Incertitudes*

 



Quelques mois sont passés depuis ce jour qui a failli sonner la fin de ma relation avec Aaron.

Après notre réconciliation, il m'a fallu une semaine avant d'accepter de revenir chez lui et affronter nos amis. Je ne m'en sentais pas capable, j'avais la frousse, comme le disait si bien mon beau brun,d' affronter leurs regards, leurs déceptions. Et puis il m'a bien fallu prendre une décision, je ne pouvais pas continuer à sortir avec lui et tout écartant ses amis. Je n'avais pas le droit de lui imposer un choix à cause de mon manque de courage. Alors un soir, accompagnée de ma meilleure amie, nous nous sommes rendus chez eux... l'accueil a été glacial de la part de Raphaël, mitigé de William et Naël étant au courant de tout m'a serré dans ses bras. Aaron m'a soutenu, sans intervenir, quand le moment est venu de tout leur raconter. Je devais franchir cette barrière qu'était l'appréhension toute seule et cela a payé car à la fin de mon histoire je les ai senti ému et reconnaissant malgré tout. Bon je me suis faite engueuler d'avoir agi seule et sans les avoir informé. Même Raphaël a baissé sa garde à mon sujet. J'ai ressenti de la fierté quand j'ai évoqué la manière dont nous avons ma mère et moi retourner le chantage contre mon géniteur et l'épée de Damoclès qui survole au-dessus de sa tête depuis. Je suis consciente que leur confiance à mon égard ne va pas revenir par une formule magique, mais plus les mois ont avancé et plus elle s'agrandit.

On essaye tous de l'oublier, mais je sens bien qu'il y aura un avant et un après. On a tous eu peur pour les uns ou pour les autres, ce qui au final nous a énormément rapprochés. Aaron est encore plus protecteur avec moi. J'ai beau le rassurer sur mon géniteur qui ne se retournera pas contre moi ou ma mère, il n'en fait qu'à sa tête. Alors plutôt que d'engendrer des disputes, je l'accepte si c'est le moyen pour lui de se rassurer et si ça l'aide à lui enlever un peu de cette culpabilité qui le ronge de m'avoir entraîné avec eux. Après tout, quelles filles n'aimeraient pas que son mec prenne soin d'elle ?

Et puis les jours se sont enchaînés et avec eux les habitudes sont revenues, nos déjeuner tous ensemble dans le parc, nos soirées... et la réalité aussi, les examens finaux pour Aaron et sa bande, si bien que nous nous sommes pratiquement pas vu en dehors de l'université. J'avais les miens également et je ne devais pas me planter pour la suite que je souhaite donner à mon cursus, car une idée a germé depuis pas mal de temps, et Maxine et moi avons joué un coup de poker, espérons que nous ne le regretterons pas...

Pour Aaron, cette année a été décisive et ses résultats en seront le déclencheur, car il a fait transférer son dossier à l'université of law de New-York afin de passer son L.L.M. Le master of law est réservé aux étudiants étrangers voulant internationaliser leur carrière d'avocat. Nous avons évoqué la possibilité que je les rejoigne afin de terminer mes deux dernières années là-bas avec lui. Vivre un amour à distance en mettant un océan entre nous était impossible. D'une parce que nous sommes tombés d'accord qu'être séparé aussi longtemps n'allait pas nous réussir, et de deux, ni l'un, ni l'autre ne croyons en l'amour longue distance. Je suis réaliste et lui aussi. Même si l'on est fou amoureux l'un de l'autre.

Je m'étire comme un gros matous dans le lit, le beau brun à mes côtés est encore endormi. En regardant l'heure sur mon portable, je souris en voyant également la date. Aujourd'hui c'est l'anniversaire d'Aaron. Tout a été organisé à son insu. Difficile mais pas impossible avec l'aide de nos amis et de ses parents qui ont été des soutiens précieux. J'ai dû également me justifier auprès d'eux. Pierre a été réticent mais il a compris et m'a fait jurer de ne plus jamais trahir son fils... ce à quoi j'ai répondu par l'affirmative. Une accolade sincère et le pacte était scellé.

Mais ma bonne humeur s'efface laissant la place à une boule d'angoisse... car ce soir j'ai une bonne nouvelle à lui annoncer. Enfin, bonne, je l'espère, sinon retour en mode déprime pour le restant de mes jours.

