LVI - Mathieu

Alpes - Décembre 2021

Je suis encore dans les escaliers quand j'aperçois tout le monde dans le salon. Pourquoi ils me regardent tous comme si je venais de baiser leur daronne ?

Eh détendez vous mais promis on sera plus discrets les prochaines fois...

Mon regard se pose au même moment sur un visage familier. Océane ! Non c'est pas possible, elle est à côté de moi. On vient de coucher ensemble.

Mais le regard vide que me renvoie la brune assise dans le canapé me pétrifie et je lâche la main de la fille à mes cotés. Océane s'effondre et je vois Saddam se précipiter vers elle pour la réveiller.

Il lui met une gifle ce qui la réanime en une seconde et je me sens minable. Margot lui ramène un verre mais elle le repousse d'un geste franc.

Elle pose ses yeux sur moi, sur nous. Sur moi et sur sa sœur jumelle, avec qui je viens de baiser en croyant que c'était elle. Son regard me donne l'impression que  tout l'amour, toute la confiance qu'elle avait pour moi ont disparu.

J'ai pas osé te le dire avant mais tu t'es trompé de prénom toute la soirée, la prochaine fois que je te fais jouir, dis Lisa, je préfère, me dit cette dernière.

Je me tourne vers elle et lui jette un regard assassin.

T'es qui putain de merde ? je demande d'une voix glaciale.

Lisa, la sœur jumelle d'Océane, c'était un plaisir de passer la nuit avec toi.

Sur ces mots, elle descend la fin des marches et récupère ses vêtements qui traînent encore sur le sol. Elle enfile sa minuscule robe et je réalise alors que c'est elle que j'ai vu danser avec les deux types. Pas Océane.

Elle ramasse un de ses talons et se penche pour attraper le deuxième mais Océane est plus rapide et lui balance son talon dans le ventre. Lisa le rattrape sans problème.

Dégage, Lisa, je veux plus jamais te voir ! hurle Océane, la voix tremblante de rage.

Mais je viens juste de te retrouver, on a encore tellement de choses à partager... répond Lisa avec un sourire cruel.

Salope ! Pourquoi tu me fais ça ? Pourquoi tu me hais à ce point-là ?

J'ai absolument rien contre toi, Océ, mais regarde ce visage, dit-elle en me montrant du doigt. Comment tu voulais que je résiste ?

Casse-toi ! crie Océane, la voix brisée.

Les autres commencent à quitter le salon, conscients que la confrontation est trop intense pour qu'ils restent. Seul Saddam reste ce qui me fait péter un câble.

Bouge de là toi, tu crois pas que c'est entre elle et moi ? dis-je en m'adressant à Saddam, la voix tremblante de frustration.

À partir du moment où on t'a entendu baiser pendant 20 minutes, c'est plus privé alors je reste là que ça te plaise ou non, rétorque-t-il, les yeux lançant des éclairs.

Océane se rapproche de lui, trouvant du réconfort dans sa présence. Ma rage augmente de manière exponentielle. Pourquoi a-t-elle besoin de lui ? Pourquoi ne me laisse-t-elle pas lui expliquer ce qu'il s'est passé ?

Je sais que j'ai fait exactement la même chose et que je n'ai pas essayé de comprendre quand j'ai cru  la voyant embrasser un autre. J'ai été trop débile, aveuglé par ma jalousie et ma colère et maintenant voilà où j'en suis.

Dis Océ, il t'as déjà dit que tu suçais comme une pro ?

Cette phrase me coupe dans ma réflexion. Elle n'a pas osé dire ça ? Elle ne peut pas se vanter de ce qu'on a fait comme ça ?

À quoi ça t'avance de faire ça maintenant que t'as eu ce que tu voulais ? réplique Océane, la voix tremblante de colère.

Oh, je veux juste t'exprimer ma joie. On se racontait tout quand on était gosses. J'aimerais te dire tout ce que je ressens en ce moment mais je n'ai pas de mots assez puissants. Quand il m'a touchée, quand il m'a baisée si fort que ...

Océane se prend la tête entre les mains, secouée par les paroles de sa sœur. La douleur dans ses yeux est insupportable à voir, et je sens ma propre colère monter encore plus.

Tu veux pas fermer ta gueule, lui dit Saddam en se rapprochant d'elle et en lui tendant sa veste.

C'est mignon comment tu la défends, rétorque Lisa en s'adressant à Saddam avec un sourire narquois avant de se tourner vers sa sœur. Elle est bonne sa bite à lui aussi, t'as du le chevaucher souvent pour qu'il te soit fidèle comme ça...

