Chapitre 3: Début de la cohabitation

Izuki avait passé sa journée à lire des livres ; son hôte en avait beaucoup, de tous les genres. Il aurait bien feuilleté les cours pour approfondir ses connaissances, mais il ne fallait pas se voiler la face. Entre celles recelées dans les bouquins et les siennes, bien maigres en comparaison, il y avait un gouffre immense. Il avait donc pris la résolution de se rabattre sur la bibliothèque richement fournie du violet.

Il avait dû en lire un livre bien épais quand son ventre cria famine. Il est vrai qu'il n'avait pas mangé depuis qu'il s'était échappé. Il n'osa pas se lever pour manger quelque chose, peut-être que le lycéen ne serait pas content. Ce dernier avait eu l'air honnête quand il lui avait dit qu'il n'avait rien à craindre ; il allait – éventuellement - pouvoir avoir une vie normale. Et en même temps il n'espérait plus...Un jour où il était tombé sur une grand mère elle l'avait ramené à un héros, ce dernier s'était avéré de mèche avec ses tortionnaires.

Il ne croyait plus en rien.

Il aurait voulu revoir sa mère, se plonger dans ses bras et ne plus jamais en ressortir. Il aurait même accepté d'être à nouveau le bouc émissaire de Kacchan, de se faire insulter et rabaisser tous les jours ; il voulait juste une vie qui se rapproche de la normalité. Des larmes perlèrent sur ses joues.

Il y a trois ans, il pensait pouvoir réaliser son rêve. Il avait donc suivit cet Homme... Il s'était montré trop naïf. Penser à son passé et à ce qu'il aurait pu vivre le pesait.

Il était assis contre le mur et s'endormit dans cette position inconfortable, son corps n'ayant pas emmagasiné assez d'énergie pour le maintenir éveillé d'avantage.

Il ne se sentit pas glisser contre le matelas, ni même ne garda le souvenir d'avoir fermé les yeux, et ce ne fut que quand le claquement d'une porte retentit qu'il se réveilla en sursaut. Il se frotta les paupières et se redressa, froissant au passage la couette.

Dans l'entrée se trouvait le propriétaire de l'appartement, l'air un peu paniqué. Deku le vit se tourner vers la porte afin de regarder à travers le judas et l'entendit soupirer.

Hitoshi s'insulta mentalement, il avait paniqué pour rien. Personne ne l'avait suivi, même si son comportement aurait pu paraître suspect, les vilains ne pouvaient pas savoir qu'il gardait le garçon chez lui. Qui disait que c'était Deku qu'ils cherchaient ? Enfin il ne fallait pas avoir fait de grandes études pour comprendre que si, c'était bien du vert dont ils avaient parlé. Quand bien même Shinsou espérait avoir tord.

Le violet devait se reprendre, paniquer ne servirait à rien Si ce n'est à tomber la tête la première dans leurs filets. Il prit une grande inspiration et s'avança vers le plus petit. Il posa son sac quand il entra dans la pièce principale puis il remarqua que sa bibliothèque avait été vidé de plusieurs livres qui étaient maintenant sur le lit près du garçon. Celui-ci l'observait en silence, l'air d'attendre quelque chose ; Hitoshi le vit jeter des coups d'oeil vers la porte. Shinsou soupira, apparemment il ne lui faisait toujours pas confiance...

« Tu aimes lire ? »

Le vert acquiesça, mais il ne reprit pas sa lecture, préférant scruter son hôte. Il n'avait pas l'air de vouloir le jeter dehors, il allait donc peut-être pouvoir rester un peu plus longtemps. Une légère pointe de chaleur le traversa à cette pensée mais il ne se faisait pas d'illusion, tout pouvait se terminer en un claquement de doigts.

Hitoshi se demandait ce qu'il allait bien pouvoir faire pour lui prouver qu'il pouvait lui accorder sa confiance. Jamais, il n'irait voir une personne lambda pour lui parler de ce garçon. Il avait la peur bizarre de voir cet enfant disparaître, et ce qu'il avait vécu sur le chemin du retour ne l'encourageait que davantage à le garder caché. Il savait qu'il ne pourrait pas le faire éternellement, il n'était qu'un lycéen après tout.

Demander à quelqu'un de venir ou au garçon de le suivre en ce moment serait du domaine de l'impossible, le garçon paniquerait à coups sûr. Il avait tout un week end pour réfléchir à la meilleure solution. Il se posa au sol devant la table basse présente au milieu de la pièce. Il réalisa que Deku ne le lâchait pas du regard et il décida donc de faire comme tous le jours : Il alluma la télévision, attrapa d'un air détaché le premier manga qui lui vint sous la main et se plongea dans sa lecture.

