III - Océane

Paris, Juillet 2021

À 20h30 précises, je sors du métro, surexcitée à l'idée de la soirée à venir. Je fais claquer mes talons sur le sol avec une désinvolture étudiée, me dirigeant d'un pas conquérant vers l'appartement de Margot.

Thaïs est déjà arrivée, je n'en doute pas une seconde. C'est un peu la maman du groupe, réservée et plutôt studieuse. Margot, elle, est l'exacte opposée, totalement décomplexée, insouciante et n'ayant peur de rien ni personne. Je me situe quelque part entre ces deux extrêmes. Réservée et distante, je m'attache difficilement aux gens. On m'a souvent dit que j'étais hautaine ou froide, que je ne savais pas sourire tout ça parce que je garde mes sourires pour les personnes qui me sont chères. Mais je ne loupe jamais une occasion de faire la fête avec mes meilleures amies. La blonde, la rousse et la brune, comme les Totally Spies.

Après avoir composé le code d'entrée et grimpé les marches jusqu'au premier étage, je sonne enfin à la porte de Margot. Celle-ci s'ouvre sur sa longue chevelure dorée et elle me saute au cou dans une étreinte chaleureuse.

T'es trop forte championne !

Merci Margot.

Je referme la porte derrière moi et aperçois Thaïs, déjà installée sur le canapé, un verre à la main. Elle lève les yeux vers moi, un sourire éclatant illuminant son visage.

Salut Océane ! Tu es enfin là, s'exclame-t-elle en se levant pour me rejoindre. Je suis tellement fière de toi.

Je lui rends son sourire et lui fais un signe de tête.

Salut Thaïs, contente de te voir.

Margot nous entraîne toutes les deux dans le salon où une ambiance chaleureuse règne déjà. La table basse est jonchée de snacks et de boissons, et une musique d'ambiance pulse doucement en arrière-plan. Je me sers un verre de coca avant de m'avachir dans le sofa.

Alors, tu as une date de sortie de prévue ? demande Margot.

Oui, c'est pour le 13 septembre, j'ai trop hâte.

Tu vas devenir la nouvelle Anna Todd, rigole Thaïs et je ne peux m'empêcher de rire avec elle.

Oh je ne sais pas hein, si je vends 1000 exemplaires ça sera déjà pas mal.

Compte sur moi pour faire ta pub, ajoute Margot d'un air complice.

Les heures défilent dans les rires et les confidences, tandis que nous enchaînons les verres pour bien lancer la soirée.

Vous voulez aller où au fait ? je demande aux alentours de minuit.

Le patron de Thaïs lui a parlé d'une nouvelle boîte qui vient d'ouvrir pas loin d'ici, le Faust. On pensait aller y faire un tour, histoire de changer un peu nos habitudes.

Thaïs acquiesce avec enthousiasme, tandis que je hoche la tête, convaincue.

[...]

La musique résonne à plein volume dans la boîte de nuit, ses basses profondes pulsant dans mes veines tandis que je me fraye un chemin à travers la foule compacte en direction du bar. Les lumières colorées dansent au rythme effréné des basses, créant une ambiance électrique et hypnotique. J'arrive enfin au comptoir et commande nos verres, avant de m'adosser nonchalamment pour observer la faune environnante. Les corps se déhanchent avec frénésie, chacun absorbé dans son propre univers.

Et voilà pour vous, belle demoiselle, me lance le barman en me tendant trois verres remplis d'un mélange de vodka et de jus de pomme.

Je lui adresse un sourire de remerciement avant de récupérer ma commande. Les verres en équilibre précaire dans mes mains, je retraverse la piste de danse d'un pas prudent, espérant ne pas tout renverser.

Je me faufile habilement entre les danseurs déchaînés et les groupes animés, évitant de justesse les corps en mouvement. Enfin, j'atteins notre table où Thaïs et Margot m'attendent avec une impatience non dissimulée.

Tu as réussi à te frayer un chemin, lance Thaïs avec un sourire malicieux.

