LIII - Océane
Alpes - Décembre 2021
Je la fixe, incrédule. J'espère qu'elle n'est pas au courant sinon c'est une blague de très très mauvais goût.
— T'es pas au courant ? je lui demande, le souffle coupé.
Lisa fronce les sourcils, un éclat de confusion dans ses yeux.
— De quoi tu parles, Océ ?
— T'as perdu le droit de m'appeler comme ça !
— Qu'est ce que t'es chiante ! Je suis pas au courant de quoi ?
— Papa est mort depuis huit ans...
Elle recule comme si je l'avais frappée.
— Quoi ? Non, c'est pas possible...
— Tu n'étais même pas au courant, bien sûr que non, dis-je amèrement. Tu n'as jamais cherché à savoir, jamais pris la peine de donner de nouvelles.
— Je ne savais pas où te trouver....
— Arrête de mentir, je n'ai pas bougé. On est resté à l'appart avec Papa. Tu savais où j'étais mais tu étais trop contente de partir avec Hélène pour te soucier de moi.
— On avait 8 ans, Océane, crache-t-elle. Et appelle-la Maman.
— Hélène n'est pas ma mère, je rétorque froidement.
— Ce que tu es mélodramatique...
— Hélène n'est plus ma mère depuis le jour où elle est partie, où elle à choisi de t'emmener toi et de me laisser comme si je n'avais aucune valeur à ses yeux. Comment veux tu que la considère comme ma mère quand j'ai vu Papa pleurer tout les jours en se demandant pourquoi elle nous avait laissé ? Il a pleuré tout les jours en se demandant ce qu'il avait fait pour mériter qu'elle le trompe et qu'elle s'enfuit avec une de ses filles sans lui dire où vous trouver.
Les mots sortent de ma bouche comme des lames tranchantes. Les souvenirs de ces jours sombres avec mon père me reviennent en mémoire, et la douleur se mêle à ma colère. Elle n'avait pas le droit de lui faire subir tout ça. Lisa me fixe, son expression oscillant entre la surprise et l'agacement.
— Parce que tu crois que ça a été facile pour moi de déménager comme ça et de me retrouver avec Maman et son nouveau mec. Je vous ai perdu Papa et toi...
— Est ce que tu as essayé de nous retrouver ?
Elle reste muette ce qui accentue ma colère. Je sens mes mains trembler, et je lutte pour ne pas laisser les larmes couler.
— Faut que je sorte et surtout, ne me suis pas.
— Attends, Océane, me lance Lisa avec un sourire narquois. Si tu t'en vas, tu me laisses PLK pour la soirée ? On fait un échange, il se rendra compte de rien.
Je me fige, le souffle coupé par l'audace de sa question. Je me retourne lentement, mes yeux lançant des éclairs.
— Mais t'es vraiment malade hein.
Ma sœur éclate de rire, un son aigre et moqueur qui me donne envie de vomir.
— Oh allez, on partageait tout avant. J'ai grave envie de l'embrasser, et comme j'ai la même tête que toi, il aura envie aussi.
Elle me provoque et bien que je ne veuille pas du tout rentrer dans son jeu dégeulasse, je n'y arrive pas.
— Il saura que c'est pas moi, t'es beaucoup trop vulgaire.
Je la fixe, une rage froide envahit chaque fibre de mon être. Elle porte une robe blanche, trop courte et trop décolletée pour ce type de soirée. Les paillettes scintillent sous les lumières, mais à mes yeux, elle ressemble davantage à une caricature qu'à une séductrice. Une vraie petite bourgeoise friquée qui veut se faire un rappeur. Elle me dégoute et j'ai du mal à reconnaître Lisa que je connaissais.
— Oh c'est mignon, t'es vraiment convaincue qu'il en a quelque chose à faire de toi.
— Qu'est ce que t'essaye de prouver Lisa ?
Elle avance d'un pas, son sourire se faisant encore plus provocateur.
— Que tu ne seras jamais à ma hauteur. Tu sais pourquoi ? Parce qu'une fois qu'il m'aura rencontrée, il en aura plus rien à faire de toi, t'es beaucoup trop fade pour lui.
Mon cœur bat la chamade, mais je refuse de montrer la moindre faiblesse. Je m'avance d'un pas, mes yeux plongeant dans les siens avec une intensité glaciale.
— Tu sais quoi, Lisa ? Je pense que c'est toi qui n'as pas confiance en toi. Si tu te rabaisse à aller vers quelqu'un uniquement parce que tu sais que ton physique lui plaît, c'est peut être parce que t'as rien d'autre à offrir.
Son sourire se fane légèrement, et je sais que j'ai touché une corde sensible.
— Tu te crois maline, hein ? ricane-t-elle, bien que sa voix tremble légèrement. Peut-être que je n'ai pas besoin d'être intelligente pour obtenir ce que je veux.
— Et tu crois que c'est une fierté ?
— C'est vrai que toi, tu sais l'utiliser ton cerveau. Elle me jette un sourire qui me glace le sang. Il est courant pour ton livre ?
