La lumière tamisée du matin entrait avec peine à travers les ouvertures des volets. Il faisait sombre dans la chambre, mais quelques rayons de soleil balayaient le lit. Dedans sommeillait un homme. Noir, ou plutôt marron cannelle, le jeune individu dormait paisiblement. Cependant, son sommeil réparateur fut interrompu lorsque le réveil sonna bruyamment. L'homme frappa violemment cette pourriture de machine bonne qu'à nous rappeler qu'on est en semaine et qu'il faut se lever tôt pour bosser. Pourquoi cette introduction clichée ? Parce que l'horloge interne de ce personnage était nulle et qu'après la cuite de cette nuit, le jeune homme serait bien resté sur son matelas quelques heures de plus.

Mais ne nous attardons pas sur ce type de détails. Ce genre de stéréotypes ne peut pas faire de mal de temps en temps, si ? Enfin, pas plus que la tête du gars. Depuis qu'il était en position assise, le noir (ou marron cannelle, pour les susceptibles) se massait le crâne avec précaution. Combien avait-il pris de verres la veille ? Je n'en ai aucune idée, mais c'était trop pour qu'il se souvienne de la soirée qu'il avait passée.

Pas trop rapidement, histoire d'éviter le mal de tête dû à sa gueule de bois, l'homme prit une douche et se prépara avant d'entamer un petit-déjeuner. C'est à ce moment que la sonnette se fit entendre sur son palier. L'homme jeta un coup d'œil à sa montre avant de se diriger vers la porte.

-Qui est-ce ? Fut-il obligé de demander, ne pouvant pas voir à travers la porte.

-Ton taxi ! Répondit une voix féminine et enjouée.

L'homme déverrouilla la porte et l'ouvrit en grand. Il faisait désormais face à une jolie blonde aux yeux bleu ciel profond. Cette dernière lui frappa immédiatement le front, arrachant un grognement de la part de l'homme.

-Allez, allez ! Dépêche-toi, Emy ! Ou on sera en retard, Inspecteur Lorima.

-Pourquoi t'es là aussi tôt, Hanna ? Il est sept heures cinquante, j'ai encore le temps de me préparer. Je commence à neuf heures...

Emy, ou plutôt Emaël Lorima, se tînt la tête encore un peu en essayant de comprendre pourquoi sa collègue était venue si tôt. Puis, enfin, il eut une illumination. Inspecteur Lorima ? Mais alors...

-Attends... C'est aujourd'hui ? Déjà ?!

Hanna souffla en roulant des yeux. Décidément, la nuit n'avait pas été aussi douce pour tout le monde. Aujourd'hui, Emaël devait travailler plus tôt. Il adorait son boulot : enquêter était une passion. Aussi avait-il attendu cette promotion avec impatience. Le souci était qu'il avait totalement oublié son changement d'horaires.

-Oui, c'est bien que tu souviennes. C'est aujourd'hui que tu commences comme inspecteur de police. Dépêche-toi ou tu te feras rétrograder en moins de temps qu'il en faut pour enfiler ton pantalon. Et fais quelque chose pour ta gueule de bois.

-Mort de rire, tu me chronomètres maintenant ? Et puis, on ne dit plus "inspecteur" maintenant. Pour moi, ce sera "lieutenant".

-Je sais, mais je préfère "inspecteur". C'est plus..stylé.

La petite blonde entendit son collègue et ami glisser sur le carrelage de sa cuisine. Le bruit d'un bol cassé retentit dans tout le palier.

-Ça va ? Demanda-t-elle. Ce serait dommage de commencer ta première journée par un arrêt maladie. Première enquête : le mystère de la jambe cassée d'Emaël !

-La ferme, Hanna ! Tu ne m'aides pas.

Emaël réapparut quelques secondes plus tard en costard et une sacoche à la main. Il était parfait, l'habit classique du col bleu prêt à entrer dans son bureau. Enfin, pas vraiment parfait. Il manquait quelque chose à son haut.

-Bien habillé, mon chou. Tu ne mets pas de cravate ?

Emaël prit le temps de regarder l'une des tenues habituelles de son amie. Sa chemise blanche était surmontée d'une veste noire, de la même couleur que sa jupe fourreau. C'était la tenue d'une véritable avocate.

-T'es plutôt chic aussi. Et non, pas de cravate. Je vais au boulot, pas à un mariage. On y va, Maître ?

-Je n'attendais que vous, Inspecteur.

Emaël ferma tranquillement la porte de son appartement avant de proposer son bras à Hanna. Un vrai gentleman, comme on en trouve peu de nos jours. La blonde accepta ce geste de galanterie avant de descendre les cinq étages de l'immeuble parisien par les escaliers. La cage d'ascenseur était cassée depuis longtemps. C'était l'inconvénient de vivre en plein Paris. On était certes plus proche de son lieu de travail, mais les bâtiments vieux de la période des Trente Glorieuses n'apportaient aucun confort aux résidents.

Près d'une heure plus tard, le duo refit un trajet similaire, mais inversé et dans un ascenseur cette fois. Lorsque la cabine arriva au troisième étage, la porte s'ouvrit sur un homme cinquantenaire en chemise bleue et cravate noire. Son képi favori bleu azur sur la tête, il cria sur les deux compagnons.

-Lorima ! Vous êtes en retard ! Ça fait vingt minutes que je vous attends. À peine arrivé, vous voulez déjà vous faire virer ? Et vous Klein ?! Quelle est votre excuse ?

-Pourquoi a-t-elle le droit de s'expliquer et pas moi ? Protesta Emaël alors que Hanna répondait au capitaine de police.

-Il y avait des bouchons, capitaine Rayd. Tout le périphérique était bouché.

-C'est ça votre semblant d'excuse ? Le périphérique est tout le temps bouché, je le prends tous les jours ! Vous croyez que ça me dispense d'être à l'heure ?! Allez, dans mon bureau !

Le capitaine moustachu tourna les talons et poussa la porte vitrée de son antichambre, suivi des deux retardataires. Emaël prit le soin de fermer la porte derrière lui. Si son supérieur devait encore lui crier dessus, mieux valait pour son ego que ses collègues n'entendent pas. Le capitaine Rayd invita les deux jeunes gens à s'asseoir.

-Pour commencer, félicitations Emaël Lorima pour votre promotion. Comme convenu, vous avez été affecté à la Brigade Criminelle. Vous prendrez le bureau de l'ancien inspecteur.

-Merci. Je vais y déposer mes...

-Plus tard, voici votre première affaire. On a trouvé le corps d'une personne ce matin, près de la Place d'Italie. Allez-y, votre subordonnée vous y attend. Klein, votre supérieur m'a chargé de vous dire que vous êtes aussi sur l'affaire.

Hanna hocha la tête et quitta le bureau, ses talons claquant sur le carrelage blanc. Alors qu'Emaël s'apprêtait à la suivre, le capitaine le rappela.

-Lorima. Vous n'oubliez pas quelque chose ?

Le nouvel inspecteur se retourna et vit son supérieur qui tenait le dossier de l'affaire. Il le prit promptement avant de s'excuser et de fermer la porte.

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Et voilà pour la première partie ! Alors, qu'elles sont vos premières impressions sur les trois personnages que l'on voit ? Quelle sera la première enquête ? Je compte sur vos avis pour me dire ce que vous en pensez !