II - Océane
Paris, Juillet 2021
Toujours installée à la terrasse ombragée du café, j'essaie en vain de joindre Lucas. Il ne décroche pas. Je pousse un soupir résigné. Je sais pertinemment que nous ne sommes pas engagés dans une relation exclusive et que s'il désire aller papillonner ailleurs, je n'ai pas mon mot à dire. Nous nous sommes rencontrés il y a quelques mois dans un bar parisien et nous avons vite sympathisé. Son humour m'avait fait rire et j'avais accepté son invitation à finir la soirée chez lui sur un coup de tête.
Vous me jugerez sans doute. "Oh, regarde, elle couche dès le premier soir et patati et patata." Mais je m'en moque éperdument. Depuis que mon ex m'a trompée avec sa soit-disant meilleure amie, j'ai décidé de ne plus me lancer dans une relation sérieuse pour le moment. Et franchement, ça fait un bien fou. Je me concentre sur moi-même, mes désirs, mes projets et mes copines.
Lucas fait quelque peu exception à la règle. Je l'ai revu à plusieurs reprises après cette soirée au bar et nous nous entendons plutôt bien. Il fêtera bientôt ses 30 ans mais notre différence d'âge ne nous a jamais dérangés. Au contraire, il m'a fait découvrir des choses insoupçonnées qu'un jeune homme de mon âge n'aurait su m'apporter. A bientôt 23 ans, j'ai trop souvent été déçue par les hommes.
Les filles ne rêvent que d'une chose, que Lucas m'amène dans sa maison de campagne pour que je puisse découvrir les joies du sexe dans l'eau. Elles me fatiguent. Même si, je ne le nierai pas, l'idée m'attire énormément.
Une notification sur mon téléphone me sort de mes pensées :
De Lucas
Coucou Océ, désolé j'avais pas vu tes appels. Tu peux passer rapidement à l'appart ?
A Lucas
Euh ouais pourquoi ?
J'ai pas trop le temps, ce soir je sors avec les filles
De Lucas
Ouais ouais t'inquiète viens quand tu peux
A Lucas
Je suis dans le 16e j'arrive
Je récupère mon sac, règle ma consommation auprès du serveur, puis me dirige d'un pas vif vers l'appartement de Lucas. La flemme de prendre les transports me pousse à faire le trajet à pied. Moins de 10 minutes plus tard, j'arrive à destination, en nage. Pourquoi fait-il aussi chaud dans les rues de Paris en juillet ?
Je sonne à l'interphone et la voix grave de Lucas me fait frissonner malgré la chaleur étouffante. Quelques instants plus tard, je me tiens devant sa porte qu'il vient d'ouvrir. Mais son air sombre et fatigué ne me dit rien qui vaille.
— Qu'est-ce qu'il se passe ? On dirait que tu viens de passer sous un train, je lance sur le ton de la plaisanterie pour détendre l'atmosphère
— J'suis pas d'humeur Océ, rétorque-t-il sèchement.
Je me dirige vers son canapé et m'assois en croisant les jambes.
— Raconte-moi alors.
— On ne va pas pouvoir continuer à se voir, lâche-t-il d'une voix lasse.
— Pas de soucis, mais pourquoi m'avoir fait venir pour me dire ça ?
— Commence pas, on a toujours dit que c'était juste du cul, s'énerve-t-il légèrement.
— Justement, je ne comprends pas pourquoi je me suis déplacée si c'est seulement pour ça. Un simple message aurait suffi.
— J'ai un fils ! lâche-t-il soudain.
— Quoi ? De qui ? je m'exclame, abasourdie.
— De mon ex. Estéban a déjà 4 ans.
Alors là, je n'en reviens pas.
— Je vais me remettre avec elle. Pour le bien de mon fils, poursuit-il.
— Mais t'es malade, tu peux pas te remettre avec elle, tu m'as dit qu'elle t'avait trop fait souffrir.
— Je l'aime encore tu sais...
— Mais ça fait quatre ans, passe à autre chose ! Je comprends que tu veuilles faire partie de la vie de ton fils, mais tu n'es pas obligé de t'infliger ça.
— On s'est mis d'accord, on va se redonner une chance.
— Mais pourquoi maintenant ?
— J'en sais rien Océ...
Je reste encore quelques minutes avant de prendre congé.
— Au revoir Lucas. Je suis ravie d'avoir pu te connaître. Je dis en lui faisant un câlin.
— Moi aussi Océ. T'es quelqu'un de bien. Tu finiras par trouver l'homme qu'il te faut, j'en suis persuadé.
Je l'embrasse furtivement sur la joue avant de claquer la porte derrière moi. Une nouvelle de plus à encaisser. Je ne connais pas son ex, mais je ne l'aime pas. Durant tout le temps où nous nous sommes fréquentés, elle n'a eu de cesse de le rappeler pour jouer avec lui et le faire espérer. Lucas est un homme bon, et je ne supporte pas de savoir qu'elle lui a caché l'existence de son fils pendant 4 longues années. Il faut être d'une cruauté sans nom pour agir de la sorte.