Oui, avec un peu de chance je n'ai rien renversé en chemin, je réponds en déposant les boissons sur la table.

Margot lève son verre d'un geste théâtral et porte un toast.

À cette soirée qui s'annonce mémorable, déclare-t-elle, un immense sourire aux lèvres.

Pourquoi tu dis ça ?

Je commence à légèrement m'inquiéter en voyant Thaïs lui faire un clin d'œil entendu.

Oh les filles, qu'est-ce qui se passe ?

Regarde à gauche, me chuchote Margot à l'oreille.

Je m'exécute et manque de m'étouffer avec ma boisson. Mon cœur semble rater un battement et je ferme les yeux avant de les rouvrir, juste pour être sûre que je ne rêve pas. Mais qu'est-ce qu'il fait là, bon sang ?

Oh mon dieu, c'est pas possible !

Je les entend rigoler dans mes oreilles.

Vous le saviez ? je demande, incrédule.

Peut-être bien, répond Thaïs avec un sourire complice.

Mais je vous déteste !

Oh, pas à nous Océ, tu jubiles intérieurement, rétorque Margot.

Mon regard se pose à nouveau sur le groupe installé en face de nous. Ils sont sept en tout, mais mes yeux sont irrésistiblement attirés par le blond décoloré qui trône au centre. Il dégage une aura charismatique qui attire tous les regards dans sa direction. Son torse musclé est moulé dans un t-shirt noir qui en souligne les moindres courbes tandis que ses mains agiles dansent lascivement sur sa cuisse au rythme de la musique, faisant étinceler les chevalières qui les ornent. Autour de son cou, ses lourdes chaînes en argent scintillent sous les projecteurs.

Je souffle.

Putain.

Il te fait de l'effet ? me demande Margot dans un clin d'œil

Évidement qu'il me fait de l'effet et tu le sais, tu lis mes fanfictions depuis 4 ans.

Elles explosent de rire tandis que je sens mes joues s'empourprer. J'ai beaucoup trop chaud d'un coup. Mon pouls s'emballe tandis que je lutte pour garder mon calme. En face de nous, le Panama Bende au grand complet. Et alors que le blond relève ses yeux perçants dans ma direction, je m'empresse de détourner le regard. J'espère qu'il ne m'a pas surprise à le dévorer ainsi des yeux. Quelle honte...

On va danser ? je propose d'une voix mal assurée.

Les filles acquiescent avec enthousiasme et je les entraîne sur la piste de danse. Les lumières stroboscopiques nous enveloppent de leurs éclats hypnotiques tandis que la musique résonne à plein volume dans mes oreilles, m'entraînant dans un rythme envoûtant. Les corps se pressent autour de nous et j'oublie tout.

Dj Leska
Encore lui
Encore nous
C'est Vegedream

Oh putain oui s'écrie Thaïs, transportée.

Meuf, c'est ton moment me dit Margot complètement bourrée.

Mets toi en position vay vay vay vay vay vay vay
Ce soir on fait nos bails bails bails bails bails bails bails
Mets toi en position vay vay vay vay vay vay vay
Ce soir on fait nos bails bails bails bails bails bails bails

Je me déhanche langoureusement, me laissant happer par le refrain entraînant. Margot m'agrippe par les hanches et nous entamons une descente lascive et lente sous les regards lourds des autres danseurs.

— Ha ouais, elles envoient du lourd là, crie un homme dans la foule avec une lueur d'excitation dans le regard.

Je me redresse quand je sens un regard me brûler la peau. C'est lui. PLK. Ou Mathieu Pruski pour les intimes. Mais qu'est ce que je raconte moi, on est pas intimes. Pas encore, me souffle une petite voix intérieure. L'alcool me fait vraiment dire n'importe quoi !

Je soutiens son regard un bref instant avant de détourner la tête, gênée. Mais comment fait-il pour que j'aie l'impression qu'il vient de me déshabiller du regard ? Je retourne m'asseoir à notre table, la tête qui tourne et l'esprit embrouillé. Je jette un coup d'œil discret en direction de leur groupe et pousse un discret soupir de soulagement en constatant qu'il ne me regarde plus. Il a un regard tellement... déstabilisant.

