Premiers cours*
Mon dernier cours de la journée enfin terminé, je file vers la sortie où doivent m'attendre Maxine et Alma.
Ce soir nous commençons notre premier cours de frappe, dans la fameuse salle de sport dont ma meilleure amie me vante les mérites depuis des semaines. Et après mon repas de midi avec Aaron, me défouler devrait me faire le plus grand bien.
M'aérer l'esprit, recentrer mes chakras... tout ça, tout ça.
Je ne me connaissais pas des penchants nymphomanes, mais il faut croire que le brun ténébreux à des pouvoirs magiques sur moi.
Ce déjeuner organisé sur l'herbe, dans un de mes parcs préféré, a d'abord attisé ma curiosité, car jamais je n' aurais pensé qu'un mec de sa trempe perdre du temps à ça, pour ensuite enflammer mes sens quand nous nous sommes embrasés sous nos baisers. Nous étions mal partis pour éteindre cette frustration latente depuis samedi soir. Sauf que monsieur soufflant le chaud et le froid comme une climatisation réversible m'a clouée sur place quand il a prononcé les mots auxquels je suis certaine il ne croyait pas lui-même. Une fois ne va pas nous suffire. La bonne blague.
Depuis qu'il a pris possession de ma bouche lors de la soirée chez Khaleb, j'ai su qu'une nuit entre ses bras ne serait pas assez. J'ai beau affirmer le contraire en rentrant dans son jeu, il en est tout autre de ma volonté,
Sur le moment j'ai bien cru l'émasculer avec le couteau à beurre, puis quand il a de nouveau repris mes lèvres toutes investigations à chercher à le comprendre ayant déserté mes neurones je me suis laissé emporter... et c'était bon. Et puis la complicité qui naît entre nous, nos traits d'humour similaires, ne font qu'agrandir cette sensation de bien-être que je ressens en sa présence.
Les plus sensés diront que l'on ne peut pas en une semaine éprouver ces besoins : de le revoir, de sentir de nouveau ses lèvres chaudes, charnues, diaboliques sur les miennes, avec l'envie qu'elles découvrent mon corps... ses mains impatientes, je deviens une petite chose sans défense quand il est trop proche...
— Redescends de ton nuage ma belle.
Maxine se tient en face de moi, les poings serrés contre ses hanches, un sourire radieux éclaire son visage.
Je n'ai pas fait attention, j'ai dévalé les marches perdues dans mon inconscient.
— Je ne suis pas sur un nuage, me renfrogné-je.
— Ouais c'est ça ! et moi je suis Miss Univers.
— C'est pas prêt d'arriver si l'on ne bouge pas nos fesses.
— Bitch.
Je lui lance un baiser et me dirige sans attendre vers la voiture de Maxine.
Alma se contente de nous suivre en riant de nos facéties.
— Je vais devoir vous abandonner les filles, nous surprend Alma en zieutant sur son portable. Mes parents veulent nous voir mon frère et moi.
— Rien de grave ?
— Non Léane, t'inquiète, ils préparent leur anniversaire de mariage et ils ont besoin de nous pour la décoration apparemment.
— Une prochaine fois alors, fais-je en l'étreignant.
— Ça marche ! transpirez pour moi !
Je lève un pouce en l'air alors que ma bombasse de copine, lui envoie un doigt d'honneur. Je secoue la tête navrée devant cette immaturité dont peut faire preuve Max.
Sur le chemin on piaille comme des hystériques nous imaginant déjà en bikini avec un corps de rêve.
— Ouais enfin, il ne va pas arriver comme par enchantement non plus.
— On est super motivé pour souffrir, transpirer, Max.
— Le super est de trop Léa.
Maxine se gare ce qui me dispense de répondre.
— Ils font drive dans ta salle de sport ?
Elle fronce ses sourcils ne comprenant pas où je souhaite en venir.
— Non, parce que un peu plus, et tu te gares directement dans le complexe.
Ses yeux font des va et vient entre moi et la porte d'entrée. Un haussement d'épaules et elle sort de l'habitacle.
— Max ? l'interpellé-je, t'as pas l'impression que tu gênes un chouia le passage ?
— C'est pas interdit, alors non.
Mon regard bifurque sur le panneau rouge et bleu, avec le dessin d'un camion fourrière, juste au-dessus de l'emplacement. Je le lui montre de l'index.
— Ecoute Léa, quelqu'un viendra bien me prévenir, si jamais.
Interloqué par sa répartie, je me contente de saisir mon sac de sport sur la banquette arrière, puis je lui emboite le pas. Après tout c'est sa caisse. Nous traversons une cour ancienne pavée, une flèche nous indiquant la direction à suivre pour l'entrée du club de boxe.
Je m'attendais à un bâtiment moderne, sans charme, sans âme, comme souvent, alors que c'est loin d'être le cas. Maxine tient la porte en bois, alors que je prends mon temps et observe la façade en pierre. J'ai toujours aimé les vieilles pierres et les histoires qu'elles peuvent raconter.
C'est architecture que tu aurais dû choisir, pas droit.
