Conséquences*


Assis contre la tête de lit, une clope se consummant entre mes doigts, mon regard ne peut se détacher de la femme merveilleuse qui dort encore. Quant à moi, impossible de fermer l'œil après ses révélations. Je suis mort de fatigue, mes cernes doivent faire concurrence aux yeux d'un panda, mais ma caboche s'en tape. Mon seul moment de répit a été quand j'ai été en Léane.

Avant et après c'est le capharnaüm.

Trop d'interrogations.

D'incertitudes.

J'ai joué au con, quand le nom de ce connard a franchi la bouche de ma belle courageuse. Le mur m'a semblé très intéressant sur le moment, évitant de commettre ou de sortir une connerie qui l'aurait blessée, bien qu'elle ne soit en rien responsable du passé de son géniteur. Et puis, je suis revenu à la raison, dès l'instant où j'ai senti Léane bouger afin de quitter mes bras. Impensable qu'elle croit que cette révélation la propulse ailleurs que dans mon avenir.

Alors afin de me faire pardonner cette indélicatesse, j'ai voulu lui montrer par des actes que peu importe le nom de celui qui tient lieu de père, Léane n'en reste pas moins la femme que j'aime comme un dingue. Et lire le soulagement dans ses magnifiques prunelles à failli me faire éjaculer dans mon froc. Ca est l'entendre m'avouer ses sentiments.

Son -Je t'aime Aaron- a fini de faire écrouler les dernières briques qui protègent encore mon coeur.

Cette nuit marque un nouveau tournant dans notre avenir, mais je ne suis pas naïf au point de penser qu'il ne va y avoir de conséquences. On parle de Claude de Saint André, ministre de l'intérieur, mais surtout ancien commandant de la section de mon père en Afrique.

Sans le savoir, notre passé à Léane et à moi est lié d'une manière qui tord mon estomac.

Je refuse de cautionner le doute que mon esprit tente de m'imposer. Léane n'est pas là pour nous piéger... Léane n'est pas apparue dans ma vie dans le but de s'approprier la liste que l'on détient. Non. Non. Non.

De colère, d'avoir ce genre de pensée, j'écrase ma cigarette dans le cendrier sur la table de nuit, puis je décide de me lever. Cela me coûte d'abandonner la déesse qui réchauffe mes draps mais je n'ai pas le choix. Un coup de fil urgent à mon père afin de lui apprendre la vérité est nécessaire. Le nom de cet enflure est en haut de la liste, meme s'il reste intouchable, car bien sur nous n'allons pas cambrioler sa baraque, mais le socle sur lequel il est vissé commence à vaciller surtout que, notre dernier braquage est sensé donner le coup de grace à cette fourmilière.

La non plus je ne suis pas naïf, il en reste encore, mais le nombre de noms raturés en rouge sur notre liste est plus important que ceux restant. Et l'on compte aussi sur l'effet papillon, en général ce genre de personnes sont assez bavardes quand il s'agit de sauver leurs culs. Alors balancer les noms de ceux qui composent leur cercle de pourriture devrait faire le reste.

Tout en m'habillant, après être passé par la douche, je songe que je vais devoir précipiter les choses quant à mes aveux sur ma seconde activité. Léane est en droit de savoir.

C'est quitte ou double mec ! attaque ma conscience, mais au moins tu auras la preuve de ce que tu réfutes.

Je renifle dédaigneusement et déserte la chambre en lançant un dernier regard à l'ange étendu dans le lit.

Sofie est en pleine préparation du petit déjeuner quand je pénètre dans la cuisine, où une bonne odeur de cannelle et de chocolat chaud flottent m'ouvrant l'appétit. Naël et Raph sont déjà attablés. Si le premier me repère de suite, pour Raph c'est plus dur, car il a sa tête entre les mains. Je ricane en tapant dans la main de Naël.

— Bonjour Sofie, la salué-je en déposant un baiser sur sa joue.

— Bonjour mon grand ! Tu veux déjeuner ?

— Oui, merci ! mais je vais me débrouiller...

— Ça je n'en doute pas, mais cela me fait plaisir, me coupe-t-elle. Assieds toi.

Sofie s'exécute, et sans un mot, je me pose en face de Raph qui lève la tête sûrement dérangé par le bruit de notre conversation.

— T'as une tronche à faire fuir le plus coriace des zombies.

Raphaël vérifie que notre hôte soit occupée et lève discrètement son majeur à mon intention.

— Il n'y a que la vérité qui fâche, dis-je en souriant.

