était petit mais sa bouille est à croquer. 

Comme maintenant.

il est content il a gagné

Oh wow. Il me faut un peu d'air là. J'avais presque oublié à quel point il était beau (et bien foutu). 

il joue a quoi ton mec ? 

J'en ai aucune idée Lisko. Vraiment aucune idée. Depuis que Mathieu est parti, j'ai fait de mon mieux pour rester à l'écart des réseaux sociaux, pour ne pas me laisser envahir par l'angoisse. Mais c'est plus fort que moi. Les vidéos de Mathieu, les commentaires des fans, les photos des filles qui lui demandent d'enlever son t-shirt... tout ça me hante.

Je devrais pas être jalouse. Je sais qu'il m'aime, je sais qu'il pense à moi. Mais chaque fois que je vois ces images, une petite voix dans ma tête murmure des doutes, des peurs que je n'arrive pas à chasser.

Je soupire profondément, laissant mon regard dériver sur les ruelles de Montmartre. Le soleil de fin d'après-midi baigne le quartier d'une lumière dorée, et l'agitation habituelle de la place du Tertre me réconforte un peu.

Heureusement, j'ai réussi à écrire la fin de mon livre et il ne reste plus que la relecture à faire avant d'envoyer mon premier jet à ma maison d'édition. Je vais être publiée pour la deuxième fois et ce sentiment me remplit de fierté.

Même si un jour, tu vas devoir le dire à Mathieu ma grande

Je fais taire ma voix intérieure. Je sais qu'il va falloir que je lui parle de mon premier livre. Celui qui parle de lui. Celui que j'ai écrit quand je ne le connaissais pas encore et à la période pendant laquelle je le pensais inaccessible.

Ma vie a bien changé en 1 an...

Je m'arrête devant un stand où un artiste expose ses toiles. L'une d'elles capte immédiatement mon attention : un tableau aux couleurs vives représentant une vue abstraite de Paris. Il y a quelque chose dans les coups de pinceau, dans la manière dont les couleurs se mélangent, qui me parle. Sans hésiter, j'achète le tableau. Je me dis qu'il apportera une touche de gaieté à mon appartement. Je le vois bien au-dessus du canapé.

D'ailleurs, un jour il faudra que je lui donne la peinture que j'ai faite de lui. Elle attend bien sagement dans l'ancien bureau de mon père depuis six mois. Et je mentirais si je dis que je ne suis jamais allée la voir pendant les 4 mois où on était séparés.

De retour chez moi, je pose le tableau fraîchement acheté contre le mur du salon, juste à côté de l'endroit où il finira par être accroché. Je me dirige vers la cuisine et, après avoir ouvert et refermé mes placards plusieurs fois sans être convaincue, je commande une pizza.

Je me laisse tomber sur le canapé en l'attendant, allumant la télévision pour lancer Friends que j'ai déjà vu des dizaines de fois. Les rires enregistrés résonnent dans la pièce, mais mon esprit est ailleurs. 

À cette heure-ci, Mathieu doit être sur scène, en train de se donner à fond pour son concert. L'image de lui, sous les projecteurs, fait battre mon cœur un peu plus fort. Un flot de fierté et de jalousie me traverse. Fierté de le voir briller ainsi, et jalousie à l'idée que tant d'autres puissent profiter de ce moment.

Surtout quand je repense à la photo qu'il m'a envoyée il y a peine une heure. 

Il a beau ne pas sourire, je suis restée hypnotisée pendant plusieurs minutes devant l'intensité de son regard, le tatouage sur sa main qui me rend faible à chaque fois que je le vois et sa chaîne. Sa putain de chaine que j'adore attraper quand il est au dessus de moi. 

Ok, tu dérape là Océ. 

La sonnerie de l'interphone me tire de mes pensées. Le livreur est là. Je me lève d'un bond, récupère la pizza, et lui adresse un sourire rapide avant de fermer la porte. Une fois seule, je me dirige vers la chambre pour me changer. Il fait déjà chaud pour un mois de juin à Paris, alors j'opte pour un t-shirt ample et un mini short.

De retour dans le salon, je m'installe à nouveau sur le canapé, la boîte de pizza sur les genoux. Je mange en silence, laissant les épisodes de Friends défiler en arrière-plan. Les heures passent, et je me perds dans la série, rigolant bêtement à chaque fois que Joey apparaît à l'écran.

Un message des filles me coupe dans mon épisode et je me raidis en lisant les mots de Thais.

De @thais_vtn
Vous avez vu ça les meufs ?

De @margot_scrt
Il abuse de fou en vrai

De @oce_mr
Ok, on se calme, vous parlez de quoi ?

De @margot_scrt
ça !!!!

