Alpes - Décembre 2021

Je m'enferme dans ma chambre et prends un moment pour respirer. Il faut que je commence à me préparer pour la soirée de ce soir. Je n'ai toujours pas envie de m'amuser mais je ne donnerai jamais à cet imbécile le plaisir de penser que je vais trop mal pour fêter le nouvel an. Parce qu'il ne va pas se gêner, lui.

Je renverse ma valise et sort toutes les tenues de soirée que j'ai apportées avec moi. Alors que je passe en revue mes options, les souvenirs de notre dispute et de la douleur qu'il m'a infligée défilent dans ma tête. J'en suis au point où je le déteste autant que je l'aime et c'est très contradictoire comme sentiment. Sa teinture blonde m'énerve tout autant qu'elle me fascine malgré sa couleur aléatoire.

Alors que je contemple mes robes, j'entends les autres rentrer du ski. Le bruit des portes qui claquent, des rires et des voix qui résonnent dans le chalet me parvient. Quelques instants plus tard, Thaïs et Margot entrent dans ma chambre, les bras chargés de vêtements.

— Océ, on est rentrées ! s'exclame Thaïs en posant ses affaires sur le lit.

— Alors, crie Margot en claquant ma porte derrière elle.

— Il a foncé dedans comme un pro !

— Il est furax en bas, on dirait un ours, se moque Thaïs.

— Polak l'ours, imite Margot alors que j'explose de rire en les voyant faire.

— Mon dieu, vous êtes méchantes, il doit avoir les oreilles qui sifflent...

— Pas de pitié pour les clébards, ajoute Margot en haussant les épaules.

Elles s'installent sur le lit, éparpillant leurs vêtements autour d'elles.

— Alors, qu'est-ce que tu comptes mettre ce soir ? demande Thaïs en jetant un coup d'œil à ma sélection.

— Un truc qu'il ne pourra pas oublier même si Lisa tente de se faire passer pour moi.

— Oh oui mon dieu, t'es vraiment mon idole, dit Margot en riant.

— Fais-le regretter à mort, je veux être au premier plan, ajoute Thaïs.

On commence par faire un peu de tri dans le tas de fringues qui recouvre mon lit.

Thaïs choisit une robe dorée moulante qui appartient à Margot. Elle est ornée de sequins, qui capte la lumière à chacun de ses mouvements et elle l'associe à des talons aiguilles noirs et des boucles d'oreilles dorées en forme de chandelier. Elle attache ses cheveux dans un chignon haut et laisse échapper quelques mèches une de ses mèches rousses.

Je tends à Margot une de mes robes argentée et elle a des étoiles dans les yeux en l'apercevant.

— Oh non, je peux pas te la prendre, faut que tu la mettes toi !

— Non non, j'ai une autre idée pour moi...

Je lui fais un clin d'œil et elle s'empresse d'enfiler la robe dos nu, avec des paillettes scintillantes qui couvrent toute la surface. Elle complète son outfit avec des talons argentés assortis et un collier en argent.

Quant à moi, je cherche ma longue robe verte foncée. Cette couleur fait ressortir le vert de mes yeux. Je l'attrape et je m'habille sous le regard curieux des filles. En satin, elle est près du corps et la fente sur le côté laisse apparaître presque l'entièreté de ma jambe droite. Mes cheveux, encore légèrement humides, tombent en une cascade soyeuse sur mes épaules et je les laisse comme ça.

— Mais Océ, ça sort d'où ça ? s'émerveille Margot.

— Je me suis fait un petit cadeau la dernière fois !

— Mais je veux la même...

— Je te la prêterai, t'en fais pas.

Et sur ces mots, je vais glisser le tanga que j'avais enfilé en sortant de la douche.

— Mais au secours, tu veux vraiment le tuer là !

— Mais il faisait une trace dans mon dos, c'était pas beau, je dit malicieusement.

— Mais oui, et moi je suis la Vierge Marie, dit Margot en levant les yeux au ciel.

On quitte ma chambre pour aller finir de se préparer dans la salle de bains. Les minutes passent et je me détends, oubliant ce que je viens de faire sur un coup de tête. J'ai osé. j'ai osé lui faire croire que je me suis envoyé en l'air et plus j'y pense, plus j'aime bien l'idée.

— Oh les filles, plus vite wesh, tape Zeu contre la porte.

— Y'a pas l'autre salle de bains ? demande Thaïs.

— Non, ça fait une demie heure que le P s'est enfermé dedans.

— Pff, pour encore sortir en survet, pouffe Margot.

— Mais qu'est ce que vous êtes mauvaises !

— Il le mérite, je dis à travers la porte.

— T'as pas tort, il répond avant d'abandonner tout espoir de rentrer dans la salle de bain.

Quelques minutes plus tard, on est prête et je dis aux filles que je les rejoins dans la cuisine dans quelques minutes. Je profite que Mathieu soit dans la salle de bains pour me faufiler dans sa chambre. Oh, il aurait dû fermer sa porte !

Je souris en attrapant la totalité de ses clopes et de sa beuh, ne lui laissant que ses yeux pour pleurer quand il se rendra compte qu'il ne peut pas fumer. une fois que j'ai tout récupéré, je fonce dans ma chambre et cache tout son matos au fin fond d'un placard. Je recouvre le tout de fringues et je referme ma porte à clé. Je glisse celle-ci dans mon sac à main que je garde bien précieusement à côté de moi avant de rejoindre les autres en bas.

Ils ont déjà préparé tout l'apéro et j'ai plus rien à faire quand j'arrive.

— Oh, elle est trop stylée ta chemise, Saddam, je lui dis en souriant.

— Merci, grognasse. T'es pas mal non plus, réplique-t-il avec un sourire en coin.