Espérons que le cadeau lui plaira. J'ai prévu de l'informer de manière assez subtile. J'ai acheté deux billets d'avion pour N-Y en aller simple et non datés. Une petite voix ne cesse de me répéter qu' Aaron sera heureux, je m'y accroche. De toute façon c'est trop tard.

Et si, il avait décidé de faire son année sans moi ? Après tout, il ne m'a jamais demandé de le suivre. Cette pensée morose balaie ma bonne humeur comme un coup de vent emporte les feuilles d'automne.

— Arrête de cogiter, j'entends ton cerveau hurler, me surprend une voix rauque au creux de mon oreille, encore pleine de sommeil, anesthésiant mes pensées moroses à son seul timbre. Si tu t'inquiètes de savoir comment m'offrir mon cadeau...

Je me crispe. Impossible qu'il soit au courant, bécasse.

— Peu importe la manière, continue-t-il indifferent à mon trouble, ta bouche, ton sexe...

Évidemment

Je pars dans un grand éclat de rire en me retournant afin de faire face à mon amoureux.

— Joyeux anniversaire my love, lui souhait-je en caressant sa joue recouverte d'un chaume de barbe.

Autant commencer à employer un vocabulaire anglo-saxon.

— Et pour ton cadeau tu vas devoir être patient.

Aaron boude comme un sale gosse à qui on aurait refuser une friandise. Ce qui est un peu le cas.

— Merci quand même. Ce réveil d'anniversaire est dans mon top ten des réveils en ta compagnie.

— Même sans sexe, fais-je mutine.

— Je ne perds pas espoir...

Je ris et pose ma tête contre son torse.

— Mais avant tu vas me dire ce qui fait fumer ton adorable tête.

Et merde ! moi qui pensais l'avoir berner.

— Qu'est ce que tu as Léane ? reprend-il plus sérieusement en relevant mon visage de son index afin que nos regards se croisent.

— Rien.

— Ne m'oblige pas à employer la force, chérie... et puis je te l'ai déjà dit, tu ne sais pas mentir. Alors balance.

— Je pense à la suite, c'est tout.

— Et ?

Sa mâchoire se contracte.

— Quoi, et ? Je me sens nostalgique ce matin. Mais ça va passer, t'inquiète.

— Je te connais par cœur Léane. Si cela peut te rassurer...

Il commence par m'embrasser sur le front. Le nez. Les lèvres, pour me donner un baiser passionné, qui dégénère vite. Aaron me fait basculer sur le dos, s'allonge sur moi, tout en se maintenant sur ses coudes pour ne pas m'écraser. Sa bouche descend vers mon cou, pour ensuite mordre ma clavicule, lécher une de mes pointes de seins dressées et caresser l'autre avec sa main. Caresse qui me fait me cambrer et tirer ses cheveux, tout en gémissant. Puis il remonte, lèche ma mâchoire, me mord la lèvre inférieure afin que je lui laisse accès à ma langue. A partir de ce moment, j'oublie tout ce qui n'est pas nous. Aaron en profite pour me pénétrer d'un seul coup de rein, maintenant mes jambes contre sa taille. Un soupir de satisfaction s'échappe de nos lèvres pour se mélanger.

— Il est hors de question que l'on se sépare...

Il lit dans les pensées ou quoi ?

— J'adore la façon dont ton corps réagit à mes attaques mon ange, mais j'aime encore plus t'envoyer toucher les étoiles afin de te faire oublier tout ce qui n'est pas nous.

— Et moi, j'adore, quand tu m'y envoies mon beau braqueur. Mais si je veux les atteindre, il va falloir que tu bouges, le provoqué-je en soulevant mon bassin.

— Tes désirs sont des ordres, ma beauté. Comme ça ?

Son sexe coulisse en moi dans une lenteur criminelle

— Hum.

— Je prends ça pour un oui.

Aaron se redresse et se met à genoux en posant mes jambes sur ses épaules. Ses mains saisissent ma taille et là dans cette position les sensations sont décuplées. Il entre plus profondément en moi, touchant ce point si sensible. Pourtant il n'accélère pas. Au contraire, il prend son temps, me mord le lobe de l'oreille, le cou, mes seins, tout ce qui est à sa portée, en continuant ses lents va-et-vient, tout ça avec un dosage de langage cru qui m'excite encore plus. Mes doigts s'emmêlent dans sa chevelure, mes lèvres l'embrassant aux endroits qui me sont accessibles, et l'orgasme arrive. Vite, dévastateur, salvateur.

— Tu es un démon, mais qu'est ce que je t'aime !