Je marche d'un pas vif jusqu'à la station de métro la plus proche, l'esprit envahi de pensées tourbillonnantes. Une fois installée dans le wagon, je laisse mon esprit vagabonder au rythme de la musique qui pulse dans mes écouteurs.
Petite fraîcheur, t'es peut-être mannequin mais t'es loin d'être une fille modèle
Tu aimes te shooter à tes shootings car tu jouis d'une vie moderne
Tu passes ton temps à te défiler
Tes adversaires défilent et j'aime tes collants effilés
Te compare pas à des filles laides
Même à l'école, t'es populaire comme t'es
Une nouvelle notification sur mon téléphone vient interrompre mes pensées.
De Lucas
Et au fait, je t'ai pas demandé pour ton rendez vous, alors ton livre ?
A Lucas
C'est bon, la date de sortie est prévue pour début septembre.
Je vais pouvoir faire partie de ses sorties littéraires de la rentrée du rayon romance
De Lucas
Trop bien, je suis heureux pour toi !
Je savais que t'étais une grande romantique au fond de toi ;)
A Lucas
Merci beaucoup :)
Oh commence pas stp, c'est juste un bouquin...
De Lucas
Ça va je te taquine Océ.
A Lucas
Bon courage pour la suite !
Avec ton fils
De Lucas
Merci Océane
Je souris en repensant aux bons moments que nous avons partagés tous les deux. Une vie simple sans se prendre la tête et sans rendre de comptes à personne. Je lui souhaite sincèrement le meilleur et espère que tout se passera bien avec sa famille.
En sortant du métro, je jette un œil à ma montre. 18h30 déjà ! Je dois presser le pas si je veux être à l'heure chez Margot dans deux heures. J'aurais aimé pouvoir souffler un peu chez moi avant cette nuit de folies, mais je n'aurai pas vraiment le temps.
Je remonte à vive allure les boulevards huppés du 7ème arrondissement et m'arrête, subjuguée, devant un somptueux immeuble haussmannien. Avec sa façade en pierre de taille, ses grandes fenêtres ouvragées donnant sur des balcons en fer forgé et ses détails architecturaux raffinés, l'édifice respire le charme parisien.
Je passe mon badge sur le digicode pour déverrouiller la lourde porte en bois et pénétrer à l'intérieur. Le vaste hall d'entrée, baigné de lumière, est orné de moulures délicates et d'un majestueux lustre en cristal qui diffuse une douce clarté. Je monte dans l'ascenseur jusqu'au dernier étage avant de déboucher sur mon palier. J'insère ma clé dans la serrure et pénètre dans mon appartement, laissant mon regard se promener avec admiration sur les pièces qui le composent.
Le salon est spacieux et élégamment meublé, avec des canapés confortables et des œuvres d'art soigneusement disposées sur les murs. Les grandes baies vitrées laissent entrer une abondance de lumière naturelle et offrent une vue panoramique imprenable sur les toits de Paris et la Tour Eiffel. Un vaste balcon me permet de prendre mes petits-déjeuners au soleil en été, une cigarette aux lèvres. La cuisine moderne est composée d'un îlot central en marbre où je prépare mes repas en fredonnant les airs qui m'obsèdent. Ma chambre possède également un petit balcon qui offre une vue spectaculaire sur la ville. Je me sens bien ici.
Cet appartement est la seule chose qui me reste de ma génitrice. Quand elle nous a abandonnés mon père et moi pour s'enfuir avec ma sœur et son nouvel époux, elle a légué son appartement à mon père. Je n'avais que 8 ans quand elle a pris la fuite et je ne garde que peu de souvenirs d'elle. Fille d'un riche banquier, ma génitrice n'a jamais souffert du manque et a toujours mis en avant son statut de vieille bourgeoise friquée.
Je m'accorde une courte sieste sur le canapé et m'endors comme une souche, rapidement rejointe par Pêche, mon petit spitz nain. 30 minutes plus tard, je me réveille quelque peu groggy. J'allume mon enceinte pour laisser résonner les basses profondes tandis que je file sous la douche pour me réveiller et me rafraîchir. J'adore chanter sous le jet brûlant, ça m'aide à décompresser.
La nuit je n'dors plus, je rêve de rêver
Mon cœur, un morceau de pierre quand nos deux corps se serrent
J'me demande encore à quoi sert de s'aimer
Le shit m'anesthésie, l'alcool me fait oublier
C'est peut-être toi qui me fera roupiller
En sortant de la salle de bain, une serviette nouée autour de la taille, je jette un œil au thermomètre qui indique encore une température de 30°C à 19h30. Cette chaleur est épuisante. J'ouvre mes placards en grand et soupire devant ma penderie. Je fouille pendant une bonne dizaine de minutes dans mes tonnes de fringues à la recherche de la tenue parfaite.
Mon choix se porte finalement sur un t-shirt dos nu bleu électrique aux finitions argentées, ainsi qu'une jupe courte noire. J'enfile des sandales à talons couleur argent pour parfaire le tout. J'attrape mon sac à main qui contient le nécessaire pour une soirée entre filles et claque la porte derrière moi. Je sens que je vais bien m'amuser ce soir !
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