Avis Partagés *
William, Naël et moi sommes sur le rooftop de mon duplex en ce début de soirée, en train de siroter une bière, après notre séance de sport, et profiter de la température plus qu'agréable de ce début du mois d'octobre. D'ailleurs Will ne tarde pas à sauter dans la piscine comme un gosse éclaboussant tout sur son passage. Le libanais rale, l'autre rigole en attaquant ses longueurs et moi je vogue dans mes souvenirs.
J'ai hérité de cet appartement ancien en plein centre d'Aix, situé Cours Mirabeau, à la mort de mes grands-parents paternels. J'étais en première année de fac et ne me sentant pas l'âme solitaire, j'ai proposé à mes trois acolytes de venir vivre en colocation avec moi. L'appart est assez grand pour tous nous accueillir. Le deal était simple s'ils acceptaient. Ils aident aux tâches ménagères, à la bouffe et aux charges et c'est tout. Les trois ont répondu par l'affirmative et nous voilà tous les quatre à vivre comme des étudiants lambdas. Ou presque.
C'est parti pour une visite guidée.
Il n'y a que le parquet en bâtons rompus et les staff du plafond qui sont d'origine, ainsi que les murs en pierres de la pièce principale. J'ai fait abattre des cloisons afin d'avoir un plateau unique, avec seulement un couloir qui délimite la partie nuit du reste de l'habitation. C'est là que se trouvent nos chambres, avec les deux salles deux bains. Le reste n'est qu'une immense pièce. Deux grands canapés gris anthracite se font face, une table basse en verre trône au milieu, et bien sûr la base pour un appartement de mecs, une télé grand écran 4k accroché au mur, et différentes consoles de jeux. Un graff de style old school décore entièrement un des murs y compris la porte qui s'ouvre sur le coin bureau/bibliothèque. Dans le prolongement, un bar délimite le coin cuisine, entièrement équipé, pour le plus grand plaisir de notre chef cuisinier, Naël. De là, on accède au must de ce penthouse. Un escalier fait de verre et de bois donne accès à la terrasse sous les toits où une piscine couloir de nage occupe une bonne partie du lieu.
William m'interpelle depuis le bassin en m'éclaboussant ce qui me ramène sur terre.
— Hey mec ! tu devrais venir te baigner, tu m'as l'air tendu depuis hier.
— Putain Will ! Fais-je en, me frottant le visage pour virer les gouttes d'eau.
Je le noie maintenant ou j'attends ?
Cet idiot sourit de toutes ses dents, je redoute la connerie arriver... et ça ne rate pas.
— Ce ne serait pas plutôt à cause d'une fille sexy au doux nom de Léane ?
Je pense que je vais mettre mon idée à exécution.
— Quoi Léane ? le coupé-je, de mauvaise humeur.
— Qui te fait monter en pression ? Un sourire ironique est scotché sur son visage.
William est accoudé à la margelle, et je n'ai qu'une envie, c'est d'appuyer sur sa tête pour l'enfoncer sous l'eau.
— Connard ! T'as pas autre chose à faire ?
— Si, me répond-il. Justement, j'ai demandé son numéro à Alma, pour lui proposer d'aller ensemble à la soirée de Khaleb samedi.
C'est vrai que cette fille est très belle, avec ses longs cheveux châtains ondulés naturellement, ses yeux noisettes qui vous happent quand elle vous regarde, sa silhouette qui n'a rien à envier aux filles qui défilent sur un podium ou dans mon lit.
Et en plus elle a un sacré caractère, qui je l'avoue m'a fait bander comme un dingue. D'ailleurs, quand je l'ai regardé ramasser ses affaires pratiquement à quatre pattes, j'ai eu un bug. J'avoue que mes livres de droit, ont eu une autre utilité que celle d'aborder des articles de lois... planquer mon érection qui tendait mon pantalon. Je n'ai pas menti quand je lui ai affirmé que l'avoir à genoux à mes pieds n'était pas déplaisant.
La mettre dans mon lit pour une nuit ne serait pas suffisant... l'instinct sûrement. Mais mon présent est trop compliqué, pour entraîner une fille avec moi, aussi belle et têtue soit-elle, que Léane et puis mon sixième sens me titille sur les questions trop personnelles qu'elle a éludées avec brio.
Je hausse les épaules à l'attention de mon ami, mais cette idée a quelque chose de dérangeant. Cela ne devrait pas. William est mon meilleur pote depuis des années, et Léane ne représente rien pour moi, seulement une fille canon que j'aimerais baiser si l'occasion se présente. Rien d'autre.
Naël qui jusqu'à maintenant était resté silencieux, ouvre sa bouche.
— C'est vrai qu'elle est canon la nouvelle étudiante.
— À propos d'étudiante, relance William, tu as fait faire du tourisme à Maxine ? Tu lui as montré les avantages du Liban.
Ce mec est une girouette.
— Peut-être... Bon les mecs ! Ce soir c'est risotto aux asperges et poulet rôti.
— Bien essayé mec ! Alors Maxine aussi bonne que bombasse ?
— Putain Will, lâche-moi avec Maxine.
— On dirait que j'ai vexé notre Don Juan, ricane l'autre con.
Obligé d'intervenir, sinon il va finir par le passer par-dessus la rambarde. Et pourtant Naël est le plus pausé d'entre nous. C'est pour dire le degré de connerie de Will.
— Fait gaffe Will, je ne vais pas être le seul à vouloir te noyer !
— Il n'y a que la vérité qui... Il n'a pas le temps de conclure que Naël et moi sautons dans l'eau en appuyant sur ses épaules pour le faire couler.
— Putain les mecs... crache-t-il en toussant quand il remonte.