— La ferme, mime du bout des lèvres mon pote. Je dormirai dans l'avion. Quand je me suis allongé, j'avais l'impression d'être sur un manège alors j'ai préféré me lever et remplir mon estomac.

Sofie lui tend un verre de jus de fruit fraîchement pressé avec un cachet.

— Tiens.

— Merci Sofie.

— J'ai prévu le stock si jamais.

Elle nous gratifie d'un clin d'œil puis continue de faire cuire des pancakes.

La mère de William est un peu celle de substitution de Raphaël, car celui-ci a perdu la sienne d'un cancer quand il n'était encore qu'un enfant

— Will dort encore ? m'informé-je auprès de Naël qui n'a pas encore ouvert la bouche.

— Avec ce qu'il s'est mis hier, ça sera un miracle s'il se réveille pour prendre l'avion !

— Je suis là les garçons ! intervient Sofie en agitant une spatule. Je n'ai pas envie de connaître la vie nocturne de mon fils.

Aucun de nous ne répond. Elle doit bien avoir une petite idée.

Une fois le petit déjeuner terminé, la vaisselle débarrassée et rangée dans le lave-vaisselle, je préviens Naël et Raphaël de ma balade improvisée.

— Tout va bien Aaron ?

Naël perce mon regard, tout comme Raph.

— Tout va bien.

La bonne blague !

— Je dois passer un coup de fil à mon père.

Froncement collectif de sourcils. Raphaël grimace, sûrement dû à la perceuse qui fore dans son cerveau et le libanais me scrute essayant de débobiner ce que je lui cache.

— Je vous en parlerai à mon retour.

— Tu sais qu'il n'y a rien de rassurant dans tes propos, mec, constate le Libanais.

— C'est à cause de Léane ? insiste Raphaël.

Je ne peux pas dire que je sois jaloux de mon pote, mais j'avoue que le lien qu'ils ont créé, loin d'être gagné au départ, titille ce sentiment. Raph est le mec méfiant par excellence, depuis sa rupture d'avec la salope qui lui servait de petite amie. Mais j'espère que leur amitié persistera quand il va savoir de qui elle est la fille...

— Svein est disponible, si jamais...

— Merci Sofie, mais je veux d'abord en discuter avec Pierre.

Je les abandonne à leurs questionnements muets,et je me dirige vers le hall d'entrée quand mon regard croise celui de Maxine, suivi de William qui descendent l'escalier.

— T'as une sale gueule mec ! fais-je en signe de salut.

— La ferme !

Je souris en voyant Maxine faire la moue afin d'éviter de rire. William me dépasse en se frottant les tempes.

— Je te préviens, c'est tout. Heureusement que la meuf que tu as baisée cette nuit ne te vois pas ce matin.

Will me lance un regard de tueur par-dessus son épaule.

— De toute façon, pour ce qu'elle a vu de mon visage, quand elle était à genoux ou à quatre pattes... et crois moi ce n'est pas ma gueule de beau gosse qui l'intéressait, mais plutôt ce que je cache sous la ceinture. D'ailleurs, elle a...

— Putain mec ! Il n'est que dix heures du matin.

— Et alors ? t'as des heures pour parler de cul, toi ? Rétorque-t-il.

Maxine éclate de rire alors qu'elle est réfugiée dans les bras de son mec et Raph est trop cuit pour avoir une réaction autre qu'un soupir désabusé.

Je déambule dans les rues d'Oslo sans destination précise tout en réfléchissant à comment je vais annoncer la nouvelle à mon père. Il est au courant pour Léane et moi, je me suis confié à mes parents il y a quelques semaines, j'ai dû calmer ma mère qui voulait absolument la rencontrer, mon père a été plus distant, mais comme tout bon ancien militaire, la méfiance est de mise... surtout dans ce cas précis.

Léane est un cas, maintenant ?

J'ignore cette salope provocatrice.

Je m'arrête dans un café du centre ville, il caille ce matin, la neige est encore tombée en quantité, et avoir cette conversation en tremblant de froid n'est pas l'idéal. Je passe ma commande et trouve une table de libre prêt de la fenêtre.

Une sonnerie, deux sonneries, putain, il le fait exprès ou quoi !

Au bout de la troisième, il décroche enfin.

— Bonjour Aaron.

— Salut papa ! Bonne année à toi et à maman.

— Bonne année à toi aussi mon fils. Tout va bien ?

Mon père embraye directement, mes appels sont assez rares, étant donné que l'on habite pas loin les uns des autres, sauf avec ma mère qui a tendance à envahir ma messagerie pour tout et rien

— Oui, oui, ça va.

