Monsieur voiture de sport *
Fin de la première matinée.
Et parce qu'il fait encore beau et chaud, nous décidons toutes les trois, d'aller déjeuner dans le parc en face de l'université, après être passées par la cafétéria pour acheter nos sandwichs et nos boissons.
Une fois installées dans l'herbe à l'ombre sous un chêne, nous commençons par discuter de cette première demi-journée, puis la conversation dévie vers la fête qui aura lieu samedi soir chez le frère d'Alma. Nous en sommes à dresser la liste de nos tenues potentielles, quand des voix de mecs se chahutant s'élèvent derrière nous.
On se retourne dès le prénom de ma meilleure amie prononcé.
Pour la discrétion on repassera !
Je reconnais les trois mecs de ce matin... suivi par Aaron en pleine conversation téléphonique. Quand ils passent près de nous, ils s'arrêtent pour saluer Alma et Maxine. Max commence les présentations, mais elle est vite coupée par Aaron :
— Je vous présente... Commence Aaron.
— Léane ! répond ma traîtresse d'amie.
— ... La fille qui m'a fait du rentre dedans, précise t-il en me fixant intensément, un sourire arrogant étirant ses lèvres.
Non mais quel connard prétentieux.
— Mais quel humour ! rétorqué-je. Tu l'as trouvé dans la pochette kinder que ta maman t'a acheté pour ton goûter ?
Ses amis s'esclaffent tout en me regardant comme si j'étais une sorte de créature onirique ou folle. Lui est à deux doigts de me foncer dessus.
— Salut, moi c'est William, un des meilleurs potes d'Aaron, se présente celui qui se reprend en premier, mettant fin à cette joute verbale qui peut mal finir.
Sauf que :
— Ne t'avise plus de citer ma mère, crache Aaron méprisant.
De polaire, l'ambiance est passée à glaciale. Ses trois amis se tendent, se rapprochent de lui prêts à intervenir et les regards de mes copines font des aller-retour entre Aaron et moi.
— Désolée, m'excusé-je. Je ne n'aurai pas dû évoquer ta maman.
Un simple hochement de tête de sa part et tout le monde se détend.
— Salut ! Léane, fais-je en me présentant à William, mais ça tu le sais déjà ! Par contre, qui est Aaron ? Demandé-je, sur le ton de l'ironie, en souriant exagérément.
Tu cherches les emmerdes Léane.
William éclate de rire, alors que le sus nommé me fusille du regard.
Le tour des présentations continue.
Alors comment vous expliquer sans faire trop cliché que les quatre sont des aimants à sous-vêtements.
Je commence par William qui a tout du gendre idéal. En apparence seulement. Cheveux peignés en arrière, sourire de tombeur à fossettes, regard gris qui vous perce comme s'il voulait lire en vous, pantalon chino beige, chemise blanche et sneaker de marque.
Ensuite, il y a Naël, le beau gosse d'origine Libanaise, au teint mat et aux yeux verts, des cheveux noir corbeau, aucune chance de s'en sortir s'il vous pourchasse de ses assiduités. Habillé comme une pub pour Armani sport, qui ne laisse pas indifférente ma meilleure amie, témoin les œillades qu'ils se lancent.
Vient ensuite Raphaël, dont les fées se sont aussi penchées sur le berceau, ai-je besoin de le préciser, avec ses cheveux châtain clair, son regard noisette, et son look, je m'en foutiste, mais dont tout est étudié et rien n'est laissé au hasard. Le seul qui ne dit rien et se contente de me saluer d'un simple hochement du menton. Le plus discret.
Et enfin, Aaron. Le brun ténébreux de la bande, à la mâchoire carrée recouverte d'un chaume de barbe, des lèvres pleines, des yeux marrons avec des touches de vert. Un regard qui vous glace sur place ou au contraire vous brûle la peau. A la coiffure post baise parfaitement maîtrisée, et avec son style de voyou des beaux quartiers. Blouson en cuir, jean used juste ce qu'il faut, sweat à capuche et basket tendance de marques. Le plus canon de tous. Le plus dangereux aussi, car ce doit être facile de tomber dans ses filets mais pas d'en ressortir indemne. Aaron est vraiment... tout.