— Ta maman t'a pas appris à fermer la bouche ?
Ma phrase à double sens ne lui échappe pas, et bon joueur il se met à rire.
J'abandonne les deux zigotos pour me rendre dans la cuisine afin d'attraper d'autres bières et préparer de quoi mettre la table. J'en profite aussi pour consulter mon portable resté sur le plan de travail. Un message de mon père y apparaît, me confirmant l'heure de notre rendez-vous de mardi.
En revenant sur la terrasse, je croise William et son médius, qui partent se doucher. Je ricane, puis me pose sur un transat avec ma boisson.
Une demi-heure plus tard, j'entends Naël qui crie à William de bien vouloir se dépêcher car le repas est prêt, et qu'un risotto ça n'attend pas.
Au même moment, mon téléphone vibre à l'arrivée d'un nouveau message. Le prénom qui s'affiche me fait sourire. Une fille de la fac me propose de la rejoindre à une fête. Je lui réponds dans la foulée que ce soir je ne suis pas dispo, mais que ce n'est que partie remise. J'ai couché avec elle cet été, lors d'une party pool chez Will justement. Et depuis, elle a tendance à me coller un peu trop. Je vais devoir lui faire un rappel de mes règles. Pas d'attache, pas de sentiment, que du sexe quand nous sommes disponibles. J'avoue que ce soir cela m'aurait détendu, mais l'adage, les potes avant les plans culs est notre mantra. Le temps de consulter sa réponse, un smiley contrarié, et notre chef cuisinier, suivi de Will, dépose les plats sur la table.
— Mec, c'est une tuerie ton risotto, s'exclame le norvégien.
— Je confirme ! T'es sur que tu veux pas faire cuisinier ? Nan parce que tu es beaucoup plus doué qu'en droit !
William et moi nous tapons dans la main, alors que Naël ne relève pas ma provocation, et continue de manger. Puis il entame une discussion sur notre future mission, qui aura lieu d'ici quelques jours.
— Tu as des nouvelles de Raph ?
— Il m'a envoyé un message. Il a pu récupérer tout le matériel chez Pablo; il est en route.
— Le rendez-vous avec ton père est toujours fixé à mardi prochain ? me questionne Will.
— Oui, d'ailleurs à ce propos, votre présence est requise et ensuite on file s'entraîner à la salle de sport.
— Will et moi avons prévu de partir dimanche en fin d'après-midi, faire un premier repérage avec les infos que nous a fait passer ton père.
— C'est bon pour moi, comme ça on fait un premier point ensemble à votre retour, et le lendemain, on en fait part à mon père.
Le sujet étant clos pour l'instant, la conversation dévie sur la soirée prévue samedi chez le frère d'Alma, un pote que l'on connaît depuis le lycée, et sur les personnes susceptibles d'être invitées.
Après avoir débarrassé la table, range dans le lave-vaisselle, ce soir c'est au tour de Will de s'y coller, suite à un pari perdu. Nous nous asseyons tous les trois sur le canapé afin de commencer une partie de Call of duty, quand Raphaël passe la porte d'entrée, avec deux sacs de sport noirs.
— Salut ! Je dépose les sacs dans le bureau et on se fait une partie. Je suis avec Aaron, crie-t-il du couloir.
On ressemble à trois suricates, le dos droit, la tête tournée vers l'endroit où évolue notre ami.
Will, Naël et moi décidons de le suivre jusqu'au bureau, pour voir le matériel qu'il est allé récupérer à Marseille, chez notre fournisseur habituel. Pablo est un ancien frère d'arme de mon père en qui il a entièrement confiance pour ce genre de service.
Une fois tous les quatre dans le bureau, Raphaël commence le déballage.
— Alors, pour notre spécialiste en explosif... Naël, tu vas kiffer mec ! Petit mais super puissant et silencieux, toute fois, à manier avec précaution, comme une femme en fait !
Depuis quand, le plus romantique du groupe fait ce genre de réflexion ? Et évidemment le queutard de service en rajoute.
— Ça dépend mec, certaines aiment être prises avec brutalité.
Nous levons tous les trois les yeux au plafond.
— Bon après cette intervention des plus poétique... Aaron et Will un 9 mm avec silencieux comme convenu, et pour moi un Beretta calibre 22.
Chacun s'empare de son cadeau puis je mets Raph au courant des dernières infos. Je lui fais un récapitulatif de la journée de mardi prochain.
— Nous avons rendez-vous avec mon père, pour les derniers détails, Will et Naël partent pour le repérage dimanche. Ah, et après l'entrevue entraînement à la salle. C'est bon pour toi mec ?
— Ouais ! Bon on va la faire cette partie de Call of, je suis à fond là ! S'exclame Raph en tapant dans ses mains après avoir déposé le matériel dans le coffre fort.
Tellement à fond le Raph, qu'on s'est fait exploser à la première partie. Quant à Naël et Will, ils ont tenu deux parties. On peut dire que sur ce coup nous sommes des warrior.
Dépités d'avoir été aussi nuls nous nous consolons en sirotant une dernière bière avant d'aller nous coucher. Il se fait déjà tard, et demain nous avons cours de bonne heure.
Le lendemain matin, en me réveillant, un sentiment bizarre me tient compagnie. Il faut dire que ma nuit a été agitée, peuplée par des rêves d'une fille avec un sale caractère aux cheveux châtains, avec de beaux yeux noisettes, et apparemment ma queue a fait les mêmes.
— Putain ! Ça va pas du tout. Il va falloir que je trouve un truc pour remédier à ça.
Soit la mettre dans mon lit... soit l'éviter... ou faire les deux...
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