Je gagne du temps en racontant notre séjour chez Sofie et Swein, la soirée du nouvel an que nous avons tenue à fêter en famille en observant une aurore boréale. Les filles ont pépié de joie devant ce décor féerique et des plus romantique pour reprendre leurs mots exacts.

Le silence envahit la ligne. Mon père rompt le premier.

— Pourquoi j'ai le sentiment que tu n'oses pas me dire ce qui te tracasse, mon fils ?

Parce que c'est le cas. Je flippe de ta future réaction.

— Rien d'important...

Menteur.

— Mais ?

— En fait, si ça l'est, mais je dirais plus ennuyeux.

— D'accord, et de quoi s'agit-il ?

— De qui plutôt.

Ma respiration s'accélère, mon rythme cardiaque aussi. J'avale une gorgée de ma boisson chaude. Mon père patiente.

— C'est Léane...

— Elle est enceinte ?

— Quoi ? Sursauté-je, éclaboussant ma main de café.

Alors celle-là je ne l'ai pas vu venir.

J'attrape une serviette en papier et essuie ma main.

— C'est ta mère qui insiste pour que je te le demande.

— Je comprends mieux. Et non Léane n'est pas enceinte.

— Attends je mets le haut parleur.

A peine est-il enclenché que la voix de ma mère retentit dans mes oreilles.

— Bon rien ne presse...

— Non effectivement, la coupé-je.

J'entends mon père râler en fond.

— Ton père et sa patience...Bon, je vous laisse puisqu' il ne s'agit pas de ma future belle-fille... et de mon futur héritier ou héritière.

Je lève les yeux au plafond et je me doute que mon père a le même signe d'exaspération.

— Embrasse Léane pour moi, mon chéri, et bonne année à tous les deux.

— Merci maman.

— Léane est concernée... et c'est grave ? attaque mon père, dès qu'il reprend la main sur le téléphone.

— Pas grave dans le sens littéral...

— Arrête de gagner du temps soldat et balance l'info.

Soldat, manière particulière qu'il a de me nommer quand je patauge.

— Elle m'a avoué le nom de son père... enfin son géniteur est le terme exact. Et ça ne va pas te plaire.

— Et quel est son nom ?

Allez Aaron, inspire et lance toi.

— Claude de Saint André.

— Putain ! rugit mon père.

Il me semble entendre un objet tomber.

— Avec le nombre de femmes qui vivent dans le monde, presque quatre milliards, il a fallu que tu tombes sur la seule...

— Papa, avec tout le respect que je te dois, ne va pas plus loin, et je ne quitterai pas Léane. Elle n'est en rien responsable de son héritage.

Afin de le convaincre, je lui relate toute la conversation de mon ange et moi cette nuit. A la fin de mon récit, mon père reste muet, puis soupire.

— Crevard jusqu'au bout ce salop.

— Oui.

— Que comptes tu faire Aaron ?

— Tout lui avouer...

— Tu es encore plus irresponsable que ce que je pensais.

— Me séparer d'elle n'est pas une option papa.

— Comment peux-tu être certain que ce fourbe ne l'a pas mise exprès sur ton chemin... je ne t'apprends rien en te disant qu'il est ministre de l'intérieur et qu'il se sert de moyens officiels pour faire de l'officieux.

— Effectivement, mais je sais que non. Léane n'est pas une si bonne actrice, et n'est pas comme ça... je le sens, c'est tout. Je ne peux pas l'expliquer clairement, mais c'est dans mes tripes... et puis tu ne la connais pas...

— Justement, j'aimerais y remédier.

— Papa, soupiré-je en comprenant pourquoi il souhaite organiser une rencontre.

— Je ne te donne pas le choix Aaron, c'est trop dangereux, je ne t'apprends rien.

Il a raison, mais mon corps se crispe à la perspective de mentir à mon ange.

Comme si ce n'était pas déjà le cas !

— D'accord, lâché-je la bile remontant dans mon oesophage.

— Communique-moi une date rapidement. J'espère que tu as raison mon fils, et que je me trompe, car depuis que tu la fréquentes je te trouve changé, mais je ne sacrifierai pas notre cause au détriment de ton bonheur s'il s'avérait que j'ai vu juste. On arrive au bout, Aaron...

— Et moi papa, je ne ferais pas de Léane un enjeu.

Mon ton est dur et ma voix est ferme quand je lui affirme cela. Hors de question de me servir de Léane pour assouvir un désir de vengeance et accélérer le processus.

Sauf si... Non, je refuse de croire aux supputations de mon père.

