LXIX - Océane

Paris - Avril 2022

La lumière douce du matin filtre à travers les rideaux, baignant la pièce d'une lueur apaisante et dorée. Mathieu dort encore, son souffle est régulier et calme. Je l'observe un instant, admirant la tranquillité de son visage endormi. Ses traits détendus et paisibles et je ne peux m'empêcher de passer une main dans ses cheveux. Il frémit à mon contact mais ne se réveille pas.

Je me détache doucement de son étreinte, prenant soin de ne pas le réveiller. La chaleur de son corps me manque instantanément, un vide se créant là où il était. Pourtant, une idée me traverse l'esprit, et je me lève, déterminée à lui faire une surprise.

Je traverse la pièce sur la pointe des pieds, chacun de mes pas est amorti par le tapis moelleux de mon salon. En entrant dans la salle de bain, je laisse l'eau chaude de la douche couler sur ma peau, emportant avec elle les derniers vestiges de la nuit. La vapeur s'élève autour de moi, créant un cocon de chaleur et de confort. Je ferme les yeux un instant, savourant le moment. Je me rends compte seulement maintenant à quel point il m'a manqué et à quel point je n'étais plus tout à fait moi même sans lui.

Après la douche, je passe rapidement dans ma chambre. J'attrape un jean et mon sac à main avant d'enfiler le pull de Mathieu qui traîne sur le sol. Son odeur m'enveloppe instantanément et je prends une grande inspiration. Il sent si bon...

Prête à partir, je jette un dernier coup d'œil à Mathieu, toujours endormi, avant de quitter l'appartement sous les yeux tristes de Pêche. Amusée, je lui fais un bisou sur le museau avant de fermer la porte derrière moi. Je descends les escaliers avec légèreté, impatiente de partager avec lui, un autre des rituels que j'avais avec mon père.

En arrivant à la boulangerie, l'odeur enivrante du pain frais et des viennoiseries me ramène instantanément aux moments complices que l'on partageait avec mon père, chaque samedi matin. Je choisis soigneusement des croissants, des pains au chocolat, et je me laisse tenter par l'assortiment de minis viennoiseries qui me font de l'œil derrière la vitrine.

— Et deux cafés latte s'il vous plaît.

Je paie mes achats et sors de la boulangerie, le sac en papier rempli de délices et les cafés en équilibre précaire dans mes mains. Je me dirige rapidement vers chez moi en essayant de ne pas renverser les cups brûlantes de cafés. D'habitude, je n'avais pas à porter les boissons, c'est mon père qui s'en chargeait pendant que moi, je commençais à croquer dans les croissants tout chaud et plein de beurre.

Alors que j'arrive en bas de mon immeuble, les bras chargés, je me retrouve nez à nez avec Tony. Mon cœur rate un battement et une vague de tension me traverse. Il se tient là, les mains dans les poches, le visage fermé et les yeux remplis de colère.

Océane, on doit parler, dit-il d'une voix grave. Hier soir je t'ai laissée tranquille mais maintenant, je veux que tu m'écoutes. Je te sens distante ces derniers temps et je veux régler ça avec toi.

Je sens la panique monter en moi. Je serre le sac de viennoiseries contre ma poitrine comme un bouclier, essayant de garder mon calme.

Tony, ce n'est vraiment pas le moment, je réponds, ma voix tremblante.

Pas le moment ? Tu te fous de ma gueule ? Pourquoi c'est pas le moment ?

Il avance d'un pas, réduisant la distance entre nous. Mon instinct me pousse à reculer, mais je suis déjà coincée entre lui et une voiture garée. Mon esprit tourne à toute vitesse, cherchant une issue. J'ai besoin de temps, de trouver une échappatoire, et soudain une idée me traverse l'esprit.

Tony, écoute, je... j'ai juste besoin de temps, dis-je, essayant de garder une voix aussi calme que possible.

Mais il ne semble pas m'écouter, son regard glisse sur les deux tasses de café que je tiens et s'arrête sur le pull que je porte — celui de Mathieu. Ses yeux se plissent et la colère dans son expression se transforme en quelque chose de plus sombre, plus menaçant.

Pourquoi t'as deux cafés ? Et ce pull... il est pas à toi, je le sais. C'est à lui, pas vrai ? T'es avec lui, c'est ça ?! T'es avec ton ex, bordel de merde ?!

Il devient de plus en plus agité, sa voix monte d'un cran et je sens la panique m'envahir. Sans réfléchir, je fais glisser discrètement une main dans la poche de mon jean et en sors mon téléphone. Je compose rapidement le numéro de Mathieu, puis laisse le téléphone sonner, espérant que le bruit atténué pourrait lui faire comprendre que quelque chose ne va pas.

Tony, s'il te plaît, tu dois te calmer, ce n'est pas ce que tu crois, dis-je, mais ma voix trahit ma peur.

Il s'approche encore, ses traits crispés par la colère, ses gestes brusques et menaçants. Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine, et je commence à trembler, incapable de trouver une sortie. Le téléphone continue de sonner, et je prie intérieurement pour que Mathieu réponde, pour qu'il comprenne ce qui est en train de se passer.

Tu crois que tu peux me mentir comme ça ? Tu crois que je vais te laisser partir avec un autre, te laisser me trahir alors que je pensais prendre un appart avec toi ?