Quelques minutes plus tard, les filles me rejoignent à notre table.

J'en connais un qui te détaille des pieds à la tête depuis tout à l'heure.

Tu déconnes Margot, il est occupé avec ses potes, je rétorque, sceptique.

Non je te jure, insiste-t-elle sérieusement. Il ne te quitte pas des yeux.

Va lui parler alors, me lance Thaïs avec un clin d'œil complice.

Mais t'as craqué ma parole !

Mais non allez !

Non, j'insiste.

Ok, alors moi j'y vais, tranche Margot avant de se diriger d'un pas décidé vers leur groupe.

J'essaie vainement de la retenir, mais elle est déjà trop loin. Je vais mourir de honte. Qui sait ce qu'elle va bien pouvoir leur raconter sur moi dans son état ? Je me tourne vers Thaïs et pousse un profond soupir à fendre l'âme.

C'est entièrement de ta faute ça, je lui lance en riant malgré moi.

Oh arrête, je sais très bien que tu es fan de ce qu'il fait, rétorque-t-elle avec un haussement d'épaules désinvolte. Mon patron m'a dit ce matin que la boîte rivale avait une réservation au nom de PLK et qu'il fallait absolument qu'on arrive à faire venir un artiste nous aussi. J'ai sauté sur l'info, c'est tout.

C'est horriblement gênant Thaïs, je soupire, accablée.

Pourquoi ?

Tu sais très bien pourquoi... J'ai écris un putain de roman sur lui quand j'étais au lycée et maintenant il va être dispo dans tous les rayons de la Fnac. Je ne veux pas passer pour une putain de groupie.

Elle me prend dans ses bras pour une étreinte réconfortante.

Alors de une, tu n'as pas signé avec ton vrai nom alors de ce côté-là, tu es tranquille. De deux, vous avez entièrement modifié l'identité de son personnage, personne ne saura que tu t'es inspirée de lui. Et de trois, meuf putain, on s'en fout. Vis ta vie, t'as le droit de kiffer un peu.

Je ris, apaisée par ses paroles.

T'as raison.

Je n'ai pas le temps de poursuivre que Margot revient déjà, accompagnée de Lesram, surexcitée. Je remarque immédiatement la main baladeuse de ce dernier qui repose sur la hanche de ma meilleure amie.

Holà !

Salut, on répond en même temps avec Thaïs

Votre copine n'a pas froid aux yeux. Elle m'a littéralement sauté dessus pour me demander si on avait de la place dans le carré. J'ai demandé aux gars et ils sont ok. Venez si vous voulez, plus on est de fous, plus on rit.

Ouais, ils veulent juste pécho, je lâche sans réfléchir.

Mais qu'est-ce qui me prend de dire des choses pareilles ? L'alcool me fait vraiment perdre les pédales ce soir.

Et non, on est pas tous comme ça hein, rétorque Lesram avec un rire bon enfant. Au fait, vous pouvez m'appeler Marcel.

Thaïs, se présente mon amie.

Et Océ, j'ajoute à mon tour.

Ils repartent devant et je jette un dernier regard interrogateur à Thaïs.

Et ça, tu l'avais prévu ?

Non, elle pouffe de rire.

J'veux pas y aller. T'as vu mon état ? Je tiens à peine debout, viens on rentre, je la supplie presque.

Je te jure, tu stresses trop. Je ne t'ai jamais vue comme ça avec un mec. D'habitude, ça ne te gêne pas quand on s'incruste dans un groupe, alors pourquoi tu fais ta timide là ?

Pfff, j'sais pas. Mais on parle pas de n'importe qui là. Genre, on va s'asseoir à la table du Panama. J'ai toujours voulu rencontrer polak et je pensais pas que ça se passerait en boite, c'est tout.

Mouais, allez viens, insiste-t-elle en m'attrapant par le bras.

Je grimace. Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que je viens de me jeter dans la gueule de l'ours ?

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