— Très bien, j'émets une réserve tant que je ne l'ai pas rencontrée.

— Tu vas l'adorer, papa. Et puis Léane déteste son père.

— Ça nous fait un point en commun. Fixez une date et tu me rappelles. Je t'embrasse mon fils.

— Moi aussi, papa.

Il coupe la communication et moi je respire de nouveau.

Bon c'était pas si terrible... si l'on occulte qu'il prend ton ange pour une mata hari des temps moderne.

Maintenant, il va falloir que je l'annonce aux mecs, je n'ai pas d'autres options. La méfiance de mon père est légitime, ma confiance en Léane aussi, à eux de se faire une opinion.

En franchissant le seuil de la maison des rires féminins se font entendre depuis le salon m'indiquant la direction à suivre pour trouver mon ange. Elle est assise dans un des fauteuils, Maxine sur l'accoudoir et Sofie sur un des canapés, les trois sont explosés de rire. Je souris de la voir si heureuse. Je hausse un sourcils en voyant un album photo ouvert sur les genoux de la maman de William. Mon regard s'arrime au sien quand elle me remarque, son corps parle pour elle dans un langage muet que je suis le seul à connaître. Je m'approche lentement, Léane se redresse, sa respiration change, ses jambes croisées se resserre, mes lèvres s'étirent en un rictus crâneur.

— Ah Aaron, me coupe Sofie, dans mon élan de rejoindre Léane. Tu te souviens de ce jour-là ?

Sofie me montre une photo de William et moi au sport d'hiver. Il est recouvert de neige jusqu'à la taille. En voulant sortir du chalet que ses parents avaient loué, il n'a pas tenu compte des recommandations de son père l'avertissant de la quantité de neige tombée durant la nuit et en claquant la porte un peu trop fort, forcément toute la neige accumulée sur le toit est tombée... sur lui.

— Je me souviens oui, je dis hilare à mon tour.

Les rires des filles redoublent et j'en profite pour atteindre mon but. Je tends la main à Léane et la tire d'un coup vers moi. Je l'embrasse plus chastement que ce que je voudrais. Spectatrices obligent.

— Je dois voir les mecs.

— Un souci ? demande-t-elle en fronçant les sourcils.

— Non.

Enfin, j'espère pensé-je.

Je la relâche à regret et entame le chemin inverse tout en envoyant un message groupé aux mecs afin qu'ils me retrouvent dans le bureau de Swein.

Raphaël est le premier à arriver quelques minutes plus tard, suivi de Naël, et enfin de Will, qui a meilleure tête.

— Alors, qu'elle est cette urgence ? me lance direct Raph.

Naël et William attendent ma réponse.

— Vous devriez vous asseoir.

— Tu as décidé de nous la jouer mystérieux, ricane le norvegien.

Je lève mon majeur à son intention et débute la conversation en leur relatant d'abord celle que j'ai eueavec Léane, et plus j'avance dans le fil de la discussion plus elle est entrecoupée : de putain, c'est pas vrai, ou t'as bien compris ?

— Je te rappelle que moi je n'étais pas bourré, fais-je à l'intention de William.

— Alors celle-là... Léane est la fille de ce connard.

Je me contente de fixer Raphaël car ce n'est pas une question, plutôt une constatation. Amère.

— Il n'a jamais voulu la reconnaître, se contente de lui remplir un chèque, Léane n'a aucune affinité avec ce mec.

— Mais ? questionne Naël son regard de rapace planté dans le mien.

— Mais, je ne t'apprends rien du poste qu'il occupe au gouvernement...

— D'où l'appel urgent passé à Pierre, comprend Raph.

J'acquiesce d'un mouvement de tête.

— Qu'est ce que tu comptes faire ? Me demande Naël.

— Pour le moment, pas grand chose... mon père veut la rencontrer... il la suspecte d'espionnage à notre encontre et être aux ordres de son géniteur...

— C'est complètement barré, s'insurge William, avec tout le respect que j'ai pour Pierre, je ne crois pas une seconde à cette théorie.

— Et pourquoi donc ? questionne Raphaël. Elle se tient aussi. Léane débarque à Aix et s'arrange pour nous approcher.

Il a toujours été le plus sceptique envers Léane, et pourtant depuis la soirée qui a eu lieu le premier jour de vacances chez elle, le lien amical s'est renforcé entre eux, mais Raph a été trahie par la fille qu'il aimait et depuis il se méfie des personnes étrangères à notre groupe. Il est partisan de prêcher le faux pour savoir le vrai et je le soupçonne d'avoir lâché du lest avec elle pour mieux la cataloguer.