Il est complètement fou, je pense alors qu'il me fait face maintenant. Je sens l'étau de la panique se resserrer autour de moi. Il jette un coup d'œil vers les tasses et le pull que je porte, puis vers mon visage, une rage incontrôlable brillant dans ses yeux.

Tu vas regretter ça, Océane. Tu vas le regretter, murmure-t-il, sa voix menaçante me glaçant le sang.

Je suis figée, mon esprit incapable de trouver une solution, une issue à cette situation qui dégénère. Le téléphone dans ma poche sonne encore, chaque son me rappelant que Mathieu est peut-être ma seule chance de sortir de ce cauchemar.

Soudain, Tony perd complètement son sang-froid. Avant que je ne puisse réagir, il lève la main et me frappe violemment au visage. La douleur éclate dans ma joue, et je vacille, les gobelets de café tombant au sol et se renversant sur moi. Je porte ma main à ma joue, sentant la chaleur et le choc de l'impact. Les larmes me montent aux yeux, mais avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, j'entends une voix familière.

Lâche-la, fils de pute ! hurle Mathieu, sa voix résonnant comme un coup de tonnerre.

Mathieu arrive en courant, son visage déformé par la colère. Il se précipite sur Tony, le frappant de toutes ses forces. Les deux hommes s'engagent dans une lutte acharnée, leurs corps se heurtant violemment. Les coups pleuvent, et je recule, terrifiée, les larmes coulant librement sur mes joues.

Mathieu arrête, s'il te plait.

Il ne m'entend pas. J'essaye de m'approcher de lui et pose doucement ma main sur son biceps ce qui le calme aussitôt. Il relâche Tony qui me regarde avec dégoût.

T'es une belle salope Océane. Juste bonne à ouvrir tes cuisses.

Ta gueule, hurle Mathieu.

Tu préfères te faire baiser par PLK, je comprends, mais quand il en aura marre de ton cul et qu'il en sautera une autre, tu viendras pas pleurer vers moi.

Mathieu se retient de frapper Tony une fois de plus, ses poings serrés, ses muscles tendus comme des cordes prêtes à se rompre. Il jette un coup d'œil rapide autour de lui, remarquant pour la première fois que des passants commencent à s'arrêter et à les observer. Leurs regards curieux et inquiets se posent sur la scène, certains sortant même leur téléphone, prêts à enregistrer ce qui pourrait rapidement dégénérer.

Dégage, gronde Mathieu, sa voix rauque et pleine de menace. Je te jure que si tu reviens ici, ou si je te vois encore traîner autour de chez Océane, tu reverra plus jamais la lumière du jour

Tony, haletant et enragé, jette un regard noir à Mathieu, puis à moi. Il essuie d'un revers de main le sang qui s'écoule de sa lèvre éclatée, ses yeux pleins de haine. Il crache sur le sol, le sang se mêlant à la salive, avant de reculer lentement.

Tu verras, Océane. Tu verras que je disais la vérité, grogne-t-il, son regard brûlant de rage.

Mathieu fait un pas en avant, prêt à se jeter de nouveau sur lui, mais je l'attrape par le bras, le suppliant du regard. Tony s'éloigne finalement, jetant un dernier regard de mépris avant de disparaître au coin de la rue, son pas traînant, sa silhouette se fondant dans la foule.

Dès qu'il est hors de vue, je sens mes jambes se dérober sous moi. Toute la tension, la peur, l'adrénaline accumulée déferlent en moi comme un tsunami, et je m'effondre, les jambes tremblantes, les mains toujours crispées sur le sac de viennoiseries qui ont miraculeusement échappé à la chute.

Mathieu est là, tout de suite, me prenant dans ses bras avec une douceur infinie, contrastant avec la violence de la scène précédente. Je m'accroche à lui, enfouissant mon visage dans son torse, sentant la chaleur réconfortante de son étreinte.

C'est fini, je suis là, murmure-t-il en caressant mes cheveux. Il ne te fera plus jamais de mal, je te le promets.

Je hoche la tête, les larmes continuant de couler, mais cette fois, ce sont des larmes de soulagement. La sécurité de ses bras, la solidité de sa présence, tout cela commence à chasser la terreur qui m'avait envahie. Le monde autour de nous semble disparaître, ne laissant que Mathieu et moi, liés dans ce moment de vulnérabilité partagée.

Merci, souffle-je enfin, ma voix à peine audible. Je ne sais pas ce que j'aurais fait si tu n'avais pas été là.

Il resserre son étreinte, ses lèvres effleurant doucement le sommet de ma tête.

Je ne veux pas te forcer mais je pense que tu devrais porter plainte contre lui.

Tu crois ? je relève la tête vers lui.

—  Oui miłość, je ne veux pas qu'il s'en sorte aussi facilement.

Qu'est ce que t'as dit ?

Mon amour, en polonais, il répond avant de poser ses lèvres sur les miennes.





Je suis de retour. Je reviens pour vous écrire la suite de l'histoire entre nos deux loulous. Je vais essayer de reprendre un rythme un peu normal maintenant que je suis rentrée de vacances et que j'ai rendu mon mémoire.

Je vous réserve encore quelques surprises !

🩵

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