— Comment t'es au courant de ça ?
— Quand plusieurs gamines ont commencé à me demander de signer des autographes sur ce bouquin, je suis allée me renseigner. C'est quand j'ai vu ta tête avec tes fans que j'ai compris qu'on m'avait confondue avec toi. Alors tu vois, c'est pas PLK qui verra la différence.
Je sens la colère monter en moi, bouillonnant juste sous la surface. Elle se penche légèrement, ses lèvres s'étirant en un sourire narquois.
— T'as pas intérêt à lui en parler, je la menace.
— Tu sais, Océane, je finis toujours par obtenir ce que je veux. Et ce soir, je veux sentir PLK au fond de moi.
Je sens la colère monter en moi, bouillonnant juste sous la surface. Avant que je puisse réagir et lui envoyer mon poing dans la gueule, elle s'éloigne dans la foule, me laissant là, bouche bée et tremblante de rage. Une violente envie de la balancer contre un mur me traverse l'esprit. Mon sang bouillonne, mes mains tremblent et j'ai l'impression que le monde entier est contre moi.
Je dois retrouver Mathieu. La simple pensée de Lisa essayant de le séduire me rend malade. Je me précipite dans la foule, mon cœur battant à tout rompre. Je commence par le coin fumeur mais il n'y est pas.
— Math ! je hurle, mais ma voix se perd dans le bruit de la musique et des rires.
Je continue à avancer, bousculant des gens sans m'excuser, mes yeux fouillant frénétiquement chaque recoin de la boîte. Je tombe finalement sur Ormaz, qui semble aussi perdu que moi.
— Océane, on te cherche partout ! s'exclame-t-il.
Je suis trop énervée pour être agréable.
— Est-ce que t'as vu Math ? demandai-je, ma voix tremblante de frustration.
— Polak ? Non désolé, je pensais qu'il était avec toi.
Je laisse échapper un cri de frustration.
— Non, je l'ai perdu de vue depuis dix minutes et j'arrive pas à le retrouver...
— Ok, je vais t'aider à le chercher. Mais par contre, y'a quelqu'un ici qui te ressemble comme deux gouttes d'eau, au début j'ai cru que c'était toi qui...
— Où ça ? je demande à moitié hystérique.
Il pointe une direction et je m'y précipite sans attendre. Mon esprit s'emballe avec des scénarios de plus en plus horribles.
Quand j'arrive enfin à l'endroit indiqué, je reste figée, horrifiée par ce que je vois. Lisa est là, au milieu de la piste, entourée de deux mecs qui la touchent de manière obscène. Ses mouvements sont lascifs, provocateurs, et je peux voir le désir brut dans les yeux des deux hommes. La scène est tellement vulgaire que j'ai l'impression qu'ils vont finir par baiser ici, devant tout le monde.
Lisa rit, se frottant contre eux sans aucune pudeur. Les mains des hommes glissent sur son corps, l'attrapant par la taille, les hanches, et je sens une nausée monter en moi. La foule autour d'eux semble fascinée par ce spectacle, certains encouragent, d'autres filment avec leurs téléphones.
Je serre les poings, essayant de contenir la rage qui menace d'exploser. Chaque fibre de mon être me pousse à intervenir mais ça lui ferait trop plaisir de savoir qu'elle peut m'atteindre de la sorte. Je ne sais pas à quel moment dans sa vie elle est devenue une garce sans cœur mais une chose est sûre c'est que je n'ai plus de sœur non plus...
Lisa aperçoit alors mon regard et me lance un grand sourire narquois avant d'embrasser à pleine bouche l'un des mecs, laissant sa main dériver vers le pantalon de l'autre. Le dégoût et la colère se mêlent en moi, formant une boule de rage dans mon estomac.
C'est à ce moment précis que Mathieu réapparait dans mon champ de vision. Je vois son visage se figer lorsqu'il prend conscience de la scène qui se déroule devant nous. Ses yeux se plissent, ses sourcils se froncent et sa bouche se tord, déformée par la colère et la confusion.
— Non, Math... C'est pas moi... j'essaye de crier, mais ma voix est noyée par la musique assourdissante.
Je vois la fureur envahir son visage, ses poings se serrer et, sans prévenir, il se détourne brusquement et s'échappe dans la direction opposée à l'endroit où je me trouve.
— Mathieu ! je hurle, tentant de le suivre à travers la foule dense.
Je me fraye un chemin désespéré parmi les corps en mouvement, mon cœur battant à un rythme affolé. Je ne peux pas le laisser partir comme ça. Mais malgré tous mes efforts, je perds sa trace.
La panique commence à monter, et je me sens à deux doigts de la crise de nerfs. Je ne sais pas de quoi Mathieu est capable s'il pense réellement m'avoir vue dans cette situation. Il peut être capable de tout s'il pense que je l'ai trahi alors que l'on vient de s'avouer nos sentiments.
Je m'appuie contre un mur et espère de toutes mes forces qu'il n'aura pas le temps de faire une connerie avant que je le retrouve dans la foule.
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