Je claque la porte de ma conscience.
J'ai soudain l'impression de me retrouver dans un club clandestin et j'aime ça.
— Bon tu bouges ? s'impatiente Max. C'est pas en restant devant que tu rentreras dans ton maillot !
Je lui lève mon médius bien haut et la dépasse sur le seuil. Nous nous dirigeons directement vers le comptoir d'accueil d'où dépasse à peine la tête d'un homme.
— Bonjour, je suis Yvan, patron du club et entraîneur.
— Bonjour, entonnons-nous en cœur.
— Vous venez pour un essai ? questionne-t-il en contournant le comptoir, un prospectus et une feuille blanche dans la main.
Yvan est petit, avec un physique de catcheur des Carpates, rien à voir avec l'idée que l'on se fait d'un ancien boxeur, un sourire communicatif et un regard franc.
Maxine ne me laisse pas le temps de répondre, je me retrouve avec une paire de gants rouges dans les mains, et la feuille de renseignements coincée entre.
Bon ben c'est clair, elle est motivée la Maxine !! Un peu trop d'ailleurs, je suis sûre qu'elle me cache quelque chose.
— Les vestiaires sont par là, vous avez des casiers pour mettre vos affaires. Le cours commence dans un quart d'heure.
— Merci, est le seul mot que j'ai eu le temps de prononcer.
En longeant le couloir qui mène à l'accès réservé aux femmes, je repère la salle sur notre gauche, en grande partie faite de baies vitrées et de miroirs. Au fond, j'aperçois un ring où s'entraînent des mecs.
A peine avons-nous passé les doubles portes qu'une odeur de transpiration mêlée à celle d'humidité, dû sûrement aux douches d'un autre temps, et à l'aération inexistence, me prend à la gorge. Max grimace en se pinçant le nez.
Effectivement il y a des casiers, qui pour la moitié ne se ferment pas, la peinture des bancs est écorchée par endroit, et la propreté du carrelage me laisse perplexe.
— Bon espérons que les cours ne soient pas à l'image des vestiaires hein ?
— Ben ça poulette, fallait y réfléchir, avant de dire à Yvan que nous prenions un abonnement sur l'année !
En nous regardant avec nos mines dégoûtées, nous éclatons de rire, et décidons de nous changer malgré tout. J'ai prévu un leggings de sport noir avec quelques motifs asymétriques et une brassière assortie, mes converse feront l'affaire pour me rendre jusqu'à la salle. Je m'attache les cheveux en queue de cheval haute, et c'est partie pour une séance de torture.
Quand Max et moi sommes prêtes, nous nous dirigeons vers la salle. Je commence par y pénétrer tout en la détaillant. Un éclairage lumineux dû en partie aux baies vitrées du fond, parquet ancien bien ciré, machines des plus modernes, des sacs de frappe en cuir suspendus et un immense miroir qui me fait face. En pivotant la tête pour continuer mon inspection visuelle des lieux, je me fige. Mon regard reste bloqué sur les mecs que j'ai aperçus tout à l'heure sur le ring.
Tous les quatre en shorts de sport, torses et pieds nus, bandages aux mains, et peaux luisantes de transpiration. Et leurs coiffures, j'en parle ou pas ?
Aaron, Naël, Raphael et William sont à eux seuls une publicité plus que motivante pour se mettre à la boxe.
Je me retourne vers Maxine qui vient d'arriver à ma hauteur, et son air extatique associé à ses joues rouges, le spectacle lui plaît.
— Tu le savais depuis le début hein ? rien dans mon timbre n'est agressif. Pourquoi t'as rien dit Max ?
— J'ai oublié.
Je tourne mon visage vers elle, estomaquée.
— Tu serais venue ? poursuit-elle sans détourner son regard du tableau que représente les beaux gosses.
— Bien sûr, Max, je pensais que tu me connaissais mieux que ça. Rien ne me dérange dans le fait de m'entraîner devant eux. Et puis franchement, découvrir Aaron en tenue de sport, j'ai ma libido qui se réveille comme une ado.
Maxine pouffe.
— Ta pause déjeuner n'a pas été rassasiante ?
— De quelle faim tu parles ?
Encore une fois nos rires résonnent dans la pièce et cette fois-ci tous les regards se tournent dans notre direction, y compris les Dieux du ring.
Accrochage de regards.
William nous fait signe de les rejoindre.
— Hey ! salut les princesses.
— Princesses ? Vraiment ? Ils y sont allés un peu fort sur toi Will ? Je m'exclame en passant sous les cordes.
Aaron détaille mon corps avec une telle intensité que je manque de trébucher. Un sourire malicieux étire ses lèvres.
— Alors comme ça, on va s'entraîner dans la même salle ?
Sa question est purement rhétorique.
— Intéressant, conclu-t-il en avançant d'une démarche nonchalante.
— Intéressant, pour...
— Tu verras.
Ces lèvres se posent avec délicatesse à la commissures des miennes, puis il se recule.
Il fait chaud là ?
— J'ai hâte, fais-je en retrouvant mes esprits.
