LXI - Océane

Paris - Mars 2022

Les jours se sont transformés en semaines, puis en mois, mais la douleur reste. Chaque matin, je me réveille avec l'espoir que ce jour sera différent, que je ne penserai pas à lui, que son souvenir ne viendra pas hanter mes pensées. Mais chaque matin, cet espoir se dissipe.

Pourtant, je fais tout pour l'oublier. J'ai continué à écrire mon livre, plongeant dans mes histoires pour échapper à ma propre réalité. Mes personnages souffrent, aiment, perdent et trouvent à nouveau. Je leur fais vivre des épreuves pour apaiser ma propre douleur, mais rien ne semble suffire. L'écriture, qui était ma passion et mon refuge, devient parfois un fardeau, car chaque ligne, chaque mot, me rappelle Mathieu.

Je sors souvent avec Thaïs et Margot, essayant de me perdre dans l'agitation de Paris. Nous allons dans des bars, des boîtes, des restaurants chics. Elles me poussent à rencontrer de nouvelles personnes, mais aucun d'eux n'est Mathieu. Chaque sourire, chaque regard, chaque tentative de flirt se heurte à une barrière invisible. Il est partout, dans chaque coin de rue, dans chaque visage inconnu.

Quand je ne suis pas avec les filles, je passe du temps avec Pêche. Les promenades avec elle sont censées être apaisantes, mais chaque coin de rue, chaque parc, chaque café me rappelle des moments passés avec Mathieu. Les souvenirs de nos balades ensemble, de nos rires partagés, de nos disputes passionnées reviennent inlassablement. Parfois, je m'arrête soudainement en pleine rue, submergée par une vague de nostalgie, et je dois m'asseoir pour ne pas flancher.

Et puis, il y a ce dernier baiser. Celui du Nouvel An. Il hante mes nuits et mes jours. La sensation de ses lèvres sur les miennes, la chaleur de ses mains sur ma peau, l'intensité de ce moment... Tout est gravé en moi. C'était à la fois une fin et un début. Une fin à notre histoire, mais un début à une douleur que je n'arrive pas à surmonter.

J'ai tout essayé pour l'éviter. J'ai changé mes habitudes, mes lieux de fréquentation pour essayer de me changer les idées, en vain. J'ai même bloqué son numéro et supprimé toutes nos conversations. Je n'ai pas pu me résoudre à le supprimer sur insta. Déjà que je ne peux plus écouter Aimer comme je veux sans pleurer... Mais malgré tous mes efforts, il est là, constamment présent dans mon esprit. Chaque homme que je rencontre est comparé à lui, et chaque fois, la comparaison est cruelle.

Aucun n'arrive à la cheville de ce que j'ai pu ressentir avec lui.

Un après-midi, alors que je marche avec Pêche le long de la Seine, je m'arrête et m'assieds sur un banc. Le soleil brille, les touristes affluent, mais je me sens seule au milieu de cette foule. Pêche pose sa tête sur mes genoux, me regardant avec ses grands yeux expressifs.

Qu'est-ce qu'on va faire, Pêche ? murmuré-je. Comment je vais faire pour l'oublier ? J'ai tout essayé...

Elle me regarde, l'air de comprendre, mais elle ne peut rien faire pour apaiser ma douleur. Je ferme les yeux, laissant les larmes couler silencieusement. J'en ai marre de souffrir. Marre de penser à lui, de revivre nos souvenirs encore et encore. Je ne sais plus quoi faire

J'entends les rires des passants, les conversations animées, mais tout cela me semble lointain, irréel. Je suis coincée dans ma propre bulle de douleur et de nostalgie. Je sais que je dois avancer, que je dois tourner la page, mais chaque fois que je fais un pas en avant, le souvenir de Mathieu me tire en arrière.

[...]

Ce matin, j'ai rendez-vous avec Fanny. C'est le troisième rendez-vous que j'ai avec elle ce mois-ci et je croise les doigts pour qu'elle m'annonce enfin la nouvelle que j'attends.

Je traverse les rues animées du seizième arrondissement de Paris, mon sac sous le bras et un léger sourire aux lèvres. Le soleil brille, et malgré la douleur qui persiste en moi, je ressens un semblant de paix en me dirigeant vers la maison d'édition. J'ai vraiment un bon pressentiment aujourd'hui.

En arrivant devant le bâtiment haussmannien, je prends une profonde inspiration avant de pousser la porte. À l'intérieur, les murs sont tapissés de livres et de photographies d'auteurs célèbres, créant une atmosphère à la fois studieuse et inspirante.

Océane ! Par ici, m'appelle Fanny depuis son bureau en verre, situé près d'une grande baie vitrée offrant une vue imprenable sur les toits de Paris.

