Aterrissage*
Greenwich Village appelait communément par la plus part des New-Yorkais The Village
Quartier résidentiel à l'ambiance bohème, pas de building mais des petits immeubles en brique rouges avec des avancées à l'anglaise. Quartier connu des amateurs des séries mythiques Friends ou Sex and the city, mais aussi des artistes. Pas de rues rectilignes, de la verdure, des arbres qui bordent les rues, des fleurs, des parcs... de la douceur de vivre.
Un sifflement se fait entendre à ma gauche, me ramenant devant l'entrée de la maison qui va nous abriter pour les quelques années à venir.
— Eh ben ! s'exclame William.
Il n'y a qu'Aaron et Naël qui l'on visité- physiquement- d'où la surprise du norvegien. Nous avons vu les photos, bien sur, nous donnant un aperçu, mais être là en bas du perron ramène à la réalité.
C'est une maison sur deux étages, typique du coin en brique rouge. Trois marches sont necessaire afin d'acceder à la porte d'entrée en bois laqué noir.
— Prêts et vous mesdames ? s'amuse Aaron en levant la clé qui sert à ouvrir notre vie future en quelque sorte.
— Vas-y qu'on en finisse, réponds-je en tapant du pied impatiente de découvrir enfin l'intérieur autrement qu'en photos.
Quand nous pénétrons à l'intérieur, un silence quasi religieux s'installe. Le vestibule s'ouvre sur la pièce à vivre de dimension raisonnable. Le salon est meublé de deux canapés, d'une table basse en verre, sur un des murs une cheminée ancienne au-dessus de laquelle est accroché le message LOVE en néon rose contraste avec le classicisme de la pièce. Une table de salle à manger en bois clair, pouvant accueillir dix personnes, avec leurs chaises blanches et noires Eames fait office de séparation entre la pièce à vivre et la cuisine ouverte. Entièrement équipée, un îlot central servant à la fois de bar et de coin cuisson avec sa plaque teppanyaki rempli l'espace. Sur le mur en brique rouge trône des étagères en bois clair où une multitude de livres de cuisine sont rangés.
— Et enfin le must, proclame Aaron qui s'improvise agent immobilier, la terrasse.
Un écrin de verdure en pleine ville, pas très grand mais suffisamment pour contenir un ensemble de salle à manger de jardin ainsi que des pouf en tissus de toutes tailles, des guirlandes de couleurs terminent de décorer ce petit bijou.
— Et maintenant... le plus important... les chambres.
Raph et Will se précipitent au premier étage comme deux collégiens dans une auberge de jeunesse. Je m'apprête à leur emboiter le pas, mais Aaron me retient par le bras.
— Nous c'est au second ma belle.
Son air canaille ne me trompe pas.
— Une raison à ça ?
— Hum, hum.
Sans me donner plus d'informations, je le suis jusqu'au palier du second quand il ouvre la seule porte en se décalant pour me laisser passer.
Un grand lit trône au milieu de la pièce, la fenêtre avec son bow window donne directement sur un parc comme la salle de bain avec sa baignoire sur sabot et sa douche à l'italienne. Les murs sont blancs et la menuiserie en bois clair et les sanitaires en pierre grise. Un mur végétal encadre le miroir baroque au-dessus des deux vasques. Un palmier dans un cache pot en béton est posé près de la fenêtre.
— C'est magnifique Aaron.
Son regard si intense ravive cette douleur dans mon ventre, ce manque que j'ai de lui de le sentir en moi.
— Tu comprends pourquoi j'ai sélectionné celle-là .
— Pour la vue ?
Je fais la maline, mais c'est pour me cacher la tension qui m'anime.
— Exactement.
Je fronce les sourcils.
— Celle de ton corps nu sous la douche... ou pendant que tu prendras un bain moussant... où seuls tes seins dépasseront.
Ça y est. Il m'a mis les images en tête.
