Retour à la réalité*
Les vacances sont derrière nous et la routine a repris sa place à une vitesse fulgurante, si bien que le dîner prévu chez ma mère en présence de mon géniteur est ce soir. Maman m'a avertie de la date à peine avais-je posé le pied sur le sol français.
Il profite de son déplacement à Marseille qui a pour but de soutenir le candidat des futures élections municipales, et faire un crochet par Aix en Provence afin de passer la soirée avec nous.
Trop de générosité ce mec.
Évidemment le repas a lieu chez maman, parce que sa générosité ne va jusqu'à nous inviter au restaurant. La peur d'être photographié en compagnie de sa maîtresse et de sa fille adultérine est bien plus obsédante que son sens de la famille. Voir sa double vie étalée dans les tabloïds ferait tache dans son cv parfait.
Mais j'ai encore quelques heures devant moi avant de faire face à celui qui m'insupporte et je compte bien profiter du dejeuner avec mes amis pour emmagasiner un maximum de bonne humeur. Surtout que depuis notre retour, Maxine et moi ne faisons que nous croiser. Je passe le plus clair de mes nuits chez Aaron, et Naël a investi notre appartement. Echange de bons procédés.
Aaron que je trouve distant par moment, il a beau essayer de ne rien montrer, j'ai vite établi un lien entre mon aveusur le nom de mon géniteur et le coup de fil à son père. D'ailleurs celui-ci souhaite faire ma connaissance, ce qui serait une bonne chose si mon cerveau n'élaborait pas des réflexions rocambolesques. Je tente de les repousser, me répétant comme un mantra qu'Aaron ne me cache rien, qu'apprendre que sa petite amie est la fille d'une haute figure politique a de quoi perturber, alors je feins de ne rien voir, maintenant ma jauge de confiance à son maximum...
Mes pensées sont interrompues par l'arrivée du beau brun qui tourmente mes jours et hante mes nuits de ses baisers et de ses caresses.
Son sourire éclatant suffit à éloigner tout dialogue avec ma raison.
Aaron est suivi par le reste de la bande au complet, je descends les marches rapidement qui me séparent d'eux. Ils nous indiquent qu'ils continuent leur chemin afin de chercher une place dans le parc, car il fait encore bon et de nombreux étudiants ont eu la même idée que nous.
— Tu attends depuis longtemps ? s'inquiète-t-il, dès que j'arrive à sa hauteur, en déposant un baiser au coin de mes lèvres.
— Non, mon cours sur le commerce vient de se terminer.
Ses mains enserrent ma taille, les miennes passent autour de son cou.
— Tu avais l'air ailleurs mon ange...
— Je commençais à me motiver pour le repas de ce soir.
— Moi qui était persuadé que tes pensées s'envolaient vers la douche de ce matin...
Ses lèvres butinent la partie juste derrière mon oreille en affirmant cela. Un léger gémissement franchit les miennes. Aaron inspire avant de reculer.
— Avant de faire un attentat à la pudeur, on va y aller.
Il passe un bras par-dessus mes épaules et nous marchons en direction de l'étendue d'herbe.
— Si tu veux, on lui casse la gueule, comme ça le problème est réglé !
Je me stoppe et tourne mon regard vers lui.
— Mais bien sûr Aaron ! quelle merveilleuse idée. J'espère que vous aimez les oranges ?
— Comme je t'aime beaucoup plus que les oranges, je vais rester raisonnable !
— Sage décision, approuvé-je en reprenant notre chemin.
— Mais si jamais il te fait du mal, ou te manque de respect, je le dégomme, Léane. Après tout, les oranges sont remplis de vitamines...
Aaron percute mon regard et ce que je lis me donne des frissons. Je ne lui demande pas s'il plaisante, inutile, sa mine renfrognée est une preuve de son sérieux.
Les conversations se croisent, on rit, on blague, jusqu'au moment où très sérieuse je m'adresse à William.
— Dis-moi Will, l'apostrophé-je, tu comptes baiser toutes les filles de notre promo à Max et moi ?
Surpris, il recrache un bout de pain, ce qui énerve Raph sur qui le morceau a atterri. Aaron a les bras croisés contre sa poitrine un rictus moqueur aux lèvres et Naël rit sous cape
— Ne me donne pas des idées pareilles jolie Léane. Enfin il y en a au moins deux qui sont chasse gardée...
Il crâne en me gratifiant d'un clin d'œil.
— Mais vas-y explique pourquoi tu as l'air d'un pitbull.
— Pourquoi ? Tu te fous de nous ? enchaîne Maxine.
Naël l'entoure de ses bras, connaissant la furie qui s'apprête à sortir, il la maintient au cas où.
— Ce matin, deux nanas sont venues nous voir, encore, pour que l'on plaide en leur faveur auprès de : "je les cite", elle mime les guillemets avec ses doigts, le mec aux multi-orgasmes !