Une fois les présentations terminées, nous leur faisons de la place pour qu'ils puissent s'asseoir avec nous.
Naël, sans surprise, prend place à côté de Max et entame une discussion avec elle sans tarder, alors que Raphaël se pose près d'Alma. Il en profite pour lui demander des nouvelles de son frère, puisque apparemment, ils se connaissent depuis l'enfance.
Et sans surprise, je me retrouve entre William et Aaron. Mon regard meurtrier ne le dissuade pas... au contraire.
Celui-ci au moment de s'asseoir me lance un sourire en coin en affirmant :
— Je prends le risque.
— De te prendre un sandwich dans la tête ? Waouh ! Mais qu'il est courageux !
— Ou une canette, tu m'as l'air assez maladroite comme fille, rétorque Aaron indifférent à ma moquerie.
— Effectivement, si j'étais toi je changerais de place.
Aaron se rapproche afin qu'il n'y est que moi qui puisse entendre, mais tous les regards sont braqués sur nous.
— Tu apprendras vite que j'aime en prendre... beaucoup... et dans n'importe quels domaines Léane.
Mon prénom dans sa bouche est un bonbon qui glisse sur ma langue... doux, sucré...et son sous-entendu... un... focus meuf.
— C'est toi qui vois, fais-je pour clore la discussion, et avoir le dernier mot.
Aaron n'est pas dupe. Surtout que je dois être aussi rouge que sa canette de soda. Mon état est confirmé quand Maxine me passe sa bouteille d'eau fraîche, faisant ricaner le connard à ma droite.
Au cours du déjeuner, William, le plus bavard, et dragueur, d'entre eux, m'apprend qu'ils sont tous en dernière année droit.
— Droit des affaires, précise-t-il, avec chacun une spécialisation différente.
L'ambiance est cool et détendue. Finalement, ils sont tous super sympas.
Aaron reste celui qui est le moins loquace. Il observe. Beaucoup. Moi en particulier, comme si j'étais un animal de foire ou une proie dont il étudie la meilleure façon de la capturer.
L'heure de la pause se termine, il est temps pour Maxine et moi de nous rendre à la bibliothèque avant notre prochain cours.
— Max ? On y va ? l'interpellé-je, alors que Naël et elle sont toujours en pleine parade de séduction.
Je dois m'y reprendre à deux fois avant que mon amie m'entende. Apparemment Naël lui fait oublier tout ce qui se passe autour.
Tout le monde se relève, obligeant les deux à en faire de même. On se dit au revoir en prenant des directions différentes. Alma m'informe qu'elle doit rejoindre son cours de pénal, alors que Maxine et moi nous dirigeons vers la bibliothèque, et les garçons vers l'entrée de la fac.
Enfin c'est ce que je croyais, jusqu'à ce que je vois Naël faire signe à Maxine.
— Max ? la bibliothèque, si on suit le plan est à gauche.
Celle-ci hausse les épaules en signe d'excuse.
— Je sais, me répond-elle, je t'y rejoins après ?
— Ok. Mais je ne vais pas y passer l'après-midi hein ! Donc grouille.
Un ricanement se fait entendre derrière moi. Inutile de me retourner. Pourtant je le fais et je tombe nez à nez avec Aaron. Evidemment.
— Un problème ?
— Non.
Je hausse un sourcil attendant qu'il développe puisqu'il reste planté là.
— Je peux remplacer ton amie si tu veux, me propose Aaron.
— Non merci. Je vais l'attendre toute seule comme une grande. Et puis elle n'en n'a pas pour longtemps.
A peine ma phrase terminée que je me rends compte de mon imbécilité.
— Comme tu veux, mais Nael peut-être très performant.