Je m'accoude entre lui et Thaïs au bar. Petit à petit, tout le monde est prêt et finalement, je suis moins dégoûtée à l'idée de fêter le nouvel an. Pour la première fois de la journée, je ne regrette pas d'être ici. Mathieu n'est toujours pas arrivé et ça doit être pour ça que je me sens aussi bien.

Lisko et Lesram ont déjà eu le temps de finir quatre bières quand le blond décide enfin de sortir de la salle de bains. J'entends la porte claquer avant de le voir, et Thaïs se penche vers mon oreille.

— Pas de clashs, je compte sur toi.

— Promis, je fais comme s'il était pas là.

Je repense à toutes ses clopes, enfermées dans ma chambre, et je jubile intérieurement. Je ne devrais pas faire ça, mais je ne peux pas m'en empêcher.

Mathieu entre finalement dans la pièce, et ses yeux se posent immédiatement sur moi. Nos regards se croisent et je frissonne malgré moi. Il est magnifique dans une chemise noire qui souligne son allure imposante, le col légèrement ouvert dévoilant un aperçu de sa clavicule. Ses cheveux blonds, encore humides de sa douche, retombent négligemment sur son front, accentuant son charisme naturel. Mon cœur bat plus fort, et je me force à détourner le regard pour ne pas trahir mes émotions.

Pourtant, je ne peux m'empêcher de voler des coups d'œil furtifs dans sa direction. Il est clair que la colère et le désir se disputent en lui. Ses mâchoires se contractent, ses poings se serrent légèrement, mais ses yeux... ses yeux brûlent d'une intensité qui me fait vaciller.

Je me penche vers Thaïs.

— Ok en fait c'est soit on s'embrouille soit on se saute dessus, y'aura pas d'autres solutions...

— Je vous connais, je vous donne deux heures avant de finir dans le jacuzzi.

— Non pas cette fois, j'ai une dignité à maintenir.

— Vous parlez de quoi toutes les deux ? nous demande Margot en se rapprochant

— Rien, je souffle. Donne moi des chips plutôt.

— Oui chef.

Finalement on s'installe tous autour de la table et je discute avec Zeu et Yvick, assis à côté de moi. Je mange et je bois sans trop faire attention. Je surveille malgré moi du coin de l'œil, les agissements de l'autre con et je souris en le voyant taxer des clopes par ci par là. Il vont bientôt tous être à court et ça sera à lui d'aller chercher les siennes.

Sauf qu'il ne les trouvera pas...

Il est 23h quand je propose de lancer un kems pour attendre minuit.

— Mais c'est un jeu de bébé ton truc, me dit Saddam.

— A chaque fois que tu perds, tu bois, tu trouves encore que c'est un jeu de bébé ?

— Bien bien, je me mets avec toi alors, dit-il en s'asseyant à côté de moi avec un sourire en coin.

Nous nous répartissons en équipes et le jeu commence. L'ambiance est électrique, les rires et les défis fusent de toutes parts. Les verres se remplissent et se vident à une vitesse alarmante. À chaque carte posée, à chaque signe échangé, la tension monte.

— Kems ! s'écrie soudainement Lisko, déclenchant une vague de rires et de grognements.

— Bon, allez, cul sec pour les perdants ! s'exclame Lesram en remplissant les verres.

Le jeu continue et l'alcool commence à faire son effet. Les visages s'animent, les gestes se font plus libres, et les langues se délient. La pièce est pleine de rires, de cris et de défis lancés avec enthousiasme.

Mathieu n'arrête pas de s'attaquer à Saddam et je sais que c'est visé contre moi. Sauf que s'il continue comme ça, je vais finir bourrée avant minuit. Les joints défilent, l'alcool coule à flot. Je passe une bien meilleure soirée que je ne l'aurais cru ce matin. Même si j'en voudrais toujours à Mathieu de nous priver d'un moment incroyable.

À minuit, on fait péter le champagne. Les bouchons sautent, les bulles fusent et la joie éclate dans la pièce. Je regarde autour de moi, le cœur lourd mais déterminé à profiter de la soirée. Thaïs embrasse Ormaz avec passion, tandis que Margot se jette dans les bras de Lesram. Un pincement de jalousie et de tristesse me traverse. Moi aussi j'aurais voulu embrasser mon gars à minuit...

Saddam, remarquant mon trouble, vient me prendre dans ses bras.

— Bonne année Océ !

— Bonne année Saddam, je te remercierais jamais assez pour tout ce que t'as fait pour moi.

— C'est normal, t'es ma petite sœur maintenant. Jamais je te lâche.

Je lui rends son étreinte, touchée par ses mots. Je jette un coup d'œil à Mathieu, qui nous regarde avec une intensité qui me fait frissonner. Je détourne les yeux. Il ne m'aura pas. Pas cette fois.

Tout le monde saute ensuite dans les bras de tout le monde et je fonce prendre mes deux meilleures amies contre moi.

— Je vous aime, je murmure.

— Arrête, tu vas me faire chialer, dit Margot.

— Venez là mes loulous, dit Thaïs en nous serrant fort contre elle.

Je me détache d'elles et je fais la bise à tout le monde en souhaitant bonne année. Puis, alors que j'arrive au tour de Mathieu, je trouve une excuse pour aller aux toilettes.

C'est hors de question que je lui souhaite une bonne année...

Bon, c'est sans doute le dernier chapitre que je poste avant de me péter la voix aux Solidays !
Je vous retrouve lundi et j'espère que vous aurez assez de patience pour tenir jusque là 😉

Bisous et merci pour toute la force que vous avez donné à cette histoire. ❤️

Ah et au fait on vient de passer les 50k alors rien que pour ça, je vous laisse me demander ce que vous voulez !