L - Océane
Alpes - Décembre 2021
J'attends que Margot lise ce putain de message comme si ma vie en dépendait. Après tout ce qu'il vient de me dire et ce qu'il m'a reproché sur le mensonge, j'espère que je me fais de fausses idées et que c'est vraiment un de ses anciens plans.
— "Tu peux revenir t'occuper de mon cul quand tu veux, si ta meuf te saoule", et c'est accompagné de ça.
Elle tourne le téléphone vers nous, dévoilant la fameuse Solène, a moitié à poil devant son miroir.
Non mais je rêve là.
Une vague de colère monte en moi, brûlante et irrépressible. Mes mains tremblent alors que je me lève brusquement, me dégageant de l'étreinte de Mathieu.
— T'es sérieux ? Tu me dis que je suis la seule que tu veux pour que deux minutes après tu reçoives ça !
Je suis hystérique, ma voix résonne dans la pièce alors que la déception se mélange à ma colère, me laissant un goût amer dans la bouche.
— Et le pire, c'est que si y'avait pas eu ce jeu de merde, je l'aurais jamais su.
Il se lève, essayant de me retenir.
— Océane, attends, ce n'est pas ce que tu crois ! Je l'ai vue qu'une fois et c'était juste après avoir appris pour le fils de Laura. J'étais en colère contre tout le monde alors j'ai pas réfléchi.
Je le fixe, les yeux écarquillés, sentant la rage monter de plus en plus.
— Tu crois que c'est une excuse ? Sérieusement ? C'est comme ça que tu comptes avancer avec quelqu'un ?
Son silence est assourdissant, et je continue, ma voix tremblante de fureur. Les autres ne savent plus où se mettre, mais c'est bien le dernier de mes soucis de me donner en spectacle.
— T'étais obligée d'aller la baiser ? Putain, je sais qu'on s'est rien dit officiellement mais j'ai rencontré ta famille, tu m'a fait des promesses. Pour moi ça voulait dire quelque chose, ça voulait dire qu'on était un minimum fidèle l'un à l'autre.
— Tu veux qu'on aille discuter cinq minutes à côté ?
Je secoue la tête, mon cœur battant à tout rompre.
— Nan, pas tout de suite, j'ai besoin de prendre l'air.
Je me dirige vers l'entrée, attrape ma veste et sors sur le balcon. Je sors une cigarette de ma poche et l'allume, mes mains tremblant encore de rage. Pourquoi est-ce qu'il y a toujours un truc qui vient tout faire foirer ?
Les minutes passent et j'entends la fenêtre s'ouvrir dans mon dos.
— Ça va ? me demande Thaïs en s'installant à côté de moi.
— J'ai envie de le démarrer mais ça va. Tu dirais quoi toi à ma place ?
— Une fois, Ormaz a reçu un message chelou d'une meuf mais c'était pas aussi explicite que ça.
— Difficile de faire pire, elle lui a clairement dit qu'elle avait envie de se faire péter le cul.
Thaïs pouffe de rire.
— Qu'est ce qui te fait rire ?
— Rien rien
— Allez balance.
— J'oublie parfois de qui il s'agit, mais meuf, t'as réussi à gérer PLK.
— Moins fort, la groupie.
— Mais genre, c'est pas n'importe quel mec qui te met dans ces états, c'est Boucle d'or. C'est hilarant.
— C'est bon, t'as fini de rire.
— Non, elle continue. Et d'ailleurs il est au courant pour ton bouquin ?
— Certainement pas, et c'est mieux comme ça.
— Tu lui diras un jour ?
— Oui, j'aimerais bien parce qu'on parle quand même d'un livre que j'ai réussi à publier et ça représente beaucoup pour moi.
À ce moment-là, la porte du balcon s'ouvre brusquement et Lisko entre, les sourcils froncés de curiosité.
— T'as publié un livre ? demande-t-il en haussant la voix.
Je sursaute, horrifiée, et lui fais signe de baisser d'un ton.
— Parle moins fort, imbécile ! soufflé-je, paniquée.
— Eh, j'te permet pas.
Thaïs se lève rapidement et retourne à l'intérieur pour vérifier que Mathieu ne s'approche pas du balcon. Lisko nous regarde avec des yeux ronds, attendant des explications.
— Assied et écoute moi.
— Oui chef.
— Je rigole pas Lisko, c'est important, parle pas trop fort.
— Je t'écoute, il chuchote et je rigole devant sa tête.
— Pfffiou ok, alors, y'a longtemps, j'ai commencé à écrire une fanfiction sur PLK et celle-ci a été repérée par une maison d'édition. J'ai signé un contrat sous un autre nom et mon livre est disponible en librairie depuis le mois de septembre, mais t'auras pas insisté, je te dirais jamais mon nom ou le titre.
Il éclate de rire, pensant que je plaisante.
— Tu te fous de moi, là ?
— Non, je suis sérieuse, dis-je en le fixant dans les yeux pour qu'il comprenne la gravité de la situation.
— Bahaha, mais c'est excellent. Genre là, le P, c'est le perso principal d'un livre pour meuf. J'vais mourir de rire, j'ai mal au bide.
— Je te déteste.
— Et il est courant ?
— Non
Il explose de rire encore plus fort et j'espère vraiment qu'on nous entend pas à l'intérieur sinon je déménage au fin fond du Sénégal.
— Bon, bon, j'arrête, dit-il en essayant de reprendre son souffle. Félicitations en vrai !
— Merci.
— Bon allez, viens on rentre.
Je le suis à l'intérieur et je fais un signe de tête discret à Thaïs pour lui faire comprendre que Lisko est au courant.
