Chapitre 1 La rencontre
Shinsou revenait de l'école, le tournois avait été une déception de plus il était tombé sur Todoroki-kun au second tour et sétait fait avoir en un rien de temps. Ce dernier l'avait congelé avant qu'il puisse ouvrir la bouche. Ça l'énervait de voir ces personnes nées avec des alters parfaits pour le métier de héros.
Il serra la mâchoire et les poings, pris d'une folle envie de hurler au monde l'injustice que c'était de naître avec le mauvais alter.
Aizawa-sensei était venu lui parler après, pour lui dire de venir le voir le lendemain à la fin des cours. Peut-être que le professeur avait vu en lui un futur héros- même s'il n'y croyait pas vraiment mais il espérait avoir une chance. Et si on la lui donnait il n'allait pas se priver pour prendre ce qu'on lui offrait. Être un héros c'était son rêve depuis que son ami d'enfance avait été enlevé et jamais retrouvé.
Repensant à son enfance, il marchait dans les rues éclairées par le soleil qui déclinait à vue d'oeil. Il entendit alors du bruit dans une ruelle et il s'arrêta. Se tourna vers l'allée sombre, il haussa un sourcil. En temps que futur héros il se devait de secourir tout le monde, et ce qu'il avait entendu était un gémissement de douleur à moitié étouffé. Pourtant il ne voyait personne.
Devait-il appeler la police, ou alors un héros ? Et si jamais ce n'était rien, ça aurait été stupide de sa part. Mais était-il assez idiot pour s'engouffrer dans l'impasse sans être sûr de quoi que ce soit ? Il perçut alors un miaulement, Hitoshi baissa donc les yeux et pu voir un chat qui miaulait sur quelque chose derrière une poubelle. L'animal cherchait apparemment de l'attention de quelqu'un.
Hitoshi fronça les sourcils si c'était un vilain il aurait aucune raison de se cacher et le minou ne se serait sûrement pas approché autant. Il s'avança alors prudemment, le chat le remarqua enfin mais ne fit pas un pas vers lui et se retourna plutôt vers la personne cachée. Une fois suffisamment près il put apercevoir des pieds nus. Shinsou s'accroupit et appâta le chat afin de le cajoler, ce dernier se laissa faire, laissant ses ronronnements sortir.
« - Je vois tes pieds tu sais, si jamais tu veux te cacher c'est un peu raté. »
La personne ne bougea pas, peut-être était-ce un sans abris ? Mais il ne voyait pas l'intérêt qu'il aurait eu de se cacher. Ou alors un enfant qui avait fugué ? Et vue la taille de ses pieds c'était plus que probable, il n'allait donc pas le laisser ainsi. Il devait au moins le ramener au poste de police.
Il se remit sur ses jambes et s'avança assez pour voir la personne... et il bloqua. C'était un jeune garçon, sans doute son âge. Des yeux émeraudes remplis de terreur, une chevelure vert très foncé, et sûrement très sale, le visage du garçon l'était tout autant. Ses habits n'étaient plus que des lambeaux. Une de ses mains entourait ses jambes pendant que l'autre tentait de cacher son visage.
Il voulu approcher sa main mais le plus jeune réagit en tentant de se fondre avec le mur. Il était terrifié, et tremblait de partout. Il ne semblait pas blessé c'était déjà ça, il devait appeler la police, pour qu'il l'amène en lieux sûr. Hitoshi vérifia quand même à l'entrée de la ruelle si la personne qui terrorisait ce garçon n'était pas déjà là. Il sortit alors son portable de sa poche, il composa le 110 quand une main pâle pleine de crasse s'empara de son poignet et qu'une autre tenta de lui prendre le téléphone. Il sursauta et tenta de se dégager.
« - S'il vous plaît, je veux pas y retourner, n'appeler pas la police il vont m'y ramener. Je veux pas y retourner. Pitié. »
Le garçon pleurait, il avait l'air désespéré. Shinsou avait envie de lui dire que justement la police prendrait soin de lui, mais le plus petit avait l'air convaincu qu'elle ne pourrait pas l'aider. Mais qu'avait-il comme autre solution ? Rien, il ne pouvait pas non plus le laisser la, à la merci de ses tortionnaires. Peut-être pourrait-il utiliser son alter pour l'obliger à aller à un poste de police ? Mais forcer quelqu'un en dehors des entraînements serait illégal. Et en même temps si c'était pour aider un citoyen il n'y aurait rien de mal. Puis il plongea à nouveau ses yeux dans ceux de l'inconnu, les mêmes que son ami d'enfance. Le seul qui lui faisait confiance et qui était persuadé qu'il deviendrait un héros, le seul qui avait cru en lui. Son premier ami.