— Ben quoi ? Si elles ont pas compris, qu'un mec qui les baise dans les toilettes de la fac sans leur demander leurs prénoms et encore moins leurs téléphones, que c'est pas pour la vie, elles sont encore plus connes, que ce que je pensais !
— Ben la prochaine que tu emmènes dans les toilettes, dans un placard ou...
— Dans un amphi, la coupe-t-il fier de lui, avant de se frotter l'arrière du crâne en fusillant Raphaël qui vient de lui asséner un coup avec sa bouteille d'eau.
— Peu importe l'endroit Will, mais tu leur expliques que c'est inutile qu'elles viennent nous trouver. D'une parce que Max et moi ne sommes pas tes secrétaires Tinder, et de deux, je me ferais un plaisir de leur filer ton 06.
A mon tour de cligner de l'œil accompagné d'un sourire angélique.
— Tu déconnes, ma jolie Léane, hein ?
— Si j'étais toi, je ne prendrais pas le risque, lance Aaron.
L'heure de retourner en cours approche, chacun remballe ses affaires, puis nous nous dirigeons vers nos salles respectives, quand Aaron me retient par le bras quand nous sommes dans le couloir. Je n'ai pas le temps de lui demander ce qu'il me veut, qu'il m'embrasse fougueusement. Nos lèvres ne suffisent pas alors nos langues entrent dans cette danse mélodieuse. D'une main derrière ma nuque maintenant ma tête, l'autre en bas de mes reins, il me guide vers ce que je devine le mur le plus proche. Mon dos heurte le béton, ignorant la douleur, mes doigts s'agrippent à ses cheveux, tirent dessus, mes hanches cherchent les siennes, son érection appuie à l'endroit où j'implore un soulagement, un râle provenant de sa gorge amplifie l'envie que j'ai de lui à cet instant. Mon environnement est occulté par le spécimen qui s'applique à me le faire oublier et ça fonctionne.
Des rires et des sifflements nous ramènent dans ce couloir bondé d'étudiants. Sans me lâcher, Aaron recule en soufflant, puis front contre front il pose ses deux mains à plat contre le mur de chaque côté de mon visage.
— Je vais avoir du mal à me concentrer après ça, murmure Aaron contre mes lèvres.
— Je ne vais même pas essayer, je poursuis.
Aaron recule vraiment laissant le froid m'envahir.
— Tu penses que l'on pourra terminer ce que l'on a commencé, ce soir ?
Un sourire canaille étire ses lèvres pécheresses.
— Ca va dépendre de la longueur du repas...
— Peu importe, tu viens des que tu le peux.
Je me rapproche, séductrice, mes doigts jouant avec les boutons de sa chemise, mes yeux plantés dans les siens.
— N'y aurait-il que mon corps qui vous intéresse monsieur Castex ?
— Absolument pas mademoiselle Jardel, mais dans le cas précis, il saisit ma main libre afin de la poser sur son entrejambe, ton cerveau ne m'est d'aucune utilité.
J'ouvre la bouche en grand pour m'insurger de ce machisme évident, mais encore une fois Aaron me prend de court en m'embrassant.
— Un simple baiser ne va pas me museler, tu sais, protesté-je.
— Oh j'en suis conscient, par contre ça... oui, fait-il en faufilant sa main dans ma ceinture.
— Aaron ! il y a du monde...
Son corps me protège de tous voyeurs, mais quand même !
Il sourit. ce con sourit, alors qu'il a son index qui frotte mon clitoris et son majeur qui s'introduit dans mon vagin..
— A...
Impossible d'aligner un mot.
D'un coup, ce manipulateur, enlève sa main de mon pantalon, porte son index à sa bouche en brûlant mon regard de ses pupilles dilatées par l'envie.
— Delicieux chaton. On se voit ce soir, assène-t-il d'un ton sûr de lui, en reculant d'un pas.
Je m'apprête à répliquer, sauf que :
— Ne me remercie pas de te donner un dérivatif afin de supporter ce dîner interminable.
Puis il tourne les talons et s'engouffre dans la foule d'étudiants qui passent les portes de l'amphithéâtre.
Je me décide à bouger de mon mur quand j'aperçois ma meilleure amie un peu plus loin. Son regard concupiscent ne me dit rien qui vaille.
— J'ai cru que vous alliez nous faire une démonstration de comment me faire baiser contre un mur !
C'était pas loin pensé-je.
— T'as retenu la leçon ? plaisanté-je une fois remise de mes émotions.
Tu ne perds rien pour attendre monsieur voiture de sport.
— Pas besoin meuf ! J'ai le même spécimen à la maison.
— Je suis sûre que les murs de l'appart s'en souviennent encore, affirmé-je un faux air dégoûté sur le visage.
Nous éclatons de rire, et pénétrons dans la salle où a lieu notre cours.
L'après-midi est passée relativement vite, si l'on fait abstraction de mon manque évident de concentration.
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