Se sentant épié, il ne parvint pas à se concentrer sur une seule ligne. Le plus petit n'avait pas l'air d'avoir bougé de sa position. Il le vit sursauter au moment où on frappa à la porte. Shinsou s'arrêta dans ses mouvements, et même s'il ne le montrait pas il était tout aussi paniqué que Deku, lequel avait l'air de chercher une sortie.

Au moment où il le vit tenter d'ouvrir la fenêtre il posa sa main sur son bras et lui intima le silence, mais le garçon aux tâches de rousseurs ne l'entendit pas de cette oreille et se mit à se débattre.

« Arrête, chuchota Hitsohi, bien qu'assez fort pour qu'il l'entende. Personne ne doit savoir que tu es ici alors ne fais pas un bruit. »

Izuku le regarda, le cœur au bord des lèvres. Il voulait partir, en aucun cas il ne voulait y retourner. Des larmes lui montèrent aux yeux, et malgré la corpulence plutôt mince de son opposant il fut incapable de se défaire de sa prise.

« S'il te plaît ne fais pas de bruit. Le supplia Shinsou. »

Il tenta de lui bloquer les deux bras sans lui faire mal, mais il l'entendit sortir de faibles sanglots. Le violet sentit peu à peu la peur s'emparer également de lui. Si la personne de l'autre côté était mal intentionnée, ils étaient tous les deux foutus. Il tenta d'analyser la situation.

« Pitié, murmura Midoriya. Pitié, je veux pas y retourner.

Shinsou-kun ? Tu es là ? » Fit la voix d'une vielle femme.

Le lycéen soupira de soulagement : ce n'était que sa voisine. Le vert, lui, ne voyait que son retour en enfer. Il ne se calmait pas, quand bien même avait-il compris qu'il ne pourrait pas fuir. Une fois de plus, il abandonnait le combat.

« Oui, je suis rentré.

Tu as reçu un colis de ta mère aujourd'hui, le facteur me l'a laissé le temps que tu rentres.

Posez le devant la porte, je suis... occupé. »

Il entendit la dame acquiescer et partir, il retourna son regard vers le garçon. Ce dernier ne bougeait plus, il avait à nouveau les yeux ternes, attendant sa sentence. Shinsou lui lâcha les bras et s'appuya contre le mur, il le détailla sobrement. Il ne savait pas comment gérer ça, mais il devait surtout pas laisser Deku partirent, ses bourreaux étaient déjà dans le coin.

« Je vais pas te laisser y retourner. » Souffla-t-il.

Le vert leva les yeux émeraudes lui, tentant de savoir s'il lui mentait. Il replia ses jambes contre son torse et détourna la tête. Il avait envie d'y croire, de se dire que le cauchemar était derrière lui, et en même temps il savait que la vie était injuste. Il savait que tôt ou tard il y retournerait. Il se plongea dans un mutisme, il n'avait rien à dire. Il vit le violet quitter ses côtés pour partir dans le couloir. Il l'entendit ouvrir la porte ce qui le fit frissonner. Mais elle se referma et aussitôt se reverrouilla, personne n'était rentré.

Il l'entendit s'affairer dans la cuisine, sans pour autant y prêter plus d'attention. Il voulait rentrer chez lui, être auprès de sa mère. Hitsohi cuisinait de simples onigiris, de toute manière, il n'était pas assez concentré pour risquer un plat plus compliqué. Il observa le gamin assissur son lit. Il avait toujours trouvé que sa vie n'était pas enviable, mais face à se garçon il pouvait ravaler ses paroles.

Il finit de préparer et posa le plat sur la table, Deku ne sembla pas bouger. Il n'avait pas dû manger depuis la veille, et encore, Shinsou ne savait pas depuis combien temps il errait dans les rues avant qu'il atterrisse ici.

« Viens manger. » Lui dit-il

Le plus petit ne lança même pas un regard vers lui et le lycéen n'en fut pas surpris, il pris alors deux onigiris dans sa main et les présenta devant son visage. Izuku sortit de ses pensées et regarda ce qu'il avait sous les yeux, il tourna la tête vers le plus grand, cherchant à savoir si c'était vraiment pour lui. Il en prit un délicatement dans ses mains avant de commencer à l'engloutir. Ça faisait bien longtemps qu'il n'avait pas eut quelque chose d'aussi bon à manger.