— Raph tu es mon ami, mais franchement ferme ta bouche.

Naël et Will se tendent et se mettent en barrage au cas où.

— Je vous avoue que je suis perdu. J'ai confiance en elle, mais j'ai cette putain de petite voix qui chante les louanges de mon paternel.

— Et si tu lui avouais tout.

Naël me scrute.

— Mais vous êtes tombés sur la tête ou ces nanas vous ont sucé le cerveau.

Cette fois je m'avance vers Raphaël d'un pas menaçant, mais le norvégien me retient par le bras.

— Le libanais a raison, confirme William, sans me lâcher.

Je me dégage brusquement en lui faisant comprendre que je ne vais démonter la gueule d'ange de Raphaël.

— Ça peut-être aussi un test. Si comme le pense Pierre, Léane est impliquée alors les retombées ne tarderont pas. Et si comme nous le pensons tous, il appuie bien sur le pronom, elle n'a rien à voir, alors au moins elle sera au courant et ne sera pas surprise si son géniteur la menace. Parce que je suis certain qu'il est au jus des fréquentations de sa fille. Il est au commande du ministère de l'intérieur quand même.

Je réfléchis aux paroles de mon pote et je ne peux qu'aller dans son sens.

— Merci Will. Je suis d'accord avec toi, et puis Léane déteste son père, alors la mettre au courant est un risque que l'on doit pendre... et je paris qu'elle ne lui en parlera pas. Et puis elle et Maxine savent déjà pour nos paternels.

— On ne peut pas en être sûr Aaron ! dit Raphaël d'un air obstiné.

Naël prend la parole pour me soutenir,

— Raph, il est question de la fille empathique avec laquelle tu as discuté de ton ex... c'est la seule, depuis que l'autre t'a quitté, à qui tu as raconté toute l'histoire... tu ne peux pas l'avoir fait si tu ne ressentais pas un minimum de confiance en elle.

Naël et la bonne parole.

— Amen ! plaisante William, ce qui lui vaut une claque derrière son crâne.

— Ça n'a rien avoir, et tu le sais. Là on parle de choses beaucoup plus répréhensibles pour nous qu'une histoire de cœur qui s'est mal terminée.

— De toute façon, l'interrompé-je à bout de nerfet de patience, je n'en ferai rien si nous ne sommes pas tous d'accord. J'aime Léane, mais notre amitié est tout aussi importante.

Un silence suffocant tombe dans le bureau troublé par le bruit étouffé des rires provenant du salon.

— C'est bon.

La voix de Raphaël perce le brouillard qui s'était créé entre nous.

Sans en être conscient je retenais ma respiration.

— Merci mec, dis-je en lui tendant la main.

Ce con me tire vers lui pour une accolade virile, détendant l'atmosphère.

— J'espère ne pas le regretter...

— Je te promets que non.

Promettre une chose sans en être certain est comme aller sur un champ de bataille avec des pistolets à eau. Pourtant j'en suis convaincu, Léane n'est pas une espionne aux ordres de son père et je le prouverais à Raphaël.

— Bon puisque tout est réglé, Will frappe dans ses mains, je vous propose une partie de billard.

— Avec nos meufs, imposé-je.

Les deux célibataires lèvent les yeux au plafond.

— Évidemment, que serait un snooker sans un bon matage en règle.

— T'as pas intérêt de mater qui que ce soit, intervient Naël.

— Je parlais de Raphaël.

Le concerné se jette sur lui en riant, et je sais d'ores et déjà que notre complicité est revenue. Une entaille l'a égratignée, mais la plaie s'est refermée.

En riant nous sortons de la pièce afin de retrouver les filles et leur proposer de jouer avec nous. Ce qu'elles acceptent pour notre plus grand bonheur à Naël et moi. Mater le cul de ma meuf, pencheau-dessus du tapis va décupler ma motivation... à perdre.

Nous avons quitté Oslo et les parents de William en toute fin d'après-midi pour prendre notre vol de retour.

Léane ne m'a pas interrogé au sujet de notre entrevue avec les mecs dans le bureau, je m'y étais préparé une fois que nous serions seuls, mais encore une fois elle me surprend par sa discrétion. J'ai essayé de rester le plus naturel possible, de ne rien laisser paraître quant à au trouble qui a élu domicile dans ma caboche. Elle y a cru... ou pas.

Ces vacances ont marqué un tournant dans notre relation. Entre déclarations et confidences. Suspicion et confiance. Un savant mélange qui je l'espère ne va pas nous exploser en pleine gueule.


  

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