— Vu que tu es un ange déguisé en diablesse, nous sommes faits pour nous entendre.

Aaron me serre dans ses bras, dépose ses lèvres sur les miennes dans un baiser appuyé mais rapide.

— On doit bouger, dis-je à regret de devoir quitter ses bras. La fac m'attend.

Car si lui a terminé ses partiels ce n'est pas mon cas.

— Malheureusement, oui, même si moi je peux rester là, s'amuse-t-il en croisant ses bras sous sa tête et en me reluquant de manière obscène.

Je sors du lit en soupirant, devant tant de tentation, me dirigeant directement vers la salle de bain quand Aaron m'interpelle :

— Je vais préparer le petit déjeuner, prends ton temps OK ?

— C'est ton anniversaire, c'est pas plutôt à moi de...

— Tu m'as laissé te baiser, alors je peux bien faire ça pour toi, me coupe-t-il d'un air canaille.

Je me retourne d'un air offusqué mais difficile de garder mon sérieux.

— Je saurais m'en souvenir pour toutes les prochaines fois. Et je claque la porte sous son rire.

Quand je rejoins le coin cuisine, William, Raphaël et Aaron sont tous les trois attablés les regards dirigés vers le centre de la table. Le norvegien est le premier à me voir, ses yeux pétillants de malice ne me disent rien qui vaille et ce n'est pas l'air moqueur de Raphaël qui va me rassurer.

— Salut belle Léane.

— Hello, fais-je en les embrassant sur les joues.

— Qu'est-ce qui vous rend si joyeux de bon matin ? questionné-je en venant me positionner à côté de mon copain.

Et là je vois. Inutile de répondre. Je pars dans un fou rire qui me vaut un regard noir de la part de mon amoureux.

Une assiette en carton aux dessins de supers héros remplie de pancakes décorés avec des vermicelles de couleurs et de la chantilly où sont disposées des bougies, des gobelets en carton aux motifs identiques sont remplis de jus de fruits.

— J'ai toujours su que tu étais mon super héros, soufflé-je contre sa bouche, un fois mon rire calmé.

— Ça, je m'en suis rendu compte tout à l'heure, répond-il du tac au tac, en m'attirant sur ses genoux. Tu sais quand ma...

Je ne lui laisse pas le temps de finir sa phrase en le bâillonnant avec ma main.

— Je vois que ton anniv a bien commencé, balance Raph.

— Si tu savais !

— Non il veut pas savoir, me renfrogné-je.

Heureusement, Will passe à autre chose. Pour une fois !

— Prête jolie Léane pour tes derniers examens ?

— Prête, oui, confiante un peu moins.

— Tu parles. Je suis sûr que tu vas les réussir haut la main.

— J'aimerai avoir ta confiance.

— Tu l'as pas assez détendu mec, s'adresse-t-il à Aaron qui grignote une crêpe.

Je lui lance un bout de la mienne qu'il récupère et mange.

— Ta gueule le queutard. T'as pas un plan cul à aller emmerder ?

— Alors pour ton information, je n'emmerde pas mes plans cul, bien au contraire.

— Comment ça, les ? demandé-je.

— Ben, t'as sept jours dans une semaine jolie Léane.

— S...sept ! dis- je en m'étouffant avec mon café.

— Plus ou moins ! J'en prête à Raph aussi, sinon le pauvre, son cerveau du bas serait momifié !

Raphaël lève les yeux au plafond.

— Je t'emmerde connard, le fustige le concerné. Toi c'est celui du haut qui s'atrophie à force de sauter des filles sans cervelle.

— En même temps, c'est pas pour leur Qi que je les baise hein.

Cette histoire va mal finir... Raph se saisit de la bombe de chantilly et asperge son pote norvegien en plein sur son visage. Je reste sans voix attendant la suite, mais William attrape un peu de crème avec son index avant de le glisser dans sa bouche et de sourire comme un con.

— Délicieuse... ça me rappelle ma baise de mercredi, une vraie gourmande.

Je me bouche les oreilles ne voulant pas entendre la suite et Aaron éclate de rire en secouant la tête en nous informant qu'il va prendre sa douche.

— Tu veux m'accompagner, mon ange ? Tu sais pour... finir de te détendre, précise-t-il en se mordant la lèvre inférieure.

Je lui fais un doigt d'honneur et retourne à mon petit déjeuner.

— Comme tu voudras, mais tu sais où me trouver.

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