— Mais surtout pour t'entendre crier mon nom sans que nos voisins de chambre frappe contre le mur.
— Tu me semble bien sûr de toi, beau brun.
Il peut l'être car il arrive toujours à ce que son prénom soit associé à mon plaisir, mais jouer un peu n'est pas désagréable.
Aaron hausse un sourcil, l'air de dire - vraiment ? tu mets ma parole en doute ?-
— Et si on commençait à défaire nos bagages, beau gosse.
— Peureuse.
Je ris en le dépassant sans oublier d'onduler des fesses.
— Tu cherches les emmerdes, ma belle.
— Peut-être...
Sans que je n'ai le temps de terminer ma phrase, je me sens soulever de terre pour de suite rebondir sur le matelas.
J'ai trouvé les problèmes et j'ai également crié son nom.
— Je descends, tu me rejoins, mon ange.
— Oui.
Je récupère mon téléphone resté dans mon sac à main quand une feuille blanche à l'en-tête d'Air France tombe sur le parquet. Sceptique je m'empare et lis le message écrit au stylo bille. " Le jeu peut commencer".
Sans y faire plus attention, je froisse le papier en boule et le jette dans la poubelle. Surement un petit malin qui s'est trompé de sac ou un jeu pervers entre amoureux.
Un mois plus tard
Le premier mois vient de s'écouler...trop vite. Entre la prise de nos marques, le début des cours pour les garçons.
Aujourd'hui j'accompagne Maxine qui passe un entretien dans un bar, le Terra Blue, proche de l'université, je l'attends sur un banc en écoutant ma Playlist tout en feuilletant la brochure que m'a rapportée Aaron sur les diverses activités que propose l'université. Demain nous faisons notre rentrée et je commence sacrément à stresser.
— Je l'ai ! crie une Maxine survoltée, éloignant l'appréhension que je ressens en enlevant mes écouteurs.
— C'est super, Max.
— Je bosse trois soirs par semaine, le mardi, le vendredi et le samedi, m'explique-t-elle, en s'asseyant à mes côtés sur le banc. Ca va être chaud, mais au moins j'ai toutes mes journées et puis on ne commence pas à huit heures le mercredi donc ça devrait le faire.
— Oui, je pense aussi... Ma phrase est interrompue par mon IPhone qui indique que ma mère cherche à me joindre. C'est maman, je dois répondre.
— Vas-y, j'ai promis à Naël de le tenir informer.
Je m'éloigne de quelques pas.
— Bonsoir maman.
— Bonjour ma chérie. Pas trop nerveuse pour demain ?
Nous nous téléphonons régulièrement par visio le plus souvent. C'est la première fois que nous sommes aussi éloignées l'une de l'autre. Etant fille unique, maman et moi n'avons toujours compté que sur nous. On sait pourquoi.
— Si un peu. Mais je ne suis pas seule, Max et moi avons la majorité des cours ensemble. Je ne regrette pas ma décision, maman.
— Je suis fière de toi ma fille... d'avoir eu le courage de poursuivre tes études à l'éranger, d'avoir suivi ton petit ami...
Elle marque un temps d'arrêt et un mauvais pressentiment s'infiltre dans mon cerveau. Comme si elle cherchait à retarder le moment de m'annoncer un drame.
— Tout va bien, maman ?
Je l'entends inspirer, je jette un coup d'œil vers ma meilleure amie toujours en ligne avec son mec.
— La presse vient de révéler le scandale ...
Elle n'a pas besoin d'en préciser plus. Ça devait arriver un jour ou l'autre. L'impunité à vie n'existe que dans la tête de ceux qui commettent des crimes, ceux qui pensent être au-dessus des lois comme mon géniteur.
— Une liste de noms, précisément, où celui de ton... de Saint André y figure... c'est à la une de tous les journaux nationaux.