Je recrache mon verre par terre. Mon regard se fige sur eux, et une vague de colère monte en moi. Je fixe la légende en bas de l'image, mais elle est floue, impossible à lire. Ma frustration monte d'un cran. Qu'est-ce qu'il y a écrit ? Et pourquoi il est avec elle ?

La jalousie commence à m'envahir. Et si... Non, il ne me ferait pas ça, pas Mathieu. Mais cette fille, elle est sublime, et je ne peux pas m'empêcher de me comparer à elle. Je me sens ridicule, mais la colère est là, bouillonnante, prête à exploser.

Cinq minutes passent, je reste fixée sur l'image, obsédée par ce sourire qu'il adresse à l'objectif. Puis mon téléphone vibre, un appel FaceTime. C'est lui. Je déglutis, ma colère toujours présente, mais une petite voix en moi est ravie. Ravie de pouvoir en découdre.

Je décroche immédiatement, mes yeux toujours assombris par la colère. L'écran s'éclaire et le visage de Mathieu apparaît. Il est dans sa chambre d'hôtel, l'air détendu. Mais moi, je bouillonne.

Océane ! s'exclame-t-il, visiblement content de me voir.

Je le fixe, sans dire un mot, mon visage fermé. Je le vois froncer légèrement les sourcils, sentant que quelque chose ne va pas.

Ça va ? demande-t-il, l'inquiétude pointant dans sa voix.

Je prends une grande inspiration, me préparant à lui balancer tout ce que j'ai sur le cœur.

T'as passé une bonne soirée ? je demande d'une voix glaciale, incapable de masquer ma rancœur.

Mon cœur bat à tout rompre alors que je maintiens son regard à travers l'écran. Sa réaction, son sourire s'efface légèrement, remplacé par une expression perplexe.

Euh, ouais, ça va... pourquoi ? Y a un problème ?

Je serre la mâchoire, essayant de garder mon calme, mais la colère bouillonne en moi, incontrôlable.

Tu veux vraiment savoir si ça va ?

Mon ton est sec, tranchant. Je vois son visage se décomposer légèrement, réalisant que quelque chose ne tourne pas rond. Il hoche la tête, l'air un peu perdu.

Océ, qu'est-ce qui se passe ?

Je pince les lèvres, hésitante. Les mots sont là, juste sous la surface, prêts à exploser. Mais je n'arrive pas à les prononcer sans sentir cette pointe de honte. Finalement, je laisse échapper ce qui me ronge.

Elle est cool ta pote ? dis-je en évitant son regard.

Mathieu plisse les yeux, visiblement perplexe. Puis, comme si une lumière s'allumait dans son esprit, il comprend. Il laisse échapper un léger rire, surpris.

T'es jalouse ?

Je me crispe, sentant le rouge me monter aux joues. Je déteste admettre ce genre de chose. C'est tellement enfantin, tellement irrationnel, mais c'est là, bien présent.

Mathieu, tu t'es déjà regardé dans un miroir, rétorqué-je, la voix un peu tremblante.

Il me fixe, puis éclate de rire, un rire franc, amusé. Je croise les bras sur ma poitrine, essayant de masquer ma gêne, mais aussi pour me protéger de la vulnérabilité que je ressens à cet instant.

— Oui

— M'oblige pas à te dire que t'es beau et qu'elles sont en chien sur toi.

Elles peuvent toutes voir mon sourire, mais c'est tout le temps à toi que je pense quand je souris.

Je rigole malgré moi.

Cte vieille disquette...

 — Vieille disquette peut-être, mais elle est efficace, dit-il doucement

Je frissonne malgré moi. Il a ce don de me faire passer de la colère à l'envie en un instant, de me faire perdre pied sans même essayer. Nos regards s'accrochent, et l'atmosphère change, devient plus lourde, plus chargée.

Tu sais ce que je pense, Océane ? poursuit-il, son ton prenant une teinte plus chaude, plus suggestive.

Dis-moi, je souffle, sentant mon cœur s'accélérer.

Que ton short, il me gâche la vue !

Une chaleur familière se répand dans mon ventre, montant lentement à la surface.

Tu veux que je l'enlève, je lui demande alors que mes doigts commencent à jouer distraitement avec le bord de mon t-shirt.

Oui. Enfin, non, oui. Merde je sais pas.

Je mordille ma lèvre inférieure, jouant avec cette tension palpable entre nous. Mon esprit dérive, imaginant ce qui pourrait se passer s'il était là, à mes côtés, au lieu d'être à des kilomètres de moi.

T'as qu'à venir l'enlever toi-même !

Bordel Océane, tu veux que Flav me descende. J'ai encore une date à faire avant de remonter sur Paris.

C'est ton problème, ça pas le mien...

Plus que trois jours, il murmure avant de raccrocher en me faisant un clin d'œil. 



Le prochain chapitre va vous choquer, c'est tout ce que j'ai à vous dire ! Et je suis loin d'avoir épuisée toute mes idées. 

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