Bonjour Fanny, dis-je en souriant. Comment ça va ?

Très bien, merci. Et toi ?

Super, je vais légèrement mieux ces derniers jours.

Avec le temps, Fanny est presque devenue une amie et je me suis plusieurs confiée à elle sur mes problèmes. Bien sûr, elle ignore tout de l'identité du blond mais cela me fait du bien d'en parler à quelqu'un qui ne le connaît pas.

Je m'assieds en face de Fanny, mon cœur battant un peu plus vite que d'habitude. La lumière du matin inonde la pièce et je sens que le printemps est bientôt de retour.

J'ai une grande nouvelle pour toi, Océane, commence Fanny en sortant un dossier de son bureau.

Je retiens mon souffle, attendant qu'elle continue.

Ton livre sortira en septembre. Félicitations !

Je reste bouche bée un instant, puis un immense sourire éclaire mon visage.

C'est incroyable ! Merci beaucoup, Fanny ! Merci pour tout !

Tu l'as bien mérité, Océane. Mais ce n'est pas tout. J'ai ici plusieurs propositions pour la couverture du livre. Je voulais que tu les voies et que tu choisisses celle que tu préfères.

Fanny ouvre le dossier, révélant plusieurs maquettes de couvertures. Je les examine attentivement, touchée par l'attention portée aux détails de chacune.

Elles sont toutes magnifiques...je ne sais pas laquelle choisir. Je vais demander à mes bêta lectrices. Elles ont été si importantes dans ce processus.

Excellente idée. Fais-leur voter pour leur préférée et invite-les à la soirée de lancement en avant-première. Ce sera une belle façon de les remercier.

De retour chez moi, je m'installe devant mon ordinateur et rédige un e-mail à mes bêta lectrices :

Bonjour à toutes,

J'ai une excellente nouvelle à partager avec vous : mon livre sortira en septembre ! Je suis tellement excitée et je voulais vous remercier pour votre soutien et vos précieux conseils.J'ai besoin de votre aide pour choisir la couverture finale. Vous trouverez en pièce jointe plusieurs propositions. Pourriez-vous voter pour celle que vous préférez ?De plus, j'aimerais vous inviter à la soirée d'avant-première de présentation de mon livre, qui aura lieu le 5 septembre. Ce serait un honneur de vous y voir et de célébrer ce moment avec vous.Merci encore pour tout votre soutien,Marine Esperanza

Je clique sur "envoyer", le cœur léger, et me sens plus confiante pour la suite.

Je prends ensuite mon téléphone et appelle Thaïs et Margot. Elles répondent en visioconférence, visiblement en plein studio avec Lesram et Ormaz.

Salut les filles ! Vous n'allez pas croire ce que je vais vous dire, dis-je avec un sourire éclatant.

Quoi ? raconte ! s'exclame Margot, l'enthousiasme palpable dans sa voix.

Mon livre sortira en septembre ! Fanny vient de me l'annoncer !

Bravo loulou, je suis trop fière de toi, dit Margot, les yeux brillants d'émotion.

Ce soir, on sort pour fêter ça, ajoute Thaïs.

Quelques heures plus tard, alors que je termine les derniers chapitres de mon livre, je reçois un message de Léna, l'une de mes bêta lectrices :

Salut Marine,
Félicitations pour la sortie de ton livre ! Merci beaucoup pour l'invitation à la soirée d'avant-première. Malheureusement, je ne pourrai pas être là car je serai en Corse à ce moment-là pour un engagement que je ne peux pas annuler. Cela m'attriste beaucoup car j'aurais adoré y assister.
Encore bravo pour ton livre et j'espère qu'on pourra se voir une autre fois.
Léna

Je lis le message plusieurs fois pour être sûre de bien comprendre. Léna. Corse. Ça commence à faire beaucoup de coïncidence. Mon cœur se serre, un mélange de frustration et de désespoir me submergeant. Le destin semble s'acharner contre moi, me ramenant inlassablement vers ce putain de polonais. Parmi toutes les ados de France, il fallait que ça tombe sur sa sœur.

Je laisse échapper un soupir lourd de dépit. Chaque pas que je fais pour m'éloigner de Mathieu semble me ramener à lui. Mon cœur, déjà fragile, se sent encore plus lourd. J'ai envie de m'enterrer et ne plus jamais ressortir de chez moi.

Quelques heures plus tard, je retrouve les filles devant le nouveau restaurant japonais que l'on rêve de tester depuis des jours. L'ambiance est chaleureuse, les lumières tamisées et la musique douce créent une atmosphère agréable. Nous commandons des cocktails et trinquons à la sortie prochaine de mon livre.