J'attrape une bouteille au hasard sur la table et me sers un verre avant de boire une longue gorgée. Je me rends compte de mon erreur au moment où je sens le goût du Jack sur ma langue.
Je déteste le whisky.
— C'est pas ce que tu prends d'habitude ça, me dit une voix grave derrière mon épaule.
— Les gens peuvent parfois faire des choses étranges...
— Océ,...
— Quoi, je me retourne brusquement.
Il essaye de passer sa main dans mes cheveux mais je le stoppe dans son geste en bloquant son bras.
— Non, ne me touche pas.
— Pourquoi ?
— Ça me dégoûte de t'imaginer avec elle. Putain c'était y'a même pas une semaine, comment tu peux te regarder en face ?
— Arrête. Arrête de dire ça, ça aurait pu être n'importe qui. Je m'en fout d'elle.
— Et tu crois que c'est mieux ? Tu crois que ça m'aide de savoir que t'aurais pu sauter la première venue ? dis-je, ma voix tremblante de colère.
— J'étais en colère contre toi, j'avais besoin de me défouler.
— Allez, tu peux me le dire que t'avais envie de ken !
— Pourquoi tu te fais du mal comme ça ?
— Mais c'est toi qui m'a fait du mal. je t'ai ouvert mon coeur comme je l'ai jamais fait avec quelqu'un, je t'ai fait confiance, merde.
Ma voix se casse, un sanglot étouffé éclate, me laissant vulnérable et brisée.
— Je suis tombée amoureuse de toi...
Il approche à nouveau sa main de mes cheveux et cette fois je le laisse faire. Sa caresse est douce, presque apaisante, et je sens un frisson parcourir mon échine. Je détourne les yeux, essayant de reprendre mon souffle. Les larmes coulent librement sur mes joues, mais je refuse de les essuyer devant lui.
— Je suis désolé, Océ, il murmure, collant son front contre le mien.
Sa proximité me fait vaciller et malgré ma colère, son contact m'apaise. Une partie de moi veut le repousser, le punir pour la douleur qu'il m'a infligée, mais une autre partie, plus profonde, ne peut s'empêcher de céder à la douceur de ses caresses.
Il glisse doucement ses doigts le long de ma joue, attrapant une larme qui s'échappe. Je ferme les yeux, laissant échapper un soupir tremblant. Ses excuses résonnent dans l'air, mais c'est le ton de sa voix, empreint de sincérité et de regret, qui touche quelque chose en moi.
— Qu'est-ce que je peux faire pour me rattraper ? me demande-t-il, la voix brisée par la culpabilité.
Je secoue la tête, incapable de lui donner une réponse. La douleur de sa trahison est encore trop vive.
— Je ne sais pas, dis-je finalement, ma voix à peine plus qu'un murmure.
— Je te promets que j'vais essayer d'apprendre à gérer ma colère. Je veux pas te perdre.
— Math...
— Dors avec moi ce soir, il me supplie.
Je le regarde, son visage si parfait qui semble sincèrement désolé.
— Oui, dis-je doucement, presque en chuchotant.
Je lui prends la main et commence à monter les escaliers mais il me tire par le bras et plaque ses lèvres contre les miennes.
— Tu pensais pouvoir partir sans m'embrasser ?
Je fonds dans son baiser, toute la tension accumulée se relâchant un peu. Ses lèvres contre les miennes me rappellent pourquoi je suis tombée amoureuse de lui.
On monte les marches en silence sans que je n'arrive à me rappeler à quel moment de notre conversation les autres sont allés se coucher. Je passe dans ma chambre récupérer ma chemise de nuit et je me faufile sans faire de bruit dans la chambre du polonais.
Quand j'entre, il est déjà torse nu, ses abdos sculptés visibles sous la lumière tamisée de la lampe de chevet. Je mords ma lèvre en le voyant, incapable de détourner le regard.
— Arrête de baver, c'est pas comme si tu les avais jamais vus.
— Ouais, mais je m'en lasse pas, je réponds avec un clin d'œil.
Il lève la tête à son tour, me découvrant dans ma chemise de nuit en satin. Je vois ses yeux s'agrandir légèrement, une lueur d'émerveillement traversant son regard.
— Wow déjà qu'en photo t'étais quelqu'un avec ce truc mais là...
Il tend la main, me prenant doucement par la taille pour m'attirer contre lui. Ses doigts effleurent le satin de ma chemise de nuit, et je frémis à ce contact.
— Viens là, dit-il d'une voix douce, m'attirant dans ses bras.
On se glisse sous les draps et je me sens protégée dans ses bras. Je pose ma tête sur son torse, écoutant les battements réguliers de son cœur. Ses mains caressent doucement mon dos, et je sens ses lèvres effleurer mon front.
— Bonne nuit, Océ.
— Bonne nuit.
Je suis sur le point de m'endormir lorsque je l'entends murmurer contre mon oreille, pensant que je dors déjà :
— Je t'aime.
Mon cœur rate un battement. Ces mots, si simples mais si puissants, résonnent en moi. Je lutte contre l'envie de réagir, de le regarder, de lui dire pour la deuxième fois de la journée que moi aussi je l'aime. Mais je décide de rester immobile, de savourer cet instant en silence.
Je sens une vague de chaleur et de bonheur m'envahir. Mon cœur bat plus fort, mais je garde les yeux fermés, feignant le sommeil. Je ne veux pas briser ce moment, ne veux pas qu'il sache que j'ai entendu. S'il a besoin de me le dire sans que je l'entende, je respecte son choix.
Je me laisse bercer par cette douce révélation, un sourire se dessinant sur mes lèvres. Lentement, je me sens glisser dans le sommeil, le cœur apaisé par ses mots.
Pour une fois, j'ai du mal à voir ce qui pourrait déraper.
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