« Si tu pouvait manger à table, ça m'arrangerait. J'aime pas trop retrouver des grains de riz dans mon lit.

Désolé. » Souffla le vert.

Il descendit du lit une fois que son hôte s'éloigna de lui et il se glissa à terre. Il mangea un deuxième sous l'oeil rassuré du violet, au moins il ne se laissait pas mourir de faim. Il se décida à augmenter, doucement, le son de la télé pour pallier au silence, ça parlait d'une énième intervention de héros. Il put remarquer que l'attention du plus jeune s'attardait tout particulièrement sur l'écran. Puis les images laissèrent leur place à celles du tournois de Yuei.

Un air mélancolique prit possession des traits de Midoriya ; il avait voulu l'intégrer cette école, et s'il ne s'était pas fait kidnapper peut-être que lui aussi y serait en ce moment. Par réflexe, il toucha l'intérieure de son coude. Non il n'aurait pas pu... Il n'avait pas d'alter.

Son geste ne passa pas inaperçu des yeux améthystes. Il le vit poser la tête sur le lit, le regard triste. Peut-être était il plus vieux que lui et qu'il avait été à Yuei ? Ou alors il avait tenté d'y entrer ? Puis il le vit écarquiller les yeux et murmurer quelque chose d'incompréhensible. Shinsou tourna la tête vers la télé, ça annonçait les gagnants du tournois par Midnight. Il y avait aussi Todoroki, Katsuki et Fumikage à l'écran. Le passage était juste après leur remise de médaille : donc All Might devait être passé devant les caméras. Est ce que cela voulait-il dire qu'il y avait des enseignants ou des élèves corrompus ? Ou reconnaissait-il juste quelqu'un ? D'ailleurs, depuis combien de temps était-il enfermé ?

Deku se recroquevilla sur lui-même, il ne savait pas s'il était heureux pour son ami ou triste de ne pas pouvoir partager ce moment ? En tout cas Kacchan n'avait plus trop cet air hautain, il semblait même blasé et pas si heureux que ça de sa victoire. Et en même temps, le connaissant, arriver en première place ne devait pas être suffisant pour le blond, il lui fallait plus. Au moins, lui, il avait pu rentrer à Yuei.

Shinsou hésita à lui poser des questions, le garçon avait l'air très hésitant, et en même temps il voulait savoir. Il attendit quelques minutes que les infos enchaînent sur autre chose. Ça commença à parler de Stain, le tueur de héros, qui avait fait une nouvelle victime la veille: "Ingenium" à Hosu. Le violet éteignit la télé, voyant qu'il n'y avait aucunes nouvelles réjouissantes. Le silence s'installa alors à nouveau dans son petit vingts mètres carrés. Il s'éclaircit la gorge et tenta de faire parler le vert.

« Tu as quel âge? »

Il n'eut pas de réponse, il se dit que le temps allait être très long si le vert ne se décidait pas à parler. Il le vit relever la tête vers lui, puis il détourna les yeux tout aussi rapidement.

« 15 ans. » Murmura Izuku.

Il avait donc le même âge que lui, il aurait dû être dans la même année. Peut-être que s'il avait eu une vie normale il serait dans le même établissement, voir la même classe. D'ailleurs s'était-il fait enlever ou avait-il été élevé comme ça ? Si ça se trouvait, il avait toujours vécu reclus et c'était ses parents qui l'avaient maltraité et qui étaient des vilains.

« Ça fait combien de temps que tu vis ça? »

La question était sorti sans vraiment qu'il ne le contrôle et il comprit que ce n'était pas le bon moment de poser cette question puisque le vert se recroquevilla sur lui même. Ce gamin avait du vivre des choses horribles, il était impossible pour Shinsou de se mettre à sa place. Il devait changer de sujet et il allait le faire quand il entendit un petit chuchotement.

« 3 ans... »

Trois longues années? quelle horreur, et en même temps ça expliquerait le fait qu'il soit aussi terrorisé. Et durant toutes ses années ,combien de fois avait-il tenté de s'échapper? sûrement plus d'une dizaine, et il avait été ramené à chaque fois. Qui pourrait vivre ainsi? Personne... N'importe qui aurait abandonné au bout de trois ans, mais, même si Deku semblait ne plus faire confiance à qui que ce soit, il n'avait pas abandonné l'idée de s'échapper.