Il ne put se résoudre à utiliser son alter, il tenta alors de le calmer en disant qu'il n'appellerait personne. Il lâcha sa prise sur son téléphone, que le garçon s'empressa de cacher dans ses mains.
« - Je ne vais appeler la police d'accord. Tenta-t-il de le tranquilliser. Mais j'aimerais que tu me rende mon téléphone. Ensuite on ira chez moi ok ? Mon appartement n'est pas loin.
- Ils vont venir me chercher c'est ça ? Sanglota le plus petit. Vous les avez prévenus... Je veux pas y retourner. »
Combien de fois avait il tenté de s'échapper et s'était fait rattraper ? Combien de personnes l'avaient trahi pour qu'il ait si peu confiance ? Le garçon était à genoux, le front au sol, pleurant silencieusement. Il le suppliait inlassablement de le laisser partir. Hitoshi se sentait mal à cette vision, il posa sa main sur ses cheveux et commença à les lui caresser doucement. Il avait l'impression de retourner en arrière avec son seul camarade de jeux qui le consolait ainsi quand il était triste.
« - Tout ira bien, je te le promets, personne ne t'attend chez moi. Dit-il doucement. Il n'y aura que toi et moi, personne ne viendra te chercher. »
Le plus petit commença à se calmer doucement, jusqu'à ce que sa respiration se fasse de plus en plus lente. Cela pris sûrement quelques minutes durant lesquelles Shinsou tentait comme il pouvait de le rassurer. Finalement le garçon s'endormit dans cette position étrange. L'élève de Yuei n'hésita pas à le basculer sur le côté pour le prendre plus facilement dans ses bras. Il récupéra son téléphone avant et le souleva, il faillit se déséquilibrer, ayant prévu un poids beaucoup plus lourd dans sa tête. Le garçon était aussi léger qu'une plume.
Hitoshi remarqua que la nuit était tombée et que les lampadaires éclairaient doucement la rue, ce qui l'arrangeait. Il pourrait ainsi passer inaperçu avec son colis dans les bras. Il valait mieux pas qu'il se fasse repérer soit on le prendrait pour un assassin ou un kidnappeur, soit les personnes qui en avaient après le plus jeune lui tomberaient dessus.
Heureusement, depuis la rentré il savait quelle rue serait moins fréquentée qu'une autre, il se faufila dans celles ci, gardant son paquet dans les bras. S'arrêtant dans la pénombre dès qu'il entendait du bruit. A vrai dire il se sentait presque vilain à faire ça, il n'aimait pas ça du tout mais avait-il le choix ? Et bien pas vraiment. Il continua donc jusqu'à apercevoir son immeuble d'un étage, fait de plusieurs petits appartements. Il monta les escaliers et marcha jusqu'à sa porte, il posa alors un genoux à terre le temps de poser les jambes du garçon sur la sienne et ouvrit la porte, puis il prit le chemin de sa salle de bain en veillant à fermer à clé l'entrée.
Il regarda le garçon qu'il venait de poser sur le carrelage de sa salle de bain, et maintenant il avait l'air malin. Quel idée lui était passé par la tête ? Il devrait appeler la police tout de suite, pendant que celui-ci ne pouvait pas le voir. Il sortit son téléphone et composa, puis au moment d'appuyer sur le bouton vert il se rappela du visage paniqué du jeune homme. Il se mordit la lèvre inférieure, il n'arrivait pas à oublier la détresse qu'il y avait vue.
Il ne savait pas quoi faire, il devait l'avouer il était un peu perdu. Peut être pourrait-il appeler ses parents, mais pourquoi faire ? Ils n'étaient pas des super héros, et ne travaillaient en aucun cas avec la justice ou quelque chose dans le genre.
Pour l'instant il devait le nettoyer et pour ça lui enlever ses guenilles car ça n'avait plus rien d'un T-shirt et d'un pantalon. Il lui retira comme il put les tissus tout en s'excusant et se maudissant en même temps. Il espérait qu'il ne se réveille pas à cet instant sinon il pourrait mal l'interpréter. Il ne lui laissa que son semblant de sous vêtements. Il fut alors choqué par la maigreur du garçon, ses habits lui donnaient une fausse corpulence. Il fit le tour du corps pour voir s'il avait du sang quelque part. A son grand soulagement il n'y avait rien, mais par contre il avait des cicatrices - deux pour être précis, chacune en-dessous d'une omoplate et en forme de cercle. Elles paraissaient fraîches.