Et je l'embrasse exactement de la même façon.
Son expression et son regard brûlant m'indique que je joue avec le feu. Mais je suis prête à me cramer si c'est lui qui allume la mèche.
Notre moment de : "je te chauffe, tu me chauffes" prend fin, quand Yvan nous signale le début du cours. Maxine et moi rejoignons les autres participants. La BO de Rocky sort des enceintes, ouais pourquoi pas !
Yvan est en train de nous montrer les suites à faire au sac, quand je sens un souffle chaud derrière ma nuque.
— Aaron ? Naël ? les interpelle le coach, puisque vous avez l'air de connaître Léane et Maxine, je vous mets en sparring partner avec elles.
Géniaaaaaaaaaal !!!!! Va te concentrer, toi, après ça !
— Ça marche coach, approuve Naël.
On commence par : uppercuts-crochets-directs, plusieurs fois, avant de passer à un enchaînement de séries, pieds-poings, tout en changeant de sac et en tournant dans la salle.
Aaron prend son rôle très au sérieux. Soit il maintient le sac me permettant de frapper dedans sans appréhension de le rater, soit il se positionne derrière moi en tenant mes hanches dans le but que mon corps soit bien placé, afin d'éviter de me faire mal, et là c'est plus compliqué pour mon self contrôle. Sentir ses doigts raffermir leurs prises sur ma peau dénudée, son souffle chaud dans mon cou, perturbent ma concentration. D'ailleurs mon pied est parti trop en arrière manquant de l'émasculer.
— Pardon Aaron, je suis désolée, me retourné-je, confuse.
— Plus de peur que de mal.
Mes yeux, sans mon autorisation, se portent sur la partie en question, et je devient aussi cramoisie que mes protections quand je m'aperçois qu'il bande.
Son air de sale gosse mélangé à un sourire suffisant me fait lever les yeux au plafond.
— Je ne vais pas m'excuser d'être excité par ton p'tit cul remuant contre moi.
La voix d'Yvan met fin à ce moment gênant permettant à mes neurones de retrouver toutes leurs efficacités.
Le prof nous propose de prendre un tapis, puis il nous montre les étirements à effectuer en cette fin de séance.
Ayant conscience de la présence du beau brun derrière moi, une idée germe dans mon esprit.
Pardonnez moi mon Dieu pour ma vengeance.
Avoir pris des cours de danse classique et moderne pendant dix ans, vous laisse une certaine souplesse.
Des œillades furtives par-dessus mon épaule, ou entre mes jambes, tendues et écartées, mon bassin basculant en avant afin de toucher le sol avec mes mains, cette position relève mes fesses presque à hauteur du visage de mon partenaire. Je l'entends déglutir, je souris, je l'entends grogner, j'accentue mon mouvement.
— Tu ne perds rien pour attendre, chaton, glisse-t-il à mon oreille, quand nous rangeons les tapis sur la pile dédiée en sortant de la salle.
Je me contente d'un clin d'œil en me dirigeant vers les vestiaires.
— Alors cette première fois ? plaisante Maxine de la cabine de douche voisine de la mienne.
— Très drôle Max ! Mais sinon, j'ai vraiment kiffé.
Un ricanement me répond.
— Quoi ?
— Tu m'étonnes que tu aies apprécié ton cours.
— Je ne parle pas d'Aaron.
Enfin pas que.
Je mens, mais elle n'est pas obligée de le savoir.
— Et toi ? le Libanais...
— Comme à son habitude, me coupe-t-elle, directif.
— Beurk ! je ne veux surtout rien savoir.
Maxine part dans un grand éclat de rire communicatif.
Une fois séchées et habillées nous quittons les vestiaires en saluant Yvan quand nous passons à proximité du comptoir d'accueil. Dans la cour, je suis surprise de trouver Aaron et ses amis en train de nous attendre. Son regard perçant me déstabilise une seconde avant que je ne relève le buste et le toise de la même manière.
Plus rien n'existe autour de moi quand ses iris transpercent les miens à fouiller jusqu'à mon âme.
— On se rejoint à l'appart ? lance Max à la cantonade, me ramènant à l'instant présent.
Raphael et Naël approuvent. William également tout en précisant qu'il a un rencart dans la soirée. Aaron reste muet. Alors que je suis sur le point de rejoindre la voiture de Maxine, sa proposition me stoppe net.
— Non. Léane rentre avec moi, et je la dépose demain matin à la fac.
Les rires goguenards de ses potes ne m'échappent pas.
Je me retourne des éclairs dans les yeux.
— Il me semble avoir précisé que je ne n'aime pas les ordres.
Mains sur les hanches, je le toise.
Je jette un regard aux quatre qui se croient devant une scène de film. Il ne manque que les popcorns.
— Ce n'est pas un ordre, mais plutôt une proposition.
— Tu joues sur les mots Aaron.
— Alors, chaton ? Tu acceptes ma proposition ?
Un hochement de tête, je suis faible en présence de ce mec, trop faible, et nous voilà parti en direction de son bolide sous les sifflements de nos amis.
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