Depuis mon déménagement, je m'efforce d'oublier cette partie qui a failli mettre fin à mon histoire d'avec Aaron. Je ne demandais aucune nouvelle en ce sens à ma mère et elle ne m'en donnait pas non plus, mais cette fois-ci les conséquences sont énormes. Je me sens protéger car personne n'est au courant de ma filiation puisqu'il ne m'a jamais reconnu. Donc je ne flippe pas.
— Ce n'est qu'un retour de justice. Non ?
— Oui. Mais je voulais te l'annoncer moi même avant que tu n'apprennes le scandale par les médias. A mon avis les américains ne vont pas faire l'impasse dessus... Le ministre français de l'intérieur prit dans une affaire d'enfants soldats et de trafic de diamants... lui qui prône la justice et la morale... Je te tiendrai au courant de la suite.
Un ricanement m'échappe.
Sa famille ne va pas s'en remettre.
— Sinon, comment se passe la préparation de son exposition ? Mon changement de sujet n'est pas subtil, mais je préfère passer à autre chose.
— La mise en place avance, toutes les photos ont été sélectionnées et les artistes ont répondu positivement. Le vernissage aura lieu dans quinze jours. Les parents d'Aaron et Naël ont vraiment été adorables, ils m'ont vraiment aidé à organiser tout ça. Ce sont eux qui ont contacté les artistes photographes. Tout l'argent récolté servira à acheter du matériel pour la clinique ou à aider des familles dans le besoin.
— C'est moi qui suis fière de toi, maman.
Une larme menace de couler, je l'essuie d'un revers de main.
— Je dois te laisser, ma chérie, on m'attend pour aller au cinéma.
Un soir de semaine ? en plein préparatif ? Ma mère est une bourreau de travail, son bureau est sa deuxième maison.
— Dis moi, il a une sacré influence sur toi...
— Pourquoi, il ?
— Elle, alors ?
Ma mère éclate de rire.
— Non, non, c'est bien, il. Je t'en parlerai un autre jour.
— J'espère bien. Passe une bonne soirée, je t'aime.
— Je t'aime aussi ma chérie.
Maxine m'attend assise sur le banc son sourire s'efface quand elle voit mon visage fermé.
— Qu'est-ce qu'il se passe ?
— La liste des noms a été dévoilée par la presse.
Autant arracher le pansement d'un coup.
— Et tu m'annonces ça comme ça toi.
— Tu veux que je t'envoie un message ?
Ma meilleure amie se relève énervée. Je ne comprends pas pourquoi.
— Léa, merde c'est sérieux là.
— Pour ce connard peut-être, mais en quoi je suis concernée ? m'énervé-je à mon tour.
— Tu ne te demandes pas qui a pu rencarder la presse ? Je te rappelle que cette liste faisait partie de ce que vous avez volé à Auron.
— Merci je suis au courant. Ma mère a gardé tous les originaux en sécurité. Jamais elle n'aurait agi de cette façon.
— Ce n'est pas ce que j'insinuais ma puce.
— Cela peut-être n'importe qui, Max. Un ancien trafiquants, après tout le père de l'autre Barbie en avait établie une, personne ne sait s'il n'y en ai pas une autre dans la nature, et puis il y a les flics à qui mon géniteur a versé des pots de vin... ça fait beaucoup de paramètres inconnus.
— Justement c'est ce qui ne me plait pas... tu es sa fille malgré tout...
— Qui n'a aucun papier officiel qui le prouve, Maxine.
— Ca tu ne peux pas en être certaine... une infirmière, le medecin, la sage femme...beaucoup de paramètres inconnues aussi.
— N'est pas peur. Ok ?
— Si, mais je vais comme si...
— Je t'aime, Maxine.
— Moi aussi et c'est bien ça le problème.
Une tape sur son bras, et nos rires s'envolent dans les airs.
Nous quittons le parc afin de retourner à la maison. Au cours du repas, je raconte ce que j'ai appris par ma mère. Tout le monde paraît soulagé de l'issue, mais on a tous en tête ce que cela a failli nous coûter à chacun.
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