Il attrapa un savon et remplit une bassine d'eau chaude avant de commencer son travail. Il devait être plus que fatigué vue qu'il ne se réveilla pas une seule fois. Shinsou constata plusieurs bleus au niveau du pli de ses bras et certain sur les épaules. Il n'était pas idiot pour savoir d'où ça pouvait venir, ça arrivait à certaines personnes à qui on plantait une aiguille dans la chair.
Il entreprit alors de lui mettre de vieux vêtements qu'il avait dans son placard. Ceux-ci lui étaient bien trop larges. On aurait dit un enfant qui essaye ceux de ses parents, mais ici l'innocence et la joie n'y étaient pas. Il le souleva à nouveau avant de partir dans la seule petite pièce qu'il avait pour l'allonger sur le lit.
Il s'assit à même le sol exténué. Il passa une main dans sa chevelure indomptable et le regarda dormir. Il avait des cernes immenses sous les yeux, sûrement plus prononcées que les siennes. Il avait l'air mal nourri, et avait l'air d'avoir subi des examens médicaux, quoi qu'il n'était pas sûr que ce soit pour la santé du jeune homme. Si ça se trouve c'était un fou échappé de l'asile et il allait tuer Hitoshi durant la nuit. Il pouffa à l'image, le garçon était tellement mince que le violet était sûr de le maîtriser en deux secondes.
Il se leva pour s'asseoir plus près du garçon, ses cheveux, après les avoir lavés sommairement, avaient retrouvés une couleur d'un vert plus accrocheur. Il toucha quelques mèches, elles étaient douces et paraissaient aussi folles que les siennes. Cette couleur lui était vaguement familière, il ne chercha même pas d'où il pouvait avoir cette sensation et préféra partir dans la cuisine pour manger un bout.
Izuku était bien, il ne souvenait pas avoir été aussi confortable de toute sa vie. Il bougea légèrement pour s'enfoncer plus dans cette chaleur moelleuse. Il se sentait bien, mais il tilta, ce n'était pas normal, loin de là. Normalement il dormait sur une planche de bois avec un vieux drap sale. Il n'avait pas non plus de coussin. Il était censé avoir froid, voir même être gelé certaines nuits. Il n'avait pas envie de se réveiller et comprendre que c'était juste un rêve, il avait envie de rester ici, il se sentait en paix.
Il entendit un bruit et sentit une odeur. Il ne se rappelait pas ces effluves et d'un côté ça le ramenait en enfance, à sa mère dont il se souvenait à peine du visage. Ça lui rappelait quand elle cuisinait pour lui, ça lui rappelait le bonheur tout simplement. Il était donc persuadé d'être dans un rêve. Et s'il ouvrait les yeux il serait dans sa chambre, avec les meubles et la décoration à sa place, du moins pour le peu dont il se remémorait. Et peut-être qu'il reverrait sa mère et son sourire.
Il battit des paupières et tenta de se lever légèrement pour regarder autour de lui mais il eut l'impression qu'une chape de plomb lui tombait dessus. Il n'avait aucun souvenir de tout ce qu'il se trouvait dans cette pièce, bien au contraire tout lui était étranger ici. Son cœur commença à s'accélérer, ses yeux allaient de détail en détail le plus rapidement possible, cherchant un échappatoire, sa respiration se fit de plus en plus saccadé. Il faisait une crise de panique, il le savait mais ne pouvait pas l'arrêter.
Puis la seule porte présente s'ouvrit très rapidement pour laisser place à un garçon totalement inconnu avec une chevelure violette. Au moment où il s'avança vers lui, il se colla au mur instinctivement. Il ne fallait pas qu'il se laisse attraper, il ne voulait pas y retourner. Il voyait encore ces instruments coupant qu'on approchait de lui, ces aiguilles qu'on lui plantaient dans les bras. Il sentait encore le liquide visqueux quand on le plongeait dans une des cuves. Il entendait les rires gras du médecin, les hurlements des autres malchanceux.
Il se protégea comme il put de la main qui s'avançait vers lui. Il voyait les lèvres de son interlocuteur bouger mais il ne saisit rien. Au moment ou il sentit la main s'abattre sur lui, il fut surpris que ce ne soit pas un empoignement de son bras qui le traînerait au sol, non au lieu de ça elle restait posée sur son épaule et faisait de petits mouvements.
Il se rappela, dans la ruelle ça avait été tout aussi tendre, ça l'avait apaisé. Il avait dû s'endormir sous la douce caresse, et en même temps il était épuisé, trois jours qu'il ne dormait quasiment pas de peur d'être retrouvé.