Je sens ma propre rage atteindre un point de rupture. Je ne peux plus supporter d'entendre Lisa parler de cette manière. Sans réfléchir, je la plaque violemment contre le mur.

La ferme, je crie la voix tremblante de colère. T'es vraiment malade.

Lisa gémit, un mélange de peur et de satisfaction dans les yeux. Elle me regarde, puis jette un coup d'œil à Océane, un sourire provocateur aux lèvres.

Tu veux recommencer, Math ? Ça me dérange pas, mais faire ça devant Océane, c'est cruel, tu sais, murmure-t-elle, le regard défiant.

Océane, toujours debout, ferme les yeux un instant, se contenant tant bien que mal. Je suis horrifié de voir qu'elle arrive à supporter tout ce que sa sœur lui dit. Son calme, sa force me sidèrent.

Tu me dégoûtes !

Je la tire par le bras et ouvre la porte pour la foutre dehors. Bordel, je n'en peux plus de cette soirée. Elle me jette un dernier regard lubrique et me fait un clin d'œil alors que je lui claque la porte au nez de toutes mes forces.

Je retourne précipitamment dans la salle à manger pour aller voir Océane et la vision qu'elle renvoie me brise le cœur. Je peux lire la douleur sur ses traits alors que ses yeux n'expriment plus rien. Comme si elle avait décidé de ne plus rien ressentir pour ne pas être envahie par la souffrance.

Je m'approche d'elle, petit à petit et pose ma main sur sa nuque. Elle se dégage brusquement.

Ne me touche pas.

Sa voix monocorde me fait mal.

Laisse-moi parler, s'il te plait.

Je m'assieds à sa droite mais elle se décale pour être le plus loin possible de moi.

T'as rien à expliquer Mathieu, dit-elle d'une voix glaciale, ses yeux évitant les miens. Je ne veux plus jamais te voir. Pour le reste des vacances, je veux que tu fasses comme si je n'étais pas là et dès qu'on rentre à Paris, je veux que tu m'oublies. Complètement.

Je sens une douleur aiguë transpercer ma poitrine. Je ne peux pas accepter ses mots, je dois la convaincre qu'il y a encore une chance.

Tu peux pas dire ça Océ... Laisse moi une dernière chance, je suis désolé.

Non, elle dit simplement.

Je sais plus vivre sans toi. Si t'avais été là quand j'ai vu Lisa dans la boite, tu aurais compris que tu es tout pour moi...

T'as couché avec deux meufs en une seule soirée. Deux. Et t'as même pas été capable de faire la différence entre moi et ma sœur. Comment veux tu que je te fasse confiance après ça ? Comment tu veux que je croie en nous quand tu n'as même pas confiance en moi ?

Ses mots me frappent comme des coups de poing, chaque syllabe est une nouvelle douleur pour mon cœur. Je tente de trouver les mots, mais elle continue, sa voix brisée mais forte.

Et moi, tu crois que je me sentais comment quand je te cherchais partout et qu'une fille s'est vantée d'avoir ken avec toi ? Tu crois que je me sentais comment quand je t'ai entendue baisé avec ma sœur...

Sa voix se brise et je ne peux m'empêcher de me pencher vers elle. Mais elle se recule, levant une main pour m'arrêter.

Je t'ai dit de pas me toucher, dit-elle d'une voix tremblante. Je ne veux plus jamais sentir tes mains sur moi. Putain, t'as baisé avec ma sœur, je te déteste...

Océ,...

Elle ferme les yeux.

Recule Mathieu.

Je t'aime !

Arrête...

Ses larmes coulent sur ses joues et même si je meurs d'envie de lui caresser la joue, je ne le fais pas. J'ai pas le droit de lui faire ça, en plus de tout le reste.

J'ai jamais voulu jouer avec toi, je lui dit même si je sais qu'elle ne veut plus m'entendre.

C'est trop tard, Mathieu. Tu as détruit ce qu'on avait. Peut-être qu'il n'y a jamais vraiment eu quelque chose de vrai entre nous si tu as pu me faire ça. Tu as prouvé que tu n'as aucune confiance en moi, et ça, je ne peux pas l'oublier.

La réalité de ses paroles m'atteint de plein fouet. Elle se détourne de moi, les épaules tremblantes, et je sais que je l'ai perdue. Que mes actions de ce soir ont brisé quelque chose d'irréparable entre nous.

Océane... je dis faiblement, mais elle ne se retourne pas.

Elle quitte la pièce, laissant derrière elle un silence lourd et oppressant. Je m'effondre sur une chaise, la tête entre les mains, submergé par la culpabilité et le désespoir parce qu'elle m'a bien fait comprendre qu'elle et moi, c'est fini.

Pour toujours.




Chose promise, chose due ! 🤍

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