Hitoshi était soulagé d'être celui qui l'avait trouvé, si quelqu'un d'autre l'avait fait peut-être que le garçon serait déjà retourné auprès de ses bourreaux. Lui comptait le garder en sécurité, trois ans c'était déjà trop long. Il allait l'aider, mais pour ça lui aussi avait besoin d'aide.

« Est-ce-que tu as des noms de personnes qui seraient susceptibles de te ramener là-bas? »

Izuku le regarda, les yeux grand ouvert. Voulait-il le ramener maintenant sans avoir à chercher trop longtemps? C'était bien plus horrible que tous ceux qu'ils l'avaient accueilli précédemment.

« J'ai besoin de savoir à qui je dois mentir, et en qui je peux avoir confiance. »

Le vert cligna des yeux, pas certain d'avoir bien entendu. C'était bien la première fois qu'on lui demandait des renseignements, d'habitude on ne l'écoutait pas et le premier, policier ou héros, qui passait par là, faisait l'affaire. Est-ce qu'il pouvait faire confiance à ce garçon? Peut-être mais rien n'était sûr, il devait rester sur ses gardes. Il s'en serait presque réjoui si un détail important ne lui avait pas sauté aux yeux. Il ne connaissait pas les noms, à vrai dire il ne leur avait jamais demandé ou ne s'y était pas intéressé.

Il resta muet, il n'avait aucun nom à donner, il y avait celui de son bourreau mais il savait que celui-ci restait dans l'ombre, donc personne ne pouvait savoir qui il était. Puis il y avait le docteur, quoi qu'il n'était plus si sûr de son nom, peut-être n'était ce qu'une fausse identité ? Repenser à ces personnes ne l'enchanta guère, et de nouveau Hitoshi put voir la lueur dans ses yeux s'effacer.

Il comprenait donc que la conversation était terminée. Il ne lui en voulait pas, il avait dû repenser à toutes ses personnes et ça avait du lui faire mal. Il soupira de sa propre stupidité et partit prendre sa douche, laissant le gamin seul dans la pièce principale.

L'eau tiède défaisait sa coupe, ses cheveux commencèrent à épouser les formes de son visage. Il ne bougea pas, il repensait à tout ce qu'il avait pu enregistrer comme information sur Deku, il n'en avait pas beaucoup mais elles étaient dures à avaler.

Quand il ressortit il put remarquer que le vert était toujours dans la même position, rien n'avait changé. Soupirant avec lassitude, Hitoshi s'avança vers lui pour prendre place sur le lit, à une distance respectable du jeune garçon. Une dizaine de minutes de silence s'écoulèrent avant qu'il ne se décide à poser la tête sur son oreiller et la basculer vers son invité.

« Tu devrais t'allonger sur le lit pour dormir un peu.

Deku ne répondit pas, Shinsou n'insista pas et ferma les yeux un instant, mais n'ayant pas pas beaucoup dormi la nuit précédente, il s'écroula aussitôt de fatigue. Il se réveilla un peu en sursaut en ayant la sensation de tomber, il avait mal au cou. Il faisait noir dans son appartement, il avait pendant un moment eu du mal à distinguer où il se trouvait. Il tenta de se lever, cherchant à tâtons son portable - qu'il trouva facilement avant de l'allumer. L'heure affichée sur l'écran indiquait trois heures du matin.

Il soupira et s'éclaira avec la faible lumière pour voir où était le plus petit, toutefois il remarqua qu'il n'y avait plus personne à côté de lui. Il se tourna vers le lit mais ce dernier était entièrement vide, il chercha alors dans le reste de la pièce mais le garçon n'était nulle part. La panique s'emparant de lui, il se leva brusquement pour allumer la grande lumière mais ne fut accueilli que par du vide. Deku demeurait introuvable.

Il avisa sa porte d'entrée, qui, il le réalisa bien vite, n'était plus fermée à clé... Deku était parti ! Et si quelqu'un l'attendait dehors? Il sortit en prenant une veste. Il descendit tellement rapidement les escaliers qu'il faillit tomber. Une fois devant la rue il s'arrêta, Par où le garçon avait-il pu partir ? C'est le bruit de la porte se refermant qui avait dû le réveiller, le vert ne devait donc pas être très loin.

Il regarda un peu plus autour de lui : s'il était une personne qui fuit, où se dirigerait-il ? Si même des policiers ou des héros pouvaient le ramener la où il ne voudrait pas, il éviterait sûrement les endroits fréquentés, en faite il resterait dans l'ombre. Il prit la direction d'une petite ruelle qu'on voyait de chez lui. Espérons qu'Izuku avait eu la même idée.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top