Shinsou l'avait entendu s'agiter, il était alors revenu dans la pièce pour le voir faire une crise d'angoisse. Il était autant terrifié que dans la ruelle.
« - Je vais rien te faire d'accord ? Il faut que tu respires tranquillement. »
Mais il remarqua vite que le jeune homme n'entendait rien, il s'était rapproché petit pas par petit pas, comme pour apprivoiser un animal sauvage. Finalement il posa un genoux sur le lit et posa sa main sur une épaule avant de la caresser doucement de son pouce, il ne savait pas trop quoi faire d'autre mais ça avait marché une heure et demi plutôt.
Quand le garçon fut plus détendu avec une respiration plus calme, il se recula légèrement et s'assit sur le matelas. Le plus petit ne bougea pas de sa position mais scrutait chacun des mouvements d'Hitoshi.
« - Je m'appelle Hitsohi Shinsou. Lui demandant implicitement le sien.
- De-Deku, chuchota ce dernier. »
Il fronça les sourcils, c'était pas un nom ça. Pourtant il devait avoir compris, non ? Peut être que c'était un surnom, mais c'était loin d'être quelque chose de sympa.
« - Tu n'as pas un vrai nom ? »
Il secoua négativement la tête tout en l'enfouissant dans ses épaules comme s'il avait peur que l'élève de Yuei se fâche.
« - On m'appelle comme ça parce que je suis inutile. Murmura-t-il.
- C'est stupide. Ne put-il s'empêcher de déclarer. »
Il remarqua que les yeux vert le fuyaient à sa remarque. Au moins maintenant il avait un nom, c'était déjà pas mal. Mais il ne pouvait pas le garder indéfiniment chez lui. À qui pourrait-il en parler ? En qui avait-il assez confiance pour que le garçon le perçoive et le suive jusqu'à lui ou elle ? Ses parents ne pourraient rien, il n'avait pas vraiment d'amis, et sa famille était composée de seulement ses grand parents maternels et d'un oncle qui travaillait à l'étranger.
Il voulait pas le laisser à n'importe qui, Deku lui avait apparemment transmis sa paranoïa. En même temps il avait l'air paniqué à ce qu'il le trahisse au moindre mouvement et il avait peur de se faire frapper aussi. Non décidément il ne pourrait pas le laisser au premier venu. On ne savait jamais. Peut être que Aizawa-sensei pourrait l'aider ? Mais bien sûr pourquoi il n'y avait pas pensé plutôt ? Un héros saurait ce qu'il faut faire, et il le protégerait.
« - Demain je t'emmène voir un héros d'accord ? »
Il fut surpris par la réaction du garçon qui laissa tomber sa protection de ses bras. Il avait l'air d'avoir abandonné, dans ses yeux brillaient la résignation. Et pourtant ce n'est pas ce que le mot héros devait apporter chez quelqu'un bien au contraire. Deku semblait abattu des larmes glissèrent de ses yeux.
« - Hé Deku, c'est un héros il saura quoi faire. Il prendra soin de toi. »
Il n'eut pas plus de réaction, le plus jeune semblait être partie dans un autre monde. Ce pourrait-il qu'il ai déjà eut à faire à un héros qui l'aurait ramené à ses bourreaux ? Shinsou était perdu, ce gamin semblait porter sur lui toute la misère du monde, il semblait avoir vécu les pire horreurs. Il était un adulte avant l'heure.
Un homme se trouvait dans l'ombre, une carrure droite et carré. Autour de lui une aura sombre, inquiétante. Il avait les mains dans son dos et observait une personne plus petite que lui, chauve, avec des lunettes et une moustache. Il portait une blouse blanche comme un médecin. Ce dernier avait le dos recourbé, présentant ses excuses.
« - Il vous a encore échappé ? Fit l'homme d'un ton caverneux.
- Oui mais Il est à sa poursuite, Il va sûrement le retrouver facilement. Après tout ce n'est qu'un enfant, il ne doit pas être parti bien loin.
- J'espère, vous savez que nous avons besoin de lui. Il a un rôle important à jouer. De tout façon même s'il ne le retrouve pas Il saura convaincre les gens de le lui confier. »
L'homme caché rigola d'une voix grasse et enrouée avant de repartir dans l'obscurité totale et de disparaître, laissant une vague de cruauté derrière lui. Le plus petit avait un sourire un peu malsain, il se frotta les mains, impatient de retrouver son petit cobaye favoris. Ce n'était qu'une questions de jours, voir d'heures. Il allait le revoir et lui faire payer cet écart.
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