Super ! Si j'avais un doute sur leur activité, Aaron vient d'y mettre un terme.
— Je peux t'aider à patienter, dit-il de sa voix rocailleuse, ses yeux plantés dans les miens,
Sa phrase à double connotation me laisse perplexe.
C'est tellement con comme proposition, que je ne trouve rien à répondre.
— Alors c'est comme ça qu'on drague à Aix ?
Aaron lève un sourcil.
— Ne te fais pas d'idées miss, je t'aurai juste aidé à chercher tes manuels. Il n'y a rien de sexuel dans ma proposition.
Je rougis comme une collégienne. Encore.
— Puisque tu es grande, je vais te laisser te débrouiller... en attendant Maxine... son sourire canaille en prononçant les derniers mots se passent de commentaires.
D'ailleurs, il tourne les talons sans rien ajouter et part en direction du parking.
Je reste là à me demander ce qu'il vient de se passer en le suivant du regard.
Bon il va falloir bouger ma grande...
La ferme.
Une fois à l'intérieur de la bibliothèque, je me dirige vers une table, et commence à sortir mon ordinateur, pour reprendre mes cours et checker la liste des ouvrages de droits dont j'aurais besoin pour mes recherches cette année. Quand c'est fait, je me mets en quête de trouver ce qu'il me faut dans les nombreux rayonnages. Une fois ma tâche accomplie, je rejoins la table que j'occupe, et c'est là que j'aperçois Maxine assise sur le coin de la table un miroir de poche à la main. En m'approchant, je constate ses joues rougies, comme si elle avait couru un cent mètres, ses cheveux sont attachés en une queue de cheval à la va vite, et sa jupe est toute froissée.
Plus de doutes sur l'activité qu'elle a pratiqué avec Naël.
— Tu as visité le Liban ? la taquiné-je, quand j'arrive à sa hauteur la faisant sursauter.
— Ouais, me dit-elle, sans cesser d'arranger son maquillage, c'est un beau pays !
On pouffe comme deux dindes.
Une étudiante râle. Max lui répond en levant son majeur.
—Bon, si tu as fini, on rentre à l'appartement, on se cale devant une série, et ensuite on gossip sur la journée ?
Elle range son miroir de poche dans son sac, se lève en essayant de défroisser sa jupe. Peine perdue.
— Ça marche. Premier jour et on sèche déjà ! Tu es vraiment de mauvaise fréquentation Max. A l'avenir je vais devoir me méfier.
— Tu n'as encore rien vu, ajoute-t-elle en clignant de l'œil.
Impossible de nous retenir de rire. Nous quittons l'établissement toujours en hilare sous les regards meurtriers de certains étudiants.
Il est presque minuit, quand je m'allonge dans mon lit, après avoir passé la soirée à mater une série tout en discutant et en vidant une bouteille de rosé du coin. Maxine m'a appris que cela fait quelques mois que Naël et elle se tournent autour, qu'ils couchent ensemble quand l'occasion est propice.
Le sommeil me rattrape, mais j'ai le temps de faire le bilan de cette journée. Pour mon premier jour dans ma nouvelle fac, j'ai fait la rencontre d'un mur sexy au nom d'Aaron et j'ai fait la connaissance de ses potes plutôt sympas. Ces mecs m'intriguent, quelque chose en eux me pousse à me poser des questions... je n'arrive pas à mettre les doigts sur le pourquoi ... Pourtant ils sont tous issus de la bourgeoisie Aixoise, en tout cas, c'est comme ça que je les ai catalogués, friqués, queutards, fêtards, mais justement, en discutant avec eux, je réalise qu'ils sont restés très évasifs dès que ça touchait trop au personnel. Une esquive que je maîtrise parfaitement moi aussi, et je suis bien placée pour savoir que les apparences sont parfois trompeuses
Sans surprise cette nuit-là, mes rêves sont peuplés d'un grand brun ténébreux au regard noisette et d'une voiture de sport.
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