Déjà deux livres, si tu continues comme ça, tu vas dépasser Anna Todd !

Bien sûr Margot, bien sûr...

On était avec les garçons au studio tout à l'heure, Lesram et Ormaz te félicite aussi au fait, m'annonce Thaïs.

Boucle d'or était là aussi, il a tout entendu, ajoute Margot en attrapant un sushi.

Je me fige un instant, mon cœur rate un battement. Mathieu sait. Il a entendu. Une étrange sensation me traverse, un mélange de malaise et d'excitation. Je prends une gorgée de mon cocktail, essayant de masquer mon trouble.

Ah bon ? Il a dit quelque chose ? je demande, essayant de paraître indifférente.

Je ne suis pas sûre mais je l'ai vu sourire et je crois qu'il a murmuré qu'il était fier de toi, répond Margot avec un sourire en coin.

Je me sens bizarre, tiraillée entre l'envie de l'appeler et la peur de raviver des sentiments que j'essaie désespérément d'oublier. Je n'ai pas le droit de flancher maintenant. Ça fait bientôt trois mois que l'on ne s'est pas parlé et que je souffre de ne plus rien savoir de sa vie, je ne peux pas craquer aujourd'hui. Pour mon bien, je ne dois plus jamais m'approcher de Mathieu Pruski.

La soirée se passe dans une ambiance joyeuse, mais mon esprit est ailleurs. Je m'efforce de profiter du moment, de rire avec mes amies, mais une partie de moi est constamment attirée par lui. Je me demande ce qu'il fait, s'il pense à moi, s'il a envie de me féliciter directement. Je me maudis intérieurement.

Après le restaurant, on décide de continuer la soirée en boîte. L'ambiance est électrique, la musique résonne dans tout mon corps et je me laisse emporter par la foule sur la piste de danse. Malgré moi, j'attends un message de sa part. Je vérifie mon téléphone de temps en temps, espérant voir son nom s'afficher sur l'écran. Mais rien. Pas un mot.

Océane, t'es qu'une idiote qui ne sait pas ce qu'elle veut, me répète ma conscience.

Alors que je danse, un homme s'approche de moi.  Il est séduisant, brun, avec un début de barbe qui lui donne un air à la fois mature et mystérieux. Il me sourit, et je ne peux m'empêcher de répondre gentiment à son approche.

Salut, je m'appelle Tony, dit-il en se penchant pour que je l'entende par-dessus la musique. Tu danses super bien.

Merci, je réponds avec un sourire timide. Moi, c'est Océane.

Nous commençons à discuter, et petit à petit, je commence à l'apprécier. Il est drôle, charmant, et il semble vraiment intéressé par moi. Pour la première fois depuis longtemps, je me sens bien en parlant avec un homme. Les filles remarquent notre complicité naissante et s'éclipsent discrètement, me laissant seule avec Tony pour que nous puissions faire plus ample connaissance.

Mais je ne peux m'empêcher de ressentir une pointe de culpabilité. Mon esprit retourne sans cesse à Mathieu, et je jette un coup d'œil à mon téléphone, espérant y trouver un message de sa part. Mais il n'y a toujours rien. Ce silence me fait mal, mais il me pousse aussi à essayer de tourner la page.

Alors quand le jeune homme me demande en me regardant droit dans les yeux :

Ça te dirait qu'on se retrouve demain pour boire un verre ? J'aimerais vraiment en savoir plus sur toi, dit-il avec un sourire sincère.

Je n'hésite pas une seconde.

Oui, avec plaisir, dis-je en souriant.

Il me donne son numéro de téléphone et se penche pour déposer un baiser au coin de mes lèvres avant de partir, me laissant étourdie. Ses lèvres frôlant ma peau me procurent un frisson que je n'avais pas ressenti depuis longtemps. Un mélange de confusion et d'excitation s'empare de moi.

Je me sens étrangement coupable, comme si je trahissais un souvenir, une partie de moi-même. Mais en même temps, une lueur d'espoir éclaire mon esprit. Peut-être que je peux encore ressentir quelque chose pour quelqu'un d'autre. Peut-être que je peux encore me permettre d'aimer.

Je retrouve les filles sur la piste de danse, mais mon esprit est ailleurs. Je ne peux m'empêcher de repenser à Tony, à son sourire, à son regard intense. Et aussi à l'absence de message de Mathieu. Je veux avancer, mais une partie de moi est toujours accrochée à lui. Désespérément.



Promis, je nous vous ai pas oublié mais je dois rendre mon mémoire la semaine prochaine et je suis en pleine galère.

Je risque d'être encore un peu inactive jusqu'au 22 mais après je reviens en force pour continuer l'histoire de nos deux loulous ! 

Bonnes vacances et bel été ❤️

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